Pascal (Pensées) – homens

(BPP)

Ce n’est pas que l’esprit ne le fasse ; mais il le fait tacitement, naturellement et sans art, car l’expression en passe tous les hommes, et le sentiment n’en appartient qu’à peu d’hommes. I 1

À mesure qu’on a plus d’esprit, on trouve qu’il y a plus d’hommes originaux. I 7

Les gens du commun ne trouvent pas de différence entre les hommes. I 7

Lorsqu’on ne sait pas la vérité d’une chose, il est bon qu’il y ait une erreur commune qui fixe l’esprit des hommes, comme, par exemple, la lune, à qui on attribue le changement des saisons, le progrès des maladies, etc. ; I 18

On n’apprend pas aux hommes à être honnêtes hommes, et on leur apprend tout le reste ; et ils ne se piquent jamais tant de savoir rien du reste, comme d’être honnêtes hommes. II 68

Manque d’avoir contemplé ces infinis, les hommes se sont portés témérairement à la recherche de la nature, comme s’ils avaient quelque proportion avec elle. II 72

Je ne parle pas des fous, je parle des plus sages ; et c’est parmi eux que l’imagination a le grand don de persuader les hommes. II 82

Et combien un avocat bien payé par avance trouve-t-il plus juste la cause qu’il plaide ! combien son geste hardi le fait-il paraître meilleur aux juges, dupés par cette apparence ! Plaisante raison qu’un vent manie, et à tous sens ! Je rapporterais presque toutes les actions des hommes qui ne branlent presque que par ses secousses. II 82

Car la raison a été obligée de céder, et la plus sage prend pour ses principes ceux que l’imagination des hommes a témérairement introduits en chaque lieu. II 82

[Qui ne voudrait suivre que la raison serait fou au jugement du commun des hommes. II 82

De là viennent toutes les disputes des hommes, qui se reprochent ou de suivre leurs fausses impressions de l’enfance, ou de courir témérairement après les nouvelles. II 82

C’est un excellent couvreur », dit-on ; et, en parlant des soldats : « Ils sont bien fous », dit-on ; et les autres au contraire : « Il n’y a rien de grand que la guerre ; le reste des hommes sont des coquins. » II 97

Tant est grande la force de la coutume, que, de ceux que la nature n’a faits qu’hommes, on fait toutes les conditions des hommes ; car des pays sont tous de maçons, d’autres tous de soldats, etc. II 97

C’est une chose déplorable de voir tous les hommes ne délibérer que des moyens, et point de la fin. II 98

Mais que fera-t-il ? Il ne saurait empêcher que cet objet qu’il aime ne soit plein de défauts et de misères : il veut être grand, il se voit petit ; il veut être heureux, et il se voit misérable ; il veut être parfait, et il se voit plein d’imperfections ; il veut être l’objet de l’amour et de l’estime des hommes, et il voit que ses défauts ne méritent que leur aversion et leur mépris. II 100

La religion catholique n’oblige pas à découvrir ses péchés indifféremment à tout le monde : elle souffre qu’on demeure caché à tous les autres hommes ; mais elle en excepte un seul, à qui elle commande de découvrir le fond de son cœur, et de se faire voir tel qu’on est. II 100

Que le cœur de l’homme est injuste et déraisonnable, pour trouver mauvais qu’on l’oblige de faire à l’égard d’un homme ce qu’il serait juste, en quelque sorte, qu’il fît à l’égard de tous les hommes ! Car est-il juste que nous les trompions ? Il y a différents degrés dans cette aversion pour la vérité ; mais on peut dire qu’elle est dans tous en quelque degré, parce qu’elle est inséparable de l’amour-propre. II 100

Ce malheur est sans doute plus grand et plus ordinaire dans les plus grandes fortunes ; mais les moindres n’en sont pas exemptes, parce qu’il y a toujours quelque intérêt à se faire aimer des hommes. II 100

L’union qui est entre les hommes n’est fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d’amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu’il n’y est pas, quoiqu’il en parle alors sincèrement et sans passion. II 100

Je mets en fait que si tous les hommes savaient ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde. II 101

Je dis bien plus, tous les hommes seraient…] Il y a des vices qui ne tiennent à nous que par d’autres, et qui, en ôtant le tronc, s’emportent comme des branches. II 101

On croit n’être pas tout à fait dans les vices du commun des hommes, quand on se voit dans les vices de ces grands hommes ; et cependant on ne prend pas garde qu’ils sont en cela du commun des hommes. II 103

On tient à eux par le bout par où ils tiennent au peuple ; car, quelque élevés qu’ils soient, si sont-ils unis aux moindres des hommes par quelque endroit. II 103

Hommes naturellement couvreurs et de toutes vocations, hormis en chambre. II 138

Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., II 139

De là vient que les hommes aiment tant le bruit et le remuement ; de là vient que la prison est un supplice si horrible ; de là vient que le plaisir de la solitude est une chose incompréhensible. II 139

Voilà tout ce que les hommes ont pu inventer pour se rendre heureux. II 139

[Aussi les hommes qui sentent naturellement leur condition n’évitent rien tant que le repos : il n’y a rien qu’ils ne fassent pour chercher le trouble. II 139

Les hommes s’occupent à suivre une balle et un lièvre ; c’est le plaisir même des rois. II 141

On charge les hommes, dès l’enfance, du soin de leur honneur, de leur bien, de leurs amis, et encore du bien et de l’honneur de leurs amis. II 143

Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. II 168

Les hommes ont mépris pour la religion ; ils en ont haine et peur qu’elle soit vraie. III 187

