Pascal (Pensées) – verdade

(BPP)

Quand on veut reprendre avec utilité, et montrer à un autre qu’il se trompe, il faut observer par quel côté il envisage la chose, car elle est vraie ordinairement de ce côté-là, et lui avouer cette vérité, mais lui découvrir le côté par où elle est fausse. I 9

Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu’on entend, laquelle on ne savait pas qu’elle y fût, en sorte qu’on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d’intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l’aimer. I 14

Lorsqu’on ne sait pas la vérité d’une chose, il est bon qu’il y ait une erreur commune qui fixe l’esprit des hommes, comme, par exemple, la lune, à qui on attribue le changement des saisons, le progrès des maladies, etc. ; I 18

La manière d’écrire d’Épictète, de Montaigne et de Salomon de Tultie est la plus d’usage, qui s’insinue le mieux, qui demeure plus dans la mémoire, et qui se fait le plus citer, parce qu’elle est toute composée de pensées nées sur les entretiens ordinaires de la vie ; comme, quand on parlera de la commune erreur qui est parmi le monde, que la lune est cause de tout, on ne manquera jamais de dire que Salomon de Tultie dit que, lorsqu’on ne sait pas la vérité d’une chose, il est bon qu’il y ait une erreur commune, etc., I 18

Trop et trop peu de vin ; ne lui en donnez pas, il ne peut trouver la vérité ; donnez-lui en trop, de même. II 71

Si celles-là ne sont véritables, il n’y a point de vérité dans l’homme ; et si elles le sont, il y trouve un grand sujet d’humiliation, forcé à s’abaisser d’une ou d’autre manière. II 72

Nos sens n’aperçoivent rien d’extrême : trop de bruit nous assourdit ; trop de lumière éblouit ; trop de distance et trop de proximité empêchent la vue ; trop de longueur et trop de brièveté de discours l’obscurcissent ; trop de vérité nous étonne (j’en sais qui ne peuvent comprendre que qui de zéro ôte quatre reste zéro) ; les premiers principes ont trop d’évidence pour nous ; trop de plaisir incommode ; trop de consonances déplaisent dans la musique ; et trop de bienfaits irritent : nous voulons avoir de quoi surpayer la dette : Beneficia eo usque laeta sunt dum videntur exsolvi posse ; ubi multum antevenere, pro gratia odium redditur. II 72

L’un dit que le souverain bien est en la vertu, l’autre le met en la volupté ; l’un en la science de la nature, l’autre en la vérité : Felix qui potuit rerum cognoscere causas, l’autre en l’ignorance totale, l’autre en l’indolence, d’autres à résister aux apparences, l’autre à n’admirer rien, nihil mirari prope res una quae possit facere et servare beatum, et les vrais pyrrhoniens en leur ataraxie, doute et suspension perpétuelle ; et d’autres, plus sages, pensent trouver un peu mieux. II 73

Il faut donc l’achever, et après avoir examiné ses puissances dans leurs effets, reconnaissons-les en elles-mêmes ; voyons si elle a quelques forces et quelques prises capables de saisir la vérité]. II 73

C’est cette partie décevante dans l’homme, cette maîtresse d’erreur et de fausseté, et d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours ; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l’était infaillible du mensonge. II 82

La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop mousses pour y toucher exactement. II 82

Rien ne lui montre la vérité. II 83

À force d’ouïr louer en l’enfance ces métiers, et mépriser tous les autres, on choisit ; car naturellement on aime la vérité, et on hait la folie ; ces mots nous émeuvent : on ne pèche qu’en l’application. II 97

Cet embarras où il se trouve produit en lui la plus injuste et la plus criminelle passion qu’il soit possible de s’imaginer ; car il conçoit une haine mortelle contre cette vérité qui le reprend, et qui le convainc de ses défauts. II 100

