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Gordon (IMA:56-58) – Ogigia

terça-feira 26 de setembro de 2023, por Cardoso de Castro

  

A Ilha. – A Ilha do Leste e a Ilha do Oeste

tradução

A oeste, a Ogigia, de Calipso, onde Ulisses estadia sete anos (parte somente ao longo do oitavo ano) é igualmente uma «ilha de mulheres», mais associada à Ilha de Atlas, o que nada tem de surpreendente, posto que Calipso é a filha de Atlas (Hesíodo   fará dela uma filha de Oceano, o que salientará ainda mais seu caráter). Sua posição pode ser precisada da maneira seguinte: Ulisses nos é apresentado olhando a Grande Ursa, que, nestas paragens, jamais desce sob a terra nem toca o horizonte; estamos portanto em país nórdico; Plutarco   indica por outro lado que em Ogigia só é visível vinte-três horas no momento em que os dias são mais longos; o que eleva a altura da estrela polar para 66 graus; estamos portanto nos confins do Círculo Polar. O escritor grego adiciona que é preciso, para aí alcançar, navegar durante cinco dias à vela a partir da Grã-Bretanha; assinala também que a ilha se estende próximo a um vasto golfo, que é nada menos que o Meotis. Este golfo não poderia ser o Mar Branco (o mar de Kronos, ou Kronius Pontus), posto que se encontra bem mais afastado da Grã-Bretanha do que assinala Plutarco. Não seria impossível finalmente que o Báltico fosse o caso, e que Ogigia tivesse sido simplesmente a Ilha Sombrosa, quer dizer a Escandinávia. O que nos faz lembrar que a Suécia se chamava antigamente Atland. O sueco Rudbeck que em uma grande obra publicada em Upsala em 1675 pretendia que a Suécia era a verdadeira Atlântida, que Upsala era a cidade de Poseidon e que os povos jaféticos tinham aí sua origem, não se enganava portanto sem dúvida de muito. A Escandinávia foi pelo menos uma sucursal e uma cópia de Ogigia.

O que cria dificuldade, é que, segundo Plutarco, para alcançar Ogigia partindo da Grã-Bretanha, era preciso navegar para o oeste, e não para o leste; antes de aí chegar, encontra-se três outras ilhas, em das quais vive Kronos. Diodoro de Sicília fala igualmente de uma grande ilha fértil, coberta de florestas, cortada de rios, e situada no Atlântico. A identificação de Ogigia permanece portanto bem difícil.

Não é menos certo que ela se situa a noroeste, que uma mulher divina aí eleva os homens a imortalidade, e que nas mesmas paragens, se encontram territórios habitados por seres com poderes sobre-humanos. Nada é mais misterioso, a princípio, que o sono que cai sobre Ulisses quando deixa estas regiões (Odisseia   XIII 75-92): ele se deita em sua embarcação; o sono desce sobre suas pálpebras, um sono doce, profundo, delicioso, parecendo de muito perto a morte; «e ele, cuja alma tinha experimentado tantos sofrimentos nos combates e sobre marés agitadas, dorme agora sem medo, esqueceu todos seus males». Não nos deixamos de nos surpreender que o herói que se aproxima de sua querida Ítaca e vai enfim rever os seus, testemunha tamanha despreocupação. Em realidade, Ulisses sai do país das iniciações; e seu sono, — que lhe anunciou Alkinoos  , neto de Poseidon e rei dos Feacianos — e um sono extático, uma morte do domínio dos sentidos; é o sono dos Bem-aventurados.

Original

A l’ouest, l’Ogygie, de Kalypso, où Ulysse séjourne sept années (il ne repart qu’au cours de la huitième) est également une « île de femmes », mais rattachée à Vite des Quatre Maîtres. Homère la nomme à l’occasion Ile d’Atlas, ce qui n’a rien de surprenant, puisque Kalypso est la fille d’Atlas (Hésiode en fera une fille d’Océan, ce qui ne mettra que davantage en relief son caractère). Sa position peut être précisée de la manière que voici : Ulysse nous est dépeint regardant la Grande Ourse, qui, dans ces parages, ne descend jamais sous terre ni ne touche à l’horizon; nous sommes donc en pays nordique; Plutarque indique d’autre part qu’à Ogygie le soleil est visible vingt-trois heures au moment des plus longs jours; ce qui porte la hauteur de l’étoile polaire à 66°; nous sommes dès lors aux confins du Cercle Polaire. L’écrivain grec ajoute qu’il faut, pour y atteindre, naviguer pendant cinq jours à la voile à partir de la Grande-Bretagne; il signale aussi que l’île s’étend près d’un vaste golfe, qui n’est pas moindre que le Maeotis. Ce golfe ne saurait être la Mer Blanche (la mer de Kronos, ou Kronius Pontus), puisqu’elle se trouve bien plus éloignée de la Grande-Bretagne que ne le signale Plutarque. Il ne serait pas impossible finalement que la Baltique fût en cause, et qu’Ogygie eût été tout simplement l’Ile Ombreuse, c’est-à-dire la Scandinavie. Ce qui nous fait souvenir que la Suède s’appelait anciennement Atland. Le Suédois Rudbeck, qui, dans un grand ouvrage publié à Upsal en 1675 (Atland eller Manheim dedan japhetz afkomme), prétendait que la Suède était la véritable Atlantide, qu’Upsal était la ville de Poséidon, et que les peuples japhétiques avaient là [57] leur origine, ne se trompait donc sans doute pas de beaucoup. La Scandinavie fut tout au moins une succursale et une copie d’Ogygie.

