Pascal (Pensées) – Deus

(BPP)

Enfin c’est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée. II 72

On se croit naturellement bien plus capable d’arriver au centre des choses que d’embrasser leur circonférence. L’étendue visible du monde nous surpasse visiblement ; mais comme c’est nous qui surpassons les petites choses, nous nous croyons plus capables de les posséder, et cependant il ne faut pas moins de capacité pour aller jusqu’au néant que jusqu’au tout ; il la faut infinie pour l’un et l’autre ; et il me semble que qui aurait compris les derniers principes des choses pourrait aussi arriver jusqu’à connaître l’infini. L’un dépend de l’autre, et l’un conduit à l’autre. Ces extrémités se touchent et se réunissent en Dieu, et en Dieu seulement. II 72

[L’éternité des choses en elle-même ou en Dieu doit encore étonner notre petite durée. II 72

Je ne puis pardonner à Descartes ; il aurait bien voulu, dans toute sa philosophie, pouvoir se passer de Dieu ; mais il n’a pu s’empêcher de lui faire donner une chiquenaude, pour mettre le monde en mouvement ; après cela, il n’a plus que faire de Dieu. II 77

Mais outre ces erreurs qui viennent par accident et par le manque d’intelligence, avec ses facultés hétérogènes… L’imagination grossit les petits objets jusqu’à en remplir notre âme, par une estimation fantastique ; et, par une insolence téméraire, elle amoindrit les grands jusqu’à sa mesure, comme en parlant de Dieu. II 84

Ce n’est que manque de savoir étudier cela qu’on cherche le reste ; mais n’est-ce pas que ce n’est pas encore là la science que l’homme doit avoir, et qu’il lui est meilleur de s’ignorer pour être heureux ? Une seule pensée nous occupe, nous ne pouvons penser à deux choses à la fois : dont bien nous prend selon le monde, non selon Dieu. II 145

Si l’homme était heureux, il le serait d’autant plus qu’il serait moins diverti, comme les saints et Dieu. – II 170

Lettre pour porter à rechercher Dieu. III 184

La conduite de Dieu, qui dispose toutes choses avec douceur, est de mettre la religion dans l’esprit par les raisons, et dans le cœur par la grâce. III 185

Reprocher à Miton de ne pas se remuer, quand Dieu le reprochera. III 192

Si cette religion se vantait d’avoir une vue claire de Dieu, et de le posséder à découvert et sans voile, ce serait la combattre que de dire qu’on ne voit rien dans le monde qui le montre avec cette évidence. III 1941

« Comme je ne sais d’où je viens, aussi je ne sais où je vais ; et je sais seulement qu’en sortant de ce monde je tombe pour jamais ou dans le néant, ou dans les mains d’un Dieu irrité, sans savoir à laquelle de ces deux conditions je dois être éternellement en partage. III 1941

Rien n’accuse davantage une extrême faiblesse d’esprit que de ne pas connaître quel est le malheur d’un homme sans Dieu ; rien ne marque davantage une mauvaise disposition du cœur que de ne pas souhaiter la vérité des promesses éternelles ; rien n’est plus lâche que de faire le brave contre Dieu. III 1941

Qu’ils laissent donc ces impiétés à ceux qui sont assez mal nés pour en être véritablement capables ; qu’ils soient au moins honnêtes gens s’ils ne peuvent être chrétiens, et qu’ils reconnaissent enfin qu’il n’y a que deux sortes de personnes qu’on puisse appeler raisonnables : ou ceux qui servent Dieu de tout leur cœur parce qu’ils le connaissent, ou ceux qui le cherchent de tout leur cœur parce qu’ils ne le connaissent pas. III 1941

C’est un appesantissement de la main de Dieu. III 200

Ainsi, non seulement le zèle de ceux qui le cherchent prouve Dieu, mais l’aveuglement de ceux qui ne le cherchent pas. III 200

Tout ce que disent les impies… [Par ceux qui sont dans le déplaisir de se voir sans foi, on voit que Dieu ne les éclaire pas ; mais les autres, on voit qu’il y a un Dieu qui les aveugle.] III 202

Si l’Évangile est vrai, si Jésus-Christ est Dieu, quelle difficulté y a-t-il là ? Athéisme marque de force d’esprit, mais jusqu’à un certain degré seulement. III 224

Croirai-je que je ne suis rien ? Croirai-je que je suis Dieu ? Toutes choses changent et se succèdent. » III 227

Mais, voyant trop pour nier et trop peu pour m’assurer, je suis dans un état à plaindre, et où j’ai souhaité cent fois que, si un Dieu la soutient, elle le marquât sans équivoque ; et que, si les marques qu’elle en donne sont trompeuses, elle les supprimât tout à fait ; qu’elle dît tout ou rien, afin que je visse quel parti je dois suivre. III 229

Incompréhensible que Dieu soit, et incompréhensible qu’il ne soit pas ; que l’âme soit avec le corps, que nous n’ayons pas d’âme ; que le monde soit créé, qu’il ne le soit pas, etc. ; III 230

Croyez-vous qu’il soit impossible que Dieu soit infini, sans parties ? – Oui. – III 231

Ainsi notre esprit devant Dieu ; ainsi notre justice devant la justice divine. III 233

Il n’y a pas si grande disproportion entre notre justice et celle de Dieu, qu’entre l’unité et l’infini. III 233

Il faut que la justice de Dieu soit énorme comme sa miséricorde. III 233

Ainsi on peut bien connaître qu’il y a un Dieu sans savoir ce qu’il est. III 233

Mais nous ne connaissons ni l’existence ni la nature de Dieu, parce qu’il n’a ni étendue ni bornes. III 233

