Excertos dos comentário introdutivos do tradutor, Patrick Valette
Dans la Symbolique, qui est loin d’être une « clef des songes », Schubert tente d’élaborer une véritable métaphysique non seulement du rêve, mais de tous les états d’inconscience : voyance, « poésie supérieure », prophétie, folie, où l’activité de l’âme échappe au contrôle de la conscience diurne et de la volonté. Il s’agit pour lui, non pas de donner « une véritable théorie du rêve » – comme il l’affirme du reste dans l’avant-propos -, mais de chercher le lien qui, dans le rêve et les autres états qui s’y rattachent, met en relation l’homme et la nature d’une part, l’homme et Dieu d’autre part. A cet effet, il fait appel à de nombreux domaines de connaissance : la mythologie, l’expression poétique, les sciences naturelles, la physiologie, la religion. C’est donc dans une optique résolument pluridisciplinaire que se situe son étude et non dans une spécialisation forcenée telle que la connaît parfois notre science moderne.
Sa démarche se présente en deux étapes ; dans la première partie de l’ouvrage, qui correspond aux cinq premiers chapitres, il expose sa pensée analogique et symbolique et tente de définir, par une notion de langage, une réalité primordiale, antérieure à l’humanité actuelle, que nous laissent parfois entrevoir le rêve, la voyance, le mythe, la poésie et une étude attentive de la nature. Il s’attache donc à découvrir et à organiser les analogies, les similitudes, les ressemblances profondes qui apparaissent dans les diverses parties des sciences humaines encore embryonnaires : psychologie, sociologie, linguistique, études sur la mythologie. Mais il ne les sépare jamais des autres sciences, celles de la nàture, la physiologie, l’anatomie, la médecine qu’il connaît bien. Ces analogies, il les projette dans un mythe cosmique auquel il adhère (le mythe chrétien), il cherche à savoir en quoi cette réalité primordiale, intuitivement pressentie et qu’il cherche à démontrer scientifiquement, est révélatrice d’un âge d’or de l’humanité et de la nature, et pourquoi celui-ci fut perdu. Et, loin de s’arrêter à une telle constatation, il découvre en ces vestiges d’une réalité perdue le germe et la certitude d’une vie future, la promesse d’une réintégration de tous les êtres. Dès lors, tout prend valeur de symbole, aucun élément n’est isolé, pas plus la nature que l’homme, pas plus l’homme que Dieu, et il s’attache à nous montrer les inextricables réseaux des liens qui unissent chaque chose au tout. Dans la seconde partie – qui correspond aux chapitres 6 et 7 et qui est consacrée aux sciences naturelles -, Schubert cherche à mettre sa métaphysique en accord avec la physiologie romantique. Cette tentative, bien qu’assez maladroitement menée et se soldant par un échec, n’en est pas moins caractéristique de l’effort du Naturphilosoph qui cherche à donner à toutes ses intuitions une base scientifique, voire même parfois expérimentale.
Une métaphysique du rêve
La première moitié de la Symbolique présente une division en deux parties distinctes ; dans la première (chapitres 1, 2, 3), Schubert développe sa pensée analogique en se fondant sur une étude synchronique des différents états qu’il se propose de commenter. Il y découvre l’identité profonde entre, d’une part, les créations de l’imagination humaine, et, d’autre part, l’âme humaine – ses expressions – et l’univers. Il analyse donc les rapports existant entre les diverses créations de l’âme et la nature. Dans la seconde (chapitres 4 et 5), il expose sa pensée symbolique et cherche, au terme d’une étude diachronique, à inscrire l’homme et la nature dans le vaste processus cosmique du mythe : âge d’or – chute – réintégration, commun à la plupart des théosophes. La nature se voit dès lors dotée d’une valeur symbolique, en ce sens qu’elle devient le symbole d’une réalité supérieure occultée par la chute dont l’auteur s’accorde à rechercher les traces et à déterminer les conséquences.