Plotino – Tratado 50,2 (III, 5, 2) — O amor como deus

Míguez

2- Trataremos ahora del amor calificado como un dios, no sólo por todos los demás hombres sino también por los teólogos y por Platón que, repetidamente, llama a Eros hijo de Afrodita [[Cf. Platón, Banquete, 203 c.]] y le hace guardián de los niños hermosos, como el dios que mueve sus almas hacia la belleza inteligible o que acrecienta la tendencia que ya les lleva allí. De esto precisamente deberemos hablar. Aceptaremos también lo que se dice en el Banquete, donde Eros no aparece como hijo de Afrodita, sino de Poros y de Penia, el mismo día del nacimiento de Afrodita [[Cf. Platón, Banquete, 180 d.]]. Parece oportuno que hablemos de Afrodita, ya sea Eros nacido de ella, ya haya nacido al mismo tiempo que ella.

Lo primero que se nos ocurre es preguntar: ¿Quién es Afrodita? En seguida nos preguntaremos cómo ha nacido Eros de ella o al mismo tiempo que ella, o cómo puede haber nacido con ella y al mismo tiempo que ella. Decimos que hay una doble Afrodita, la Afrodita celeste, considerada hija de Urano, y otra que es hija de Zeus y de Dione y que preside los matrimonios humanos [[Nueva referencia al Banquete. 180 d.]]. La primera carece de madre y no interviene en los matrimonios porque ella misma no se ha casado en el cielo. La llamada Afrodita celeste es la hija de Cronos, esto es, la inteligencia, y constituye necesariamente el alma más divina; nacida directamente de un ser puro, ella misma también es pura y permanece en lo alto, sin querer ni poder descender a este mundo. No viene a hollar las cosas de aquí abajo porque es una hipóstasis separada de la materia y una esencia que no tiene parte en ella, de ahí que se haya dicho enigmáticamente que carece de madre [[Cf. lo que se dice en el Banquete, 199 d.]]. Diremos en justicia que es algo divino y no un demonio, por tratarse de un ser puro y sin mezcla, que permanece en sí mismo. El ser que nace directamente de la inteligencia es, en efecto, un ser puro, que obtiene toda su fuerza de lo que está más próximo a él, y que, asimismo, siente el deseo de fijarse en su generador, el único ser capaz de retenerlo en lo alto. De ahí que el alma no caiga, suspendida como está de la inteligencia, y que, con mayor motivo, no lo haga igualmente la luz que brilla alrededor del sol, que viene de él y aparece suspendida de él. Conducida por Cronos o, si se quiere, por el padre de Cronos, Urano, dirige su actividad hacia él y se une íntimamente a él con un amor apasionado; es así como engendra a Eros y con él mira hacia Cronos. Este acto produce una hipóstasis y una esencia, y ambos, la madre y el hermoso Eros, lanzan su mirada hacia Cronos. Eros viene a ser la hipóstasis ordenada siempre hacia otra belleza, algo intermedio, pues, entre quien desea y el objeto deseado. Para el que ama es como el ojo con el que puede ver el objeto amado. Corriendo por sí mismo delante de él y antes incluso de haber dado al amante la fuerza de ver por su propio órgano, se llena por completo de esta visión. Es realmente quien primero ve, pero no, sin embargo, como el amante, porque el objeto de la visión queda fijado en el amante, en tanto aquél recoge el fruto de la visión de la belleza que pasa por delante de sí.

Bouillet

II. Parlons maintenant de l’Amour qui est appelé un dieu, non seulement par les hommes en général, mais encore par les théologiens et par Platon. Ce philosophe parle souvent de l’Amour, fils de Vénus, et il lui attribue pour mission d’être le chef des beaux enfants et d’élever les âmes à la contemplation de la beauté intelligible, ou du moins de fortifier l’instinct qui les y porte déjà. Examinons les idées que Platon a développées dans le Banquet, où il dit que l’Amour est né, non de Vénus, mais de Poros (l’Abondance) et de Penia (la Pauvreté), à la naissance de Vénus.