S’il y a un Dieu, il est infiniment incompréhensible, puisque, n’ayant ni parties ni bornes, il n’a nul rapport à nous. III 233

Examinons donc ce point, et disons : « Dieu est, ou il n’est pas. » III 233

Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. III 233

Travaillez donc, non pas à vous convaincre par l’augmentation des preuves de Dieu, mais par la diminution de vos passions. III 233

J’admire avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu. IV 242

Je ne m’étonnerais pas de leur entreprise s’ils adressaient leurs discours aux fidèles, car il est certain [que ceux] qui ont la foi vive dedans le cœur voient incontinent que tout ce qui est n’est autre chose que l’ouvrage du Dieu qu’ils adorent. IV 242

Mais pour ceux en qui cette lumière s’est éteinte, et dans lesquels on a dessein de la faire revivre, ces personnes destituées de foi et de grâce, qui, recherchant de toute leur lumière tout ce qu’ils voient dans la nature qui les peut mener à cette connaissance, ne trouvent qu’obscurité et ténèbres ; dire à ceux-là qu’ils n’ont qu’à voir la moindre des choses qui les environnent, et qu’ils y verront Dieu à découvert, et leur donner, pour toute preuve de ce grand et important sujet, le cours de la lune et des planètes, et prétendre avoir achevé sa preuve avec un tel discours, c’est leur donner sujet de croire que les preuves de notre religion sont bien faibles ; et je vois par raison et par expérience que rien n’est plus propre à leur en faire naître le mépris. IV 242

Ce n’est pas de cette sorte que l’Écriture, qui connaît mieux les choses qui sont de Dieu, en parle. IV 242

Elle dit au contraire que Dieu est un Dieu caché ; et que, depuis la corruption de la nature, il les a laissés dans un aveuglement dont ils ne peuvent sortir que par Jésus-Christ, hors duquel toute communication avec Dieu est ôtée : Nemo novit Patrem nisi Filius, et cui voluerit Filius revelare. IV 242

C’est ce que l’Écriture nous marque, quand elle dit en tant d’endroits que ceux qui cherchent Dieu le trouvent. IV 242

On ne dit point que ceux qui cherchent le jour en plein midi, ou de l’eau dans la mer, en trouveront ; et ainsi il faut bien que l’évidence de Dieu ne soit pas telle dans la nature. IV 242

C’est une chose admirable que jamais auteur canonique ne s’est servi de la nature pour prouver Dieu. IV 243

« Eh quoi ! ne dites-vous pas vous-même que le ciel et les oiseaux prouvent Dieu ? » – Non. – « IV 244

Car encore que cela est vrai en un sens pour quelques âmes à qui Dieu donne cette lumière, néanmoins cela est faux à l’égard de la plupart. IV 244

Après la lettre « qu’on doit chercher Dieu » faire la lettre « d’ôter les obstacles », qui est le discours de la « machine », de préparer la machine, de chercher par raison. IV 246

La foi est différente de la preuve : l’une est humaine, l’autre est un don de Dieu. IV 248

Justus ex fide vivit : c’est de cette foi que Dieu lui-même met dans le cœur, dont la preuve est souvent l’instrument, fides ex auditu, mais cette foi est dans le cœur, et fait dire non scio, mais credo. IV 248

Il faut que l’extérieur soit joint à l’intérieur pour obtenir de Dieu ; c’est-à-dire que l’on se mette à genoux, prie des lèvres, etc., IV 250

Il n’y a que trois sortes de personnes : les unes qui servent Dieu, l’ayant trouvé ; les autres qui s’emploient à le chercher, ne l’ayant pas trouvé ; les autres qui vivent sans le chercher ni l’avoir trouvé. IV 257

Crainte mauvaise : Crainte, non celle qui vient de ce qu’on croit Dieu, mais celle de ce qu’on doute s’il est ou non. IV 262

La bonne crainte, jointe à l’espérance, parce qu’elle naît de la foi, et qu’on espère au Dieu que l’on croit ; – la mauvaise, jointe au désespoir, parce qu’on craint le Dieu auquel on n’a point de foi. IV 262

Vous avez rejeté l’un et conservé l’autre : est-ce par raison que vous vous aimez ? C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. IV 278

Voilà ce que c’est que la foi : Dieu sensible au cœur, non à la raison. IV 278

La foi est un don de Dieu ; ne croyez pas que nous disions que c’est un don de raisonnement. IV 279

Qu’il y a loin de la connaissance de Dieu à l’aimer ! Cœur, instinct, principes. IV 280

Plût à Dieu que nous n’en eussions, au contraire, jamais besoin, et que nous connussions toutes choses par instinct et par sentiment ! Mais la nature nous a refusé ce bien ; elle ne nous a, au contraire, donné que très peu de connaissances de cette sorte ; toutes les autres ne peuvent être acquises que par raisonnement. IV 282

Et c’est pourquoi ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du cœur sont bien heureux et bien légitimement persuadés. IV 282

Mais [à] ceux qui ne l’ont pas nous ne pouvons la donner que par raisonnement, en attendant que Dieu la leur donne par sentiment de cœur, sans quoi la foi n’est qu’humaine, et inutile pour le salut. IV 282

Dieu leur donne l’amour de soi et la haine d’eux-mêmes. IV 284

On ne croira jamais d’une créance utile et de foi, si Dieu n’incline le cœur ; et on croira dès qu’il l’inclinera. IV 284

Ils sentent qu’un Dieu les a faits ; ils ne veulent aimer que Dieu ; ils ne veulent haïr qu’eux-mêmes. IV 286

Ils sentent qu’ils n’en ont pas la force d’eux-mêmes ; qu’ils sont incapables d’aller à Dieu ; et que, si Dieu ne vient à eux, ils ne peuvent avoir aucune communication avec lui. IV 286

