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Léonce de Byzance (ca 475-542/43 ap. J.-C.)

quarta-feira 26 de setembro de 2007, por Cardoso de Castro

Léonce nous avertit que rien de ce qu’il dit et écrit ne lui appartient en propre ; il se proclame le disciple des Pères. Ses écrits trahissent, en effet, une vaste et très solide érudition et laissent voir comme sources principales de son savoir, comme de sa pensée théologique entre autres, saint Basile, saint Grégoire de Nazianze et Cyrille d’Alexandrie qu’il suivit surtout dans sa christologie. C’est d’eux qu’il a tiré les principales notions de sa pensée métaphysique sur la nature et l’hypostase, le terme et l’idée d’enhypostasie, si décisif pour la solution du problème christologique. De plus il est le premier, à ce qu’il paraît, à mentionner pseudo-Denys ; il se réfère à lui plus d’une fois et sur des points fondamentaux de sa doctrine. C’est à son influence qu’est dû un certain esprit de mysticité qui fait son apparition dans ses écrits. Il faut bien se garder pourtant de prendre l’aveu de Léonce à la lettre. Pour quiconque se donnait comme défenseur de la foi, il n’y avait qu’une voie : proclamer qu’il ne fait que répéter ce qui a été déjà dit et prouvé par les Pères de l’Eglise. Dans un style plein, concis et hardi, une pensée subtile, très fine, parfois très difficile à suivre laisse voir en Léonce un esprit synthétique et profond. Avec quelle profondeur, quelle finesse et quelle netteté n’analyse-t-il pas les concepts reçus des Pères et quelle maîtrise ne montre-t-il pas dans la réfutation des arguments de ses adversaires. Il fait preuve d’une dialectique savante, qu’il sait manier avec rigueur et souplesse. Par l’analyse subtile de toutes les « apories », il a grandement contribué à l’établissement définitif de ce qui est orthodoxe, au rejet de ce qui ne l’est pas. Et par-dessus tout il a su faire de ce qu’il a reçu et de ce qu’il ajouta lui-même un tout cohérent et très systématique, exempt de contradictions. Les démonstrations prennent souvent la forme d’un théorème et trahissent un esprit familiarisé avec la pensée mathématique. Tout ceci, ainsi que la structure aristotélicienne de sa logique, ont fait dire de Léonce qu’il est un aristotélicien et qu’avec lui l’influence de Platon sur les Pères de l’Église commence déjà à céder le pas à celle d’Aristote. Contrairement à son aveu formel qu’il n’a pas appris la philosophie du dehors, cette philosophie tient une grande place dans son œuvre. Manifeste est surtout l’influence qu’exercèrent sur la formation de son esprit l’Isagoge   de Porphyre et les catégories d’Aristote dans le commentaire qu’en fit Porphyre ou son élève. L’aveu de Léonce doit, peut-être, nous engager à chercher des intermédiaires entre Porphyre, son élève et Léonce. Quoi qu’il en soit, le fait est que Léonce a subi l’influence d’Aristote, mais son aristotélisme est presque tout à fait formel. Il fut un des premiers à utiliser abondamment les concepts logiques et spécialement les catégories d’Aristote. Il se place ainsi à la tête de la scolastique byzantine. Ceux qui rejettent l’aristotélisme de Léonce s’efforcent de voir en lui un platonicien ou un néoplatonicien. Ses idées anthropologiques, en effet, — la définition de l’âme, l’union du corps et de l’âme, les parties de l’âme, etc. — nous font plutôt penser tantôt à Platon et tantôt aux néoplatoniciens. Ceci dit, il faut ajouter qu’on ne gagne pas grand chose en qualifiant Léonce de platonicien. Je crois même que cette manière de voir la pensée chrétienne, tant à l’Orient qu’à l’Occident, comme un va-et-vient entre l’aristotélisme et le platonisme, ne nous apprend que trop peu de chose. On se contente de cette classification, on voit la forme de la pensée, un peu sa direction et on s’intéresse peu à son contenu substantiel, à son fond, à la vérité chrétienne qu’elle porte en elle. Pour prendre comme exemple Léonce, comment ne pas voir que la syllogistique aristotélicienne et l’anthropologie platonicienne sont utilisées ici pour un problème tout à fait nouveau, le problème christologique ? Si on ne voit pas cela on dira que Léonce est un aristotélicien pour la forme et un platonicien pour le fond, mais à la vérité on n’aura pas compris Léonce, ce chrétien que sa foi ardente pousse à saisir et à démontrer la nature du Dieu-homme. La pensée philosophique qu’il développe dans cet effort, est d’une originalité foncière et d’une profondeur qu’on n’a pas encore su évaluer à sa juste mesure.