Míguez
1- El atribuir a un hecho casual y fortuito la existencia y la ordenación del mundo es algo verdaderamente absurdo y propio de un hombre incapaz de pensar y de percibir [[Cf. Aristóteles, Física. B 4. 195 b 31.]]. Ello es claro antes de todo razonamiento y serían suficientes para probarlo razones que estuviesen bien fundadas. ¿Cuál es, sin embargo, el modo como nacen y se producen las cosas, algunas de las cuales resultan no estar de acuerdo con la recta razón y nos hacen dudar de la providencia? ¿No es así que llegamos a decir que no existe la providencia o que consideramos (el mundo) como la obra de un demiurgo malo? Conviene que examinemos esto, tomando la cuestión desde arriba y por su comienzo.
Es indudable que hay una providencia para cada caso; no es otra que el razonamiento que precede a la acción, según el cual nos preguntamos por qué conviene o no cumplir un acto que no es obligatorio y qué es lo que se sigue o no de ello para nosotros. Dejemos esto a un lado y tratemos ahora de la llamada providencia universal, pues suponiendo que ésta existe, habremos de sacar de aquí las debidas consecuencias. Si dijésemos que el mundo no ha existido siempre y que ha tenido comienzo en un determinado momento, propondríamos una providencia como esta de la que hablamos, análoga, por tanto, a la que se refiere a las cosas particulares. Esta providencia sería como una cierta previsión y un cálculo reflexivo de la divinidad, que vendría a preguntarse cómo crear el universo y hacerlo a la vez el mejor posible. Ahora bien, puesto que afirmamos que el mundo existe desde siempre y que en ningún momento ha dejado de ser, parece conveniente que digamos que la providencia es la rectitud y conformidad del universo con la inteligencia, bien que la inteligencia sea anterior al universo, no desde luego en cuanto al tiempo sino en el sentido de que el universo deriva de ella y ella es, asimismo, anterior por naturaleza al universo y también causa de él. Es como el arquetipo o modelo del que el universo resulta ser la imagen; con lo cual esta imagen misma existe por la inteligencia y subsiste siempre por ella, de la manera que sigue:
La naturaleza de la inteligencia o del ser es el mundo verdadero o primero, mundo no susceptible de división o distribución alguna, ya que no se encuentra falto de nada, ni siquiera en lo que concierne a sus partes, puesto que éstas no han sido arrancadas al todo. Digamos que toda vida y toda inteligencia aparece aquí reunida en una unidad, aunque tal unidad hace de cada parte un todo. Cada parte, que es un todo, gusta realmente de sí misma y no se presenta separada de las otras, sino sólo como algo diferente, pero no extraño a todo lo demás. Ninguna parte falta a otra, aun en el caso de ser contraria a ella. En todas partes se aparece el ser uno y completo, inmóvil y no sujeto a alteración; no se da, pues, la acción de una parte sobre otra. Porque, ¿cómo explicar esta acción, cuando verdaderamente nada falta? ¿Por qué una razón habría de producir una razón o una inteligencia otra inteligencia? El poder de producir algo por sí mismo no es propio de los seres totalmente perfectos, sino que, por el contrario, toda acción y todo movimiento está en razón de la misma imperfección del ser. Así, los seres que consideramos bienaventurados son inmóviles en sí mismos y les basta con ser lo que son. No se aventuran a ser indiscretos, saliendo a tal efecto de sí mismos. Porque la felicidad de estos seres es tal que, sin actuar, realizan grandes cosas y, asimismo, producen muchas otras no pequeñas permaneciendo inmóviles.
Bouillet
1. Rapporter au hasard et à la fortune (τῷ αὐτομάτῳ καὶ τῇ τύχῃ) l’existence et la constitution de l’univers (02), c’est commettre une absurdité et parler en homme dépourvu de sens et d’intelligence : cela est évident même sans démonstration, et d’ailleurs nous l’avons déjà dans plusieurs passages pleinement démontré par de solides raisons. Mis [si le monde ne doit pas son existence et sa constitution au hasard] comment toutes choses arrivent elles et comment tous les êtres ont-ils été faits? C’est là une question qui mérite un examen approfondi. En effet, comme il y a des choses qui semblent mauvaises, elles donnent lieu d’élever des doutes sur la Providence universelle : il en résulte que quelques-uns disent qu’il n’y a pas de Providence, et d’autres, que le Démiurge est mauvais. Aussi croyons-nous qu’il est bon de traiter complètement cette question en remontant aux principes.
Laissons de côté cette Providence particulière (πρόνοια ἐφ’ ἑκάστῳ), qui consiste à délibérer avant d’agir, à examiner s’il faut faire une chose ou ne pas la faire, la donner ou ne pas la donner. Supposons admise l’existence de la Providence universelle (πρόνοια τοῦ παντός), et de ce principe déduisons les conséquences.