Et ils entendent dire dans notre religion qu’il ne faut aimer que Dieu, et ne haïr que soi-même ; mais qu’étant tous corrompus, et incapables de Dieu, Dieu s’est fait homme pour s’unir à nous. IV 286

C’est Dieu lui-même qui les incline à croire ; et ainsi ils sont très efficacement persuadés. IV 287

Mais ceux qui savent les preuves de la religion prouveront sans difficulté, que ce fidèle est véritablement inspiré de Dieu, quoiqu’il ne pût le prouver lui-même. IV 287

Car Dieu ayant dit dans ses prophéties (qui sont indubitablement prophéties) que dans le règne de Jésus-Christ il répandrait son esprit sur les nations, et que les fils, les filles et les enfants de l’Église prophétiseraient, il est sans doute que l’esprit de Dieu est sur ceux-là, et qu’il n’est point sur les autres. IV 287

Au lieu de vous plaindre de ce que Dieu s’est caché, vous lui rendrez grâces de ce qu’il s’est tant découvert ; et vous lui rendrez grâces encore de ce qu’il ne s’est pas découvert aux sages superbes, indignes de connaître un Dieu si saint. IV 288

Dieu a créé tout pour soi ; a donné puissance de peine et de bien pour soi. V 314

Vous pouvez l’appliquer à Dieu ou à vous. V 314

Si à Dieu, l’Évangile est la règle. V 314

Si à vous, vous tiendrez la place de Dieu. V 314

Comme Dieu est environné de gens pleins de charité, qui lui demandent les biens de la charité qui sont en sa puissance, ainsi… Connaissez-vous donc et sachez que vous n’êtes qu’un roi de concupiscence, et prenez les voies de la concupiscence. V 314

Les vrais chrétiens obéissent aux folies néanmoins ; non pas qu’ils respectent les folies, mais l’ordre de Dieu, qui, pour la punition des hommes, les a asservis à ces folies : Omnis creatura subjecta est vanitati. V 338

Ainsi saint Thomas explique le lieu de saint Jacques sur la préférence des riches, que, s’ils ne le font pas dans la vue de Dieu, ils sortent de l’ordre de la religion. V 338

Le plaisant dieu que voilà ! O ridicolosissimo eroe ! La puissance des mouches : elles gagnent des batailles, empêchent notre âme d’agir, mangent notre corps. VI 366

[J’ai passé longtemps de ma vie en croyant qu’il y avait une justice ; et en cela je ne me trompais pas ; car il y en a, selon que Dieu nous l’a voulu révéler. VI 375

L’Ecclésiaste montre que l’homme sans Dieu est dans l’ignorance de tout, et dans un malheur inévitable. VI 389

Mon Dieu ! que ce sont de sots discours ! « Dieu aurait-il fait le monde pour le damner ? demanderait-il tant de gens si faibles ? etc. » VI 390

C’est une plaisante chose à considérer, de ce qu’il y a des gens dans le monde qui, ayant renoncé à toutes les lois de Dieu et de la nature, s’en sont fait eux-mêmes auxquelles ils obéissent exactement, comme par exemple les soldats de Mahomet, les voleurs, les hérétiques, etc. VI 393

Qu’est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance, sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide, et qu’il essaye inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant des choses absentes le secours qu’il n’obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables, parce que le gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c’est-à-dire que par Dieu même ? Lui seul est son véritable bien, et depuis qu’il l’a quitté, c’est une chose étrange, qu’il n’y a rien dans la nature qui n’ait été capable de lui en tenir la place : astres, ciel, terre, éléments, plantes, choux, poireaux, animaux, insectes, veaux, serpents, fièvre, peste, guerre, famine, vices, adultère, inceste. VII 4251

Et depuis qu’il a perdu le vrai bien, tout également peut lui paraître tel, jusqu’à sa destruction propre, quoique si contraire à Dieu, à la raison et à la nature tout ensemble. VII 4251

Si c’est une marque de faiblesse, de prouver Dieu par la nature, n’en méprisez point l’Écriture ; si c’est une marque de force d’avoir connu ces contrariétés, estimez-en l’Écriture. VII 428

Il faut que, pour rendre l’homme heureux, elle lui montre qu’il y a un Dieu ; qu’on est obligé de l’aimer ; que notre vraie félicité est d’être en lui, et notre unique mal d’être séparé de lui ; qu’elle reconnaisse que nous sommes pleins de ténèbres qui nous empêchent de le connaître et de l’aimer ; et qu’ainsi nos devoirs nous obligeant d’aimer Dieu, et nos concupiscences nous en détournant, nous sommes pleins d’injustice. VII 430

Il faut qu’elle nous rende raison de ces oppositions que nous avons à Dieu et à notre propre bien. VII 430

Sera-ce les philosophes, qui nous proposent pour tout bien les biens qui sont en nous ? Est-ce là le vrai bien ? Ont-ils trouvé le remède à nos maux ? Est-ce avoir guéri la présomption de l’homme que de l’avoir mis à l’égal de Dieu ? Ceux qui nous ont égalés aux bêtes, et les mahométans qui nous ont donné les plaisirs de la terre pour tout bien, même dans l’éternité, ont-ils apporté le remède à nos concupiscences ? Quelle religion nous enseignera donc à guérir l’orgueil et la concupiscence ? Quelle religion enfin nous enseignera notre bien, nos devoirs, les faiblesses qui nous en détournent, la cause de ces faiblesses, les remèdes qui les peuvent guérir, et le moyen d’obtenir ces remèdes ? Toutes les autres religions ne l’ont pu. VII 430

Voyons ce que fera la Sagesse de Dieu. VII 430

L’œil de l’homme voyait alors la majesté de Dieu. VII 430

Votre bien n’est qu’en Dieu et la souveraine félicité consiste à connaître Dieu, à s’unir à lui pour jamais dans l’éternité. VII 430

