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Bréhier-Plotin: tempérament

quinta-feira 1º de fevereiro de 2024, por Cardoso de Castro

  
  •  Mais peut-être n’est-ce pas ainsi que les choses se passent ; peut-être tout est-il gouverné par la translation du ciel et le mouvement des astres qui déterminent chaque chose, selon les rapports de position qu’ils ont à leur passage au méridien, à leur lever, à leur coucher et selon leurs conjonctions. De fait, c’est d’après cela que les devins prédisent les futurs événements de l’univers, et en particulier savent dire à chacun quel sera son sort et quelles seront ses pensées. On voit bien les animaux et les plantes grandir, diminuer et subir d’autres actions en sympathie avec les astres ; les régions terrestres diffèrent les unes des autres selon leur rapport à l’univers et particulièrement au soleil ; or, de la nature de ces régions résultent non seulement les plantes et les animaux, mais les hommes avec leur forme, leur taille, leur teint, leurs sentiments, leurs désirs, leurs occupations et leurs mœurs. C’est donc le mouvement de translation de l’univers, qui est maître de toute chose. -À quoi il faut répondre d’abord que cette doctrine aussi, à sa manière, attribue aux astres ce qui est à nous, nos volontés et nos passions, nos vices et nos impulsions ; ne nous donnant rien, elle nous laisse à l’état de pierres qui subissent le mouvement, et non d’hommes qui agissent par eux-mêmes et d’après leur propre nature. Mais il faut nous donner ce qui est à nous ; en ce qui est à nous, en notre être propre doivent bien pénétrer des effets issus de l’univers ; mais il faut distinguer ce qui est notre action de ce que nous subissons nécessairement, et ne pas tout attribuer aux astres. Des régions et de la différence des milieux viennent en nous un échauffement ou un refroidissement dans le mélange [qui constitue notre corps] ; mais d’autres influences viennent aussi de ceux qui nous ont engendrés ; souvent nous sommes semblables à nos parents par nos traits et aussi par des passions irrationnelles de notre âme. Des hommes que leur pays a faits de type semblable, sont pourtant tous différents de caractère et d’esprit, comme si caractère et esprit venaient d’un principe autre [que le milieu physique]. Il conviendrait de parler ici de l’opposition entre le tempérament physique et la nature des désirs. Et si, parce que l’on prédit les événements d’après le rapport de position des astres, l’on suppose que ces événements sont produits par eux, il faudrait dire de même que les oiseaux et tous les êtres grâce auxquels prédisent les devins, sont les auteurs des choses qu’ils annoncent. ENNÉADES - Bréhier: III, 1 [3] - Du destin 5

    En dehors de ces causes, quelle est donc celle qui tout à la fois ne laissera rien sans cause, maintiendra la suite et l’ordre dans les événements, et nous permettra d’être quelque chose, sans détruire pourtant les prédictions et la divination ? Il nous faut introduire l’âme dans les choses comme un principe différent d’elles, non pas seulement l’âme de l’univers, mais, avec elle, l’âme de chaque individu ; l’âme, ce principe si important, doit relier toutes choses, sans être elle-même issue d’une semence, comme les autres choses, puisqu’elle est une cause première. Quand elle est sans corps, elle est maîtresse d’elle-même, libre et soustraite à l’influence du monde ; transportée dans un corps, elle n’est plus complètement maîtresse d’elle-même, puisqu’elle a été mise dans un ordre d’êtres différents d’elle-même. La fortune conduit tout ce qui l’environne, tous les êtres au milieu desquels l’âme est tombée à son arrivée ; l’âme tantôt agit sous ces influences, tantôt les maîtrise et les mène où elle veut. L’âme supérieure commande davantage, et l’âme inférieure moins. Celle qui cède à l’influence du tempérament physique est contrainte de désirer, de s’irriter, d’être humble dans la pauvreté, orgueilleuse dans la richesse et tyrannique au pouvoir. Celle dont la nature est bonne résiste dans les mêmes circonstances, elle change les choses plus qu’elle n’en est changée ; elle modifie les unes ; elle tolère les autres, sans tomber dans le vice. ENNÉADES - Bréhier: III, 1 [3] - Du destin 8