Après cela, ils se vantent d’avoir cherché sans succès dans les livres et parmi les hommes. III 1941

Qui souhaiterait d’avoir pour ami un homme qui discourt de cette manière ? Qui le choisirait entre les autres pour lui communiquer ses affaires ? Qui aurait recours à lui dans ses afflictions ? Et enfin à quel usage de la vie on le pourrait destiner ? En vérité, il est glorieux à la religion d’avoir pour ennemis des hommes si déraisonnables ; et leur opposition lui est si peu dangereuse, qu’elle sert au contraire à l’établissement de ses vérités. III 1941

Et ainsi, qu’il se trouve des hommes indifférents à la perte de leur être et au péril d’une éternité de misères, cela n’est point naturel. III 1941

Ce n’est pas le moyen d’en acquérir, je dis même parmi les personnes du monde qui jugent sainement des choses et qui savent que la seule voie d’y réussir est de se faire paraître honnête, fidèle, judicieux et capable de servir utilement son ami, parce que les hommes n’aiment naturellement que ce qui leur peut être utile. III 1941

Et il avait raison, car qui n’aurait horreur de se voir dans des sentiments où l’on a pour compagnons des personnes si méprisables ? Ainsi ceux qui ne font que feindre ces sentiments seraient bien malheureux de contraindre leur naturel pour se rendre les plus impertinents des hommes. III 1941

Mais pour ceux qui y apporteront une sincérité parfaite et un véritable désir de rencontrer la vérité, j’espère qu’ils auront satisfaction, et qu’ils seront convaincus des preuves d’une religion si divine, que j’ai ramassées ici, et dans lesquelles j’ai suivi à peu près cet ordre… Avant que d’entrer dans les preuves de la religion chrétienne, je trouve nécessaire de représenter l’injustice des hommes qui vivent dans l’indifférence de chercher la vérité d’une chose qui leur est si importante, et qui les touche de si près. III 195

Il n’y a rien de plus visible que cela et qu’ainsi, selon les principes de la raison, la conduite des hommes est tout à fait déraisonnable, s’ils ne prennent une autre voie. III 195

Car voici comme raisonnent les hommes, quand ils choisissent de vivre dans cette ignorance de ce qu’ils sont et sans rechercher d’éclaircissement. « III 195

Qu’on s’imagine un nombre d’hommes dans les chaînes, et tous condamnés à la mort, dont les uns étant chaque jour égorgés à la vue des autres, ceux qui restent voient leur propre condition dans celle de leurs semblables, et, se regardant les uns et les autres avec douleur et sans espérance, attendent à leur tour. III 199

C’est l’image de la condition des hommes. III 199

On chercherait la vérité sans hésiter ; et, si on le refuse, on témoigne estimer plus l’estime des hommes, que la recherche de la vérité. III 211

Que disent-ils donc ? « Ne voyons-nous pas, disent-ils, mourir et vivre les bêtes comme les hommes, et les Turcs comme les Chrétiens ? Ils ont leurs cérémonies, leurs prophètes, leurs docteurs, leurs saints, leurs religieux, comme nous, etc. » ( III 226

Cela est démonstratif ; et, si les hommes sont capables de quelque vérité, celle-là l’est. – « III 233

Si l’antiquité était la règle de la créance, les anciens étaient donc sans règle ? Si le consentement général, si les hommes étaient péris ? Fausse humilité, orgueil. IV 260

N’y aura-t-il point une règle pour juger des hommes ? Nier, croire, et douter bien, sont à l’homme ce que le courir est au cheval. IV 260

Les hommes prennent souvent leur imagination pour leur cœur ; et ils croient être convertis dès qu’ils pensent à se convertir. IV 275

Il n’en faut pas davantage pour persuader des hommes qui ont cette disposition dans le cœur, et qui ont cette connaissance de leur devoir et de leur incapacité. IV 286

Certainement, s’il la connaissait, il n’aurait pas établi cette maxime, la plus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes, que chacun suive les mœurs de son pays ; l’éclat de la véritable équité aurait assujetti tous les peuples, et les législateurs n’auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et les caprices des Perses et Allemands. V 294

Certainement ils le soutiendraient opiniâtrement, si la témérité du hasard qui a semé les lois humaines en avait rencontré au moins une qui fût universelle ; mais la plaisanterie est telle, que le caprice des hommes s’est si bien diversifié, qu’il n’y en a point. V 294

Mais, par un défaut contraire, les hommes croient quelquefois pouvoir faire avec justice tout ce qui n’est pas sans exemple. V 294

C’est pourquoi le plus sage des législateurs disait que, pour le bien des hommes, il faut souvent les piper ; et un autre, bien politique : Cum veritatem qua liberetur ignoret, expedit quod fallatur. V 294

Quand il est question de juger si on doit faire la guerre et tuer tant d’hommes, condamner tant d’Espagnols à la mort, c’est un homme seul qui en juge et encore intéressé : ce devrait être un tiers indifférent. V 296

Les cordes qui attachent le respect des uns envers les autres, en général, sont cordes de nécessité ; car il faut qu’il y ait différents degrés, tous les hommes voulant dominer, et tous ne le pouvant pas, mais quelques-uns le pouvant. V 304

Que l’on a bien fait de distinguer les hommes par l’extérieur, plutôt que par les qualités intérieures ! Qui passera de nous deux ? Qui cédera la place à l’autre ? Le moins habile ? mais je suis aussi habile que lui, il faudra se battre sur cela. V 319

