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Patocka (1995:145) – vida após a morte

terça-feira 9 de janeiro de 2024

  

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A vida após a morte é geralmente reduzida à questão da mortalidade ou imortalidade da alma. A alma, no entanto, é uma ficção metafísica, uma invenção da filosofia dualista: o duplo da nossa existência concreta, pensado como o corpo sem corpo, como um "condutor" separado, um núcleo substancial que dirige e inicia aquilo de que o corpo é o executor. Uma vez que a sobrevivência está ligada à existência ou inexistência autônoma deste duplo, o interesse prático pela questão da vida após a morte centrou-se nesta condição, considerada como sine qua non. Como é que a vida após a morte seria possível sem um portador substancial?

Erika Abrams

La vie après la mort se réduit d’ordinaire à la question de la mortalité ou de l’immortalité de l’âme. L’âme cependant est une fiction métaphysique, une invention de la philosophie dualiste : le double de notre existence concrète, pensé comme le corps sans corps, comme « conducteur » séparé, noyau substantiel dirigeant, initiateur de ce dont le corps est l’exécutant. La survie étant liée à l’existence autonome ou à la non-existence de ce double, l’intérêt pratique pour les questions de la vie après la mort s’est focalisé sur cette condition, considérée comme sine qua non. Comment la vie après la mort serait-elle possible sans un porteur substantiel ?

De l’autre côté, il n’y a qu’une vague consolation positiviste : le mort ne s’en va pas tout entier, l’autre continue à vivre en nous. Ce n’est, bien sûr, qu’une vie précaire, dépendante de nous — non pas l’immortalité, mais une simple survie qui ne dure qu’aussi longtemps que nous-mêmes vivons. Idée banale, d’une évidence qui va de soi. Il est cependant à noter que personne n’a approfondi de manière philosophique la question de savoir comment l’autre vit en nous. Qui est cet autre qui survit ? Quel mode d’être a-t-il ? A quel point est-il identique au vivant qu’il fut et comment cette identité se modifie-t-elle ? — Ce phénomène d’une vie après la mort existe sans nul doute. Empiriquement constatable et analysable, il devrait faire l’objet d’un examen systématique. Pourquoi cela ne s’est-il pas encore fait ? Vraisemblablement, entre autres, pour une raison pratique : la consolation offerte par ces idées est trop faible, elle tend à s’évanouir en fumée d’autant plus qu’on l’analyse davantage et qu’on pousse l’enquête plus loin.

C’est cette question que nous voudrions ici tenter de poser de manière purement philosophique, indépendamment de ces considérations pratico-métaphysiques. La phénoménologie fournit, nous semble-t-il, un appareil méthodique qui rend possible un tel questionnement.

[PATOCKA  , Jan. Papiers phénoménologiques. Grenoble: Jérôme Millon, 1995]


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