Míguez
13. Así, pues, el dios (Cronos) se aparece encadenado para mantenerse siempre idéntico a sí mismo, concediendo a su hijo (Zeus) el gobierno de este mundo. Porque no va con su carácter el abandonar el dominio del mundo inteligible para ir en busca de otro más nuevo e inferior, siendo así que él mismo posee la plenitud de la belleza. Dando de lado a esta preocupación, fija a su padre (Urano) en sí mismo y se eleva a la vez hasta él; pero fija también, en otro sentido, lo que tiene un comienzo después de él y a partir de su hijo; de modo que se mantiene entre ambos, diferenciado de su padre por su propia mutilación hacia arriba e impedido de dirigirse hacia abajo por la ligadura que le retiene con su hijo. Esto es, se halla entre su padre, que le supera, y su hijo, que es inferior a él. Pero como su padre es todavía mejor que la belleza, él mismo puede ser considerado como la belleza primera subsistente. También el alma es, indudablemente, bella, pero él posee una belleza mayor. El alma será como su huella, por la cual resulta bella por naturaleza; pero aún más bella si dirige su mirada al mundo inteligible. Pues, para hablar de una manera más clara, el alma del universo, que es la misma Afrodita, es bella, ¿qué belleza le corresponderá a él? Porque si ella tiene la belleza de sí misma ¿cuánta no será la de él? Y si la tiene de otro, ¿de quién podrá tener el alma esta belleza, que es para ella algo extraño, incorporado, sin embargo, a su naturaleza? Pues para nosotros el ser bellos es encontrarnos en nosotros mismos, en tanto el ser feos es cambiar a otra naturaleza. Somos bellos cuando nos conocemos a nosotros mismos; somos, en cambio, vergonzantes cuando nos desconocemos. Lo bello, pues, allí su asiento y de allí proviene. Basta, por tanto, con lo dicho para llegar a una clara comprensión del lugar inteligible ¿O convendrá volver de nuevo sobre el tema, siguiendo ya otro camino?
Bouillet
XIII. On représente Saturne toujours enchaîné, parce qu’il reste immobile dans son identité. On dit qu’il a abandonné à son fils Jupiter le gouvernement de l’univers, parce qu’il ne lui convenait pas, à lui qui possède la plénitude des biens, de renoncer au gouvernement du monde intelligible pour rechercher celui d’un empire plus jeune et moins relevé que lui-même. Ensuite, d’un côté, Saturne a fixé en lui-même son père [Cœlus] et s’est élevé jusqu’à lui; d’un autre côté, il a également fixé les choses inférieures qui ont été engendrées par son fils Jupiter. Ainsi, il occupe entre eux deux un rang intermédiaire, entre son père qui est plus parfait et son fils qui l’est moins. D’un côté, il mutile son père en scindant l’unité primitive en deux éléments différents; de l’autre, il s’élève audessus de Tètre qui lui est inférieur, en se dégageant des chaînes qui tendraient à l’abaisser. Comme Cœlus, le père de Saturne, est trop grand pour qu’on lui attribue de la beauté, Saturne occupe le premier rang de la beauté. L’Ame universelle est belle aussi ; mais elle est moins belle que Saturne, parce qu’elle est son image, et que par conséquent, quelque belle qu’elle soit par sa nature, elle est plus belle encore quand elle regarde son principe. Donc, si l’Ame universelle, pour nous servir de termes plus clairs, et si Vénus même a de la bcaulé, que doit être l’Intelligence? Si l’Ame universelle et Vénus sont belles par leur nature, combien doit être belle l’Intelligence? Si l’Ame universelle et Vénus reçoivent leur beauté d’un autre principe, de qui tiennent-elles la beauté qu’elles ont par leur essence même et celle qu’elles acquièrent? Pour nous, nous sommes beaux lorsque nous nous appartenons à nousmêmes; et laids, quand nous nous abaissons à une nature inférieure. Nous sommes beaux encore quand nous nous connaissons, et laids, quand nous nous ignorons.
C’est donc dans le monde intelligible que brille la beauté ; c’est de lui qu’elle rayonne. Ces considérations nous suffisent-elles pour avoir une connaissance claire du inonde intelligible, ou bien est-il nécessaire de parcourir encore une autre route pour atteindre notre but (47) ?
