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Patocka (1995:17-18) – o movimento subjetivo postula o ente diretamente
segunda-feira 11 de dezembro de 2023
destaque
Parece-me que há uma característica do movimento subjetivo que não se aplica nem às realizações perceptivas do corpo nem à objetivação em geral. A percepção, tal como o resto da objetivação, nunca chega ao fim, está sempre dispersa em novos referentes; para ela, o ser nunca é apreendido de forma definitiva e exaustiva, em si mesmo, mas permanece em perspectiva. O movimento, por outro lado, postula o ente diretamente, realizando ou detraindo o ente enquanto tal. O movimento pressupõe também a coincidência direta entre o subjetivo e o objetivo, só sendo possível porque um corpóreo (Körperliches) se submete ao nosso subjetivo "eu posso" ou "eu faço". O movimento subjetivo está sempre aí, com a dação de sentido, fundado em mim mesmo, incapaz de estar sem mim mesmo; além disso, o "eu posso", que passa a um "eu faço", e o "eu faço", que se baseia num "eu posso", nunca podem ser um objetivo vazio, na medida em que tem de haver movimento subjetivo.
original
Il me semble qu’il l’a une caractéristique du mouvement subjectif qui ne s’applique ni aux effectuations perceptives du corps ni à l’objectivation en général. La perception, pas plus que le reste de l’objectivation, ne parvient jamais à un terme, se disperse dans toujours de nouveaux renvois ; pour elle, l’étant n’est jamais à saisir de façon définitive et exhaustive, dans son en-soi, mais demeure dans des perspectives. Le mouvement en revanche pose directement de l’étant, réalise ou détrait de l’étant comme tel. Le mouvement présuppose également qu’il l’ait coïncidence directe du subjectif et de l’objectif, n’étant possible que par ce qu’un corporel (Körperliches) se soumet à notre « je peux » ou à notre « je fais » subjectif. Le mouvement subjectif est toujours là, avec la donation de sens, fondé en moi, ne pouvant être sans moi ; par ailleurs, le « je peux », qui passe en un « je fais », et le « je fais », qui s’appuie sur un « je peux », ne peuvent jamais être une visée à vide, pour autant qu’il doive l’avoir effectivement mouvement subjectif. Il est vrai que ce que je meus n’est pas le corps physique mais ma main subjective et que le mouvement, en ce sens, se déroule dans une sphère du vivre. Ce déroulement a cependant des présupposés objectifs dans les structures du corps propre et un sédiment objectif que tout le monde peut observer et constater. Et s’il l’a, certes, des cas de paralysie, où le « je peux » dépense en vain ses efforts et n’opère le passage en un « je fais » qu’au prix d’illusions, il n’en demeure pas moins que la donation de sens peut survivre à ce qui en fournit l’impulsion, sans que son sens soit compromis, et le corps subjectif et le mouvement subjectif sont bien des donations de sens qui s’appuient sur des impulsions pré-données. Au reste, l’anomalie ne peut être alléguée comme preuve à l’encontre de la normalité ; elle est, au contraire, une déficience qui présuppose celle-ci. Le « pouvoir sur le corps propre » n’est donc pas un simple épiphénomène, mais le mouvement même dans sa réalisation. Il s’accomplit dans ce mouvement un saut dans l’être. Le dire subjectif, ce n’est pas le dire « purement et simplement » subjectif. Il est un acte de plein droit. Il n’est pas une perspective sur quelque chose d’objectif : c’est lui qui fait l’objectif comme tel, en personne. Le parcours subjectif d’un trajet est un parcours effectif.
[PATOCKA , J. Papiers phénoménologiques. Erika Abrams. Grenoble: J. Millon, 1995, p. 17-18]
Ver online : Jan Patocka