Comment auraient-ils donné des remèdes à vos maux, qu’ils n’ont pas seulement connus ? Vos maladies principales sont l’orgueil, qui vous soustrait de Dieu, la concupiscence qui vous attache à la terre ; et ils n’ont fait autre chose qu’entretenir au moins l’une de ces maladies. VII 430

S’ils vous ont donné Dieu pour objet, ce n’a été que pour exercer votre superbe : ils vous ont fait penser que vous lui étiez semblables et conformes par votre nature. VII 430

Si on vous unit à Dieu, c’est par grâce, non par nature. VII 430

– Incroyable que Dieu s’unisse à nous ? – Cette considération n’est tirée que de la vue de notre bassesse. VII 430

Car je voudrais savoir d’où cet animal, qui se reconnaît si faible, a le droit de mesurer la miséricorde de Dieu, et d’y mettre les bornes que sa fantaisie lui suggère. VII 430

Il sait si peu ce que c’est que Dieu, qu’il ne sait pas ce qu’il est lui-même ; et, tout troublé de la vue de son propre état, il ose dire que Dieu ne le peut pas rendre capable de sa communication. VII 430

Mais je voudrais lui demander si Dieu demande autre chose de lui, sinon qu’il l’aime en le connaissant ; et pourquoi il croit que Dieu ne peut se rendre connaissable et aimable à lui, puisqu’il est naturellement capable d’amour et de connaissance. VII 430

Donc, s’il voit quelque chose dans les ténèbres où il est, et s’il trouve quelque sujet d’amour parmi les choses de la terre, pourquoi, si Dieu lui donne quelque rayon de son essence, ne serait-il pas capable de le connaître et de l’aimer en la manière qu’il lui plaira se communiquer à nous ? Il y a donc sans doute une présomption insupportable dans ces sortes de raisonnements, quoiqu’ils paraissent fondés sur une humilité apparente, qui n’est ni sincère, ni raisonnable, si elle ne nous fait confesser que, ne sachant de nous-mêmes qui nous sommes, nous ne pouvons l’apprendre que de Dieu. VII 430

« Dieu a voulu racheter les hommes, et ouvrir le salut à ceux qui le chercheraient. VII 430

Mais les hommes s’en rendent si indignes qu’il est juste que Dieu refuse à quelques-uns, à cause de leur endurcissement, ce qu’il accorde aux autres par une miséricorde qui ne leur est pas due. VII 430

Levez vos yeux vers Dieu, disent les uns ; voyez celui auquel vous ressemblez, et qui vous a fait pour l’adorer. VII 431

Que deviendra donc l’homme ? Sera-t-il égal à Dieu ou aux bêtes ? Quelle effroyable distance ! Que serons-nous donc ? Qui ne voit par tout cela que l’homme est égaré, qu’il est tombé de sa place, qu’il la cherche avec inquiétude, qu’il ne la peut plus retrouver ? Et qui l’y adressera donc ? Les plus grands hommes ne l’ont pu. VII 431

Or ce sentiment naturel n’est pas une preuve convaincante de leur vérité, puisque n’y ayant point de certitude, hors la foi, si l’homme est créé par un Dieu bon, par un démon méchant, ou à l’aventure, il est en doute si ces principes nous sont donnés ou véritables, ou faux, ou incertains, selon notre origine. VII 434

Qu’on accorde donc aux pyrrhoniens ce qu’ils ont tant crié, que la vérité n’est pas de notre portée, ni de notre gibier, qu’elle ne demeure pas en terre, qu’elle est domestique du ciel, qu’elle loge dans le sein de Dieu et que l’on ne la peut connaître qu’à mesure qu’il lui plaît de la révéler. VII 434

Écoutez Dieu. VII 434

D’où il paraît que Dieu, voulant nous rendre la difficulté de notre être inintelligible à nous-mêmes, en a caché le nœud si haut, ou pour mieux dire, si bas, que nous étions bien incapables d’y arriver ; de sorte que ce n’est pas par les superbes agitations de notre raison, mais par la simple soumission de la raison, que nous pouvons véritablement nous connaître. VII 434

[Ces fondements, solidement établis sur l’autorité inviolable de la religion, nous font connaître qu’il y a deux vérités de foi également constantes : l’une, que l’homme, dans l’état de la création ou dans celui de la grâce, est élevé au-dessus de toute la nature, rendu comme semblable à Dieu, et participant de sa divinité ; l’autre, qu’en l’état de la corruption et de péché, il est déchu de cet état et rendu semblable aux bêtes. VII 434

Par où il paraît clairement que l’homme, par la grâce, est rendu comme semblable à Dieu, et participant de sa divinité, et que, sans la grâce, il est comme semblable aux bêtes brutes.] VII 434

Si l’homme n’est fait pour Dieu, pourquoi n’est-il heureux qu’en Dieu ? Si l’homme est fait pour Dieu, pourquoi est-il si contraire à Dieu ? Nature corrompue. – VII 438

Pour moi, j’avoue qu’aussitôt que la religion chrétienne découvre ce principe, que la nature des hommes est corrompue et déchue de Dieu, cela ouvre les yeux à voir partout le caractère de cette vérité ; car la nature est telle, qu’elle marque partout un Dieu perdu, et dans l’homme, et hors de l’homme, et une nature corrompue. VII 441

Misdrach Tillim dit la même chose, et que Dieu délivrera la bonne nature de l’homme de la mauvaise. VII 446

L’impie observe le juste, et cherche à le faire mourir ; mais Dieu ne l’abandonnera point. » VII 446

