Página inicial > Antiguidade > Neoplatonismo (245-529 dC) > Plotino (séc. III) > Bréhier - Plotin > Bréhier-Plotin: corporéité

Bréhier-Plotin: corporéité

quinta-feira 1º de fevereiro de 2024, por Cardoso de Castro

  

D’autre part, objecte-t-on, pourquoi dit-on qu’un corps, en pénétrant un autre corps, le fragmente, puisque nous admettons nous-mêmes que les qualités traversent un corps sans le diviser ? - Mais c’est que les qualités sont incorporelles. - La mati  ère, elle aussi, est incorporelle ; puisqu’elle est aussi incorporelle que les qualités, si ces qualités sont en assez petit nombre, pourquoi ne traversent-elles pas aussi bien le corps avec leur matière ? Si elles ne traversent pas les corps solides, disentils, c’est que ces corps ont des qualités propres à empêcher les autres de passer au travers ou des qualités trop nombreuses. Ce n’est donc pas parce qu’il leur est impossible de traverser le corps avec leur matière. Si la contexture serrée des corps solides vient du grand nombre de leurs qualités, ce nombre est la cause de cet empêchement ; si cette contexture est une qualité qui leur est propre (celle qu’on appelle la corporéité), c’est leur qualité propre qui en est la cause. Ce ne sont donc pas les qualités comme telles qui admettent le mélange entre elles, mais des qualités d’une certaine nature ; et ce n’est pas la matière comme telle qui se refuse au mélange, mais la matière douée d’une certaine qualité. Cela est d’autant plus vrai que la matière n’a pas de grandeur propre, bien qu’elle ne soit jamais dépouillée de grandeur. En voilà assez sur ces questions. ENNÉADES - Bréhier: II, 7 [37] - Du mélange total 2

Puisque nous avons fait mention de la corporéité, demandons-nous si elle est un composé résultant de toutes les propriétés d’un corps, ou bien si elle est une forme ou une raison qui produit le corps en venant dans la matière. Si le corps est fait de toutes les qualités plus la matière, la corporéité est bien une forme. Et si elle est une raison qui produit le corps en s’ajoutant au reste, il est évident que cette raison a, incluses en elle, toutes les qualités. Cette raison, si elle ne se réduit pas à une formule qui définit la quiddité d’un objet, mais si elle est raison productrice de l’objet, ne doit pas comprendre en elle la matière ; elle est une raison qui est dans la matière et qui produit le corps en venant en elle. Le corps, c’est la matière plus la raison qui est en elle ; mais cette raison est en elle-même une forme sans matière que l’on peut considérer isolément, même si elle n’est jamais en fait séparée de la matière. Il y a d’ailleurs, dans l’intelligence, une autre raison qui en est séparée ; elle est dans l’intelligence parce qu’elle est elle-même intelligence. Mais c’est là une question à traiter ailleurs. ENNÉADES - Bréhier: II, 7 [37] - Du mélange total 3