Les choses du monde les plus déraisonnables deviennent les plus raisonnables à cause du dérèglement des hommes. V 320

Les demi-savants s’en moquent, et triomphent à montrer là-dessus la folie du monde ; mais, par une raison qu’ils ne pénètrent pas, on a raison ; 2° D’avoir distingué les hommes par le dehors, comme par la noblesse ou le bien. V 324

La première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tous les hommes en naissant. V 327

L’autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes, qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils ne savent rien, et se rencontrent en cette même ignorance d’où ils étaient partis ; mais c’est une ignorance savante qui se connaît. V 327

Les vrais chrétiens obéissent aux folies néanmoins ; non pas qu’ils respectent les folies, mais l’ordre de Dieu, qui, pour la punition des hommes, les a asservis à ces folies : Omnis creatura subjecta est vanitati. V 338

Les inventions des hommes de siècle en siècle vont de même. VI 354

J’ai vu tous les pays et hommes changeants ; et ainsi, après bien des changements de jugement touchant la véritable justice, j’ai connu que notre nature n’était qu’un continuel changement, et je n’ai plus changé depuis ; et si je changeais, je confirmerais mon opinion. VI 375

Il est nécessaire qu’il y ait de l’inégalité parmi les hommes, cela est vrai ; mais cela étant accordé, voilà la porte ouverte, non seulement à la plus haute domination, mais à la plus haute tyrannie. VI 380

Je vois bien qu’on applique ces mots dans les mêmes occasions, et que toutes les fois que deux hommes voient un corps changer de place, ils expriment tous deux la vue de ce même objet par le même mot, en disant, l’un et l’autre, qu’il s’est mû ; et de cette conformité d’application on tire une puissante conjecture d’une conformité d’idées ; mais cela n’est pas absolument convaincant, de la dernière conviction, quoiqu’il y ait bien à parier pour l’affirmative, puisqu’on sait qu’on tire souvent les mêmes conséquences de suppositions différentes. VI 392

Nous avons une si grande idée de l’âme de l’homme, que nous ne pouvons souffrir d’en être méprisés, et de n’être pas dans l’estime d’une âme ; et toute la félicité des hommes consiste dans cette estime. VI 400

Un cheval n’admire point son compagnon ; ce n’est pas qu’il n’y ait entre eux de l’émulation à la course, mais c’est sans conséquence ; car, étant à l’étable, le plus pesant et plus mal taillé n’en cède pas son avoine à l’autre, comme les hommes veulent qu’on leur fasse. VI 401

La plus grande bassesse de l’homme est la recherche de la gloire, mais c’est cela même qui est la plus grande marque de son excellence ; car, quelque possession qu’il ait sur la terre, quelque santé et commodité essentielle qu’il ait, il n’est pas satisfait, s’il n’est dans l’estime des hommes. VI 404

Et ceux qui méprisent le plus les hommes, et les égalent aux bêtes, encore veulent-ils en être admirés et crus, et se contredisent à eux-mêmes par leur propre sentiment ; leur nature, qui est plus forte que tout, les convainquant de la grandeur de l’homme plus fortement que la raison ne les convainc de leur bassesse. VI 404

C’est ce que tous les hommes font. VI 406

Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou, par un autre tour de folie, de n’être pas fou. VI 414

Ils se sont portés les uns sur les autres par un cercle sans fin : étant certain qu’à mesure que les hommes ont de lumières, ils trouvent et grandeur et misère en l’homme. VI 416

Tous les hommes recherchent d’être heureux ; cela est sans exception ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but. VII 4251

C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre. VII 4251

D’autres, qui en ont en effet plus approché, ont considéré qu’il est nécessaire que le bien universel, que tous les hommes désirent, ne soit dans aucune des choses particulières qui ne peuvent être possédées que par un seul, et qui, étant partagées, affligent plus leur possesseur, par le manque de la partie qu’il n'[a] pas, qu’elles ne le contentent par la jouissance de celle qui lui appartient. VII 4251

« N’attendez pas, dit-elle, ni vérité, ni consolation des hommes. VII 430

« Voilà l’état où les hommes sont aujourd’hui. VII 430

« De ce principe que je vous ouvre, vous pouvez reconnaître la cause de tant de contrariétés qui ont étonné tous les hommes, et qui les ont partagés en de si divers sentiments. VII 430

C’est en vain, ô hommes, que vous cherchez dans vous-mêmes le remède à vos misères. VII 430

Je les enseigne à ceux qui m’écoutent et les livres que j’ai mis entre les mains des hommes les découvrent bien nettement, mais je n’ai pas voulu que cette connaissance fût si ouverte. VII 430

J’apprends aux hommes ce qui les peut rendre heureux ; pourquoi refusez-vous de m’ouïr ? Ne cherchez point de satisfaction dans la terre, n’espérez rien des hommes. VII 430

« Dieu a voulu racheter les hommes, et ouvrir le salut à ceux qui le chercheraient. VII 430

Mais les hommes s’en rendent si indignes qu’il est juste que Dieu refuse à quelques-uns, à cause de leur endurcissement, ce qu’il accorde aux autres par une miséricorde qui ne leur est pas due. VII 430

« Ce n’est pas en cette sorte qu’il a voulu paraître dans son avènement de douceur ; parce que tant d’hommes se rendant indignes de sa clémence, il a voulu les laisser dans la privation du bien qu’ils ne veulent pas. VII 430

Il n’était donc pas juste qu’il parût d’une manière manifestement divine, et absolument capable de convaincre tous les hommes ; mais il n’était pas juste aussi qu’il vînt d’une manière si cachée, qu’il ne pût être reconnu de ceux qui le chercheraient sincèrement. VII 430