Ce qui crée difficulté, c’est que, d’après Plutarque, pour atteindre Ogygie en partant de Grande-Bretagne, il faut naviguer vers l’ouest, et non vers l’est; avant d’y parvenir, l’on rencontre trois autres îles, dans l’une desquelles vit Kronos. Diodore de Sicile parle également d’une grande île fertile, couverte de forêts, sillonnée de fleuves, et située dans l’Atlantique. L’identification d’Ogygie reste donc très difficile.

II n’en est pas moins certain qu’elle se situe au nord-ouest, qu’une femme divine y hausse les hommes à l’immortalité, et que, dans les mêmes parages, se trouvent des territoires habités par des êtres à pouvoirs surhumains. Rien n’est plus mystérieux, d’ailleurs, que le sommeil qui tombe sur Ulysse quand il quitte ces régions (Odyssée, XIII, 75-92) :il se couche dans son embarcation; le sommeil descend sur ses paupières, un sommeil doux,’ profond, délicieux, ressemblant de très près à la mort; « et lui, dont l’âme avait été éprouvée par tant de souffrances dans les combats et sur les flots agités, il dort maintenant sans crainte, il a oublié tous ses maux ». L’on ne manque pas de s’étonner que le héros, qui approche de sa chère Ithaque et va enfin revoir les siens, témoigne d’une telle insouciance. En réalité, Ulysse sort du pays des initiations ; et son sommeil, — que lui a annoncé Alkinoos, petit-fils de Poséidon et roi des Phéaciens — est un sommeil extatique, une mort du domaine des sens; c’est le sommeil des Bienheureux.

Notons, pour le demeurant, que l’Ogygie d’Homère, quelle que fût sa localisation précise, eut sans nul doute, dans les mers du Nord, dans l’Atlantique, en Méditerranée, de multiples succursales, identifiées ontologiquement avec elle, et où se pratiquaient les mêmes rites. Ce qui compte, c’est l’état mental dans lequel le séjour en [58] ces lieux étranges jetait l’homme. C’est à ce que nous fait très nettement sentir l’épique grec.

Relevons, en outre, qu’à l’ouest (Ile Sainte) aussi bien qu’à l’est (Grande Montagne), une « île de femmes » avoisine le pays des hommes transcendants. Au néolithique, ces terres pures, gouvernées par de hautes prêtresses, devaient occuper une position bien plus prépondérante que les textes ne nous le laissent supposer. Ils nous décrivent, en effet, un stade tardif, qui est déjà, pour une part, folklorique. Quand, néanmoins, nous voyons Jason et Ulysse séjourner, à l’est, auprès de Circé, puis Ulysse s’attarder sept années pleines à l’ouest, auprès de Kalypso (ce qui répond, selon toute vraisemblance, à une période initiatique), nous discernons qu’en des temps plus reculés ces femmes sacrosaintes ont rayonné sur l’humanité comme des phares, avant que les dieux n’eussent peu à peu réussi à les faire glisser dans l’ombre : le soin avec lequel on nous apprend que les Olympiens se tiennent à l’écart d’Ogygie n’est-il pas caractéristique? Cette antique Ile Sainte n’en demeure pas moins 1 ‘omphalos de la mer (Odys., I, 50). Certes, les « filles des hommes » s’en sont emparé à la faveur de la grande débâcle théocratique antérieure à l’âge d’argent, et les fils de Dieu ont dû constituer autre part une troisième Ile Sacrée. Malgré tout, son renom millénaire subsiste, et celle qui la gouverne est, par excellence, comme son nom le signale (Kalyptô- = je cache), la Régente du monde souterrain, celle qui, à l’instar des Rois du Monde dont elle a pris la place, cache les hommes dans les cavernes.