Lavelle (1934) – A posse do ser é a meta de toda ação particular

III LA POSSESSION DE L’ÊTRE EST LE BUT DE TOUTE ACTION PARTICULIÈRE.

Quand nous disons que l’être est présent au moi et que le moi lui-même participe à l’être, nous énonçons le thème unique de toute méditation humaine. Il est facile de voir que ce thème est d’une richesse infinie. Il est le fondement de toutes nos connaissances particulières qui s’y trouvent par avance enveloppées : mais elles ne sont pour nous que des moyens de réaliser dans une sorte de nudité la confrontation de notre propre intimité avec l’intimité même de l’univers.

Il est évident que la présence de l’être doit être l’objet d’une intuition et non pas d’une déduction : car on ne pourrait trouver un principe plus haut d’où elle pourrait être dérivée. Toutes les déductions s’appuient sur elle, s’accomplissent en elle et trouvent en elle leur vérification. Mais elle est en même temps la fin de toutes nos démarches particulières, de toutes les opérations de la pensée et de la volonté. Car aucune d’elles ne peut se suffire à elle-même : elles n’ont pour nous de valeur que si, par leur médiation, nous pouvons obtenir une possession de l’être dans laquelle elles se dénouent et qui les rend désormais inutiles.

Sans doute, nous ne parvenons jamais à saisir l’être autrement que dans une de ses formes individuelles. Sans doute, la conscience ne nous livre jamais qu’un de ses états momentanés. Sans doute encore, en admettant que la conscience soit capable d’entrer en relation avec l’être, c’est tel état de conscience dont il faut montrer la coïncidence avec telle forme de l’être. Mais chacune de ces observations, dont on ne peut méconnaître la vérité, implique la solution d’un problème plus vaste et qu’il est impossible de passer sous silence : c’est le problème de savoir ce qui nous permet d’affecter à des êtres différents le même nom d’être, de faire entrer des état9 différents dans une même conscience et, à travers les relations différentes entre tel objet et tel état, de concevoir qu’entre ce qui est et ce que nous pensons il puisse y avoir à la fois une distinction et une liaison. Derrière toutes les questions particulières que nous pouvons nous poser, le problème de l’être et du moi est le seul qui nous intéresse profondément : nous le parcourons en tous sens, nous le pressons de tous côtés, espérant rencontrer à la fin quelque situation privilégiée dans laquelle, oubliant tous les essais infructueux qui ont rempli notre vie, nous retrouverons la raison d’être de celle-ci en prenant conscience à la fois de son essence et de sa place dans l’univers.

En apparence une telle recherche ne peut faire aucun progrès : c’est qu’elle ne peut que s’approfondir, et non pas s’étendre. Car c’est de la présence de l’être que nous partons : mais elle n’est encore qu’une expérience confuse et que nous devons analyser ; cette analyse comporte une 3éx*ie d’opérations au cours desquelles notre personnalité va se constituer ; et lorsque celle-ci aura découvert sa véritable essence, elle s’unira encore à l’être, mais cette fois dans un acte intelligible où l’expérience initiale trouvera son explication et son achèvement.

L’individu a aine telle confiance en lui-même que, quand il s’égare, c’est toujours parce que la fantaisie de son imagination ou son goût des constructions abstraites l’empêchent de maintenir un contact assez étroit avec la réalité. Il faut donc revenir sans cesse à cette expérience de l’être dans laquelle nous puisons à la fois tous nos matériaux et toutes nos preuves. Cependant c’est une expérience purement spirituelle : elle consiste dans certaines opérations de la pensée, qui doivent être nécessairement adéquates, puisque nous épuisons tout leur contenu au moment où nous les accomplissons et que nous pouvons chaque fois vérifier leur vérité, c’est-à-dire leur efficacité. Et cette expérience pure est en même temps une création, puisque la contemplation de l’être est indiscernable du mouvement par lequel notre esprit s’engendre lui-même.

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