Que devons-nous donc dire du nôtre, en y voyant une disposition toute contraire ? Car n’est-il pas vrai que nous haïssons la vérité et ceux qui nous la disent, et que nous aimons qu’ils se trompent à notre avantage, et que nous voulons être estimés d’eux autres que nous ne sommes en effet ? En voici une preuve qui me fait horreur. II 100

Que le cœur de l’homme est injuste et déraisonnable, pour trouver mauvais qu’on l’oblige de faire à l’égard d’un homme ce qu’il serait juste, en quelque sorte, qu’il fît à l’égard de tous les hommes ! Car est-il juste que nous les trompions ? Il y a différents degrés dans cette aversion pour la vérité ; mais on peut dire qu’elle est dans tous en quelque degré, parce qu’elle est inséparable de l’amour-propre. II 100

Il arrive de là que, si on a quelque intérêt d’être aimé de nous, on s’éloigne de nous rendre un office qu’on sait nous être désagréable ; on nous traite comme nous voulons être traités : nous haïssons la vérité, on nous la cache ; nous voulons être flattés, on nous flatte ; nous aimons à être trompés, on nous trompe. II 100

C’est ce qui fait que chaque degré de bonne fortune qui nous élève dans le monde nous éloigne davantage de la vérité, parce qu’on appréhende plus de blesser ceux dont l’affection est plus utile et l’aversion plus dangereuse. II 100

Je ne m’en étonne pas : dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu’ils se font haïr. II 100

Il ne veut donc pas qu’on lui dise la vérité. II 100

Ce sont des orgues, à la vérité, mais bizarres, changeantes, variables [dont les tuyaux ne se suivent pas par degrés conjoints]. II 111

Ainsi dans le jeu, ainsi dans la recherche de la vérité. II 135

On aime à voir, dans les disputes, le combat des opinions ; mais de contempler la vérité trouvée, point du tout ; pour la faire remarquer avec plaisir, il faut la faire voir naître de la dispute. II 135

S’ils parlaient de la sorte, ils combattraient à la vérité une de ses prétentions. III 1941

Mais, en vérité, je leur dirais ce que j’ai dit souvent, que cette négligence n’est pas supportable. III 1941

Qui souhaiterait d’avoir pour ami un homme qui discourt de cette manière ? Qui le choisirait entre les autres pour lui communiquer ses affaires ? Qui aurait recours à lui dans ses afflictions ? Et enfin à quel usage de la vie on le pourrait destiner ? En vérité, il est glorieux à la religion d’avoir pour ennemis des hommes si déraisonnables ; et leur opposition lui est si peu dangereuse, qu’elle sert au contraire à l’établissement de ses vérités. III 1941

Or je soutiens que s’ils ne servent pas à montrer la vérité de la rédemption par la sainteté de leurs mœurs, ils servent au moins admirablement à montrer la corruption de la nature, par des sentiments si dénaturés. III 1941

C’était ce que leur disait un jour fort à propos une personne : « Si vous continuez à discourir de la sorte, leur disait-il, en vérité vous me convertirez. » III 1941

Rien n’accuse davantage une extrême faiblesse d’esprit que de ne pas connaître quel est le malheur d’un homme sans Dieu ; rien ne marque davantage une mauvaise disposition du cœur que de ne pas souhaiter la vérité des promesses éternelles ; rien n’est plus lâche que de faire le brave contre Dieu. III 1941

Mais pour ceux qui y apporteront une sincérité parfaite et un véritable désir de rencontrer la vérité, j’espère qu’ils auront satisfaction, et qu’ils seront convaincus des preuves d’une religion si divine, que j’ai ramassées ici, et dans lesquelles j’ai suivi à peu près cet ordre… Avant que d’entrer dans les preuves de la religion chrétienne, je trouve nécessaire de représenter l’injustice des hommes qui vivent dans l’indifférence de chercher la vérité d’une chose qui leur est si importante, et qui les touche de si près. III 1941