Bréhier
13. Donc le dieu (Cronos) est enchaîné, de manière à subsister toujours identique : il abandonne à son fils (Zeus) le gouvernement de cet univers ; c’est qu’il n’est pas conforme à son caractère de laisser là la souveraineté intelligible pour en rechercher une autre de date plus récente et au-dessous de lui, lui qui a la plénitude de beauté; quittant donc ce souci, il fixe son propre père [Ouranos] en ses limites, en s’étendant jusqu’à lui vers le haut ; et, dans l’autre sens, il fixe aussi ce qui commence après lui, à partir de son fils : si bien qu’il est entre les deux, se distinguant de l’un grâce à la « mutilation » qui sectionne sa réalité du côté supérieur, retenu de descendre parce qu’il est enchaîné par celui qui vient après lui vers le bas, entre son père, qui lui est supérieur, et son fils, qui lui est inférieur. Et comme son père est encore supérieur à la beauté, il est la beauté première qui subsiste. L’âme aussi, sans doute, est belle ; mais il est bien plus beau qu’elle ; l’âme est son vestige ; par ce vestige, elle est naturellement belle, mais plus belle encore, quand elle porte là-bas ses regards. Si, pour parler plus clairement, l’âme de l’univers, qui est Aphrodité même, est belle, quelle beauté a-t-il donc ? Si elle tient sa beauté d’elle-même, combien sera-t-il beau ? Si elle la tient d’un autre, de qui donc a-t-elle acquis cette beauté et l’a-t-elle incorporée à son être ? Pour nous aussi être beau, c’est être à nous-mcme ; être laid, c’est se changer en une nature qui n’est plus la nôtre ; se connaître soi-même, c’est être beau ; être laid, c’est ignorer. Ce qu’on a dit suffit-il pour amener à comprendre clairement ce qu’est le lieu intelligible, ou faut-il revenir sur ce sujet en suivant une autre méthode ?
Guthrie
SATURN IS SON OF COELUS, AND FATHER OF JUPITER.
13. (Saturn) is always represented as chained, because He remains immovable in his identity. It is said he gave up to his son, Jupiter, the government of the universe, because such (an occupation) did not suit Him, who possesses the fulness of good things, to distract himself from the government of the intelligible world to undertake that of an empire younger and less exalted than himself. Besides, on one hand, (Saturn) fixed within himself, and raised himself up to his father (Coelus, or Uranus). On the other hand, he likewise fixed the inferior things which were begotten by his son (Jupiter). Between both he (Saturn) therefore occupies a rank intermediary between his Father, who is more perfect and his son, who is«less so. On one hand he mutilates his Father, by splitting primitive unity into two different elements. On the other, he raises himself above the being which is inferior to him, disengaging himself from the chains that might tend to lower him. As (Coelus), the father of (Saturn), is too great to admit of having beauty attributed to him, (Saturn) occupies the first rank of beauty.
IF THE WORLD-SOUL AND VENUS BE BEAUTIFUL, HOW MUCH MORE THEIR SOURCE?
The universal Soul is beautiful also; but she is less beautiful than (Saturn), because she is his image, and because, however beautiful she may by nature be, she is still more beautiful when contemplating her principle. Therefore if the universal Soul — to use clearer terms — and if even Venus (as subordinate to him, Jupiter), possess beauty, what must be that of Intelligence? If by their nature the universal Soul and Venus receive their beauty from some other principle, from whom would they derive the beauty they intrinsically possess, and that which they acquire? As to us, we are beautiful when we belong to ourselves; and we are ugly when we lower ourselves to an inferior nature. Again, we are beautiful when we know ourselves, and ugly when we ignore ourselves. It is therefore in the intelligible world that beauty shines and radiates. Are these considerations sufficient for a clear knowledge of the intelligible world, or must we engage in a further effort to accomplish this?
MacKenna
13. The God fettered [as in the Kronos Myth] to an unchanging identity leaves the ordering of this universe to his son (to Zeus), for it could not be in his character to neglect his rule within the divine sphere, and, as though sated with the Authentic-Beauty, seek a lordship too recent and too poor for his might. Ignoring this lower world, Kronos [Intellectual-Principle] claims for his own father [Ouranoo, the Absolute, or One] with all the upward-tending between them: and he counts all that tends to the inferior, beginning from his son [Zeus, the All-Soul], as ranking beneath him. Thus he holds a mid position determined on the one side by the differentiation implied in the severance from the very highest and, on the other, by that which keeps him apart from the link between himself and the lower: he stands between a greater father and an inferior son. But since that father is too lofty to be thought of under the name of Beauty, the second God remains the primally beautiful.
Soul also has beauty, but is less beautiful than Intellect as being its image and therefore, though beautiful in nature, taking increase of beauty by looking to that original. Since then the All-Soul – to use the more familiar term – since Aphrodite herself is so beautiful, what name can we give to that other? If Soul is so lovely in its own right, of what quality must that prior be? And since its being is derived, what must that power be from which the Soul takes the double beauty, the borrowed and the inherent?
We ourselves possess beauty when we are true to our own being; our ugliness is in going over to another order; our self-knowledge, that is to say, is our beauty; in self-ignorance we are ugly.
Thus beauty is of the Divine and comes Thence only.
Do these considerations suffice to a clear understanding of the Intellectual Sphere, or must we make yet another attempt by another road?