XXXVI : « L’impie a dit en son cœur : Que la crainte de Dieu ne soit point devant moi » ; c’est-à-dire, que la malignité naturelle à l’homme a dit cela à l’impie. VII 446

Dieu doit régner sur tout, et tout se rapporter à lui. VII 460

Aussi Dieu seul donne la sagesse ; et c’est pourquoi : Qui gloriatur, in Domino glorietur. VII 460

[Contre les philosophes qui ont Dieu sans Jésus-Christ.] VII 463

Ils croient que Dieu est seul digne d’être aimé et admiré, et ont désiré d’être aimés et admirés des hommes ; et ils ne connaissent pas leur corruption. VII 463

Quoi ! ils ont connu Dieu, et n’ont pas désiré uniquement que les hommes l’aimassent, mais que les hommes s’arrêtassent à eux ! Ils ont voulu être l’objet du bonheur volontaire des hommes ! Philosophes. – VII 463

Le bonheur n’est ni hors de nous, ni dans nous ; il est en Dieu, et hors et dans nous. VII 465

C’est celui de vouloir ce que Dieu veut ; Jésus-Christ seul y mène : Via, veritas. VII 466

Et ceux-là, s’ils n’avaient jamais ouï parler de la religion d’un Dieu humilié, l’embrasseraient incontinent. VII 468

Comment assurent-ils qu’ils feraient ce qu’ils ignorent ? Ils s’imaginent que cette conversion consiste en une adoration qui se fait de Dieu comme un commerce et une conversion telle qu’ils se la figurent. VII 470

Elle consiste à connaître qu’il y a une opposition invincible entre Dieu et nous, et que, sans un médiateur, il ne peut y avoir de commerce. VII 470

Je dois avertir ceux qui seraient prêts à consentir au mensonge, qu’ils ne le doivent pas croire, quelque avantage qui m’en revienne ; et, de même, qu’ils ne doivent pas s’attacher à moi ; car il faut qu’ils passent leur vie et leurs soins à plaire à Dieu ou à le chercher. VII 471

Il faut n’aimer que Dieu et ne haïr que soi. VII 476

Quand nous voulons penser à Dieu, n’y a-t-il rien qui nous détourne, nous tente de penser ailleurs ? Tout cela est mauvais et né avec nous. VII 478

S’il y a un Dieu, il ne faut aimer que lui, et non les créatures passagères. VII 479

Le raisonnement des impies, dans la Sagesse, n’est fondé que sur ce qu’il n’y a point de Dieu. « VII 479

Mais s’il y avait un Dieu à aimer, ils n’auraient pas conclu cela, mais bien le contraire. VII 479

Et c’est la conclusion des sages : « Il y a un Dieu, ne jouissons donc pas des créatures. » VII 479

Donc tout ce qui nous incite à nous attacher aux créatures est mauvais, puisque cela nous empêche, ou de servir Dieu, si nous le connaissons, ou de le chercher, si nous l’ignorons. VII 479

Or nous sommes pleins de concupiscence ; donc nous sommes pleins de mal ; donc nous devons nous haïr nous-mêmes, et tout ce qui nous excite à autre attache que Dieu seul. VII 479

Dieu ayant fait le ciel et la terre, qui ne sentent point le bonheur de leur être, il a voulu faire des êtres qui le connussent, et qui composassent un corps de membres pensants. VII 482

Le royaume de Dieu est en nous : le bien universel est en nous, est nous-même [sic], et n’est pas nous. VII 485

Toute religion est fausse, qui, dans sa foi, n’adore pas un Dieu comme principe de toutes choses, et qui, dans sa morale, n’aime pas un seul Dieu comme objet de toutes choses. VII 487

… Mais il est impossible que Dieu soit jamais la fin, s’il n’est le principe. VII 488

Elle nous apprend que, par un homme, tout a été perdu, et la liaison rompue entre Dieu et nous, et que, par un homme, la liaison est réparée. VII 489

Nous naissons si contraires à cet amour de Dieu, et il est si nécessaire, qu’il faut que nous naissions coupables, ou Dieu serait injuste. VII 489

Les hommes, n’ayant pas accoutumé de former le mérite, mais seulement le récompenser où ils le trouvent formé, jugent de Dieu par eux-mêmes. VII 490

La vraie religion doit avoir pour marque d’obliger à aimer son Dieu. VII 491

Nulle religion n’a demandé à Dieu de l’aimer et de le suivre. VII 491

Qui ne hait en soi son amour-propre, et cet instinct qui le porte à se faire Dieu, est bien aveuglé. VII 492

Si c’est un aveuglement surnaturel de vivre sans chercher ce qu’on est, c’en est un terrible de vivre mal, en croyant Dieu. VII 495

Contre ceux qui, sur la confiance de la miséricorde de Dieu, demeurent dans la nonchalance, sans faire de bonnes œuvres. – VII 497

Comme les deux sources de nos péchés sont l’orgueil et la paresse, Dieu nous a découvert deux qualités en lui pour les guérir : sa miséricorde et sa justice. VII 497

Et ainsi tant s’en faut que la miséricorde autorise le relâchement, que c’est au contraire la qualité qui le combat formellement ; de sorte qu’au lieu de dire : « S’il n’y avait point en Dieu de miséricorde, il faudrait faire toutes sortes d’efforts pour la vertu » ; il faut dire, au contraire, que c’est parce qu’il y a en Dieu de la miséricorde, qu’il faut faire toutes sortes d’efforts. VII 497

Si nos sens ne s’opposaient pas à la pénitence, et que notre corruption ne [s’opposât] pas à la pureté de Dieu, il n’y aurait en cela rien de pénible pour nous. VII 498