Mais pour ceux qui y apporteront une sincérité parfaite et un véritable désir de rencontrer la vérité, j’espère qu’ils auront satisfaction, et qu’ils seront convaincus des preuves d’une religion si divine, que j’ai ramassées ici, et dans lesquelles j’ai suivi à peu près cet ordre… Avant que d’entrer dans les preuves de la religion chrétienne, je trouve nécessaire de représenter l’injustice des hommes qui vivent dans l’indifférence de chercher la vérité d’une chose qui leur est si importante, et qui les touche de si près. III 195

Ainsi ils ne savent s’il y a vérité ou fausseté dans la chose, ni s’il y a force ou faiblesse dans les preuves. III 195

On chercherait la vérité sans hésiter ; et, si on le refuse, on témoigne estimer plus l’estime des hommes, que la recherche de la vérité. III 211

Cela est-il contraire à l’Écriture ? Ne dit-elle pas tout cela ?) Si vous ne vous souciez guère de savoir la vérité, en voilà assez pour vous laisser en repos. III 226

N’y a-t-il point une vérité substantielle, voyant tant de choses vraies qui ne sont point la vérité même ? Nous connaissons donc l’existence et la nature du fini, parce que nous sommes finis et étendus comme lui. III 233

Il y a, à la vérité, infinité entre la certitude de gagner et la certitude de perdre. III 233

Cela est démonstratif ; et, si les hommes sont capables de quelque vérité, celle-là l’est. – « III 233

À la vérité, vous ne serez point dans les plaisirs empestés, dans la gloire, dans les délices ; mais n’en aurez-vous point d’autres ? Je vous dis que vous y gagnerez en cette vie ; et qu’à chaque pas que vous ferez dans ce chemin, vous verrez tant de certitude du gain, et tant de néant de ce que vous avez parié pour une chose certaine, infinie, pour laquelle vous n’avez rien donné. III 233

Par les partis, vous devez vous mettre en peine de rechercher la vérité, car si vous mourez sans adorer le vrai principe, vous êtes perdu. – « III 236

Si je pouvais, je vous donnerais la foi ; je ne puis le faire, ni partant éprouver la vérité de ce que vous dites. III 240

Enfin il faut avoir recours à elle quand une fois l’esprit a vu où est la vérité, afin de nous abreuver et nous teindre de cette créance, qui nous échappe à toute heure ; car d’en avoir toujours les preuves présentes, c’est trop d’affaire. IV 252

Ceux qui n’aiment pas la vérité prennent le prétexte de la contestation, de la multitude de ceux qui la nient. IV 261

Et ainsi leur erreur ne vient que de ce qu’ils n’aiment pas la vérité ou la charité ; et ainsi ils ne s’en sont pas excusés. IV 261

Il n’y a point, dit-on, de règle qui n’ait quelque exception, ni de vérité si générale qui n’ait quelque face par où elle manque. IV 263

Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le cœur ; c’est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes, et c’est en vain que le raisonnement qui n’y a point de part essaye de les combattre. IV 282

Les premiers s’arrêtent au seul établissement, et cette religion est telle, que son seul établissement est suffisant pour en prouver la vérité. IV 285

Deux sortes de personnes connaissent : ceux qui ont le cœur humilié, et qui aiment la bassesse, quelque degré d’esprit qu’ils aient, haut ou bas ; ou ceux qui ont assez d’esprit pour voir la vérité, quelque opposition qu’ils y aient. IV 288

Trois degrés d’élévation du pôle renversent toute la jurisprudence ; un méridien décide de la vérité ; en peu d’années de possession, les lois fondamentales changent ; le droit a ses époques, l’entrée de Saturne au Lion nous marque l’origine d’un tel crime. V 294

Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. V 294

Il ne faut pas qu’il sente la vérité de l’usurpation ; elle a été introduite autrefois sans raison, elle est devenue raisonnable ; il faut la faire regarder comme authentique, éternelle, et en cacher le commencement, si l’on ne veut qu’elle ne prenne bientôt fin. V 294

