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Baader (FG:IV,§§18-19) – "razão" em Boehme e em Hegel

quinta-feira 7 de setembro de 2023, por Cardoso de Castro

  Sommaire  
  

 § 18

La différence de sens dans le mot raison chez J. Böhme et chez Hegel disparaît quand on considère que J. Böhme entend par raison presque toujours uniquement la raison créée qui s’est détournée de la raison divine ou absolue, alors que Hegel entend toujours au contraire uniquement la raison absolue même. Les deux penseurs posent du reste dans l’acte de l’union un anéantissement de la première raison, sauf que chez Hegel la raison créaturelle est de ce fait « plongée dans l’universalité rationnelle », c’est-à-dire qu’on la voit se détruire (Encyclopédie des sciences philosophiques, § 5), de même chez Spinoza   la créature disparaît irrémédiablement dans la substance divine ; au contraire J. Böhme, même dans l’union la plus profonde, distingue toujours l’esprit créé, en tant qu’élevé jusqu’à l’esprit éternel, de ce dernier, tout comme la synthèse organique n’abîme pas ses membres en elle, ne les anéantit pas ou ne les prive pas de fondement, mais au contraire les élève en les fondant en lui.

 § 19

Pour éclairer le § précédent, je cite ici quelques passages de J. Böhme (Incarnation de Jésus-Christ, III, 3.2-5) que le lecteur comprendra sans commentaire, étant déjà familiarisé par ce périodique avec les principes de ce penseur.

« Il nous faut reconnaître d’autre part que tout ce qui reçoit vie ici-bas (ce qui imagine dans le sens du désir [et veut retourner à lui] et qui met sa volonté dans la nature) est un enfant de la nature et participe à la vie de cette nature. Mais quiconque avec sa volonté quitte la soif de la nature [va devant lui] et pénètre dans la volonté libre de Dieu est accueilli et reconnu par elle [il n’est pas englouti et dévoré par le Dieu Saturne] et il est un esprit en Dieu. Et bien qu’il soit dans la nature [qu’il plonge ses racines en elle], bien que cette nature s’engendre éternellement dans la volonté de Dieu, la vie spirituelle de cet être est en dehors de la nature dans la volonté libre, et c’est ainsi que les merveilles de la nature sont manifestées en Dieu, sans être pourtant Dieu lui-même : et dès que l’esprit de volonté de l’âme (l’image) quitte la raison de la nature pour rentrer dans la volonté libre de Dieu, l’esprit de volonté est fils de Dieu et l’esprit de nature miracle de Dieu, et la créature est tournée vers elle-même comme Dieu même : car l’esprit sidéral ou l’esprit de raison cherche dans sa magie, dans son centre de raison, les merveilles de l’éternité, ce pourquoi Dieu a placé l’âme dans le corps de la nature extérieure, bien qu’elle soit saisie seulement à l’intérieur ; et l’esprit de volonté pénètre dans la liberté de Dieu, vu que l’esprit saint le conduit dans le mystère divin libre, en sorte que la divinité est révélée dans l’esprit de la volonté, et la magie de la nature est révélée avec ses merveilles dans l’esprit de la raison.

« Si l’âme [la vie de l’âme] est le centre dans lequel l’esprit de volonté vrai pénètre dans la liberté de Dieu, en tant qu’elle est mystère divin, elle a également en son pouvoir l’esprit sidéral ; et dès qu’elle le dompte de manière qu’il ne fasse aucun mal, elle a le pouvoir d’introduire devant la majesté de Dieu, dans la volonté libre de Dieu [dans l’élément éternel] les merveilles sidérales qui sont transformées dans le miroir élémentaire en une substance (en tant que figures développées) de manière que ces merveilles apparaissent dans la liberté de la majesté divine comme une image de la volonté de Dieu. Non pas que la liberté de Dieu se mêle aux merveilles de la nature et à l’image, de manière à ne faire plus qu’un être : non ; Dieu reste éternellement libre ; il habite dans ces merveilles comme l’âme dans le corps ; et de même que le corps ne se saisit pas de l’âme ou que le feu ne se saisit pas de la lumière, de même la nature ne se saisit pas de la divinité, et il est pourtant un seul être et s’est divisé de toute éternité en deux êtres, tels le feu et la lumière, étant donné que nous reconnaissons dans le feu le tourment de la nature, et dans la lumière le mystère de la vie spirituelle sans tourment, encore que le feu soit également dans le mystère.

« Il en est de même pour l’homme : l’âme est le feu de la vie humaine droite que Dieu a tirée de la nature éternelle et à laquelle il a insufflé son souffle en Adam, venant du centre de Dieu : l’esprit, qui est engendré par le feu de l’âme et que l’esprit de Dieu a formé à son image, possède le mystère divin [la semence de Dieu] d’où naissent l’attrait de l’amour de Dieu ou bien la magie divine ou la soif de Dieu, de sorte que l’esprit de volonté désire Dieu. Et dès qu’il s’élève, c’est-à-dire dès qu’il sort du mystère caché pour rentrer dans la liberté de Dieu, il est un rameau ou une plante dans le royaume de Dieu, né du mystère de Dieu, il agit dans la volonté de Dieu et découvre toujours les merveilles dans la Sagesse de Dieu [dans le firmament ou l’astre divin] ; non pas qu’il y eut quelque chose de nouveau engendré en Dieu, qui n’eut pas été de toute éternité dans sa Sagesse, laquelle n’a ni fond ni mesure ; c’est seulement dans l’esprit de l’âme, en elle-même que le mystère éternel infini se révèle, pour l’honneur et le miracle de Dieu et pour l’ éternelle joie de la créature. ». Car ici salus Populi signifie exactement gloria Principis, et gloria Principis signifie exactement salus Populi.


Ver online : Franz Baader