Les uns, qui ont bien connu la réalité de son excellence, ont pris pour lâcheté et pour ingratitude les sentiments bas que les hommes ont naturellement d’eux-mêmes ; et les autres, qui ont bien connu combien cette bassesse est effective, ont traité d’une superbe ridicule ces sentiments de grandeur, qui sont aussi naturels à l’homme. VII 431

Haussez la tête, hommes libres », dit Épictète. VII 431

Que deviendra donc l’homme ? Sera-t-il égal à Dieu ou aux bêtes ? Quelle effroyable distance ! Que serons-nous donc ? Qui ne voit par tout cela que l’homme est égaré, qu’il est tombé de sa place, qu’il la cherche avec inquiétude, qu’il ne la peut plus retrouver ? Et qui l’y adressera donc ? Les plus grands hommes ne l’ont pu. VII 431

Car, après tout, les hommes, avant Jésus-Christ, ne savaient où ils en étaient, ni s’ils étaient grands ou petits. VII 432

Je laisse les moindres, comme les discours que font les pyrrhoniens contre les impressions de la coutume, de l’éducation, des mœurs, des pays, et les autres choses semblables, qui, quoiqu’elles entraînent la plus grande partie des hommes communs, qui ne dogmatisent que sur ces vains fondements, sont renversées par le moindre souffle des pyrrhoniens. VII 434

Voilà la guerre ouverte entre les hommes, où il faut que chacun prenne parti, et se range nécessairement ou au dogmatisme, ou au pyrrhonisme. VII 434

Que deviendriez-vous donc, ô hommes qui cherchez quelle est votre véritable condition par votre raison naturelle ? Vous ne pouvez fuir une de ces sectes, ni subsister dans aucune. VII 434

Sans ces divines connaissances, qu’ont pu faire les hommes, sinon, ou s’élever dans le sentiment intérieur qui leur reste de leur grandeur passée, ou s’abattre dans la vue de leur faiblesse présente ? Car, ne voyant pas la vérité entière, ils n’ont pu arriver à une parfaite vertu. VII 435

Ainsi, donnant à trembler [à] ceux qu’elle justifie, et consolant ceux qu’elle condamne, elle tempère avec tant de justesse la crainte avec l’espérance, par cette double capacité qui est commune à tous et de la grâce et du péché, qu’elle abaisse infiniment plus que la seule raison ne peut faire, mais sans désespérer ; et qu’elle élève infiniment plus que l’orgueil de la nature, mais sans enfler : faisant bien voir par là qu’étant seule exempte d’erreur et de vice, il n’appartient qu’à elle et d’instruire et de corriger les hommes. VII 435

Toutes les occupations des hommes sont à avoir du bien ; et ils ne sauraient avoir de titre pour montrer qu’ils le possèdent par justice, car ils n’ont que la fantaisie des hommes, ni force pour le posséder sûrement. VII 436

Pour moi, j’avoue qu’aussitôt que la religion chrétienne découvre ce principe, que la nature des hommes est corrompue et déchue de Dieu, cela ouvre les yeux à voir partout le caractère de cette vérité ; car la nature est telle, qu’elle marque partout un Dieu perdu, et dans l’homme, et hors de l’homme, et une nature corrompue. VII 441

Le commun des hommes – ceux qui sont plus élevés : les philosophes, ils étonnent le commun des hommes ; – les chrétiens, ils étonnent les philosophes. VII 443

Qui s’étonnera donc de voir que la religion ne fait que connaître à fond ce qu’on reconnaît d’autant plus qu’on a plus de lumière ? Ce que les hommes, par leurs plus grandes lumières, avaient pu connaître, cette religion l’enseignait à ses enfants. VII 444

Le péché originel est folie devant les hommes, mais on le donne pour tel. VII 445

Mais cette folie est plus sage que toute la sagesse des hommes, sapientius est hominibus. VII 445

Dira-t-on que pour avoir dit que la justice est partie de la terre, les hommes aient connu le péché originel ? – Nemo ante obitum beatus est ; c’est-à-dire qu’ils aient connu qu’à la mort la béatitude éternelle et essentielle commence ? [Miton] voit bien que la nature est corrompue, et que les hommes sont contraires à l’honnêteté ; mais il ne sait pas pourquoi ils ne peuvent voler plus haut. VII 447

Dira-t-on que pour avoir dit que la justice est partie de la terre, les hommes aient connu le péché originel ? – Nemo ante obitum beatus est ; c’est-à-dire qu’ils aient connu qu’à la mort la béatitude éternelle et essentielle commence ? [Miton] voit bien que la nature est corrompue, et que les hommes sont contraires à l’honnêteté ; mais il ne sait pas pourquoi ils ne peuvent voler plus haut. VII 448

Et si, en le connaissant, on ne désire d’en être délivré, que peut-on dire d’un homme… ? Que peut-on donc avoir que de l’estime pour une religion qui connaît si bien les défauts de l’homme, et que du désir pour la vérité d’une religion qui y promet des remèdes si souhaitables ? Tous les hommes se haïssent naturellement l’un l’autre. VII 451

Le commun des hommes met le bien dans la fortune et dans les biens du dehors, ou au moins dans le divertissement. VII 462

Ils croient que Dieu est seul digne d’être aimé et admiré, et ont désiré d’être aimés et admirés des hommes ; et ils ne connaissent pas leur corruption. VII 463

