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Robin : ÂNON ET ÂNESSE

sábado 2 de agosto de 2014, por Cardoso de Castro

  

Dans un domaine plus anecdotique, la Bible nous présente l’âne comme la monture des princes : « Bénissez le Seigneur, vous qui montez des ânesses blanches et luisantes », chantait Déborah aux puissants d’Israël (Livre des Juges, V, 10). Jaïr de Galaad, juge d’Israël, eut 40 fils et 30 petits-fils qui montaient 70 beaux ânons (ibid, XII, 13-14). C’est en allant à la recherche des ânesses du troupeau de Cis, son père, que Saül apprit de Samuel qu’il régnerait sur Israël (Livre de Samuel, IX et X). Zacharie annonce le Messie, Dominateur du Monde et guidant les armées du Ciel, en ces termes enthousiastes : « Tressaille de joie, exulte d’allégresse, ô fille de Sion, car voici que ton roi vient à toi. (...) Il arrive monté sur un ânon, sur le poulain d’une ânesse. » (Prophétie IX, 9.) Toutefois, à une époque tardive, le sens de la tradition s’estompe pour le grand nombre et la symbolique séthienne (comme nous l’avons vu à propos du coq) semble relever essentiellement de l’ésotérisme, même au sein du judaïsme. Une légende gnostique en fait foi. Selon Épiphane (Hérésies, XXVI, 12) qui avait trouvé ce récit dans un manuscrit gnostique intitulé Gentia Marias, alors que, selon le rite du soir, Zacharie, père de Jean le Baptiste, encensait seul dans le sanctuaire, il eut la vision soudaine d’un homme à la tête d’âne. Sortant du temple pour proclamer devant la foule la véritable identité du dieu adoré dans le Temple, il fut privé de la parole. En ayant, par la suite, récupéré l’usage, il révéla imprudemment ce qu’il savait et fut mis à mort comme blasphémateur par le peuple...

Pourtant, redisons-le encore, pour les Juifs, l’âne est à tous égards le signe de la victoire. [1] Le Scilo ou Messie correspond au Tharthak syrien, l’Ane royal, au manteau de pourpre. C’est pourquoi saint Matthieu (XXVIII, 28) en fait vêtir Jésus. Si l’on se reporte à l’ancienne prophétie de Jacob sur Juda, l’âne est l’accessoire de la victoire (Genèse, XLIX, 10-12) : « Le sceptre ne se départira pas de Juda ni le bâton souverain d’entre ses cuisses (allusion dépourvue d’équivoque à la possession du talisman de Seth, le phallus d’Osiris) jusqu’à ce que vienne le Scilo et que les peuples lui obéissent.

Alors il attachera son âne à la Vigne et l’ânon au meilleur cep. » Et encore : « Il lavera dans le vin son vêtement et son manteau dans le sang des raisins. » [2] Le sens cosmologique de cette prophétie apparaît si l’on sait que Juda, comme Joseph, est personnifié par la constellation ou signe du Lion [3], qui précède justement la Vierge sur le zodiaque. En outre, dans la constellation de la Vierge, l’étoile Epsilon n’est autre que la Vendangeuse... Quant à l’étoile Alpha de cette même constellation, c’est aussi le Crieur ; ce qui n’est pas sans évoquer Jean (Joannès) le Baptiste, le Précurseur aux cheveux roux [4], la « voix qui crie dans le désert ».

Les Romains n’ignoraient rien de la vénération des Juifs pour l’âne. Ainsi Martial (Epig. XI, 94) fait-il prêter serment en ces termes à un poète juif : «Jure par l’âne, circoncis ! » (Jura, verpe, per ancarium). D’autres auteurs, tels Flavius Josèphe (Cont. Apionem, II, 7), Tacite (Hist. V. 3), Plutarque (Sympos. IV, 2, 10), Minutius Félix (Octa-vitts, IX) sont parfaitement au fait de cette représentation divine. Et plus intéressant encore, Tertullien   (Apologet. XVI) qualifie le Dieu des chrétiens d’Onokoïtès (couchant avec l’âne). C’est à plusieurs titres en effet que, chez les chrétiens aussi, l’âne joue un grand rôle. Pour en comprendre l’aspect cosmogonique ou plus précisément « astrologique », il convient de prendre les choses d’un peu loin.


[1C’est au solstice d’été, sous le signe du Cancer ou des Anes, que les jours sont les plus longs.

[2Allusion au manteau écarlate que l’on retrouvera dans l’Apocalypse mais avec une signification inversée relative à la « face obscure » de Seth.

[3Haïlé Sélassié, le dernier empereur d’Éthiopie, qui disait descendre de Salomon, était appelé le « Lion de Juda ».

[4En Égypte, les « hommes typhoniens » étaient réputés avoir les cheveux roux.