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L’originalité de la communion chrétienne avec Dieu.

quarta-feira 26 de setembro de 2007, por Cardoso de Castro

Où se trouve l’erreur de cette conception ? Elle est d’abord, dans la manière de poser le problème. "Dieu aime le pécheur : serait-ce que celui-ci est meilleur que le juste ? à quel point de vue ? En posant le problème de la sorte, on aboutit aux raisonnements erronés dont nous avons donné un exemple et d’après lesquels le péché a, tout au moins, l’avantage d’amener le pécheur à reconnaître son état véritable et à se libérer de ces péchés en l’extériorisant. Or, la présupposition que l’on considère ici comme évidente, est loin de l’être. Dieu aime le pécheur. Faut-il en conclure que le pécheur vaut mieux que le juste ? Dieu aime-t-il nécessairement les meilleurs ? On pressentait déjà, dans l’Ancien Testament, que l’amour de Dieu n’est pas lié à la valeur et à la grandeur de son objet. « Ce n’est pas parce que vous surpassez en nombre tous les peuples, que l’Eternel s’est attaché à vous et vous a choisis; car tu es le moindre de tous les peuples; mais c’est parce qu’il vous a aimés. ».(Deut., 7, 7.) On n’osait pas, certes, appliquer une telle déclaration aux rapports de Dieu avec le pécheur et avec le juste. Or, Jésus franchit ce pas. Selon lui, l’amour de Dieu est souverain en ce domaine également. En s’adressant au pécheur, Dieu révèle, d’une façon éclatante, Sa souveraineté. La communion avec Dieu, en tant que communion régie par l’amour s’amoindrit et s’affaiblit si l’on en recherche le fondement dans l’idée que le pécheur vaut mieux que le juste. Chercher un motif à l’amour divin, revient à le nier. La communion avec Dieu conserverait le caractère d’une communion régie par la Loi et Dieu aimerait celui qui, par sa qualité, serait plus digne que tout autre de son amour. Le renversement des valeurs, opéré par Jésus, ne renfermerait alors rien d’essentiellement nouveau. Jésus aurait simplement découvert que ceux qui semblent valoir le moins, ont, en réalité, une valeur cachée, et tiré les conséquences de cette découverte en ce qui concerne la communion avec Dieu. Il n’aurait pas révélé une nouvelle communion. L’amour de Dieu, enfermé dans le cadre d’un ordre légal, aurait simplement choisi un objet plus digne.

Pour enlever à la communion chrétienne avec Dieu et à l’idée chrétienne de l’amour leur valeur spécifique, on ne saurait procéder d’une manière plus captieuse qu’en faisant de l’amour de Dieu pour les pécheurs — expression qui désigne de la façon la plus frappante cette communion nouvelle avec Dieu — un cas particulier de la communion ancienne, régie par la Loi. L’originalité de la communion chrétienne avec Dieu consiste, au contraire, en ce qu’elle se fonde exclusivement sur l’agapè divine. La qualité, bonne ou mauvaise, de ceux qui sont l’objet de l’amour divin, n’entre plus en ligne de compte. A la question : pourquoi Dieu nous aime-t-il ? il n’y a qu’une réponse juste : parce qu’il est amour.