S’ils se sentent pleins de sentiments pour l’aimer et l’adorer, et qu’ils y trouvent leur joie principale, qu’ils s’estiment bons, à la bonne heure ! Mais s’ils s’y trouvent répugnants, s'[ils] n'[ont] aucune pente qu’à se vouloir établir dans l’estime des hommes, et que, pour toute perfection, ils fassent seulement que, sans forcer les hommes, ils leur fassent trouver leur bonheur à les aimer, je dirai que cette perfection est horrible. VII 463

Quoi ! ils ont connu Dieu, et n’ont pas désiré uniquement que les hommes l’aimassent, mais que les hommes s’arrêtassent à eux ! Ils ont voulu être l’objet du bonheur volontaire des hommes ! Philosophes. – VII 463

Quand Épictète aurait vu parfaitement bien le chemin, il dit aux hommes : « Vous en suivez un faux » ; il montre que c’en est un autre, mais il n’y mène pas. VII 466

Mais, comme nous ne pouvons aimer ce qui est hors de nous, il faut aimer un être qui soit en nous, et qui ne soit pas nous, et cela est vrai d’un chacun de tous les hommes. VII 485

Les hommes, n’ayant pas accoutumé de former le mérite, mais seulement le récompenser où ils le trouvent formé, jugent de Dieu par eux-mêmes. VII 490

La plus cruelle guerre que Dieu puisse faire aux hommes en cette vie est de les laisser sans cette guerre qu’il est venu apporter. « VII 498

Il n’y a rien de si périlleux que ce qui plaît à Dieu et aux hommes ; car les états qui plaisent à Dieu et aux hommes ont une chose qui plaît à Dieu, et une autre qui plaît aux hommes ; comme la grandeur de sainte Thérèse : ce qui plaît à Dieu est sa profonde humilité dans ses révélations ; ce qui plaît aux hommes sont ses lumières. VII 499

Il n’y a que deux sortes d’hommes : les uns justes, qui se croient pécheurs : les autres pécheurs, qui se croient justes. VII 534

Les preuves de Dieu métaphysiques sont si éloignées du raisonnement des hommes, et si impliquées, qu’elles frappent peu ; et quand cela servirait à quelques-uns, cela ne servirait que pendant l’instant qu’ils voient cette démonstration, mais une heure après ils craignent de s’être trompés. VII 543

Jésus-Christ n’a fait autre chose qu’apprendre aux hommes qu’ils s’aimaient eux-mêmes, qu’ils étaient esclaves, aveugles, malades, malheureux et pécheurs ; qu’il fallait qu’il les délivrât, éclairât, béatifiât et guérît ; que cela se ferait en se haïssant soi-même, et en le suivant par la misère et la mort de la croix. VII 545

Jésus-Christ est donc le véritable Dieu des hommes. VII 547

[J’aime tous les hommes comme mes frères parce qu’ils sont tous rachetés.] VII 550

Je garde fidélité à tout le monde, je [ne] rends pas le mal à ceux qui m’en font ; mais je leur souhaite une condition pareille à la mienne, où l’on ne reçoit pas de mal ni de bien de la part des hommes. VII 550

J’essaye d’être juste, véritable, sincère et fidèle à tous les hommes ; et j’ai une tendresse de cœur pour ceux à qui Dieu m’a uni plus étroitement ; et soit que je sois seul, ou à la vue des hommes, j’ai en toutes mes actions la vue de Dieu qui les doit juger, et à qui je les ai toutes consacrées. VII 550

Jésus souffre dans sa passion les tourments que lui font les hommes ; mais dans l’agonie il souffre les tourments qu’il se donne à lui-même : turbare semetipsum. VII 553

Jésus cherche de la compagnie et du soulagement de la part des hommes. VII 553

Jésus a prié les hommes, et n’en a pas été exaucé. VII 553

La religion chrétienne consiste en deux points ; il importe également aux hommes de les connaître et il est également dangereux de les ignorer ; et il est également de la miséricorde de Dieu d’avoir donné des marques des deux. VIII 556

Toute la conduite des choses doit avoir pour objet l’établissement et la grandeur de la religion ; les hommes doivent avoir en eux-mêmes des sentiments conformes à ce qu’elle nous enseigne ; et enfin elle doit être tellement l’objet et le centre où toutes choses tendent, que qui en saura les principes puisse rendre raison et de toute la nature de l’homme en particulier, et de toute la conduite du monde en général. VIII 556

Et de là ils concluent que cette religion n’est pas véritable, parce qu’ils ne voient pas que toutes choses concourent à l’établissement de ce point, que Dieu ne se manifeste pas aux hommes avec toute l’évidence qu’il pourrait faire. VIII 556

Mais qu’ils en concluent ce qu’ils voudront contre le déisme, ils n’en concluront rien contre la religion chrétienne, qui consiste proprement au mystère du Rédempteur, qui unissant en lui les deux natures, humaine et divine, a retiré les hommes de la corruption du péché pour les réconcilier à Dieu en sa personne divine. VIII 556

Elle enseigne donc ensemble aux hommes ces deux vérités : et qu’il y a un Dieu, dont les hommes sont capables, et qu’il y a une corruption dans la nature, qui les en rend indignes. VIII 556

Il importe également aux hommes de connaître l’un et l’autre de ces points ; et il est également dangereux à l’homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître le Rédempteur qui l’en peut guérir. VIII 556

Il ne consiste pas seulement en un Dieu qui exerce sa providence sur la vie et sur les biens des hommes, pour donner une heureuse suite d’années à ceux qui l’adorent ; c’est la portion des Juifs. VIII 556