Il est d’abord nécessaire de dire quelque chose de Vénus, d’expliquer si l’Amour est né de Vénus ou s’il est seulement né avec elle et en même temps. Qu’est-ce que Vénus ? Est-elle mère de l’Amour? En est-elle contemporaine? Ou bien en est-elle à la fois mère et contemporaine? Pour répondre à ces questions nous dirons qu’il y a deux Vénus. La première est Vénus Uranie, fille d’Uranos. La seconde [Vénus Populaire] est fille de Jupiter et de Dioné : c’est celle-ci qui préside aux mariages d’ici-bas. La première, au contraire, n’a point de mère et ne préside pas aux mariages, parce qu’il n’y en a pas dans le ciel. Vénus Uranie, fille de Cronos [[« Le nom de Cronos est composé de deux parties, dont la première, κόρος, signifie, non pas le fils, mais bien ce qu’il y a de plus pur dans νόος, l’intelligence. Cronos, à son tour est, dit-on, fils d’Uuranos (le Ciel). On a très bien appelé Uranie (Οὐρανία, ὁρῶσα τὰ ἄνω), la contemplation des choses d’en haut, d’où vient l’intelligence pure, s’il en faut croire les hommes qui s’occupent des choses célestes et qui trouvent que le Ciel a été bien nommé Uranos. » (Platon, Cratyle, p. 396; t. XI, p. 39 de la trad. de M. Cousin.)]], c’est-à-dire de l’Intelligence, est l’Âme divine, qui est née pure de Y Intelligence pure et qui demeure là-haut [[L’Âme divine, née pure de l’Intelligence pure, est le principe que Plotin appelle la Puissance principale de l’Âme dans le livre III de i’Ennéade II, t. I, p. 191.]]: elle ne peut ni ne veut descendre ici-bas, parce que sa nature ne lui permet pas d’incliner vers la terre. Elle est donc une hypostase séparée de la matière et n’ayant aucune participation avec elle. C’est ce qu’on a exprimé d’une manière allégorique en disant qu’elle n’a pas de mère. On doit la regarder plutôt comme une divinité que comme une puissance démonique, puisqu’elle est pure, qu’elle n’a aucun rapport avec la matière, et qu’elle demeure en elle-même.

En effet, ce qui naît immédiatement de l’Intelligence est pur lui-même, parce que, par sa proximité même de l’Intelligence, il a plus de force par soi, qu’il désire s’unir fermement au principe qui l’a engendré et qui peut le retenir là-haut. L’Âme qui se trouve ainsi suspendue à l’Intelligence ne saurait donc déchoir, pas plus que la lumière qui brille autour du soleil ne pourrait se séparer de l’astre d’où elle rayonne et auquel elle est suspendue.

S’attachant à Cronos, ou, si l’on veut à Uranos, père de Cronos [[Uranos représente. l’Un, le Bien, le premier principe ; Cronos,l’Intelligence divine, le deuxième principe ; Vénus Uranie, l’Âme universelle, le troisième principe. Voy. Enn. V, liv. VIII, § 12, 13]], Vénus Uranie se tourne vers Uranos et s’unit à lui; en l’aimant, elle enfante l’Amour, avec lequel elle contemple Uranos. L’acte de Vénus constitue ainsi en la personne de l’Amour une hypostase, une essence. Ils attachent donc tous deux sur Uranos leurs regards, et la mère et le bel enfant dont la nature est d’être une hypostase toujours tournée vers une autre beauté, d’être une essence intermédiaire entre l’amante et l’objet aimé. En effet, l’Amour est l’œil par lequel l’amante voit l’objet aimé ; il la prévient en quelque sorte, et, avant de lui donner la faculté de voir par l’organe qu’il constitue, il est déjà lui-même plein du spectacle offert à sa contemplation. Il prévient l’amante, dis-je ; mais il ne contemple pas l’intelligible de la même manière qu’elle le fait, en ce qu’il lui offre le spectacle de l’intelligible et qu’il jouit lui-même de la vision du Beau, vision qui rayonne autour de lui [comme une auréole lumineuse].

Bréhier

2. Parlons maintenant de l’Amour qu’on prétend être un dieu ; ce n’est pas seulement une opinion courante, c’est celle des théologiens et de Platon. Platon en maint passage appelle Éros fils d’Aphrodité ; il en fait le gardien des beaux enfants, celui qui meut leurs âmes vers la beauté intelligible ou qui fortifie la tendance déjà existante qui les y porte. C’est de cet Amour et de lui surtout que la philosophie doit parler. Recevons aussi l’enseignement que Platon nous a donné dans le Banquet ; ici Eros n’est plus né d’Aphrodité, mais de Poros et de Pénia, le jour de la naissance d’Aphrodité ; mais qu’il soit né d’elle, ou qu’il soit né en même temps qu’elle, le sujet exige que nous parlions d’Aphrodité.

