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Stein : Sur la Phénoménologie

quinta-feira 28 de agosto de 2014, por Cardoso de Castro

[b]Point de départ[/b]
« La phénoménologie de Husserl est une philosophie essentielle, celle de Heidegger  , une philosophie existentielle. Le moi philosophant qui est le point de départ, pour découvrir le sens de l’être (den Sinn des Seins), est chez Husserl le « pur moi» (das reine Ich); chez Heidegger, la personne humaine concrète. Peut-être cette recherche d’une philosophie existentielle est-elle à interpréter comme une réaction contre le tendance de Husserl à faire abstraction de (mot à mot « à débrayer ») de l’existence et de tout ce qu’il y a de concret et de personnel. » (P. 104-105)

« La recherche d’un point de départ absolument certain (gewiss) pour la pensée philosophique (das Philosophieren) me paraît motivée psychologiquement et fondée objectivement, par le fait de l’erreur et de l’illusion. Reconnaître une plus grande immédiateté à la sphère immanente, par comparaison avec le monde extérieur, me paraît possible, de la part mime de saint Thomas (De Ver., Q. X). Assurément l’attitude naturelle spontanée (naturliche Einstellung) est originellement orientée sur le monde extérieur (pour Husserl comma pour saint Thomas), et c’est seulement la réflexion qui conduit ensuite à la connaissance des actes. Mais dans cette connaissance réfléchissante, la connaissance et l’objet ne formant, d’une certaine manière, qu’un, et on se rapproche ainsi de la connaissance divine davantage que dans la connaissance des objets externes. » (P. 109-110)

[b]Comparaison Husserl-Saint-Thomas (à propos de la « Wesenschau »)[/b]
« C’est sur le terrain de l’analyse objective de l’essence que me semble se situer la communion la plus forte entre Phénoménologie et Thomisme. Le processus de la réduction eidétique, - abstrayant de l’être en fait, et de tout ce qui est accidentel, pour rendre visible l’essence, me semble justifié - d’un point de vue thomiste, - par la distinction d’essence et d’existence en tout être créé. La question de savoir si le processus d’analyse essentielle est le même chez saint Thomas que dans la phénoménologie, exigerait au préalable une large analyse de l’abstraction et de l’intuition. L’intuition phénoménologique n’est pas simplement une contemplation de l’essence « uno intuitu ». Elle comporte une oeuvre de dégagement des quiddités (Wesenheiten) par l’opération cognitive de l’intellectus agens : abstraction, au sens d’omission du fortuit et de mise en valeur positive de l’essentiel. Le but de ce travail est assurément la vision pacifiante (ruhendes Schauen), mais saint Thomas connaît aussi cette lecture intérieure, et dit à son propos que l’intellect humain au sommet de sa performance confine au mode de connaissance des esprits purs. Sans doute semble-t-il vouloir restreindre cette suprême performance au regard jeté sur les principes (intuition dans les principes). Le problème serait donc alors de savoir ce qu’il faut entendre par « principes » et dans quelles mesure diffère chez Husserl et saint Thomas la portée de ce qui est accessible à la connaissance intuitive. » (P. 109)