Si nous pensions que le monde eût commencé d’être, qu’il n’eût pas existé de tout temps, nous reconnaîtrions une Providence particulière (πρόνοια ἐπὶ τοῖς κατὰ μέρος), comme nous le disions tout à l’heure, c’est-à-dire nous reconnaîtrions en Dieu une espèce de prévision et de raisonnement [semblables à la prévision et au raisonnement de l’artiste qui, avant d’exécuter une oeuvre, délibère sur chacune des parties qui la composent], et nous supposerions que cette prévision et ce raisonnement étaient nécessaires pour déterminer comment l’univers pouvait être fait et à quelles conditions il devait être le meilleur possible. Mais, comme nous disons que le monde n’a pas commencé d’être et qu’il existe de tout temps, nous pouvons affirmer, d’accord avec la raison et avec notre croyance [à l’éternité du monde], que la Providence universelle consiste en ce que l’univers est conforme à l’Intelligence et que l’Intelligence est antérieure à l’univers (τὸ κατὰ νοῦν εἶναι τὸ πᾶν καὶ νοῦν πρὸ αὐτοῦ εἶναι), non dans le temps (car l’existence de l’Intelligence n’a pas précédé celle du monde), mais [dans l’ordre des choses], parce que l’Intelligence précède par sa nature le monde qui procède d’elle, dont elle est la cause, l’archétype et le paradigme (αἴτιος, ἀρχέτυπον, παράδειγμα) et qu’elle fait toujours subsister de la même manière [[ Le début de Leibnitz, dans sa Théodicée (I, § 7), ressemble tout à fait à celui de Plotin : « Dieu est la première raison des choses, etc. »]].
Or voici de quelle manière l’Intelligence fait toujours subsister le monde :
L’Intelligence pure et l’Être en soi constituent le monde véritable et premier [le monde intelligible], qui n’a pas d’extension, qui n’est affaibli par aucune division, qui n’a aucun défaut, même dans ses parties (car nulle partie n’y est séparée de l’ensemble) . Ce monde est la vie universelle et l’Intelligence universelle ; il est l’unité à la fois vivante et intelligente : car la partie y reproduit le tout, et il règne dans l’ensemble une harmonie parfaite parce qu’aucune chose n’y est séparée, indépendante et isolée des autres ; aussi, y eût-il opposition, il n’y aurait pas de lutte. Étant partout un et parfait, le monde intelligible est permanent et immuable : car là il n’y a pas action d’un contraire sur un contraire. Comment une telle action pourrait-elle avoir lieu dans ce monde puisque rien n’y manque ? Pourquoi la Raison y produirait-elle une autre Raison, et l’Intelligence une autre Intelligence [[C’est une allusion au système des Gnostiques.]] ? Est-ce parce qu’elle serait capable de produire? Alors, avant de produire, elle n’eût pas été dans un état parfait ; elle produirait et elle entrerait en mouvement, parce qu’elle aurait en elle quelque chose d’inférieur [[C’est encore une allusion au système des Gnostiques qui distinguaient en Dieu la puissance et l’acte.]]. Mais il suffit aux êtres bienheureux de rester en eux-mêmes et de persister dans leur essence. Une action multiple compromet celui qui agit en le forçant à sortir de lui-même. Telle est la condition bienheureuse du monde intelligible qu’en ne faisant rien il fait de grandes choses, et qu’en restant en lui-même il produit des oeuvres importantes.
Guthrie
EPICURUS TAUGHT CHANCE AND THE GNOSTICS AN EVIL CREATOR.
1. When Epicurus derives the existence and constitution of the universe from automatism and chance, he commits an absurdity, and stultifies himself. That is self-evident, though the matter have elsewhere been thoroughly demonstrated. But (if the world do not owe its origin to chance) we will be compelled to furnish an adequate reason for the existence and creation of all these beings. This (teleological) question deserves the most careful consideration. Things that seem evil do indeed exist, and they do suggest doubts about universal Providence; so that some (like Epicurus) insist there is no providence, while others (like the Gnostics), hold that the demiurgic creator is evil. The subject, therefore, demands thorough investigation of its first principles.
PARTICULAR AND UNIVERSAL PROVIDENCE ASSUMED AS PREMISES.
Let us leave aside this individual providence, which consists in deliberating before an action, and in examining whether we should or should not do something, or whether we should give or not give it. We shall also assume the existence of the universal Providence, and from this principle we shall deduce the consequences.
PROVIDENCE IS NOT PARTICULAR BECAUSE THE WORLD HAD NO BEGINNING.
