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Baader (FG:I.4) – livre-arbítrio e liberdade

sábado 22 de julho de 2023, por Cardoso de Castro

  

On voit par suite clairement que lors de ce libre choix [1] entre le bien et le mal, au cas où une tendance au mal existe déjà dans la créature, il se produit, au moment du choix tout au moins, une libération par rapport à l’influence déterminante de ce penchant mauvais, un arrêt et pour ainsi dire un silence de ce penchant ; on conçoit aussi que cette libération momentanée de la créature ne puisse naturellement pas être son œuvre ; en d’autres termes le temps, considéré de ce point de vue, est un temps de grâce (de rédemption) pour la créature, en ce sens que le mensonge premier et fondamental qu’elle a exprimé d’un seul coup en elle — de telle sorte qu’abandonnée à elle-même elle ne pouvait qu’exprimer éternellement le mal — lui est soumis, présenté une deuxième fois dans ce temps, pour ainsi dire en « détail » ou dans chaque application particulière et la liberté lui est en même temps donnée de reprendre chacune de ces applications ou de les confirmer à nouveau par l’acceptation libre de la douleur qui est nécessaire pour qu’elles soient détruites dans leur fondement. On comprend également de ce fait que la liberté de choisir dont use un esprit déjà tombé et vivant dans le temps doive être distinguée de celle dont il usait dans son état d’innocence primitive et indéterminée ; et l’on peut se convaincre du même coup que le pouvoir de volonté libre est véritablement mis en œuvre par l’usage successif qui en est fait dans la vie [35] temporelle, et qu’il a pour conséquence, lorsqu’il est bien employé, l’impossibilité d’une rechute dans le mal (dans le choix du mal), et lorsqu’il est mal employé l’impossibilité d’un retour au choix du bien.

La douleur de la négation de soi à laquelle il a été fait allusion plus haut se produit dans le mauvais comme dans le bon sens. C’est dans ce dernier cas que l’apôtre dit : N’affligez pas le saint esprit en vous !

« La liberté dans l’homme n’est pas le libre arbitre : car le libre arbitre est le choix entre le bien et le mal, entre la liberté et l’esclavage. Tant que l’homme a le choix entre le bien et le mal [dans l’état d’innocence première ou dans l’état de grâce restitué dans le temps] qu’on appelle libre arbitre, il n’a pas encore la liberté (actuelle), puisque cette liberté ne peut exister qu’après avoir choisi. Ainsi, la liberté actuelle [de même que l’esclavage] n’existe qu’au moment où le libre arbitre cesse. Car la liberté [l’esclavage] ne peut exister qu’avec la volonté, et la délibération que suppose l’exercice du libre arbitre [la volonté formée ou la résolution volontaire] n’admet pas encore la volonté. L’homme n’a besoin de vouloir agir, c’est-à-dire de volonté et de force, que quand il a choisi ce à quoi il veut appliquer l’une et l’autre. » Bonald, Théorie du pouvoir politique, II, 393 10. « Dieu jouit donc de la liberté la plus parfaite, mais il n’a pas le libre arbitre », etc., et plus loin le même auteur dit : « Dieu influe sur le choix de l’homme. » Le mot influence désigne ici un pouvoir constitutif auquel l’homme ne peut opposer aucune action directe, mais ledit pouvoir laisse par ailleurs à cette action directe toute liberté. — Le choix se manifeste précisément dans le fait que l’on permet une influence (que l’on s’ouvre à elle) ou qu’on s’y refuse. — Il faut par suite distinguer entre volonté indéterminée (non encore définitivement constituée) et volonté libre ; et la possibilité de rédemption il est la possibilité d’une dissolution (dissolubilitas) de la volonté mauvaise déjà déterminée. L’homme qui s’ouvre à l’influence a subordonne à celle-ci une autre influence b, et c’est par suite a qui le délivre de b, ce n’est pas lui qui s’en délivre.


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[1De ce choix dépend la fonction de jugement (lequel est discernement de la lumière et des ténèbres, du vrai et du faux) dont l’homme intègre lui aussi n’a plus besoin. Saint-Martin, Œuvres posthumes, II, p. 3819. — Du reste l’expression « aseitas » comme « causa sui » a provoqué des malentendus, parce qu’on voulait seulement dire par là que Dieu, cause première, conçoit ou crée lui-même son propre fondement (ratio sufficiens) ; par contre la créature, qui ne peut rendre elle aussi il est vrai sa causalité effective que par l’entrée dans un fondement, a la liberté de choisir ; mais c’est bien à tort que Leibniz et ses successeurs ont cherché pour ce choix un autre fondement ou une ratio sufficiens, par où la relation de cause à fondement a été totalement méconnue.