Si le monde subsistait pour instruire l’homme de Dieu, sa divinité y reluirait de toutes parts d’une manière incontestable ; mais comme il ne subsiste que par Jésus-Christ et pour Jésus-Christ et pour instruire les hommes et de leur corruption et de leur rédemption, tout y éclate des preuves de ces deux vérités. VIII 556

Mais il est vrai tout ensemble qu’il se cache à ceux qui le tentent, et qu’il se découvre à ceux qui le cherchent, parce que les hommes sont tout ensemble indignes de Dieu, et capables de Dieu : indignes par leur corruption, capables par leur première nature. VIII 557

Que conclurons-nous de toutes nos obscurités, sinon notre indignité ? S’il n’avait jamais rien paru de Dieu, cette privation éternelle serait équivoque, et pourrait aussi bien se rapporter à l’absence de toute divinité, qu’à l’indignité où seraient les hommes de la connaître ; mais de ce qu’il paraît quelquefois, et non pas toujours, cela ôte l’équivoque. VIII 559

S’il paraît une fois, il est toujours ; et ainsi on n’en peut conclure, sinon qu’il y a un Dieu, et que les hommes en sont indignes. VIII 559

Car il y a deux principes qui partagent les volontés des hommes, la cupidité et la charité. VIII 571

Le monde subsiste pour exercer miséricorde et jugement, non pas comme si les hommes y étaient sortant des mains de Dieu, mais comme des ennemis de Dieu auxquels il donne, par grâce, assez de lumière pour revenir, s’ils le veulent chercher et le suivre, mais pour les punir, s’ils refusent de le chercher ou de le suivre. VIII 584

1 La seule science contre le sens commun et la nature des hommes, est la seule qui ait toujours subsisté parmi les hommes. IX 604

Deux sortes d’hommes en chaque religion : parmi les païens, des adorateurs des bêtes, et les autres, adorateurs d’un seul Dieu dans la religion naturelle ; parmi les Juifs, les charnels, et les spirituels, qui étaient les Chrétiens de la loi ancienne ; parmi les Chrétiens, les grossiers qui sont les Juifs de la loi nouvelle. IX 609

Les hommes, dans le premier âge du monde, ont été emportés dans toute sorte de désordres, et il y avait cependant des saints, comme Énoch, Lamech et d’autres, qui attendaient en patience le Christ promis dès le commencement du monde. IX 613

Noé a vu la malice des hommes au plus haut degré ; et il a mérité de sauver le monde en sa personne par l’espérance du Messie dont il a été la figure. IX 613

Les Grecs, et les Latins ensuite, ont fait régner les fausses déités ; les poètes ont fait cent diverses théologies, les philosophes se sont séparés en mille sectes différentes ; et cependant il y avait toujours au cœur de la Judée des hommes choisis qui prédisaient la venue de ce Messie, qui n’était connu que d’eux. IX 613

Les prophètes l’ont prédit depuis, en prédisant toujours d’autres choses, dont les événements, qui arrivaient de temps en temps à la vue des hommes, marquaient la vérité de leur mission, et par conséquent celle de leurs promesses touchant le Messie. IX 616

Ils soutiennent qu’ils sont les seuls du monde auxquels Dieu a révélé ses mystères ; que tous les hommes sont corrompus et dans la disgrâce de Dieu ; qu’ils sont tous abandonnés à leurs sens et à leur propre esprit ; et que de là viennent les étranges égarements et les changements continuels qui arrivent entre eux, et de religions, et de coutumes, – au lieu qu’ils demeurent inébranlables dans leur conduite ; – mais que Dieu ne laissera pas éternellement les autres peuples dans ces ténèbres ; qu’il viendra un libérateur pour tous ; qu’ils sont au monde pour l’annoncer aux hommes ; qu’ils sont formés exprès pour être les avant-coureurs et les hérauts de ce grand avènement, et pour appeler tous les peuples à s’unir à eux dans l’attente de ce libérateur. IX 619

Cette famille, ou ce peuple, est le plus ancien qui soit en la connaissance des hommes : ce qui me semble lui attirer une vénération particulière, et principalement dans la recherche que nous faisons, puisque, si Dieu s’est de tout temps communiqué aux hommes, c’est à ceux-ci qu’il faut recourir pour en savoir la tradition. IX 620

La création du monde commençant à s’éloigner, Dieu a pourvu d’un historien unique contemporain, et a commis tout un peuple pour la garde de ce livre, afin que cette histoire fût la plus authentique du monde et que tous les hommes pussent apprendre par là une chose si nécessaire à savoir, et qu’on ne pût la savoir que par là. IX 622

Pourquoi Moïse va-t-il faire la vie des hommes si longue, et si peu de générations ? Parce que [ce n’est] pas la longueur des années, mais la multitude des générations qui rendent les choses obscures. IX 624

Car la vérité ne s’altère que par le changement des hommes. IX 624

Or, lorsque les hommes vivaient si longtemps, les enfants vivaient longtemps avec leurs pères. IX 626

La vie ordinaire des hommes est semblable à celle des saints. X 643

Car, dans la création de l’homme, Adam en était le témoin, et le dépositaire de la promesse du Sauveur qui devait naître de la femme, lorsque les hommes étaient encore si proches de la création, qu’ils ne pouvaient avoir oublié leur création et leur chute. X 644

Ce miracle suffisait pour affermir l’espérance des [hommes]. X 644

La mémoire du déluge étant si fraîche parmi les hommes, lorsque Noé vivait encore, Dieu fit ses promesses à Abraham et lorsque Sem vivait encore, Dieu envoya Moïse, etc. X 644