We would acknowledge the existence of a particular Providence, such as we mentioned above, if we thought that the world had had a beginning of existence, and had not existed since all eternity. By this particular Providence we mean a recognition, in the divinity, of a kind of prevision and reasoning (similar to the reasoning and prevision of the artist who, before carrying out a work, deliberates on each of the parts that compose it). We would suppose that this prevision and reasoning were necessary to determine how the universe could have been made, and on what conditions it should have been the best possible. But as we hold that the world’s existence had no beginning, and that it has existed since all time, we can, in harmony with reason and our own views, affirm that universal Providence consists in this that the universe is conformed to Intelligence, and that Intelligence is prior to the universe, not indeed in time-for the existence of the Intelligence did not temporarily precede that of the universe-but (in the order of things), because, by its nature, Intelligence precedes the world that proceeds from it, of which it is the cause, type and model, and cause of unchanged perpetual persistence.
HOW INTELLIGENCE CONTINUES TO MAKE THE WORLD SUBSIST.
This is how Intelligence continues to make the world subsist. Pure Intelligence and Being in itself constitute the genuine (intelligible) World that is prior to everything, which has no extension, which is weakened by no division, which has no imperfection, even in its parts, for none of its parts are separated from its totality. This world is the universal Life and Intelligence. Its unity is both living and intelligent. In it each part reproduces the whole, its totality consists of a perfect harmony, because nothing within it is separate, independent, or isolated from anything else. Consequently, even if there were mutual opposition, there would be no struggle. Being everywhere one and perfect, the intelligible World is permanent and immutable, for it contains no internal reaction of one opposite on another. How could such a reaction take place in this world, since nothing is lacking in it? Why should Reason produce another Reason within it, and Intelligence produce another Intelligence merely because it was capable of doing so? If so, it would not, before having produced, have been in a perfect condition; it would produce and enter in motion because it contained something inferior. But blissful beings are satisfied to remain within themselves, persisting within their essence. A multiple action compromises him who acts by forcing him to issue from himself. The intelligible World is so blissful that even while doing nothing it accomplishes great things, and while remaining within itself it produces important operations.
MacKenna
1. To make the existence and coherent structure of this Universe depend upon automatic activity and upon chance is against all good sense.
Such a notion could be entertained only where there is neither intelligence nor even ordinary perception; and reason enough has been urged against it, though none is really necessary.
But there is still the question as to the process by which the individual things of this sphere have come into being, how they were made.
Some of them seem so undesirable as to cast doubts upon a Universal Providence; and we find, on the one hand, the denial of any controlling power, on the other the belief that the Kosmos is the work of an evil creator.
This matter must be examined through and through from the very first principles. We may, however, omit for the present any consideration of the particular providence, that beforehand decision which accomplishes or holds things in abeyance to some good purpose and gives or withholds in our own regard: when we have established the Universal Providence which we affirm, we can link the secondary with it.
Of course the belief that after a certain lapse of time a Kosmos previously non-existent came into being would imply a foreseeing and a reasoned plan on the part of God providing for the production of the Universe and securing all possible perfection in it – a guidance and partial providence, therefore, such as is indicated. But since we hold the eternal existence of the Universe, the utter absence of a beginning to it, we are forced, in sound and sequent reasoning, to explain the providence ruling in the Universe as a universal consonance with the divine Intelligence to which the Kosmos is subsequent not in time but in the fact of derivation, in the fact that the Divine Intelligence, preceding it in Kind, is its cause as being the Archetype and Model which it merely images, the primal by which, from all eternity, it has its existence and subsistence.
The relationship may be presented thus:
The authentic and primal Kosmos is the Being of the Intellectual Principle and of the Veritable Existent. This contains within itself no spatial distinction, and has none of the feebleness of division, and even its parts bring no incompleteness to it since here the individual is not severed from the entire. In this Nature inheres all life and all intellect, a life living and having intellection as one act within a unity: every part that it gives forth is a whole; all its content is its very own, for there is here no separation of thing from thing, no part standing in isolated existence estranged from the rest, and therefore nowhere is there any wronging of any other, any opposition. Everywhere one and complete, it is at rest throughout and shows difference at no point; it does not make over any of its content into any new form; there can be no reason for changing what is everywhere perfect.
Why should Reason elaborate yet another Reason, or Intelligence another Intelligence? An indwelling power of making things is in the character of a being not at all points as it should be but making, moving, by reason of some failure in quality. Those whose nature is all blessedness have no more to do than to repose in themselves and be their being.
A widespread activity is dangerous to those who must go out from themselves to act. But such is the blessedness of this Being that in its very non-action it magnificently operates and in its self-dwelling it produces mightily.