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cosmogonia

quinta-feira 25 de janeiro de 2024

  

Pour Aristote   la destinée normale de l’homme se situait dans le monde « sublunaire » (celui de la « génération » et de la « corruption »). Sauf quelques rares moments où des contemplatifs se sentent participer — en un sens déjà presque spinoziste — à une sorte d’« éternité » (voire d’« immortalité »), selon l’anthropologie et l’éthique du Lycée nos tâches se situent ici-bas, [7] bien loin de la Pensée de la pensée, cet Acte pur qui meut les sphères célestes sans souci de nos destins individuels ou collectifs. [GandillacPlotin  :6-7]


Dans le Timée  , Platon   propose la première et, somme toute, l’unique cosmologie qui, en Grèce ancienne, fait intervenir le travail manuel. C’est le démiurge qui, les yeux fixés sur les Formes, met en ordre un matériau livré au désordre pour fabriquer le monde dans lequel nous vivons ; l’action de ce démiurge est évoquée à l’aide de termes qui décrivent le travail de l’artisan et de l’artiste. Lorsque, du domaine de l’univers, on passe à celui de la cité, le travail de l’artisan et celui de l’artiste sont dévalorisés tout simplement parce que leurs produits se trouvent à un troisième niveau d’éloignement sur le plan de la réalité. La Forme représente la réalité véritable, et les choses sensibles qui en participent ne sont que des images de cette réalité. Aussi, l’artisan et l’artiste imitant des choses sensibles en vue de les reproduire fabriquent-ils une réalité d’un niveau inférieur, comparée à celle des choses sensibles que fabrique le démiurge. À cette critique ontologique, Platon ajoute une critique d’ordre politique qui disparaît complètement chez Plotin   : l’artiste modifie le comportement de ses destinataires et de ce fait doit être soumis au philosophe qui, seul, sait à quoi s’en tenir en ce domaine. Dans le contexte d’une polémique qui semble avoir eu pour origine l’ancienne Académie, Aristote développe contre le Timée de Platon une thèse critique qui par la suite sera admise généralement en philosophie, y compris par les néoplatoniciens : le monde n’est plus un objet artificiel, produit par un démiurge, mais un être naturel qui vit et possède en lui-même le principe de son comportement. Ce principe interne, qui a pour nom « nature » (phúsis, voir Physique II 1), peut être considéré sous le point de vue de la forme et sous celui de la mati  ère. Échappant à toute contingence et à toute intermittence, la nature procède avec économie à la manière d’un bon intendant, qui, entre les possibles, produit toujours le meilleur (Sur le ciel II 5, 288a2).

Les stoïciens iront plus loin encore dans cette voie, en proposant une vision grandiose de l’univers comme unité divine, vivante, organisée suivant des lois rationnelles et gouvernée dans ses moindres détails par la Providence. Au fondement de leur cosmologie, les stoïciens posent les deux principes suivants : l’un n’a d’autre capacité que de pâtir, c’est la matière (húlē), dépourvue de toute détermination, de tout mouvement et de toute initiative ; l’autre a la capacité d’agir et apporte à la matière forme, qualité et mouvement. Ce second principe, c’est la « raison » (lógos). Rien dans cet univers n’est « ceci » ou « cela », rien même ne peut être dit « ceci » ou « cela », sans la présence de ce principe distinct de la matière. Dans un tel contexte, le lógos peut aussi recevoir le nom de « dieu », car son action en fait en quelque sorte l’artisan de l’univers, mais un artisan dont l’art réside dans toutes les productions de la nature. En poussant à son terme l’exigence d’indétermination de la matière, le stoïcisme est contraint de reconnaître dans le seul lógos la cause des caractéristiques physiques les plus élémentaires, correspondant aux quatre éléments (feu, air, eau, terre) et au résultat de leur combinaison dans les choses sensibles. Voilà pourquoi on peut parler de « corporatisme » ou même de « matérialisme » stoïcien : l’action du lógos sur la matière et sur les corps reste une activité matérielle, corporelle. [BPT27-29  :25-26]


LÉXICO: cosmogonia; cosmo