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Bréhier-Plotin: diminution

quinta-feira 1º de fevereiro de 2024, por Cardoso de Castro

  

... - Alors les couleurs ne se rapetissent pas, elles s’effacent, tandis que les grandeurs se rapetissent. - Mais il y a dans les couleurs et les formes un caractère commun, c’est l’amoindrissement qui, pour les couleurs, est effacement, et, pour les grandeurs, diminution ; et la grandeur diminue en proportion de l’effacement de la couleur. C’est ce qui devient plus clair dans un panorama varié ; voyez une colline qui porte des maisons, des jardins, d’autres choses encore ; si chacun de ces objets est vu distinctement, l’on peut mesurer l’étendue de l’ensemble ; mais quand chaque objet ne présente pas un aspect distinct, on devient incapable de mesurer détail par détail et de connaître ainsi la grandeur totale de la colline. Et même, des objets voisins de nous et fort variés, sur qui l’on jette un coup d’œil d’ensemble, sans regarder tous leurs détails, paraissent d’autant plus petits que chacun d’eux s’est dérobé plus vite à nos regards ; lorsqu’on en voit le détail, on les mesure exactement, et l’on connaît leur grandeur totale. Si l’on regarde des objets de même aspect et de teinte uniforme, l’on se trompe en estimant leur grandeur, parce que la vue ne peut les mesurer partie par partie ; elle glisse sur eux, sans trouver aucune différence d’aspect qui lui permette de s’arrêter à chacun d’eux. C’est pourquoi un objet éloigné peut nous paraître voisin ; l’étendue qui est entre nous et cet objet se contracte. Et c’est pourquoi nous percevons exactement la grandeur des objets voisins. Mais dès que l’oeil ne peut saisir le détail des qualités d’un objet éloigné, il ne peut pas dire davantage quelle est sa grandeur. ENNÉADES - Bréhier: II, 8 [35] - Pourquoi les objets vus de loin paraissent-ils petits ? 1

La diminution des objets vient-elle de la diminution des angles sous lesquels on les voit ? Non, nous l’avons dit ailleurs4. Ajoutons encore ici que, tout en attribuant la diminution de l’objet à celle de l’angle visuel, l’on admet que le reste de l’oeil perçoit des objets qui ne tombent pas sous cet angle, au moins des objets tels que l’atmosphère. Mais supposons un très grand objet, une montagne, qui occupe l’ceil entier ; elle est égale au champ visuel, et ne permet de rien voir en dehors d’elle, parce que la dimension de l’oeil lui correspond, ou même que l’objet dépasse des deux côtés ce que le regard peut embrasser ; qu’aurait-on à dire en ce cas, puisque l’objet apparaît bien plus petit qu’il n’est et pourtant occupe tout le champ de la vision ? On comprendra, sans contestation possible, ce que je veux dire, en regardant le ciel. On ne peut voir d’un seul regard un hémisphère tout entier ; la vue ne saurait s’étendre en un si grand espace ; pourtant, admettons-le, si l’on veut, la vue embrasse donc l’hémisphère entier ; la grandeur de cet hémisphère, dans la voûte céleste, est égale à un grand nombre de fois sa grandeur apparente ; comment donc expliquer par une diminution de l’angle visuel que la grandeur apparente soit considérablement inférieure à la grandeur réelle ? ENNÉADES - Bréhier: II, 8 [35] - Pourquoi les objets vus de loin paraissent-ils petits ? 2