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Guénon: la « personnalité »

sexta-feira 23 de fevereiro de 2018, por Cardoso de Castro

  

Français

Au lieu des termes « Soi » et « moi », on peut aussi employer ceux de « personnalité » et d’« individualité », avec une réserve cependant, car le « Soi », comme nous l’expliquerons un peu plus loin, peut être encore quelque chose de plus que la personnalité. Les théosophistes, qui semblent avoir pris plaisir à embrouiller leur terminologie, prennent la personnalité et l’individualité dans un sens qui est exactement inverse de celui où elles doivent être entendues correctement : c’est la première qu’ils identifient au « moi », et la seconde au « Soi ». Avant eux, au contraire, et en Occident même, toutes les fois qu’une distinction quelconque a été faite entre ces deux termes, la personnalité a toujours été regardée comme supérieure à l’individualité, et c’est pourquoi [15] nous disons que c’est là leur rapport normal, qu’il y a tout avantage à maintenir. La philosophie scolastique, en particulier, n’a pas ignoré cette distinction, mais il ne semble pas qu’elle lui ait donné sa pleine valeur métaphysique, ni qu’elle en ait tiré les conséquences profondes qui y sont impliquées ; c’est d’ailleurs ce qui arrive fréquemment, même dans les cas où elle présente les similitudes les plus remarquables avec certaines parties des doctrines orientales. En tout cas, la personnalité, entendue métaphysiquement, n’a rien de commun avec ce que les philosophes modernes appellent si souvent la « personne humaine », qui n’est en réalité rien d’autre que l’individualité pure et simple ; du reste, c’est celle-ci seule, et non la personnalité, qui peut être dite proprement humaine. D’une façon générale, il semble que les Occidentaux, même quand ils veulent aller plus loin dans leurs conceptions que ne le font la plupart d’entre eux, prennent pour la personnalité ce qui n’est véritablement que la partie supérieure de l’individualité, ou une simple extension de celle-ci [1] ; dans ces conditions, tout ce qui est de l’ordre métaphysique pur reste forcément en dehors de leur compréhension.


Español

En lugar de los términos «Sí mismo» y «yo», también se pueden emplear los de «personalidad» y de «individualidad», con una reserva no obstante, ya que el «Sí mismo», como lo explicaremos un poco más adelante, puede ser todavía algo más que la personalidad. Los teosofistas, que parecen haber encontrado placer en embrollar su terminología, toman la personalidad y la individualidad en un sentido que es exactamente inverso de aquel en el que deben entenderse correctamente: es la primera la que ellos identifican al «yo», y la segunda al «Sí mismo». Por el contrario, antes de ellos, y en occidente mismo, cada vez que se ha hecho una distinción cualquiera entre estos dos términos, la personalidad siempre se ha considerado como superior a la individualidad, y es por eso por lo que decimos que esa es su relación normal, relación que es ventajoso mantener. La filosofía escolástica, en particular, no ha ignorado esta distinción, pero no parece que le haya dado su pleno valor metafísico, ni que haya sacado de ella las consecuencias profundas que implica: por lo demás, esto es lo que ocurre frecuentemente, incluso en los casos donde ella presenta las similitudes más sorprendentes con algunas partes de las doctrinas orientales. En todo caso, la personalidad, entendida metafísicamente, no tiene nada de común con lo que los filósofos modernos llaman tan frecuentemente la «persona humana», que no es en realidad nada más que la individualidad pura y simple; por lo demás, es ésta sola, y no la personalidad, la que puede decirse propiamente humana. De una manera general, parece que los occidentales, incluso cuando quieren ir más lejos en sus concepciones que la mayor parte de entre ellos, toman por la personalidad lo que no es verdaderamente más que la parte superior de la individualidad, o una simple extensión de ésta [2]; en estas condiciones, todo lo que es del orden metafísico puro queda forzosamente fuera de su comprehensión.


[1Léon Daudet, dans quelques-uns de ses ouvrages (L’Hérédo et Le Monde des images), a distingué dans l’être humain ce qu’il appelle « soi » et « moi » ; mais l’un et l’autre, pour nous, font également partie de l’individualité, et tout cela est du ressort de la psychologie, qui, par contre, ne peut aucunement atteindre la personnalité ; cette distinction indique cependant une sorte de pressentiment qui est très digne de remarque chez un auteur qui n’a point la prétention d’être métaphysicien.

[2León Daudet, en algunas de sus obras (L´Hérédo et Le monde des images), ha distinguido en el ser humano lo que él llama «sí mismo» y «yo»; pero el uno y el otro, para nos, forman igualmente parte de la individualidad, y todo eso pertenece al campo de la psicología, que, por el contrario, no puede alcanzar de ninguna manera la personalidad; sin embargo, esta distinción indica una suerte de presentimiento que es muy digno de destacar en un autor que no tiene la pretensión de ser un metafísico.