Mais le peuple n’est pas susceptible de cette doctrine ; et ainsi, comme il croit que la vérité se peut trouver, et qu’elle est dans les lois et coutumes, il les croit, et prend leur antiquité comme une preuve de leur vérité (et non de leur seule autorité sans vérité). V 325

Mais il faut détruire maintenant cette dernière proposition, et montrer qu’il demeure toujours vrai que le peuple est vain, quoique ses opinions soient saines : parce qu’il n’en sent pas la vérité où elle est, et que, la mettant où elle n’est pas, ses opinions sont toujours très fausses et très malsaines. V 328

Il est donc vrai de dire que tout le monde est dans l’illusion ; car, encore que les opinions du peuple soient saines, elles ne le sont pas dans sa tête, car il pense que la vérité est où elle n’est pas. V 335

La vérité est bien dans leurs opinions, mais non pas au point où ils se figurent. [ V 335

Si vous voulez qu’il puisse trouver la vérité, chassez cet animal qui tient sa raison en échec et trouble cette puissante intelligence qui gouverne les villes et les royaumes. VI 366

Mais dans la vérité et dans la morale, qui l’assignera ? Quand tout se remue également, rien ne se remue en apparence, comme en un vaisseau. VI 381

Le port juge ceux qui sont dans un vaisseau ; mais où prendrons-nous un port dans la morale ? Contradiction est une mauvaise marque de vérité : plusieurs choses certaines sont contredites ; plusieurs fausses passent sans contradiction. VI 384

Ni la contradiction n’est marque de fausseté, ni l’incontradiction n’est marque de vérité. VI 384

La vérité essentielle n’est pas ainsi ; elle est toute pure et toute vraie. VI 385

Or il veut être heureux, et assuré de quelque vérité ; et cependant il ne peut ni savoir, ni ne désirer point de savoir. VI 389

Nous avons une idée de la vérité, invincible à tout le pyrrhonisme. VI 395

Qu’il se haïsse, qu’il s’aime : il a en lui la capacité de connaître la vérité et d’être heureux ; mais il n’a point de vérité, ou constante, ou satisfaisante. VI 423

« N’attendez pas, dit-elle, ni vérité, ni consolation des hommes. VII 430

Toutes vos lumières ne peuvent arriver qu’à connaître que ce n’est point dans vous-mêmes que vous trouverez ni la vérité ni le bien. VII 430

S’il eût voulu surmonter l’obstination des plus endurcis, il l’eût pu, en se découvrant si manifestement à eux qu’ils n’eussent pu douter de la vérité de son essence, comme il paraîtra au dernier jour, avec un tel éclat de foudres et un tel renversement de la nature, que les morts ressusciteront, et les plus aveugles le verront. VII 430

Qui l’a connue, que la chrétienne ? Les principales forces des pyrrhoniens (je laisse les moindres) sont : que nous n’avons aucune certitude de la vérité de ces principes, hors la foi et la révélation, sinon en [ce] que nous les sentons naturellement en nous. VII 434

Or ce sentiment naturel n’est pas une preuve convaincante de leur vérité, puisque n’y ayant point de certitude, hors la foi, si l’homme est créé par un Dieu bon, par un démon méchant, ou à l’aventure, il est en doute si ces principes nous sont donnés ou véritables, ou faux, ou incertains, selon notre origine. VII 434

Dira-t-il donc, au contraire, qu’il possède certainement la vérité, lui qui, si peu qu’on le pousse, ne peut en montrer aucun titre, et est forcé de lâcher prise ? Quelle chimère est-ce donc que l’homme ? Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ! Juge de toutes choses, imbécile ver de terre ; dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur ; gloire et rebut de l’univers. VII 434