Si Adam n’eût point péché, et que Jésus-Christ ne fût point venu, il n’y eût eu qu’une seule alliance, qu’un seul âge des hommes, et la création eût été représentée comme faite en un seul temps. X 656

Après sa mort, saint Paul est venu apprendre aux hommes que toutes ces choses étaient arrivées en figures ; que le royaume de Dieu ne consistait pas en la chair, mais en l’esprit ; que les ennemis des hommes n’étaient pas les Babyloniens, mais les passions ; que Dieu ne se plaisait pas aux temples faits de main, mais en un cœur pur et humilié ; que la circoncision du corps était inutile, mais qu’il fallait celle du cœur ; que Moïse ne leur avait pas donné le pain du ciel, etc. X 670

En ces expressions, il est parlé de Dieu à la manière des hommes ; et cela ne signifie autre chose, sinon que l’intention que les hommes ont en faisant s’asseoir à leur droite, Dieu l’aura aussi ; c’est donc une marque de l’intention de Dieu, non de sa manière de l’exécuter. X 687

C’est une suite d’hommes, durant quatre mille ans, qui, constamment et sans variation, viennent, l’un ensuite de l’autre, prédire ce même avènement. XI 710

La vigne du Seigneur est la maison d’Israël, et les hommes de Juda en sont le germe délectable. XI 713

Et leur armée viendra et ravagera tout ; dont le roi du Midi, étant irrité, formera aussi un grand corps d’armée et livrera bataille (Ptolemeus Philopator contre Antiochus Magnus, à Raphia), et vaincra ; et ses troupes en deviendront insolentes, et son cœur s’en enflera (ce Ptolemeus profana le temple : Josèphe) ; il vaincra des milliers d’hommes, mais sa victoire ne sera pas ferme. XI 722

Car le roi d’Aquilon (Antiochus Magnus) reviendra avec encore plus de forces que la première fois, et alors aussi un grand nombre d’ennemis s’élèvera contre le roi du Midi (le jeune Ptolémée Épiphane régnant), et même des hommes apostats, violents, de ton peuple, s’élèveront afin que les visions soient accomplies, et ils périront (ceux qui avaient quitté leur religion pour plaire à Evergetes quand il envoya ses troupes à Scopas, car Antiochus reprendra Scopas et les vaincra). XI 722

Ce que Platon n’a pu persuader à quelque peu d’hommes choisis et si instruits, une force secrète le persuade à cent millions d’hommes ignorants, par la vertu de peu de paroles. XI 724

« Celui qui me justifie est avec moi : qui osera m’accuser de péché, Dieu étant lui-même mon protecteur ? « Tous les hommes passeront et seront consommés par le temps ; que ceux qui craignent Dieu écoutent donc les paroles de son serviteur ; que celui qui languit dans les ténèbres mette sa confiance au Seigneur. XI 726

« Et leurs vierges et leurs jeunes hommes périront en cette soif, eux qui ont suivi les idoles de Samarie, qui ont juré par le Dieu adoré en Dan, et qui ont suivi le culte de Bersabée ; ils tomberont et ne se relèveront jamais de leur chute. » XI 726

Qui ne voit la loi chrétienne en tout cela ? … Qu’alors l’idolâtrie serait renversée ; que ce Messie abattrait toutes les idoles, et ferait entrer les hommes dans le culte du vrai Dieu. XI 730

Qu’il enseignerait aux hommes la voie parfaite. XI 733

Dès là, cette religion m’est aimable, et je la trouve déjà assez autorisée par une si divine morale ; mais j’y trouve de plus : Je trouve d’effectif que, depuis que la mémoire des hommes dure, voici un peuple qui subsiste plus ancien que tout autre peuple ; il est annoncé constamment aux hommes qu’ils sont dans une corruption universelle, mais qu’il viendra un Réparateur : un peuple entier le prédit avant sa venue, un peuple entier l’adore après sa venue ; que ce n’est pas un homme qui le dit, mais une infinité d’hommes et un peuple entier prophétisant et fait exprès durant quatre mille ans… Leurs livres dispersés durent 400 ans. XII 737

À cause de toutes les conditions d’hommes qui y venaient. XII 778

Quand on dit que Jésus-Christ n’est pas mort pour tous, vous abusez d’un vice des hommes qui s’appliquent incontinent cette exception, ce qui est favoriser le désespoir ; au lieu de les en détourner pour favoriser l’espérance. XII 781

… Alors Jésus-Christ vient dire aux hommes qu’ils n’ont point d’autres ennemis qu’eux-mêmes, que ce sont leurs passions qui les séparent de Dieu, qu’il vient pour les détruire, et pour leur donner sa grâce, afin de faire d’eux tous une Église sainte, qu’il vient ramener dans cette Église les païens et les Juifs, qu’il vient détruire les idoles des uns et la superstition des autres. XII 783

À cela s’opposent tous les hommes, non seulement par l’opposition naturelle de la concupiscence ; mais, par-dessus tous, les rois de la terre s’unissent pour abolir cette religion naissante, comme cela avait été prédit (Prophétie : Quare fremerunt gentes… reges terrae… adversus Christum ). XII 783

Comme Jésus-Christ est demeuré inconnu parmi les hommes, ainsi sa vérité demeure parmi les opinions communes, sans différence à l’extérieur. XII 789

Mais quand ils le font si troublé, c’est quand il se trouble lui-même ; et quand les hommes le troublent, il est tout fort. XII 800

