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Canteins : YHW

terça-feira 5 de agosto de 2014, por Cardoso de Castro

  

On se reportera à un passage du Pugio Fidei de Ramon Marti, incontestable orientaliste, hébraïsant et arabisant :

« On peut dire que dans le nom divin il y a d’abord trois lettres qui diffèrent l’une de l’autre tant dans l’orthographe que dans la prononciation ; ce sont Iod, He, Vau. Puis il y en a une, le He, qui est répétée à la fin du mot qu’elle achève et parfait. Elle indique, quand ce nom est dit du Messie, qu’il y a trois substances en lui différentes l’une de l’autre : le corps, l’âme et la Sagesse de Dieu. Le rapport des deux premières à la troisième et tel qu’il prouve qu’il n’y a pas dans le Messie Dieu et un homme, deux personnes, mais une seule, ni deux messies, mais un seul, de même que les trois lettres différentes font un seul et très glorieux nom de Dieu, puisque finalement elles se rassemblent en une, qui est appelée He. Quand ce nom se dit de Dieu, alors, comme dit Maître Pierre Alfonsi, qui fut un grand rabbin chez les Juifs avant qu’il ne devînt chrétien, les trois lettres de ce nom : YHV indiquent qu’en Dieu ainsi désigné il y a trois Middoth, c’est-à-dire des propriétés différentes l’une de l’autre, en vertu de la différence qu’elles ont tant dans la forme que dans la prononciation. L’une d’elles est répétée et placée à la fin du mot. C’est le He, et la première lettre du mot Haviah, essence. Elle indique l’unité de l’essence des trois Middoth, propriétés ou personnes... »

Tout le passage témoigne de la parfaite compétence du dominicain. On relève, notamment, l’assimilation des trois lettres composantes du Nom aux middoth ou attributs divins hypostatiques. Il s’agit d’une notion qui a joué un rôle important dans la mystique juive et son allusion revêt ici une particulière pertinence. Voici donc un auteur qui, parlant en connaissance de cause, n’hésite pas à se référer à Petrus Alphonsi. Il est vrai qu’il ne mentionne pas le ternaire IH/HVA’H mais l’indication des lettres IHV ne peut viser autre chose. Il n’y a, d’ailleurs, nul doute à ce sujet puisque, dans ses Notes complémentaires, Joseph de Voysin cite précisément le passage où Petrus Alphonsi en donne l’exposé (p.566). En raison de l’importance de ce passage, il convient de le citer (ce second texte a également été traduit par François Secret, op. cit.p.8) :

« Si tu examines avec plus de pénétration ce nom de Dieu qu’on trouve expliqué dans Les secrets des secrets, tu t’apercevras que le nom YHVH, qui est un nom de trois lettres, quoiqu’il soit écrit avec quatre caractères, puisque l’un des quatre est employé deux fois, tu t’apercevras que ce même nom est un et trois. Un, il désigne l’unité de la substance ; trois la trinité des personnes. Ce nom se compose en effet de quatre lettres, Iod He Vau He ; si tu joins la première et la seconde, Iod et He. tu obtiens un premier nom (YH) ; si tu joins la seconde à la troisième, tu obtiens un second nom (HV) ; de même si tu joins la troisième à la quatrième, c’est-à-dire Vau et He, tu auras un troisième nom (VH). Et si tu les réunis de nouveau, il n’y aura plus qu’un seul nom YHVH?. »