Qu’on accorde donc aux pyrrhoniens ce qu’ils ont tant crié, que la vérité n’est pas de notre portée, ni de notre gibier, qu’elle ne demeure pas en terre, qu’elle est domestique du ciel, qu’elle loge dans le sein de Dieu et que l’on ne la peut connaître qu’à mesure qu’il lui plaît de la révéler. VII 434

Apprenons donc de la vérité incréée et incarnée notre véritable nature.] VII 434

[On ne peut éviter en cherchant la vérité par la raison, l’une de ces trois sectes.] VII 434

Car enfin, si l’homme n’avait jamais été corrompu, il jouirait dans son innocence et de la vérité et de la félicité avec assurance ; et si l’homme n’avait jamais été que corrompu, il n’aurait aucune idée ni de la vérité ni de la béatitude. VII 434

Mais, malheureux que nous sommes, et plus que s’il n’y avait point de grandeur dans notre condition, nous avons une idée du bonheur, et ne pouvons y arriver ; nous sentons une image de la vérité, et ne possédons que le mensonge ; incapables d’ignorer absolument et de savoir certainement, tant il est manifeste que nous avons été dans un degré de perfection dont nous sommes malheureusement déchus ! Concevons donc que l’homme passe infiniment l’homme, et qu’il était inconcevable à soi-même sans le secours de la foi. VII 434

Car qui ne voit que sans la connaissance de cette double condition de la nature on était dans une ignorance invincible de la vérité de sa nature ?] Chose étonnante, cependant, que le mystère le plus éloigné de notre connaissance, qui est celui de la transmission du péché, soit une chose sans laquelle nous ne pouvons avoir aucune connaissance de nous-mêmes ! Car il est sans doute qu’il n’y a rien qui choque plus notre raison que de dire que le péché du premier homme ait rendu coupables ceux qui, étant si éloignés de cette source, semblent incapables d’y participer. VII 434

Sans ces divines connaissances, qu’ont pu faire les hommes, sinon, ou s’élever dans le sentiment intérieur qui leur reste de leur grandeur passée, ou s’abattre dans la vue de leur faiblesse présente ? Car, ne voyant pas la vérité entière, ils n’ont pu arriver à une parfaite vertu. VII 435

Qui peut donc refuser à ces célestes lumières de les croire et de les adorer ? Car n’est-il pas plus clair que le jour que nous sentons en nous-mêmes des caractères ineffaçables d’excellence ? Et n’est-il pas aussi véritable que nous éprouvons à toute heure les effets de notre déplorable condition ? Que nous crie donc ce chaos et cette confusion monstrueuse, sinon la vérité de ces deux états, avec une voix si puissante qu’il est impossible de résister ? Faiblesse. – VII 435

Nous souhaitons la vérité, et ne trouvons en nous qu’incertitude. VII 437

Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur, et sommes incapables ni de certitude ni de bonheur. VII 437

Il a fallu que la vérité soit venue, afin que l’homme ne véquît plus en soi-même. VII 440

Pour moi, j’avoue qu’aussitôt que la religion chrétienne découvre ce principe, que la nature des hommes est corrompue et déchue de Dieu, cela ouvre les yeux à voir partout le caractère de cette vérité ; car la nature est telle, qu’elle marque partout un Dieu perdu, et dans l’homme, et hors de l’homme, et une nature corrompue. VII 441

Et si, en le connaissant, on ne désire d’en être délivré, que peut-on dire d’un homme… ? Que peut-on donc avoir que de l’estime pour une religion qui connaît si bien les défauts de l’homme, et que du désir pour la vérité d’une religion qui y promet des remèdes si souhaitables ? Tous les hommes se haïssent naturellement l’un l’autre. VII 450

Qui ne voit que rien n’est si opposé à la justice et à la vérité ? Car il est faux que nous méritions cela ; et il est injuste et impossible d’y arriver, puisque tous demandent la même chose. VII 492

