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persona
quinta-feira 25 de janeiro de 2024
PERSONA? (personne) [lat. méd.}
subs. fern.
Le mot latin persona traduit, selon Boèce , prosopon? qui en grec signifie un masque de théâtre. Chez les Pères latins ce même mot traduit hypostasis? utilisé par les Pères grecs pour définir les trois personnes divines par rapport à Punique nature de Dieu. A la suite des Pères et de Boèce, les considérations sur la personne restent, tout au long du Moyen Age, intimement liées à la doctrine trinitaire. On essaie de construire une définition de la personne qui puisse, d’une part, englober tous les êtres doués de raison, et, de l’autre, sauvegarder l’unité substantielle de Dieu.
Le court traité de Boèce Contra Eutychm et Nestorium ( = De duabus naturis et una persona, PL, 64, 1337-1354) fut longtemps la source principale de la problématique de la personne. Boèce définit la personne comme une « substance individuelle de nature raisonnable » (chap. 3). Sa définition s’appuie sur la distinction entre la nature et la personne, et entre la subsistance et la substance. Cette dernière n’est qu’individuelle ; si cependant Boèce précise : « substance individuelle », c’est pour souligner qu’en aucun cas il ne peut s’agir de la substance universelle. Pour déterminer les êtres nommés personne, Boèce utilise l’arbre de Porphyre , mais prend comme genre suprême la catégorie de la nature, définie comme tout ce qui, lorsqu’il existe, peut être intelligé. Cette démarche lui permet d’exclure les accidents. Toutefois la définition de la personne est fondée sur une autre acception du mot « nature », notamment sur celle qui identifie la nature avec la différence spécifique et qui donne la possibilité de déterminer le genre ou l’espèce des substances. La personne est donc le nom de tous les individus dont l’espèce spécialis-sime, pour les corporelles, ou le genre le plus proche, pour les incorporelles, sont constitués par la raison (chap. 2).
Cependant, la définition boécienne n’a jamais été unanimement admise. Au XII’ et au XIII’ siècle la définition proposée par Richard de Saint Victor a failli la remplacer. Richard conçoit la personne comme une « existence individuelle d’une nature raisonnable » (De trinitate, IV, chap. 22-23), où « existence » signifie une substance dotée d’une propriété ayant trait à son origine, et « individuelle » son incommunicabilité, c’est-à-dire ce qui ne convient qu’à un être singulier. En éliminant de sa définition la substance, Richard a rompu l’équivalence boécienne, selon laquelle une personne égale une substance. En Dieu, d’après Richard, il y a trois personnes et une substance, et dans l’homme deux substances (la chair et l’âme) et une personne (IV, chap. 8-9). Parmi les grands scolastiques les uns ont cherché leur propre définition (St Bonaventure ), les autres ont adopté, non sans une modification profonde, l’une ou l’autre des deux définitions précitées. Ainsi pour Thomas d’Aquin , qui reprend la définition boécienne, le fait que la personne est une substance signifie qu’elle est individuelle et qu’elle a un mode parfait d’exister (per se) ; le fait qu’elle est une nature raisonnable implique la maîtrise de ses actes. Son mode d’exister et son intellectualité donnent à la personne sa perfection suprême parmi les natures (S. th., I, q.29, a. 1 ; De potentia, IX, 4). Jean Duns Scot et l’Ecole franciscaine ont adopté la définition de Richard de Saint Victor. Duns Scot souligne toutefois l’indépendance totale (ultima solitudo sive negatio dependentiae) d’une personne par rapport à une autre. Cette indépendance est fondée sur la singularité et l’incommunicabilité essentielle de la personne. (Z. Kaluza.) [NP ]