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Bréhier-Plotin: mixte

quinta-feira 1º de fevereiro de 2024, por Cardoso de Castro

  

Certains admettent que les qualités seules se mélangent ; selon eux la mati  ère de chacun des deux corps est juxtaposée à celle de l’autre ; mais les qualités qui viennent de chacun des deux s’introduisent dans l’autre. Ils peuvent sembler avoir raison dans leur critique du mélange total ; il en résulterait, disent-ils, que les grandeurs des masses se subdiviseraient en fragments, s’il ne restait, dans le mixte, aucun intervalle rempli par un seul des deux corps, et si la division se poursuivait continuellement jusqu’à ce que chacun des deux traversât l’autre tout entier. De plus, les corps mélangés occupent parfois un volume plus grand que l’un des deux pris séparément, et un volume aussi grand que s’ils étaient simplement juxtaposés ; pourtant s’il y avait une pénétration totale, il faudrait que le volume du corps où l’autre a été projeté restât le même. Quant au cas où le volume du mixte n’est pas plus grand que celui d’un des deux corps, la raison en est que ce corps contenait de l’air qui en est sorti, et à la place duquel l’autre corps a pénétré. Comment, d’ailleurs, un petit corps pourrait-il s’étendre en un grand pour le contenir tout entier ? Et ils donnent encore bien d’autres raisons. ENNÉADES - Bréhier  : II, 7 [37] - Du mélange total 1

Les partisans du mélange total pourraient répondre que les corps se divisent bien, mais sans se dissoudre en fragments, même dans le cas du mélange total ; la sueur, diront-ils, coule sans qu’il y ait des fentes ou des trous sur le corps. Dira-t-on que la nature a fait le corps de telle manière que la sueur puisse le traverser ? Mais on fabrique des lames minces et continues que l’on voit un liquide imprégner complètement et traverser d’une face à l’autre. Comment est-ce possible, dira-t-on, si ces lames sont des corps ? Il n’est certes pas facile de comprendre comment un corps en traverse un autre sans le diviser ; mais, s’ils se divisaient, il est clair qu’ils se détruiraient complètement l’un l’autre. De plus, lorsque leurs adversaires parlent des cas où il n’y a pas augmentation de volume dans le mélange, ils en donnent comme raison la sortie de l’air renfermé dans l’un des corps : mais, dans le cas où le volume augmente, qui empêche, malgré la difficulté de cette explication, de dire que cette augmentation est due à ce que chacun des deux corps apporte au mixte sa grandeur propre avec ses autres qualités ? Car la grandeur ne s’évanouit pas plus que les autres qualités ; et de même que le mixte a une qualité nouvelle formée du mélange des qualités des deux corps, il aurait une grandeur nouvelle produite par le mélange des grandeurs des deux corps. Mais alors, pourraient répondre les partisans de la première thèse, puisque la matière d’un corps se juxtapose à la matière de l’autre, et sa masse, à laquelle est liée la grandeur, à la masse de l’autre, c’est notre thèse même que vous soutenez ; mais, si la matière de l’un, avec la grandeur qui est primitivement en elle, pénétrait entièrement celle de l’autre, le phénomène ne serait pas comparable à la juxtaposition de deux lignes placées bout à bout et se touchant par leurs points extrêmes (cas où il y aurait accroissement de grandeur), mais à la coïncidence de deux lignes ; et alors il n’y aurait pas accroissement. ENNÉADES - Bréhier: II, 7 [37] - Du mélange total 1

Les mythes, s’ils sont vraiment des mythes, doivent séparer dans le temps les circonstances du récit, et distinguer bien souvent les uns des autres des êtres qui sont confondus et ne se distinguent que par leur rang ou par leurs puissances ; (d’ailleurs, même où [Platon  ] raisonne, il fait naître des êtres qui n’ont pas été engendrés, et il sépare des êtres qui n’existent qu’ensemble). Mais, après nous avoir instruits comme des mythes peuvent instruire, ils nous laissent la liberté, si nous les avons compris, de réunir leurs données éparses -. Voici comment nous en faisons la réunion : l’âme unie à l’intelligence, tirant d’elle son existence, comblée par elle de raisons, belle de toutes les parures qu’elle en reçoit, comblée de richesse, laissant voir en elle l’éclat et l’image de toutes les beautés intelligibles, voilà Aphrodité dans son ensemble. Poros ou la richesse, ce sont toutes les raisons qui sont en elle, quand le nectar a coulé d’en haut. L’éclat dont l’âme resplendit, cette splendeur de vie, c’est le jardin de Zeus, où dort Poros, appesanti par le nectar dont il s’est gorgé. Le festin des dieux, c’est la vie qui se montre et persiste éternellement chez les êtres réels, la félicité dont ils jouissent. Quant à Éros, il a toujours été ce qu’il est, puisqu’il résulte de l’aspiration de l’âme au meilleur et au bien ; il existe toujours, dès le moment où l’âme existe. C’est un être mixte ; il y a en lui de l’ indigence, puisqu’il aspire à se rassasier ; mais il n’est pas sans ressources, puisqu’il cherche le complément de ce qu’il possède ; il ne chercherait pas le bien, s’il n’avait absolument aucune part au bien. Il est né de Poros et de Pénia, ce qui veut dire : le besoin et le désir, en se rencontrant dans l’âme avec le souvenir des raisons, produit en elle une activité, orientée vers le bien, qui est Éros. Sa mère est Pénia, parce que c’est toujours le besoin qui fait que l’on désire ; Pénia est la matière parce que la matière est besogneuse en tout, et parce que ce qu’il y a d’indéterminé dans le désir du bien (qui désire le bien n’a en effet en lui ni forme ni raison) rapproche de la matière l’être qui désire en tant qu’il désire. La forme ne visant qu’à ellemême a sa propre permanence en soi. Dès qu’un être désire recevoir, il s’offre comme matière à ce bien qui survient en lui. Éros est donc un être matériel, un démon né de l’âme, en tant que l’âme manque du bien et aspire à lui. ENNÉADES - Bréhier: III, 3 [50] - De l’Amour 9