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Pascal Engel (PQSV:17-19) – verdade para Rorty

sexta-feira 5 de novembro de 2021, por Cardoso de Castro

  

português

Richard Rorty   entende inserir-se na tradição pragmatista norte-americana. Mas seu pragmatismo é bem diferente daquele do fundador dessa corrente, C. S. Pierce. Espero não ser muito infiel às teses do pragmatismo rortyano sobre a verdade, esquematizando-os da seguinte maneira: [1]

1) A noção de verdade não tem um uso explicativo, não recobre nenhuma essência, nenhuma substância, e não designa nenhuma propriedade substancial ou metafísica profunda, nem um objeto (o Verdadeiro).

2) Particularmente, são vazios de sentido a noção realista tradicional de verdade como correspondência de nossos enunciados, juízos ou proposições com a realidade ou “os fatos” e, em geral, toda teoria do pensamento como representação da realidade.

3) Por conseguinte, são vazios os debates em torno do realismo contra o anti-realismo, que agitam ainda grande parte da filosofia analítica contemporânea.

4) O problema não é tornar verdadeiros nossos enunciados, mas justificá-los, e não há distinção a ser feita entre verdade e justificação. A justificação nada mais é do que o acordo entre os membros de um grupo ou de uma comunidade, e não há acordo último, final ou de convergência ideal dos enunciados.

5) Sendo vazio o conceito de verdade, a verdade não pode ser uma norma da investigação científica ou filosófica, ou o fim último de nossas pesquisas. A fortiori, ela não pode mais ser um valor.

6) Do fato de se rejeitarem essas noções míticas da verdade não decorre que nada haja a dizer do mundo: há entre o mundo e nós relações causais, que podemos estudar. Mas seria igualmente vão esperar obter uma teoria naturalista reducionista da representação e da racionalidade.

7) O fato de a objetividade e de a verdade não contarem não significa que inexistam certos valores a defender; os valores em questão são aqueles promovidos habitualmente pela tradição pragmatista, os da solidariedade, da tolerância, da liberdade e do senso de comunidade.

original

Richard Rorty entend s’inscrire dans la tradition pragmatiste américaine. Mais son pragmatisme est fort différent de celui du fondateur de ce courant, C.S. Peirce   [2]. J’es-père ne pas être trop infidèle aux thèses du pragmatisme rortyen sur la vérité en les schématisant de la manière suivante [3] :

(1) La notion de vérité n’a pas d’usage explicatif, et elle ne recouvre aucune essence, aucune substance, et ne désigne aucune propriété substantielle ou métaphysique profonde, ni un objet (le Vrai). [20]

(2) En particulier la notion réaliste traditionnelle de vérité comme correspondance de nos énoncés, jugements ou propositions avec la réalité ou « les faits », et en général toute théorie de la pensée comme représentation de la réalité sont vides de sens.

(3) En conséquence, les débats portant sur le réalisme contre P antiréalisme, qui agitent encore une grande partie de la philosophie analytique contemporaine, sont vides.

(4) Le problème n’est pas de rendre vrais nos énoncés, mais de les justifier, et il n’y a pas de distinction à faire entre vérité et justification. La justification n’est elle-même pas autre chose que l’accord entre les membres d’un groupe ou d’une communauté, et il n’y a pas d’accord ultime, final, ou de convergence idéale des énoncés.

(5) Le concept de vérité étant vide, la vérité ne peut pas être une norme de l’enquête scientifique ou philosophique, ou un but ultime de nos recherches. A fortiori elle ne peut pas non plus être une valeur.

(6) Du fait qu’on rejette ces notions mythiques de vérité, il ne s’ensuit pas qu’il n’y ait rien à dire du monde : il y a entre [21] le monde et nous des relations causales, naturelles, que nous pouvons étudier. Mais il serait vain également d’espérer obtenir une théorie naturaliste réductionniste de la représentation et de l’intentionnalité.

(7) Le fait que l’objectivité et la vérité ne comptent pas ne signifie pas qu’il n’y ait pas certaines valeurs à défendre ; les valeurs en question sont celles promues habituellement par la tradition pragmatiste, celles de solidarité, de tolérance, de liberté et de sens de la communauté. Ces valeurs per-mettent bien mieux de promouvoir la démocratie que les reconstructions kantiennes ou utilitaristes de la justice qui ont dominé la philosophie morale et politique des trente dernières années. Rorty est trop conscient des difficultés du pragmatisme de James à ce sujet pour prétendre assimiler la vérité à l’utilité : ce qui est utile peut être faux, et ce qui est faux peut être utilex. Mais il n’en maintient pas moins l’idée que les valeurs d’utilité sociale doivent l’emporter sur les valeurs de la vérité. [4] [22]


Ver online : A QUOI BON LA VÉRITÉ ?


[1Sobre essas teses, ver particularmente ’‘Pragmatism. Davidson and Truth [Pragmatismo, Davidson e Verdade]. Le Pore (Ed.) Truth and Interpretation [Verdade e interpretação], Oxford Blackwell 1985, trad. fr. Science et solidarité [Ciência e solidariedade]. Combas, L’Éclat. 1990

[2Pour une analyse des différences, cf. C. Tiercelin, «Un pragmatisme conséquent ? », in Critique, n° 567-568, 1994, Jacques Bouvtreresse, parcours d’un combattant, pp. 642-660.

[3Sur ces thèses, voir en particulier « Pragmatism, Davidson and Truth », in Le Pore, ed., Truth and Interpretation, Oxford, Blackwell, 1985, trad. fr. in Science et solidarité, Combas, L’Eclat, 1990.

[4Les analyses de Russell sur la théorie pragmatiste de la vérité dans ses Essais philosophiques (1910), trad. fr. Paris, PUF, 1997, demeurent irremplaçables.