On les reconnaît en leur disant que la vérité les rendra libres ; car s’ils répondent qu’ils sont libres et qu’il est en eux de sortir de l’esclavage du diable, ils sont bien disciples, mais non pas vrais disciples. VII 519

Il faut se tenir en silence autant qu’on peut, et ne s’entretenir que de Dieu, qu’on sait être la vérité ; et ainsi on se la persuade à soi-même. VII 536

Quand un homme serait persuadé que les proportions des nombres sont des vérités immatérielles, éternelles et dépendantes d’une première vérité en qui elles subsistent, et qu’on appelle Dieu, je ne le trouverais pas beaucoup avancé pour son salut. VIII 556

Reconnaissez donc la vérité de la religion dans l’obscurité même de la religion, dans le peu de lumière que nous en avons, dans l’indifférence que nous avons de la connaître. VIII 565

Il faut commencer par là : sans cela on n’entend rien, et tout est hérétique ; et même, à la fin de chaque vérité, il faut ajouter qu’on se souvient de la vérité opposée. VIII 567

Si Dieu n’eût permis qu’une seule religion, elle eût été trop reconnaissable ; mais qu’on y regarde de près, on discerne bien la vérité dans cette confusion. VIII 578

On se fait une idole de la vérité même ; car la vérité hors de la charité n’est pas Dieu, et est son image et une idole, qu’il ne faut point aimer, ni adorer ; et encore moins faut-il aimer ou adorer son contraire, qui est le mensonge. VIII 582

Les malingres sont gens qui connaissent la vérité, mais qui ne la soutiennent qu’autant que leur intérêt s’y rencontre ; mais, hors de là ils l’abandonnent. VIII 583

Les prophètes l’ont prédit depuis, en prédisant toujours d’autres choses, dont les événements, qui arrivaient de temps en temps à la vue des hommes, marquaient la vérité de leur mission, et par conséquent celle de leurs promesses touchant le Messie. IX 616

Pendant que tous les philosophes se séparent en différentes sectes, il se trouve en un coin du monde des gens qui sont les plus anciens du monde, déclarant que tout le monde est dans l’erreur, que Dieu leur a révélé la vérité, qu’elle sera toujours sur la terre. IX 618

Je vois donc des foisons de religions en plusieurs endroits du monde et dans tous les temps ; mais elles n’ont ni la morale qui peut me plaire, ni les preuves qui peuvent m’arrêter, et qu’ainsi j’aurais refusé également et la religion de Mahomet, et celle de la Chine, et celle des anciens Romains, et celle des Égyptiens, par cette seule raison que l’une n’ayant pas plus [de] marques de vérité que l’autre, ni rien qui déterminât nécessairement, la raison ne peut pencher plutôt vers l’une que vers l’autre. IX 619

Car la vérité ne s’altère que par le changement des hommes. IX 624

Et ainsi ceux qui voudraient ruiner la vérité de notre religion, fondée sur Moïse, l’établissent par la même autorité par où ils l’attaquent. IX 634

La figure a subsisté jusqu’à la vérité, afin que l’Église fût toujours visible, ou dans la peinture qui la promettait, ou dans l’effet. X 646

Plusieurs Évangélistes pour la confirmation de la vérité : leur dissemblance utile. X 654

Eucharistie après la Cène : vérité après figure. X 654

Dire que Jésus-Christ, qui est venu ôter les figures pour mettre la vérité, ne serait venu que mettre la figure de la charité, pour ôter la réalité qui était auparavant, cela est horrible. X 665

La religion des Juifs a donc été formée sur la ressemblance de la vérité du Messie ; et la vérité du Messie a été reconnue par la religion des Juifs, qui en était la figure. X 673

Dans les Juifs, la vérité n’était que figurée ; dans le ciel, elle est découverte. X 673

La figure a été faite sur la vérité, et la vérité a été reconnue sur la figure. X 673