Nous ne souffrons qu’à proportion que le vice, qui nous est naturel, résiste à la grâce surnaturelle ; notre cœur se sent déchiré entre des efforts contraires ; mais il serait bien injuste d’imputer cette violence à Dieu qui nous attire, au lieu de l’attribuer au monde qui nous retient. VII 498

La plus cruelle guerre que Dieu puisse faire aux hommes en cette vie est de les laisser sans cette guerre qu’il est venu apporter. « VII 498

Il n’y a rien de si périlleux que ce qui plaît à Dieu et aux hommes ; car les états qui plaisent à Dieu et aux hommes ont une chose qui plaît à Dieu, et une autre qui plaît aux hommes ; comme la grandeur de sainte Thérèse : ce qui plaît à Dieu est sa profonde humilité dans ses révélations ; ce qui plaît aux hommes sont ses lumières. VII 499

Et ainsi, on se tue d’imiter ses discours, pensant imiter son état ; et pas tant d’aimer ce que Dieu aime, et de se mettre en l’état que Dieu aime. VII 499

Que me servirait de m’en souvenir, si cela peut également me nuire et me servir, et que tout dépend de la bénédiction de Dieu, qu’il ne donne qu’aux choses faites pour lui, et selon ses règles et dans ses voies, la manière étant ainsi aussi importante que la chose, et peut-être plus, puisque Dieu peut du mal tirer le bien, et que sans Dieu on tire le mal du bien ? L’intelligence des mots de bien et de mal. VII 499

Ses passions ainsi dominées sont vertus : l’avarice, la jalousie, la colère, Dieu même se les attribue, et ce sont aussi bien vertus que la clémence, la pitié, la constance, qui sont aussi des passions. VII 502

Les philosophes ont consacré les vices, en les mettant en Dieu même ; les chrétiens ont consacré les vertus. VII 503

[… Privation de l’esprit de Dieu ; et ses actions nous trompent à cause de la parenthèse ou interruption de l’esprit de Dieu en lui ; et [il] se repent en son affliction.] VII 504

Le juste agit par foi dans les moindres choses : quand il reprend ses serviteurs, il souhaite leur conversion par l’esprit de Dieu, et prie Dieu de les corriger, et attend autant de Dieu que de ses répréhensions, et prie Dieu de bénir ses corrections. VII 504

Que Dieu ne nous impute pas nos péchés, c’est-à-dire toutes les conséquences et suites de nos péchés, qui sont effroyables, des moindres fautes, si on veut les suivre sans miséricorde ! Les mouvements de grâce, la dureté de cœur ; les circonstances extérieures. VII 506

La belle chose de crier à un homme qui ne se connaît pas, qu’il aille de lui-même à Dieu ! Et la belle chose de le dire à un homme qui se connaît ! L’homme n’est pas digne de Dieu, mais il n’est pas incapable d’en être rendu digne. VII 509

La belle chose de crier à un homme qui ne se connaît pas, qu’il aille de lui-même à Dieu ! Et la belle chose de le dire à un homme qui se connaît ! L’homme n’est pas digne de Dieu, mais il n’est pas incapable d’en être rendu digne. VII 510

Il est indigne de Dieu de se joindre à l’homme misérable ; mais il n’est pas indigne de Dieu de le tirer de sa misère. VII 510

Si l’on veut dire que l’homme est trop peu pour mériter la communication avec Dieu, il faut être bien grand pour en juger. VII 511

Ainsi si Dieu unissait mon âme à un corps à la Chine, le même corps, idem numero, serait à la Chine. VII 5121

Pourquoi Dieu a établi la prière : 1° Pour communiquer à ses créatures la dignité de la causalité. VII 513

Dieu ne doit que suivant ses promesses. VII 513

Le juste ne devrait donc plus espérer en Dieu, car il ne doit pas espérer, mais s’efforcer d’obtenir ce qu’il demande. VII 514

Concluons donc que, puisque l’homme est iniquité maintenant depuis le premier péché, et que Dieu ne veut pas que ce soit par là qu’il ne s’éloigne pas de lui, ce n’est que par un premier effet qu’il ne s’éloigne pas. VII 514

Donc, ceux qui s’éloignent n’ont pas ce premier sans lequel on ne s’éloigne pas de Dieu, et ceux qui ne s’éloignent pas ont ce premier effet. VII 514

Ensuite Dieu quitte le premier en ce sens… Les élus ignoreront leurs vertus, et les réprouvés la grandeur de leurs crimes : « Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, soif, etc. ? » VII 514

La connaissance de Dieu sans celle de sa misère fait l’orgueil. VII 527

La connaissance de sa misère sans celle de Dieu fait le désespoir. VII 527

La connaissance de Jésus-Christ fait le milieu, parce que nous y trouvons et Dieu et notre misère. VII 527

Jésus-Christ est un Dieu dont on s’approche sans orgueil, et sous lequel on s’abaisse sans désespoir. VII 528

Il faut se tenir en silence autant qu’on peut, et ne s’entretenir que de Dieu, qu’on sait être la vérité ; et ainsi on se la persuade à soi-même. VII 536

Il ordonne à l’homme de reconnaître qu’il est vil, et même abominable, et lui ordonne de vouloir être semblable à Dieu. VII 537

Avec combien peu d’orgueil un chrétien se croit-il uni à Dieu ! avec combien peu d’abjection s’égale-t-il aux vers de la terre ! La belle manière de recevoir la vie et la mort, les biens et les maux ! Quelle différence entre un soldat et un chartreux, quant à l’obéissance ? car ils sont également obéissants et dépendants, et dans des exercices également pénibles. VII 538

Les preuves de Dieu métaphysiques sont si éloignées du raisonnement des hommes, et si impliquées, qu’elles frappent peu ; et quand cela servirait à quelques-uns, cela ne servirait que pendant l’instant qu’ils voient cette démonstration, mais une heure après ils craignent de s’être trompés. VII 543

