Página inicial > Antiguidade > Neoplatonismo > Plotino (séc. III) > Bréhier - Plotin > Bréhier-Plotin: étendue
Bréhier-Plotin: étendue
quinta-feira 1º de fevereiro de 2024, por
Demandons-nous d’abord si une même chose peut être tantôt simple qualité, tantôt complément d’une substance, et (n’en soyons pas surpris) elle serait alors plutôt le complément d’une substance pourvue de qualités. Or, une substance pourvue de qualités doit être une substance et avoir une quiddité avant de posséder des qualités : par exemple, la substance du feu est antérieure à cette même substance pourvue de qualités. Mais qu’est donc cette substance ? Est-ce le corps ? Donc la catégorie de la substance, ce sera le corps ; or, le feu est un corps chaud ; donc l’ensemble corps et chaud n’est point une substance, et le chaud est dans le feu comme le camus dans le nez ; mais, si on enlève du feu sa chaleur, sa lumière et sa légèreté, qui paraissent bien être des qualités, il ne reste qu’une étendue résistante à trois dimensions ; la substance, c’est alors la matière. Mais cela ne semble pas vrai ; car « c’est plutôt la forme qui est substance » ; or la forme est qualité. À moins qu’elle soit non pas qualité, mais raison. Mais qu’est la chose composée de cette raison et du substrat où elle est ? Est-ce, dans le feu, ce que l’on voit et ce qui brûle ? Non ; ce sont là des qualités. À moins qu’on ne dise que brûler est un acte dérivé de la raison [séminale] ; et l’on en dira autant de l’acte d’échauffer, de blanchir et des autres ; mais alors nous ne saurons plus du tout ce qui peut bien rester à la qualité. - C’est bien en effet qu’il ne faut pas appeler qualité tout ce qui est le complément d’une substance ; ce sont des activités issues des raisons [séminales] et des puissances qui sont dans les substances. La vraie qualité, c’est ce qui est en dehors de la substance ; elle n’apparaît pas tantôt comme étant une qualité, tantôt comme ne l’étant pas ; c’est ce qui est en excès après la substance ; c’est par exemple la vertu et le vice, la beauté et la laideur, la santé, le fait d’avoir telle forme (la qualité, ce n’est pas la forme même, triangle ou carré, mais bien le fait d’avoir acquis la forme triangulaire, en tant que cette forme a été reçue ; ce n’est pas la triangularité qui est qualité, mais l’acquisition de cette forme) ; ce sont encore les arts et les aptitudes. La qualité est donc une disposition qui se trouve dans des substances déjà existantes ; ou bien elle est acquise, ou bien elle appartient à la substance dès le principe ; mais la substance n’aurait rien de moins, si elle ne lui appartenait pas. Les qualités changent facilement ou non ; il y en a deux espèces, celles qui changent facilement et celles qui persistent. ENNÉADES - Bréhier : II, 6 [17] - De la qualité et de la forme 2
Est-ce parce que la grandeur est visible par accident, et parce que la couleur est le premier visible ? Alors un objet voisin est perçu comme une étendue colorée ; de loin, on perçoit bien qu’il est coloré ; mais ses parties, en se distinguant, ne permettent pas une appréciation exacte de la grandeur, parce que leurs couleurs n’arrivent qu’effacées... ENNÉADES - Bréhier: II, 8 [35] - Pourquoi les objets vus de loin paraissent-ils petits ? 1
(Est-il d’ailleurs étonnant que les grandeurs soient comme les sons, qui diminuent à mesure que leur forme s’efface, en se propageant ? L’ouïe, elle aussi, cherche sa forme propre, et ne perçoit la grandeur que par accident. - Mais est-il bien vrai qu’elle la perçoit par accident ? Comment perçoit-elle primitivement la grandeur du son ? Est-ce comme il semble qu’on touche une grandeur visible ? - Il est une grandeur qui ne consiste pas en une quantité étendue, mais dans les degrés de plus et de moins, et que l’ouïe ne perçoit pas par accident ; c’est l’intensité du son, comparable à l’intensité du doux que le goût ne perçoit pas non plus par accident. Quant à la grandeur proprement dite, c’est l’étendue de l’objet sonore ; or, elle la perçoit par accident, en prenant comme signe l’intensité du son. Mais cette perception n’est pas exacte ; car s’il est une intensité qui est la même pour chaque objet, il en est une autre qui va se multipliant et s’étendant dans tout le lieu occupé par l’objet sonore.) ENNÉADES - Bréhier: II, 8 [35] - Pourquoi les objets vus de loin paraissent-ils petits ? 1