Página inicial > Antiguidade > Choix d’un point de départ permettant de définir l’idée d’agapé.

Choix d’un point de départ permettant de définir l’idée d’agapé.

quarta-feira 26 de setembro de 2007, por Cardoso de Castro

On pourrait croire que cette conception est à l’opposé de celle de Nietzsche. Celui-ci considère l’amour chrétien comme lié d’une façon constante au judaïsme. On voit clairement, au contraire, qu’ils sont en opposition. Et pourtant, au point de vue objectif, ces deux conceptions tendent à coïncider. Dans les deux cas, l’amour est dépourvu d’autonomie; il n’est que le côté négatif de l’idée d’ennemi. Et voilà précisément l’erreur fondamentale de toutes les conceptions que nous avons citées. Leurs auteurs n’ont pas vu que l’amour chrétien repose sur un fondement positif bien déterminé. Quel est-il? Le passage cité plus haut, touchant l’amour des ennemis, nous l’indique; car, bien qu’il paraisse constituer l’un des meilleurs arguments en faveur de la théorie de la négation, il renferme, en réalité, sa complète réfutation. L’amour des ennemis s’oppose à notre sentiment naturel et inné et pourrait, par conséquent, revêtir le caractère négatif indiqué plus haut. Or, si on en examine le mobile, il apparaît comme entièrement positif. Ce n’est pas parce que l’adversaire érige en règle : « Tu haïras ton ennemi », que le christianisme commande : « Aimez vos ennemis. » Ce commandement se fonde, au contraire, sur un état de fait positif, sur les rapports de Dieu et des méchants. Dieu fait lever son soleil sur eux comme sur les bons. Donc : « Aimez vos ennemis..., afin que vous soyez fils de votre Père céleste. » (Matth., 5, 44 et ss.)

Ce n’est pas par hasard que nous découvrons une relation aussi étroite entre l’amour chrétien et les rapports de l’homme avec Dieu, entre l’agapè et la communion avec Dieu. La morale chrétienne est une morale essentiellement religieuse. Et cela, non seulement au sens extérieur et formel, à savoir que les commandements moraux procèdent de la volonté divine et que la Toute-Puissance divine avec ses sanctions — châtiments et récompenses — garantit le maintien de l’ordre moral. S’il s’établit par là une certaine relation entre la morale et la religion, celles-ci peuvent demeurer, intérieurement, presque complètement indépendantes l’une de l’autre. Le contenu des commandements moraux n’est pas forcément lié à la religion. L’éthique chrétienne est d’autant plus religieuse que le contenu de la vie morale reçoit son caractère d’un rapport religieux, de la communion avec Dieu. Si donc nous cherchons le point d’où il faut partir pour comprendre le sens de l’idée d’agapè, nous l’apercevons sans erreur possible. C’est la communion chrétienne avec Dieu qui donne à l’idée d’agapè son caractère propre. Il faut donc préciser ce qui constitue l’originalité de cette communion.