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Gordon (IMA:186-189) – cosmogonias demiúrgicas

terça-feira 26 de setembro de 2023, por Cardoso de Castro

  

As cosmogonias demiúrgicas oferecem a vantagem de deixar claramente ver os ritos de que procedem. Elas acusam por aí nitidamente sua origem sacerdotal longínqua, e não deixam esquecer o papel do homem-super-homem na criação física  .

tradução parcial

Pode-se associar em parte aos sistemas criacionistas as cosmogonias que admitem a intervenção de um demiurgo. Elas são intermediárias entre estes sistemas e as doutrinas emanacionistas, às quais não é raro que elas incorporem. Elas contam entre as mais numerosas. Encontram-se por toda parte onde o demiurgo é uma animal. Este detalhe, nos ensinaria sobre a origem destes criadores intermediários. Tratam-se de personalidades transcendentes, sacralizadas anteriormente por peles de animais (v. homens-animais), e cumprindo os ritos de criação. O Demiurgo é frequentemente um oleiro. Em alguns casos encontramos uma tríade criadora, muito evoluída. Um dos três atores divinos preside, o segundo cria o céu, o terceiro faz surgir por seu verbo os seres terrestres.

Frequentemente o ritual diluviano se aproxima do ritual edênico, tanto que o primeiro papel do demiurgo consiste em retirar a terra da água sob a qual ela se encontra afundada.

As cosmogonias demiúrgicas oferecem a vantagem de deixar claramente ver os ritos de que procedem. Elas acusam por aí nitidamente sua origem sacerdotal longínqua, e não deixam esquecer o papel do homem-super-homem na criação física.

No Timeu  , Platão   refinou estas concepções tradicionais, fazendo-as distorcer. O Demiurgo permanece, muito corretamente, para ele, o ser transcendente que opera a passagem entre o modelo inteligível imutável e o Mundo visível, sujeito a geração; o Demiurgo não se identifica a Deus, que guarda em seu pensamento eterno as Ideias; mas ele se conforma ao plano divino, e eis onde o filósofo grego falseia as visões iniciáticas fundamentais, que faziam intervir a violência ou o pecado do demiurgo. Assim o demiurgo é um ser divino, que se propõe fazer reinar a harmonia na incoerência do caos. Eis porque vai constituir a alma do mundo; em seguida criará os deuses, os homens, os animais e os vegetais; em seguida, sempre misturando o Mesmo com o Outro — ou seja, a Identidade própria ao universo dinâmico e a Diversidade espaço-temporal que caracteriza o cosmos fenomenal formará todas as coisas, e lhes designará leis. — Estamos longe do monstro cósmico que foi em realidade o Demiurgo. O Demiurgo foi certamente em seu princípio um ser divino, um «Filho de Deus», dotado de um poder incomparável; mas sua ação no seio da criação terrestre que temos sob os olhos, resulta disto que ele se despojou desta qualidade e deste poder; todas as imperfeições que abundam nosso aqui em baixo são, diretamente ou indiretamente, sua obra.

Original

L’on peut rattacher en partie aux systèmes créationnistes les cosmogonies qui admettent l’intervention d’un démiurge. Elles sont, en fait, intermédiaires entre ces systèmes et les doctrines émanationnistes, auxquelles il n’est point rare qu’elles s’incorporent. Elles comptent parmi les plus nombreuses. On les retrouve partout chez les peuplades de l’ethnographie, où, très souvent, le démiurge est un animal. Ce détail, à lui seul, nous renseignerait sur l’origine de ces créateurs intermédiaires. Nous avons affaire à des personnalités transcendantes, sacralisées jadis par des peaux de bêtes, et accomplissant les rites de création,— comme faisait, par exemple, en Attique, un officiant portant le titre de Prométhée. Le démiurge, nous l’avons vu ailleurs à propos de l’Égypte, est souvent [187] un potier. — D’après les traditions esthoniennes, le personnage créateur, nommé Wanna issa, crée d’abord le harpeur Wannemuine (le Waïna moïnem dix Kalewala), et le forgeron Ilmarine (l’Ilmarinen finnois). Aussitôt Ilmarine forme la voûte céleste et les astres, tandis que Wannemuine entonne, en s’accompagnant de musique, un chant triomphal : à cette harmonie, naissent les arbres, les fleurs et les oiseaux; tous, à peine créés, chantent et dansent. Wanna issa, voyant la vie déborder de partout avec allégresse, donne sa bénédiction. (A. H. Krappe, La Genèse des Mythes, p. 262). Nous sommes manifestement en présence ici de l’antique triade créatrice, très évoluée, et nous entrevoyons son recul vers le démiurgisme. L’un des trois acteurs divins préside, le second crée le ciel (un ciel de métal), le troisième fait surgir par son verbe les êtres terrestres. Le fait que Wannemuine et Ilmarine sont donnés pour les premières créatures de Wanna issa démontre au demeurant l’influence de la triade lunaire (la Mère Divine et ses deux enfants célestes) transposition et adaptation matriarcale de la triade théocratique.