Qu’on la suive tout au long ; qu’on s’imagine ces douze hommes assemblés après la mort de Jésus-Christ, faisant le complot de dire qu’il est ressuscité. XII 801

Le cœur des hommes est étrangement penchant à la légèreté, au changement, aux promesses, aux biens. XII 801

Toujours ou les hommes ont parlé du vrai Dieu, ou le vrai Dieu a parlé aux hommes. XIII 807

Si jamais il n’y eût eu remède à aucun mal, et que tous les maux eussent été incurables, il est impossible que les hommes se fussent imaginé qu’ils en pourraient donner ; et encore plus que tant d’autres eussent donné croyance à ceux qui se fussent vantés d’en avoir : de même que, si un homme se vantait d’empêcher de mourir, personne ne le croirait, parce qu’il n’y a aucun exemple de cela. XIII 817

Mais comme il y eut quantité de remèdes qui se sont trouvés véritables, par la connaissance même des plus grands hommes, la créance des hommes s’est pliée par là ; et cela s’étant connu possible, on a conclu de là que cela était. XIII 817

Il faut raisonner de la même sorte pour la religion ; car il ne serait pas possible que les hommes se fussent imaginé tant de fausses religions, s’il n’y en avait une véritable. XIII 817

Car s’il n’y avait jamais eu de tout cela, il est comme impossible que les hommes se le fussent imaginé, et encore plus impossible que tant d’autres l’eussent cru. XIII 8181

Mais comme il y a eu de très grandes choses véritables, et qu’ainsi elles ont été crues par de grands hommes, cette impression a été cause que presque tout le monde s’est rendu capable de croire aussi les fausses. XIII 8181

Mais quand on n’écoute plus la tradition, quand on ne propose plus que le Pape, quand on l’a surpris, et qu’ainsi ayant exclu la vraie source de la vérité, qui est la tradition, et ayant prévenu le Pape, qui en est le dépositaire, la vérité n’a plus de liberté de paraître : alors les hommes ne parlant plus de la vérité, la vérité doit parler elle-même aux hommes. XIII 832

Ce ne sont point des hommes qui font ces miracles par une vertu inconnue et douteuse, qui nous oblige à un difficile discernement. XIII 839

C’est Dieu même ; c’est l’instrument de la Passion de son Fils unique, qui, étant en plusieurs lieux, choisit celui-ci, et fait venir de tous côtés les hommes pour y recevoir ces soulagements miraculeux dans leurs langueurs. XIII 839

Ce n’est point ici le pays de la vérité, elle erre inconnue parmi les hommes. XIII 843

Il y a un devoir réciproque entre Dieu et les hommes, pour faire et pour donner. XIII 843

Les hommes doivent à Dieu de recevoir la religion qu’il leur envoie. XIII 843

Dieu doit aux hommes de ne les point induire en erreur. XIII 843

Jamais on ne s’est fait martyriser pour les miracles qu’on dit avoir vus, car [pour] ceux que les Turcs croient par tradition, la folie des hommes va peut-être jusqu’au martyre, mais non pour ceux qu’on a vus. XIII 844

C’en est une admirable d’être toujours conservée dans une Église et assemblée [d’hommes] visible. XIV 857

La source en est l’union des deux natures en Jésus-Christ ; et aussi les deux mondes (la création d’un nouveau ciel et nouvelle terre ; nouvelle vie, nouvelle mort ; toutes choses doublées, et les mêmes noms demeurant) ; et enfin les deux hommes qui sont dans les justes (car ils sont les deux mondes, et un membre et image de Jésus-Christ. XIV 862

Des pécheurs purifiés sans pénitence, des justes justifiés sans charité, tous les chrétiens sans la grâce de Jésus-Christ, Dieu sans pouvoir sur la volonté des hommes, une prédestination sans mystère, une rédemption sans certitude ! Est fait prêtre qui veut l’être, comme sous Jéroboam. XIV 884

Dieu fera une Église pure au-dedans, qui confonde par sa sainteté intérieure et toute spirituelle l’impiété intérieure des sages superbes et des pharisiens : et l’Église fera une assemblée d’hommes, dont les mœurs extérieures soient si pures, qu’elles confondent les mœurs des païens. XIV 905

S’il y en a d’hypocrites, mais si bien déguisés qu’elle n’en reconnaisse pas le venin, elle les souffre ; car, encore qu’ils ne sont pas reçus de Dieu, qu’ils ne peuvent tromper, ils le sont des hommes, qu’ils trompent. XIV 905

Mais vous voulez que l’Église ne juge, ni de l’intérieur, parce que cela n’appartient qu’à Dieu, ni de l’extérieur, parce que Dieu ne s’arrête qu’à l’intérieur ; et ainsi, lui ôtant tout choix des hommes, vous retenez dans l’Église les plus débordés, et ceux qui la déshonorent si fort, que les synagogues des Juifs et [les] sectes des philosophes les auraient exilés comme indignes, et les auraient abhorrés comme impies. XIV 905

Les opinions relâchées plaisent tant aux hommes, qu’il est étrange que les leurs déplaisent. XIV 915

Il n’est plus permis de bien écrire, tant l’Inquisition est corrompue ou ignorante ! « Il est meilleur d’obéir à Dieu qu’aux hommes. » XIV 920

Un bâtiment également beau par dehors, mais sur un mauvais fondement, les païens sages le bâtissaient ; et le diable trompe les hommes par cette ressemblance apparente fondée sur le fondement le plus différent. XIV 9211