Página inicial > Antiguidade > Neoplatonismo (245-529 dC) > Plotino (séc. III) > Bréhier - Plotin > Bréhier-Plotin: accroissement

Bréhier-Plotin: accroissement

quinta-feira 1º de fevereiro de 2024, por Cardoso de Castro

  
  •  Et l’homme malheureux ? Son malheur ne s’accroît-il pas avec le temps ? Tous les états pénibles, en durant plus longtemps, n’augmentent-ils pas notre malheur, par exemple, les longues souffrances, les douleurs et tous les états de ce genre ? Et, si leur durée suffit à augmenter notre mal, pourquoi n’en serait-il pas de même dans l’état contraire, le bonheur ? - Dans le cas des peines et des souffrances, l’on peut dire que leur durée les fait croître ; voici, par exemple, une maladie chronique ; elle devient une manière d’être permanente, et l’état du corps empire avec le temps. Supposons en effet qu’il reste le même et que le dommage n’augmente pas ; la peine qui est toujours un état présent sera aussi la même, dès que l’on ne fait pas entrer en compte l’état passé et que l’on n’y a pas égard. Mais le mal, en devenant un état chronique, s’accroît avec le temps ; il augmente, en devenant permanent ; et c’est à cause de cet accroissement de mal et non à cause de la plus grande durée d’un mal qui resterait égal à lui-même que nous devenons plus malheureux. Car, si le mal reste égal à luimême, comme les instants qui composent le surplus de durée n’existent pas simultanément, il ne faut pas dire que le mal en est plus grand ; ce serait compter ce qui n’est plus avec ce qui est. ENNÉADES - Bréhier: I, 5 [36] - Le bonheur s’accroît-il avec le temps ? 6

    Les partisans du mélange total pourraient répondre que les corps se divisent bien, mais sans se dissoudre en fragments, même dans le cas du mélange total ; la sueur, diront-ils, coule sans qu’il y ait des fentes ou des trous sur le corps. Dira-t-on que la nature a fait le corps de telle manière que la sueur puisse le traverser ? Mais on fabrique des lames minces et continues que l’on voit un liquide imprégner complètement et traverser d’une face à l’autre. Comment est-ce possible, dira-t-on, si ces lames sont des corps ? Il n’est certes pas facile de comprendre comment un corps en traverse un autre sans le diviser ; mais, s’ils se divisaient, il est clair qu’ils se détruiraient complètement l’un l’autre. De plus, lorsque leurs adversaires parlent des cas où il n’y a pas augmentation de volume dans le mélange, ils en donnent comme raison la sortie de l’air renfermé dans l’un des corps : mais, dans le cas où le volume augmente, qui empêche, malgré la difficulté de cette explication, de dire que cette augmentation est due à ce que chacun des deux corps apporte au mixte sa grandeur propre avec ses autres qualités ? Car la grandeur ne s’évanouit pas plus que les autres qualités ; et de même que le mixte a une qualité nouvelle formée du mélange des qualités des deux corps, il aurait une grandeur nouvelle produite par le mélange des grandeurs des deux corps. Mais alors, pourraient répondre les partisans de la première thèse, puisque la mati  ère d’un corps se juxtapose à la matière de l’autre, et sa masse, à laquelle est liée la grandeur, à la masse de l’autre, c’est notre thèse même que vous soutenez ; mais, si la matière de l’un, avec la grandeur qui est primitivement en elle, pénétrait entièrement celle de l’autre, le phénomène ne serait pas comparable à la juxtaposition de deux lignes placées bout à bout et se touchant par leurs points extrêmes (cas où il y aurait accroissement de grandeur), mais à la coïncidence de deux lignes ; et alors il n’y aurait pas accroissement. ENNÉADES - Bréhier: II, 7 [37] - Du mélange total 1