… Et cependant, ce Testament, fait pour aveugler les uns et éclairer les autres, marquait, en ceux mêmes qu’il aveuglait, la vérité qui devait être connue des autres. X 675

Si la loi et les sacrifices sont la vérité, il faut qu’elle plaise à Dieu, et qu’elle ne lui déplaise point. X 685

Mais on peut bien croire aussi que ce sera des iniquités, car, dans la vérité, les Égyptiens ne sont pas ennemis, mais les iniquités le sont. X 692

Qui d’entre elles – et leurs dieux – vous instruira des choses passées et futures ? Qu’elles produisent leurs témoins pour leur justification ; ou qu’elles m’écoutent, et confessent que la vérité est ici. XI 713

Plus je les examine, plus j’y trouve de vérités ; et ce qui a précédé et ce qui a suivi ; enfin eux sans idoles, ni rois, et cette synagogue qui est prédite, et ces misérables qui la suivent, et qui, étant nos ennemis, sont d’admirables témoins de la vérité de ces prophéties, où leur misère et leur aveuglement même est prédit. XII 737

Ainsi il fallait que la quatrième monarchie fût venue lorsque les septante semaines de Daniel seraient accomplies et que le sceptre fût alors sorti de Juda, et tout cela est arrivé sans aucune difficulté ; et qu’alors il arrivât le Messie, et Jésus-Christ est arrivé alors, qui s’est dit le Messie, et tout cela est encore sans difficulté, et cela marque bien la vérité des prophéties. XII 738

Comme Jésus-Christ est demeuré inconnu parmi les hommes, ainsi sa vérité demeure parmi les opinions communes, sans différence à l’extérieur. XII 789

Or il faut que la règle qu’il nous donne soit telle, qu’elle ne détruise la preuve que les vrais miracles donnent de la vérité, qui est la fin principale des miracles. XIII 803

Les miracles et la vérité sont nécessaires, à cause qu’il faut convaincre l’homme entier, en corps et en âme. XIII 806

Cela vient de ce que l’esprit de l’homme, se trouvant plié de ce côté-là par la vérité, devient susceptible par là de toutes les faussetés de cette… Jérémie, XXIII, 32, les miracles des faux prophètes. XIII 8181

Jamais en la contention du vrai Dieu, de la vérité de la religion, il n’est arrivé de miracle du côté de l’erreur, et non de la vérité. XIII 827

Mais quand on n’écoute plus la tradition, quand on ne propose plus que le Pape, quand on l’a surpris, et qu’ainsi ayant exclu la vraie source de la vérité, qui est la tradition, et ayant prévenu le Pape, qui en est le dépositaire, la vérité n’a plus de liberté de paraître : alors les hommes ne parlant plus de la vérité, la vérité doit parler elle-même aux hommes. XIII 832

Les uns peuvent faire des miracles, non les autres ; car il est clair des uns qu’ils sont contre la vérité, non des autres ; et ainsi les miracles sont plus clairs. XIII 836

Ce n’est point ici le pays de la vérité, elle erre inconnue parmi les hommes. XIII 843

Si vous aviez des miracles, bien ! » Cela est une vérité, que la doctrine doit être soutenue par les miracles dont on abuse pour blasphémer la doctrine. XIII 843

Et si les miracles arrivent, on dit que les miracles ne suffisent pas sans la doctrine ; et c’est une autre vérité pour blasphémer les miracles. XIII 843

Que vous êtes aise de savoir les règles générales, pensant par là jeter le trouble, et rendre tout inutile ! On vous en empêchera, mon Père : la vérité est une et ferme. XIII 843

Ils détruisent la perpétuité par la probabilité, la bonne vie par leur morale ; les miracles, en détruisant ou leur vérité, ou leur conséquence. XIII 844

Il ne faut pas juger de la vérité par les miracles, mais des miracles par la vérité. XIII 846

