Vallin (EI:20-22) – O dogmatismo onto-teológico e o fracasso da onto-teologia da substância individual

(VallinEI)

Le refus plus ou moins explicite de la Transcendance radicale de l’Absolu c’est-à-dire de l’universalité intégrale qui caractérise la perspective métaphysique conditionne l’apparition du dogmatisme philosophique ou théologique. Le dogmatisme en général, ainsi que nous l’avons montré ailleurs 1 est lié au renversement des relations de type métaphysique entre ce que nous avons appelé avec Guénon : l’Essence et la Substance, c’est-à-dire entre le pôle métaphysique ou « essentiel » et le pôle cosmologique ou « substantiel » par référence auxquels on peut envisager toute réalité déterminée, « intelligible » ou « sensible ». La perspective métaphysique subordonne intégralement la Substance à l’Essence : toute détermination, y compris celle qui permet de poser l’Absolu comme Cause et Principe du monde, n’est qu’un reflet symbolique de l’Unique réalité suressentielle et surdéterminée qui constitue son Essence ou son Soi. La genèse du dogmatisme est conditionnée par le refus de cette subordination intégrale, et, à la limite, par une subversion totale des relations métaphysiques entre l’Essence et la Substance. Les divers avatars du dogmatisme coïncident avec les divers degrés de ce refus, qui lui-même s’explique par l’attachement de l’homme à la réalité substantielle de son moi et du monde. En d’autres termes, le dogmatisme antimétaphysique est un dogmatisme cosmologiste et humaniste. Le dogmatisme identifie l’essence du monde et de l’homme avec sa substance : d’un reflet qui renvoie à sa source, il fait une substance plus ou moins enfermée dans la densité et l’opacité de son autarcie cosmologique.

Dans notre précédente étude nous avons cru pouvoir discerner deux degrés ou deux aspects fondamentaux de cette révolte ou de ce dogmatisme antimétaphysique :

1° Le dogmatisme ontothéologique qu’on retrouve dans l’ontologie occidentale d’Aristote jusqu’à Leibniz et qui se caractérise non par un refus de la Transcendance de l’Absolu, mais par le refus du caractère intégral de cette dernière. L’ontologie n’y débouche pas sur une « méontologie » ou sur une théologie négative de type métaphysique. L’Être est enfermé dans d’insurmontables limitations cosmologiques, y compris l’être apparemment « pur » et « sans restriction » que l’on situe au faîte de la hiérarchie. Le monde et l’homme restent subordonnés à Dieu ; le cosmologisme et l’humanisme restent donc plus implicites qu’explicites. Mais l’infinité même de Dieu se trouve pratiquement dégradée et limitée par la relation au monde qui, en fait, sinon en théorie, constitue l’essence même de l’Absolu. La Transcendance du Principe n’est plus intégrale, mais fragmentaire ou abstraite. Toute notre ontologie classique nous semble tributaire de cette limitation dogmatisante inaugurée, sur le plan de l’histoire des systèmes, par la révolte antiplatonicienne d’Aristote. Le cosmologisme humaniste et antimétaphysique de la philosophie et de la théologie occidentale s’est exprimé avec éclat dans le refus aristotélicien de la « Transcendance » de l’Idée platonicienne. La révolte fondamentale qui se trouve à l’origine de ce refus nous paraît s’être perpétuée à travers toute l’histoire de la philosophie occidentale dont elle a modelé pour ainsi dire la dialectique.

2° A côté de ce dogmatisme ontothéologique, dont nous allons esquisser les incidences sur le principe d’individuation, nous avons mis en lumière le dogmatisme temporaliste, qui marque une deuxième étape dans le refus de la Transcendance en général ou plus précisément du refus de toutes les formes, et non seulement de certains aspects, de ce que nous avions appelé la « Transascendance ». L’Absolu est désormais intégralement et exclusivement immanent. Et le temps, qui n’est plus l’image mobile de l’éternité immobile, est posé comme créateur, tandis que s’épanouissent toutes les virtualités du dogmatisme. L’humanisme et le cosmologisme deviennent désormais explicites.

Notre but dans cet ouvrage est de décrire les divers aspects que revêt le dogmatisme temporaliste et de déterminer le statut ontologique de l’individualité qui s’offre à l’expérience de la conscience temporaliste qui s’est délibérément enfermée dans le cercle de l’immanence cosmologique. Cette analyse coïncidera avec la mise en lumière des divers aspects de ce que nous appellerons aussi, par opposition à la « Transascendance » que nous avons signalée dans les pages précédentes, la « Trans-descendance », c’est-à-dire de l’orientation exclusive de la subjectivité humaine vers la réalité substantielle du monde et de l’ego.

Notre étude coïncidera d’ailleurs aussi avec l’esquisse d’une phénoménologie de l’homme et du monde modernes en tant que ces derniers peuvent être légitimement caractérisés par le refus de la Transcendance de l’Absolu.

Avant de décrire les trois structures temporelles de la conscience qui constitueront le cadre de cette étude, il nous paraît utile d’esquisser une étude des rapports entre le dogmatisme ontothéologique 2 et le principe d’individuation qui nous permettra de mieux éclairer les limites et les difficultés de l’expérience de l’individualité qui s’offre à la subjectivité dans le cadre du dogmatisme temporaliste.

Les doctrines d’Aristote, de saint Thomas et de Leibniz nous apportent trois exemples éclairants de l’impuissance à fonder l’individuation qualitative dans le cadre du dogmatisme ontothéologique.

 

  1. Cf. La perspective métaphysique, op. cit., p. 220 sq.[]
  2. Nous nous proposons de développer cette étude dans un ouvrage consacré à l’ontologie substantialiste d’Aristote à Leibniz.[]

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