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Pallis : L’existence comme samsara

sábado 26 de julho de 2014, por Cardoso de Castro

  

La conception de l’existence comme samsara ou flux cosmique, ainsi que la conception parallèle du karma, « action et réaction concordantes » comme déterminant la participation de tout être à ce flux, est un élément essentiel de toutes les traditions venues directement ou indirectement de l’Inde; bien que le sujet soit traité ici du point de vue bouddhiste, presque tout ce qui sera dit pourrait s’appliquer également à l’Hindouisme.

Considérons d’abord la Ronde de l’Existence sous le rapport de sa représentation symbolique — qui remonte, dit-on, au Bouddha lui-même — comme un cercle subdivisé en six secteurs, chacun contenant une des catégories typiques des êtres animés. Ces secteurs peuvent être groupés en trois paires selon la classification suivante :

notre monde (1) êtres humains — état central
(2) animaux — états périphériques
mondes supérieurs (3) dieux ou devas
(4) titans ou asuras
mondes infernaux (5) ombres affamées ou prêtas
(6) enfers

Ce schéma symbolique est courant partout où domine la tradition bouddhiste.

[[...] revenons à la représentation traditionnelle de la Ronde de l’Existence telle que nous l’avons décrite au début, pour souligner que, comme tout véritable symbolisme, elle dérive de la nature des choses et non d’une invention arbitraire de l’esprit humain qui ne l’aurait conçue que comme une simple allégorie poétique. Elle est destinée à ouvrir la voie à une lucidité supérieure; c’est sa seule raison d’être.

Une classification symbolique comme celle-ci ne doit pas être lue dans le sens d’une formule toute faite; elle doit être interprétée librement et appliquée avec intelligence; le samsara en tant que tel est indéfini, il n’admet aucune systématisation. Les sutras le décrivent comme étant « sans commencement » (c’est-à-dire non défini quant à son origine), mais-comme « ayant une fin » (dans la délivrance, le nirvana) — description paradoxale puisque, du point de vue métaphysique, ce qui ne commence pas ne peut pas non plus finir, et réciproquement. Songeons au paradoxe chrétien analogue (mais inverse) d’un monde « avec un commencement » (dans la création) et qui pourtant peut devenir « monde sans fin » (grâce au salut par le Christ).

Dans les deux cas il s’agit de communiquer une vérité salvatrice et non une thèse philosophique d’une séduisante cohésion : d’où un illogisme apparent.