Après cette vue d’ensemble sur l’essence et les démarches fondamentales de la subjectivité objectivante, il est possible de se faire une idée de l’expérience de l’individualité qui s’offre au niveau de la structure temporelle de la sphère objectivante.
1° Nous avons vu d’abord que la subjectivité envisagée en elle-même (et non en tant que dévoilant la réalité objective du monde existant vers lequel elle se transcende) ne saurait être définie comme un être individuel, essentiellement distinct d’un autre être individuel, mais comme une essence qui s’actualise indifféremment dans telle ou telle « réalité » singulière. La subjectivité objectivante est individualisée, par essence, il est vrai, et non par accident, mais elle n’est pas individuelle, en ce sens qu’elle ne constitue pas la nature propre à un être singulier à l’exclusion d’un autre. Nous aurons à revenir plus longuement sur la nature de l’individuation qui caractérise la subjectivité humaine lorsque, après l’étude systématique des divers plans ontologiques que rencontre la subjectivité objectivante, nous aborderons, dans un dernier paragraphe, la subjectivité humaine en tant que réalité elle-même objectivée.
2° Nous avons pu remarquer d’autre part que la subjectivité objectivante tend à dévoiler le monde comme un ensemble d’essences universelles incarnées dans l’existence abstraite, c’est-à-dire nécessairement individualisées, mais non individuelles.
Nous allons tenter de déterminer à présent avec plus de rigueur le statut de l’individualité qui s’offre à la subjectivité objectivante, en partant du plan le plus extérieur, celui du « phénomène » qui se réfère à une ontologie de type mécaniste, pour aboutir au plan de « l’être », qui s’intégre à une ontologie finaliste, l’essence objective que dévoile ici la subjectivité pouvant s’intégrer à l’un ou l’autre de ces paliers ontologiques.