C’est ce que produit la connaissance de Dieu qui se tire sans Jésus-Christ, qui est de communiquer sans médiateur avec le Dieu qu’on a connu sans médiateur. VII 543

Au lieu que ceux qui ont connu Dieu par médiateur connaissent leur misère. VII 543

Le Dieu des chrétiens est un Dieu qui fait sentir à l’âme qu’il est son unique bien ; que tout son repos est en lui, qu’elle n’aura de joie qu’à l’aimer ; et qui lui fait en même temps abhorrer les obstacles qui la retiennent, et l’empêchent d’aimer Dieu de toutes ses forces. VII 544

Ce Dieu lui fait sentir qu’elle a ce fonds d’amour-propre qui la perd, et que lui seul la peut guérir. VII 544

Dieu par Jésus-Christ. – VII 547

Nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ. VII 547

Sans ce médiateur est ôtée toute communication avec Dieu ; par Jésus-Christ, nous connaissons Dieu. VII 547

Tous ceux qui ont prétendu connaître Dieu et le prouver sans Jésus-Christ n’avaient que des preuves impuissantes. VII 547

En lui et par lui, nous connaissons donc Dieu. VII 547

Hors de là et sans l’Écriture, sans le péché originel, sans médiateur nécessaire promis et arrivé, on ne peut trouver absolument Dieu, ni enseigner ni bonne doctrine ni bonne morale. VII 547

Mais par Jésus-Christ et en Jésus-Christ, on prouve Dieu, et on enseigne la morale et la doctrine. VII 547

Jésus-Christ est donc le véritable Dieu des hommes. VII 547

Ainsi nous ne pouvons bien connaître Dieu qu’en connaissant nos iniquités. VII 547

Aussi ceux qui ont connu Dieu sans connaître leur misère ne l’ont pas glorifié, mais s’en sont glorifiés. VII 547

Non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ, mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus-Christ. VII 548

Hors de Jésus-Christ, nous ne savons ce que c’est ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes. VII 548

Ainsi, sans l’Écriture, qui n’a que Jésus-Christ pour objet, nous ne connaissons rien, et ne voyons qu’obscurité et confusion dans la nature de Dieu et dans la propre nature. VII 548

Il est non seulement impossible, mais inutile de connaître Dieu sans Jésus-Christ. VII 549

J’essaye d’être juste, véritable, sincère et fidèle à tous les hommes ; et j’ai une tendresse de cœur pour ceux à qui Dieu m’a uni plus étroitement ; et soit que je sois seul, ou à la vue des hommes, j’ai en toutes mes actions la vue de Dieu qui les doit juger, et à qui je les ai toutes consacrées. VII 550

Et ainsi Jésus était délaissé seul à la colère de Dieu. VII 553

Jésus ne regarde pas dans Judas son inimitié, mais l’ordre de Dieu qu’il aime, et l’avoue, puisqu’il l’appelle ami. VII 553

Nous implorons la miséricorde de Dieu, non afin qu’il nous laisse en paix dans nos vices, mais afin qu’il nous en délivre. VII 553

Si Dieu nous donnait des maîtres de sa main, oh ! qu’il leur faudrait obéir de bon cœur ! La nécessité et les événements en sont infailliblement. VII 553

Il n’y a nul rapport de moi à Dieu, ni à Jésus-Christ juste. VII 553

Tout le monde fait le dieu en jugeant : « Cela est bon ou mauvais » ; et s’affligeant ou se réjouissant trop des événements. VII 553

Or, je suis Dieu en tout. VII 555

La religion chrétienne consiste en deux points ; il importe également aux hommes de les connaître et il est également dangereux de les ignorer ; et il est également de la miséricorde de Dieu d’avoir donné des marques des deux. VIII 556

Les sages qui ont dit qu’il n’y avait qu’un Dieu ont été persécutés, les Juifs haïs, les chrétiens encore plus. VIII 556

Ils s’imaginent qu’elle consiste simplement en l’adoration d’un Dieu considéré comme grand et puissant et éternel ; ce qui est proprement le déisme, presque aussi éloigné de la religion chrétienne que l’athéisme, qui y est tout à fait contraire. VIII 556

Et de là ils concluent que cette religion n’est pas véritable, parce qu’ils ne voient pas que toutes choses concourent à l’établissement de ce point, que Dieu ne se manifeste pas aux hommes avec toute l’évidence qu’il pourrait faire. VIII 556

Mais qu’ils en concluent ce qu’ils voudront contre le déisme, ils n’en concluront rien contre la religion chrétienne, qui consiste proprement au mystère du Rédempteur, qui unissant en lui les deux natures, humaine et divine, a retiré les hommes de la corruption du péché pour les réconcilier à Dieu en sa personne divine. VIII 556

Elle enseigne donc ensemble aux hommes ces deux vérités : et qu’il y a un Dieu, dont les hommes sont capables, et qu’il y a une corruption dans la nature, qui les en rend indignes. VIII 556

Il importe également aux hommes de connaître l’un et l’autre de ces points ; et il est également dangereux à l’homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître le Rédempteur qui l’en peut guérir. VIII 556

Une seule de ces connaissances fait, ou la superbe des philosophes, qui ont connu Dieu et non leur misère, ou le désespoir des athées, qui connaissent leur misère sans Rédempteur. VIII 556

Et ainsi, comme il est également de la nécessité de l’homme de connaître ces deux points, il est aussi également de la miséricorde de Dieu de nous les avoir fait connaître. VIII 556

On peut donc bien connaître Dieu sans sa misère, et sa misère sans Dieu ; mais on ne peut connaître Jésus-Christ sans connaître tout ensemble et Dieu et sa misère. VIII 556