Or ils servent, et il ne faut point être contre la vérité, donc ce qu’a dit le P. XIII 846

Mais le schisme est plus marque d’erreur que le miracle n’est marque de vérité : donc le miracle ne peut induire à erreur. XIII 846

La manière dont l’Église a subsisté est que la vérité a été sans contestation, ou si elle a été contestée, il y a eu le Pape, sinon, il y a eu l’Église. XIII 849

Les cinq propositions condamnées, point de miracle, car la vérité n’était point attaquée. XIII 850

C’était une figure qui contenait la vérité, et ainsi, elle a subsisté jusqu’à ce qu’elle n’a plus eu la vérité. XIII 852

Il y aurait trop d’obscurité, si la vérité n’avait pas des marques visibles. XIV 857

Il y aurait trop de clarté s’il n’y avait qu’un sentiment dans cette Église ; celui qui y a toujours été est la vérité, car le vrai y a toujours été, et aucun faux n’y a toujours été. XIV 857

L’histoire de l’Église doit être proprement appelée l’histoire de la vérité. XIV 858

Ils pensent que nous excluons cette vérité ; de là vient qu’ils nous font tant d’objections sur les passages des Pères qui le disent. XIV 862

Car que diront les hérétiques ? Pour savoir si un sentiment est d’un Père… Tous errent d’autant plus dangereusement qu’ils suivent chacun une vérité. XIV 863

Leur faute n’est pas de suivre une fausseté, mais de ne pas suivre une autre vérité. XIV 863

La vérité est si obscurcie en ce temps, et le mensonge si établi, qu’à moins que d’aimer la vérité, on ne saurait la connaître. XIV 864

Car, si quelques-uns de ces hommes qui, par une vocation extraordinaire, ont fait profession de sortir du monde et de prendre l’habit de religieux pour vivre dans un état plus parfait que le commun des chrétiens, sont tombés dans des égarements qui font horreur au commun des chrétiens et sont devenus entre nous ce que les faux prophètes étaient entre les Juifs, c’est un malheur particulier et personnel qu’il faut, à la vérité, déplorer, mais dont on ne peut rien conclure contre le soin que Dieu prend de son Église ; puisque toutes ces choses sont si clairement prédites, et qu’il a été annoncé depuis si longtemps que ces tentations s’élèveraient de la part de ces sortes de personnes ; et que quand on est bien instruit on voit plutôt en cela des marques de la conduite de Dieu que de son oubli à notre égard. XIV 889

En montrant la vérité, on la fait croire ; mais en montrant l’injustice des ministres, on ne la corrige pas. XIV 893

Les Jésuites n’ont pas rendu la vérité incertaine, mais ils ont rendu leur impiété certaine. XIV 902

La contradiction a toujours été laissée, pour aveugler les méchants ; car tout ce qui choque la vérité ou la charité est mauvais : voilà le vrai principe. XIV 902

Rien ne donne l’assurance que la vérité ; rien ne donne le repos que la recherche sincère de la vérité. XIV 908

Peut-ce être autre chose que la complaisance du monde qui vous fasse trouver les choses probables ? Nous ferez-vous accroire que ce soit la vérité, et que, si la mode du duel n’était point, vous trouveriez probable qu’on se peut battre, en regardant la chose en elle-même ? Faut-il tuer pour empêcher qu’il n’y ait des méchants ? c’est en faire deux au lieu d’un : Vince in bono malum. XIV 910

Or, après que Rome a parlé, et qu’on pense qu’il a condamné la vérité, et qu’ils l’ont écrit ; et que les livres qui ont dit le contraire sont censurés, il faut crier d’autant plus haut qu’on est censuré plus injustement, et qu’on veut étouffer la parole plus violemment, jusqu’à ce qu’il vienne un Pape qui écoute les deux parties, et qui consulte l’antiquité pour faire justice. XIV 920

L’Inquisition et la Société, les deux fléaux de la vérité. XIV 920