Fréquemment, le rituel diluvien a télescopé le rituel édénique, si bien que le premier rôle du démiurge consiste à retirer la terre de l’eau sous laquelle elle se trouve enfouie. Michabo, le Grand Lièvre des Algonquins, accomplit, parmi ses innombrables exploits, une prouesse de ce genre (correspondant sans nul doute à une liturgie périodique de création). En Polynésie, c’est le dieu Tonga ou Tongaloa, fils dé Rangi et de Papa (Papa veut dire ici Mère), qui, avec une ligne à pêche, fait surgir de l’océan les îles Tonga. — Maui, le plus renommé démiurge de la région, repêche, lui, la Nouvelle-Zélande, les îles Ata, Vavau, Hawaï, etc. Dans l’Inde, c’est un sanglier qui plonge pour ramener la terre des profondeurs marines, etc., etc.

Les cosmogonies démiurgiques offrent l’avantage de laisser clairement voir les rites dont elles procèdent. Elles accusent par là nettement leur origine sacerdotale lointaine [188], et ne laissent pas oublier le rôle de l’homme-surhomme dans la création physique. Elles présentent, de ce chef, en tous pays, un extrême intérêt.

Dans le Timée, Platon a raffiné ces conceptions traditionnelles, en les faisant gauchir. Le Démiurge reste, très correctement, pour lui l’être transcendant qui opère de passage entre le modèle intelligible immuable et le Monde visible, sujet à la génération; il ne s’identifie nullement à Dieu, qui renferme dans sa pensée éternelle les Idées; mais il se conforme au plan divin, et voilà où le philosophe grec fausse les vues initiatiques fondamentales, qui faisaient intervenir, nous l’avons vu, la violence, ou le péché du démiurge. « La divinité, déclare le texte (30 a), a voulu que toutes choses fussent bonnes; elle en a exclu, autant qu’il était en son pouvoir, toute imperfection, et ainsi toute cette masse visible, elle l’a prise dépourvue de tout repos, changeant sans mesure et sans ordre, et l’a amenée du désordre à l’ordre, car elle avait estimé que l’ordre vaut infiniment mieux que le désordre. » Ainsi le démiurge est un être divin, qui se propose de faire régner l’harmonie dans l’incohérence du chaos. C’est pourquoi il va constituer l’âme du monde; ensuite il créera les dieux, les hommes, les animaux et les végétaux; puis, toujours en mélangeant le Même avec l’Autre — autrement dit l’Identité propre à l’univers dynamique et la Diversité spatio-temporelle qui caractérise le cosmos phénoménal — il formera toutes les choses, et leur assignera des lois. — Nous sommes loin, on le constate, du monstre cosmique que fut, en réalité, le Démiurge. Telle est d’ailleurs la raison pour laquelle les vues de Platon sont aussi chancelantes sur certains points fondamentaux. Il suffit de lire, dans le passage que nous venons de citer : le Démiurge a exclu, autant qu’il était en son pouvoir, toute imperfection, pour se rendre compte que la transformation de ce personnage en divinité a modifié toutes les perspectives. Le Démiurge fut, certes, dans son principe, un être divin, [189] un « Fils de Dieu », doué d’une puissance incomparable; mais son action, au sein de la création terrestre que nous avons sous les yeux, résulte de ce qu’il s’est dépouillé de cette qualité et de cette puissance; toutes les imperfections dont foisonne notre ici-bas sont, directement ou indirectement, son œuvre.