Donc première question : qui est Aphrodité ? Ensuite, l’amour est-il né d’elle ou seulement en même temps qu’elle, ou alors comment peut-il être à la fois né d’elle et en même temps qu’elle ? Il y a une double Aphrodité, l’Aphrodité céleste qui est, dit-on, fille d’Ouranos, et une autre qui est fille de Zeus et de Dioné, et qui préside aux marialges humains’. La première n’a pas de mère, et ne préside pas aux mariages, parce qu’il n’y a pas de mariage dans le ciel. L’Aphrodité céleste est la fille de Cronos, qui est l’intelligence ; elle est donc l’âme divine par excellence ; née sans intermédiaire d’un être pur, elle est pure et elle reste là-haut ; elle ne peut ni ne veut descendre ici-bas ; sa nature l’empêche de fouler notre sol terrestre ; elle est une hypostase séparée de la matière, une essence qui ne participe pas à la matière ; c’est ce qu’on a voulu laisser entendre, en disant qu’elle n’a pas de mère. Il est juste de dire qu’elle est un être divin et non un démon, puisqu’elle est un être pur, sans mélange de matière et qui reste en lui-même. L’être qui naît immédiatement de l’intelligence est lui-même un être pur, qui tire la force qu’il a en lui de ce qu’il est près d’elle, et qui éprouve le désir de se fixer à son générateur, seul capable de le maintenir là-haut. Donc l’âme ne tombe pas, parce qu’elle est suspendue à l’intelligence, bien moins encore que ne tombe du soleil la lumière qui resplendit autour de lui, qui rayonne de lui et se suspend à lui. Guidée par Cronos ou si l’on veut par le père de Cronos, Ouranos, elle dirige son activité vers lui et s’incline à lui ; elle l’aime ; ainsi, elle engendre Éros, et avec lui, elle contemple Cronos ; cet acte de contemplation a produit une hypostase et une essence, et ils regardent Cronos l’un et l’autre, la mère et Éros, son bel enfant. Éros est l’hypostase éternellement dirigée vers une autre beauté ; il n’est que l’intermédiaire entre celui qui désire et l’objet désiré ; il est pour l’amant l’oeil qui lui permet de voir son aimé ; de lui-même il court au devant de l’aimé et il se remplit de cette vision, avant même d’avoir donné à l’amant la faculté de voir par son organe. Il est le premier à voir: mais il ne voit pas comme l’amant; car l’objet de la vision se fixe dans l’amant, lui, il jouit du spectacle du beau qui le touche en passant.

Guthrie

THE PLATONIC MYTH OF LOVE.

2. Now let us speak of the Love which is considered a deity not only by men in general, but also by the (Orphic) theologians, and by Plato. The latter often speaks of Love, son of Venus, attributing to him the mission of being the chief of the beautiful children (or, boys); and to direct souls to the contemplation of intelligible Beauty, or, if already present, to intensify the instinct to seek it. In his “Banquet” Plato says that Love is born (not of Venus, but) of Abundance and Need, … on some birthday (?) of Venus.

INTERPRETATION OF THE PLATONIC MYTH.

To explain if Love be born of Venus, or if he were only born contemporaneously with his mother, we shall have to study something about Venus. What is Venus? Is she the mother of Love, or only his contemporary? As answer hereto we shall observe that there are two Venuses. The second (or Popular Venus) is daughter of Jupiter and Dione, and she presides over earthly marriages. The first Venus, the celestial one, daughter of Uranus (by Plato, in his Cratylus, interpreted to mean “contemplation of things above”), has no mother, and does not preside over marriages, for the reason that there are none in heaven. The Celestial Venus, therefore, daughter of Kronos, that is, of Intelligence, is the divine Soul, which is born pure of pure Intelligence, and which dwells above. As her nature does not admit of inclining earthward, she neither can nor will descend here below. She is, therefore, a form of existence (or, an hypostasis), separated from matter, not participating in its nature. This is the significance of the allegory that she had no mother. Rather than a guardian, therefore, she should be considered a deity, as she is pure Being unmingled (with matter), and abiding within herself.

