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Schürmann (PA:27-28) – l’authenticité et la possibilité
sexta-feira 23 de dezembro de 2022, por
L’authenticité y est décrite comme résolution anticipatrice. L’existence devient libre pour sa propre finitude par l’anticipation résolue de sa mort. «L’anticipation s’avère être la possibilité de comprendre l’extrême potentiel d’être qui nous est le plus propre, c’est-à-dire la possibilité d’existence authentique.» [1] Mais si le potentiel d’être qui nous est le plus propre se révèle par l’anticipation de notre mort — et Heidegger a toujours maintenu que c’est un changement d’attitude à l’égard de notre mort qui produirait une nouvelle expérience de la présence —, alors c’est ma négativité totale qui totalisera mon existence. Curieux potentiel d’être qui me projette vers ma négation. Autant dire que ce qui m’est «le plus originaire» [2] me projette vers nulle part, vers rien. En effet, que s’approprie mon existence en devenant authentique? Ma possibilité de ne pas être du tout. Rien, donc, n’est approprié. Puisqu’il retient comme caractère décisif de l’authenticité le «potentiel» et le «possible», Heidegger, de toute évidence, élimine la structure téléologique de l’existence authentique. Au-dessus d’arche et telos il y a l’an-archie et l’a-téléocratie, parce [27] que, «au-dessus de la réalité, il y a la possibilité» [3]. Comme horizon d’anticipation, la mort, il est vrai, est assurément une concrétisation de la structure téléologique qui caractérise le «souci» en général. Mais parler de la mort comme de sa possibilité la plus propre, possibilité que, toujours de nouveau, il s’agit de faire sienne, c’est déjà introduire un élément de non-finalité dans l’authenticité, absent des descriptions du souci. La temporalité authentique — non pas linéaire, mais extatique — abolit les représentations d’un terminus a quo et d’un terminus ad quem dans la compréhension de l’existence. Le potentiel extatique est donc anticipateur de la mort tout en étant dépourvu de relations, unbezüglich. La mort est «la possibilité la plus propre, dépourvue de relations, indépassable» [4]. Ainsi, Heidegger pense l’authentique comme plénitude extatique du potentiel, ontologiquement exempt de tout rapport aux étants, y compris la mort figurée comme un étant. Les étants portent tous un «pourquoi» : subsistants, ils servent à la connaissance, et disponibles, ils servent à l’usage. Connaître et user sont les deux manières dont le réel annonce sa structure téléologique. «Mais au-dessus de la réalité, il y a la possibilité. » Pourquoi au-dessus ? Parce que le possible n’est jamais ni subsistant ni disponible. La possibilité, et partant le potentiel, ne tombent ainsi jamais dans les coordonnées d’arché et de telos, c’est-à-dire, en fin de compte, dans les coordonnées de la causalité. Si la compréhension du temps par laquelle Heidegger renverse toute la métaphysique depuis Aristote , est si extraordinairement innovatrice, c’est parce qu’elle sape ces représentations. Le temps extatique s’oppose au temps linéaire — «nombre du devenir» aristotélicien ou «extension de l’âme» augustinienne — comme le possible s’oppose à l’acte et à la puissance, la pensée à la connaissance, et le principe d’anarchie au principe de causalité.
Christine-Marie [tabby title="Gros"]
Authenticity is described there [SZ] as anticipatory resolution. Existence is freed for its own finitude by the resolute anticipation of its death. “Anticipation turns out to be the possibility of understanding one’s ownmost and uttermost potentiality-for-being, that is to say, the possibility of authentic existence.” If our ownmost potentiality-for-being reveals itself in the anticipation of our death—and Heidegger was always to maintain that it is a change in attitude toward our death that would produce a new experience of presencing—then it is my total negativity that will totalize my existence. Is this not an odd “potential” if it projects me toward my negation? It is as if what is “most originarily” myself projects me nowhere, toward nothing. Indeed, what is it that my existence makes its own in becoming authentic? My possibility of not being at all. Nothing, then, is made my own. Since he retains ‘potential’ and the ‘possible’ as the decisive marks of authenticity, it is clear that the concept of authentic existence contains no teleological structure. Higher than arche and telos stand an-archy and a-teleocracy since “higher than actuality stands possibility.” It is true that, as the horizon of anticipation, death is certainly a concretization of the teleological structure that characterizes ‘care’ in general. But to speak of death as one’s ownmost possibility, a possibility that has to be appropriated ever anew, is already to introduce an element of non-finality into authenticity that is absent from the descriptions of care. Authentic temporality—not linear, but ecstatic—abolishes the representations of a ‘terminus a quo’ and a ‘terminus ad quern’ in the understanding of existence. The ecstatic potential is thus anticipatory of death while devoid of relations, unbezüglich. Death is “one’s ownmost possibility, non-relational and unsurpassable.” In this way, Heidegger thinks the authentic as ecstatic fullness of one’s potential, ontologically exempt from all relations to entities, including the relation to death represented as an entity. All entities convey a ‘why’: those that are subsistent or given as objects yield knowledge, and those that are available or given for handling are there for use. Knowing and using constitute the two ways the real or the actual imparts its teleological structure. “But higher than actuality stands possibility.” Why higher? Because the possible is never either subsistent or available. Possibility, and consequently potential, thus never fall within the coordinates of arche and telos, that is to say, within the coordinates of causality. The understanding of time through which Heidegger reverses all metaphysics since Aristotle is so innovative because it undermines these representations. Ecstatic time is opposed to linear time—the Aristotelian “number of becoming” as well as the Augustinian “extendedness of the soul”—as the possible is opposed to the unity of act and potency, as thinking is to knowing, and as the principle of anarchy is to the principle of causality. [HBAPA, p. 16-17]
[1] SZ 263.
[2] «La possibilité comme existential est la détermination ontologique et positive la plus originaire, ultime, de l’être-là» (SZ 143s/ET 179).
[3] SZ 38/ET 56s.
[4] SZ 250.