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Tourniac : L’Amen

segunda-feira 4 de agosto de 2014, por Cardoso de Castro

  

Il nous reste encore à reproduire un passage du « Zohar   » (III 281a) qui met aussi en évidence, dans la version de Jean de Pauly, l’aspect rédempteur du mot Amen :

Aussi Moïse dit-il : « Je vais célébrer le nom du Seigneur a (YHWH). Rendez l’honneur qui est dû à la grandeur de notre Dieu (Elohénou). » Aussi il invoqua Jehovah d’abord et Elohénou ensuite. C’est le mystère du mot « Amen », ainsi que quelqu’un l’a dit en présence de Rabbi Siméon, à savoir que la réponse « Amen » attire les bénédictions de la « Source » du Roi des Rois à la Matrona... l’Amen assistera l’homme le jour où son âme quittera le monde. Rabbi Yehouda demanda : qu’est-ce que « Amen » ? Rabbi Siméon répondit : L’Aleph désigne le « puits profond » d’où jaillissent toutes les bénédictions, le Mem ouvert (initial) désigne le « fleuve » qui coule sans cesse. Il y a un Mem ouvert et un Mem fermé final. Le Noun désigne le Principe mâle et femelle ; car il y a un Noun courbé (initial) et un Noun droit (final). Quiconque entend son prochain prononcer une bénédiction et n’y répond pas « Amen », est appelé insulteur de Dieu... »

Comme on vient de le voir, l’Amen désigne donc le centre d’où partent les bénédictions. La tradition juive, se basant sur l’exégèse de « Berakot 53 b » : « plus méritant est celui qui répond Amen que celui qui recèle les bénédictions » déduira de ce texte, que « l’énonciation correcte d’« Amen » conditionne à un niveau supérieur à Hokmah, donc dans la première Sefira ou même l’Infini (En Sof), l’impulsion initiale du flux séfirotique que symbolise l’ouverture des « réserves », alors que les bénédictions ne font qu’attirer sur les niveaux séfirotiques voulus, le flux ainsi libéré » [1].

Les bénédictions descendent d’En Sof vers les Sephiroth suprêmes, puis par Binah à Tiphereth, synthèse des six sephiroth inférieures et, de là, atteignent Malkouth qui les distribue à Israël [2].

Il existe par conséquent un rapport entre le nom de l’Amen et celui de l’Eternel, entre l’invocation de l’Amen et celle de l’Eternel. Mais l’écoulement des bénédictions suggère une autre relation spirituelle qui unit cette fois l’Amen à la Shekinah dans le Judaïsme, et avec les noms de Jésus et Marie dans le Christianisme, le premier s’appliquant au Verbe fait chair source de grâces, le second désignant la Toute-Puissance suppliante « acque-duc des grâces » dans le langage de saint Bernard.


[1Georges Vajda, Les Commentaires d’Ezra de Gerone sur le Cantique des Cantiques (Aubier-Montaigne édit., Collection Pardès).

[2Paul Vulliaud, La Kabbale juive, ch. « Les intermédiaires personnifiés ».