LOVE, LIKE HIGHER SOUL, OR LIGHT, IS INSEPARABLE FROM ITS SOURCE.

In fact, that which is immediately born of Intelligence is pure in itself, because, by its very proximity to Intelligence, it has more innate force, desiring to unite itself firmly to the principle that begat it, and which can retain it there on high. The soul which is thus suspended to Intelligence could not fall down, any more than the light which shines around the sun could separate from the body from which it radiates, and to which it is attached.

WHO CELESTIAL VENUS IS.

Celestial Venus (the universal Soul, the third principle or hypostasis), therefore, attaches herself to Kronos (divine Intelligence, the second principle), or, if you prefer to Uranos (the One, the Good, the first Principle), the father of Kronos. Thus Venus turns towards Uranos, and unites herself to him; and in the act of loving him, she procreates Love, with which she contemplates Uranus. Her activity thus effects a hypostasis and being. Both of them therefore fix their gaze on Uranus, both the mother and the fair child, whose nature it is to be a hypostasis ever turned towards another beauty, an intermediary essence between the lover and the beloved object. In fact, Love is the eye by which the lover sees the beloved object; anticipating her, so to speak; and before giving her the faculty of seeing by the organ which he thus constitutes, he himself is already full of the spectacle offered to his contemplation. Though he thus anticipates her, he does not contemplate the intelligible in the same manner as she does, in that he offers her the spectacle of the intelligible, and that he himself enjoys the vision of the beautiful, a vision that passes by him (or, that coruscates around him, as an aureole).

MacKenna

2. The existence of such a being is no demand of the ordinary man, merely; it is supported by Theologians and, over and over again, by Plato to whom Eros is child of Aphrodite, minister of beautiful children, inciter of human souls towards the supernal beauty or quickener of an already existing impulse thither. All this requires philosophical examination. A cardinal passage is that in the Symposium where we are told Eros was not a child of Aphrodite but born on the day of Aphrodite’s birth, Penia, Poverty, being the mother, and Poros, Possession, the father.

The matter seems to demand some discussion of Aphrodite, since in any case Eros is described as being either her son or in some association with her. Who then is Aphrodite, and in what sense is Love either her child or born with her or in some way both her child and her birth-fellow?

To us Aphrodite is twofold; there is the heavenly Aphrodite, daughter of Ouranos or Heaven: and there is the other the daughter of Zeus and Dione, this is the Aphrodite who presides over earthly unions; the higher was not born of a mother and has no part in marriages for in Heaven there is no marrying.

The Heavenly Aphrodite, daughter of Kronos who is no other than the Intellectual Principle – must be the Soul at its divinest: unmingled as the immediate emanation of the unmingled; remaining ever Above, as neither desirous nor capable of descending to this sphere, never having developed the downward tendency, a divine Hypostasis essentially aloof, so unreservedly an Authentic Being as to have no part with Matter – and therefore mythically “the unmothered” justly called not Celestial Spirit but God, as knowing no admixture, gathered cleanly within itself.

Any Nature springing directly from the Intellectual Principle must be itself also a clean thing: it will derive a resistance of its own from its nearness to the Highest, for all its tendency, no less than its fixity, centres upon its author whose power is certainly sufficient to maintain it Above.

Soul then could never fall from its sphere; it is closer held to the divine Mind than the very sun could hold the light it gives forth to radiate about it, an outpouring from itself held firmly to it, still.

But following upon Kronos – or, if you will, upon Heaven, the father of Kronos – the Soul directs its Act towards him and holds closely to him and in that love brings forth the Eros through whom it continues to look towards him. This Act of the Soul has produced an Hypostasis, a Real-Being; and the mother and this Hypostasis – her offspring, noble Love gaze together upon Divine Mind. Love, thus, is ever intent upon that other loveliness, and exists to be the medium between desire and that object of desire. It is the eye of the desirer; by its power what loves is enabled to see the loved thing. But it is first; before it becomes the vehicle of vision, it is itself filled with the sight; it is first, therefore, and not even in the same order – for desire attains to vision only through the efficacy of Love, while Love, in its own Act, harvests the spectacle of beauty playing immediately above it.

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