Et c’est pourquoi je n’entreprendrai pas ici de prouver par des raisons naturelles, ou l’existence de Dieu, ou la Trinité, ou l’immortalité de l’âme, ni aucune des choses de cette nature ; non seulement parce que je ne me sentirais pas assez fort pour trouver dans la nature de quoi convaincre des athées endurcis, mais encore parce que cette connaissance, sans Jésus-Christ, est inutile et stérile. VIII 556

Quand un homme serait persuadé que les proportions des nombres sont des vérités immatérielles, éternelles et dépendantes d’une première vérité en qui elles subsistent, et qu’on appelle Dieu, je ne le trouverais pas beaucoup avancé pour son salut. VIII 556

Le Dieu des chrétiens ne consiste pas en un Dieu simplement auteur des vérités géométriques et de l’ordre des éléments ; c’est la part des païens et des épicuriens. VIII 556

Il ne consiste pas seulement en un Dieu qui exerce sa providence sur la vie et sur les biens des hommes, pour donner une heureuse suite d’années à ceux qui l’adorent ; c’est la portion des Juifs. VIII 556

Mais le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob, le Dieu des chrétiens, est un Dieu d’amour et de consolation ; c’est un Dieu qui remplit l’âme et le cœur de ceux qu’il possède ; c’est un Dieu qui leur fait sentir intérieurement leur misère, et sa miséricorde infinie ; qui s’unit au fond de leur âme ; qui la remplit d’humilité, de joie, de confiance, d’amour ; qui les rend incapables d’autre fin que de lui-même. VIII 556

Tous ceux qui cherchent Dieu hors de Jésus-Christ, et qui s’arrêtent dans la nature, ou ils ne trouvent aucune lumière qui les satisfasse, ou ils arrivent à se former un moyen de connaître Dieu et de le servir sans médiateur, et par là ils tombent ou dans l’athéisme ou dans le déisme, qui sont deux choses que la religion chrétienne abhorre presque également. VIII 556

Si le monde subsistait pour instruire l’homme de Dieu, sa divinité y reluirait de toutes parts d’une manière incontestable ; mais comme il ne subsiste que par Jésus-Christ et pour Jésus-Christ et pour instruire les hommes et de leur corruption et de leur rédemption, tout y éclate des preuves de ces deux vérités. VIII 556

Ce qui y paraît ne marque ni une exclusion totale, ni une présence manifeste de divinité, mais la présence d’un Dieu qui se cache. VIII 556

Quelque parti qu’il prenne, je ne l’y laisserai point en repos… Il est donc vrai que tout instruit l’homme de sa condition, mais il le faut bien entendre : car il n’est pas vrai que tout découvre Dieu, et il n’est pas vrai que tout cache Dieu. VIII 557

Mais il est vrai tout ensemble qu’il se cache à ceux qui le tentent, et qu’il se découvre à ceux qui le cherchent, parce que les hommes sont tout ensemble indignes de Dieu, et capables de Dieu : indignes par leur corruption, capables par leur première nature. VIII 557

Que conclurons-nous de toutes nos obscurités, sinon notre indignité ? S’il n’avait jamais rien paru de Dieu, cette privation éternelle serait équivoque, et pourrait aussi bien se rapporter à l’absence de toute divinité, qu’à l’indignité où seraient les hommes de la connaître ; mais de ce qu’il paraît quelquefois, et non pas toujours, cela ôte l’équivoque. VIII 559

S’il paraît une fois, il est toujours ; et ainsi on n’en peut conclure, sinon qu’il y a un Dieu, et que les hommes en sont indignes. VIII 559

Tout cela nous est inutile à savoir pour en sortir ; et tout ce qu’il nous importe de connaître est que nous sommes misérables, corrompus, séparés de Dieu, mais rachetés par Jésus-Christ ; et c’est de quoi nous avons des preuves admirables sur la terre. VIII 560

Il n’y a rien sur la terre qui ne montre, ou la misère de l’homme, ou la miséricorde de Dieu ; ou l’impuissance de l’homme sans Dieu, ou la puissance de l’homme avec Dieu. VIII 562

On n’entend rien aux ouvrages de Dieu, si on ne prend pour principe qu’il a voulu aveugler les uns, et éclairer les autres. VIII 566

Pour faire réussir tout cela, Dieu a choisi ce peuple charnel, auquel il a mis en dépôt les prophéties qui prédisent le Messie comme libérateur et dispensateur des biens charnels que ce peuple aimait. VIII 571

Voilà donc quelle a été la conduite de Dieu. VIII 571

Car, quand les biens sont promis en abondance, qui les empêchait d’entendre les véritables biens, sinon leur cupidité, qui déterminait ce sens aux biens de la terre ? Mais ceux qui n’avaient de bien qu’en Dieu les rapportaient uniquement à Dieu. VIII 571

Ce n’est pas que la cupidité ne puisse être avec la foi en Dieu, et que la charité ne soit avec les biens de la terre ; mais la cupidité use de Dieu et jouit du monde ; et la charité, au contraire. VIII 571

Ainsi les créatures, quoique bonnes, sont ennemies des justes, quand elles les détournent de Dieu ; et Dieu même est l’ennemi de ceux dont il trouble la convoitise. VIII 571

Les justes l’entendront : car les voies de Dieu sont droites ; mais les méchants y trébucheront. » VIII 571

Conduite générale du monde envers l’Église : Dieu voulant aveugler et éclairer. – VIII 576

Et par là nous voyons l’ordre du monde en cette sorte : les miracles de la création et du déluge s’oubliant, Dieu envoie la loi et les miracles de Moïse, les prophètes qui prophétisent des choses particulières ; et, pour préparer un miracle subsistant, il prépare des prophéties et l’accomplissement ; mais les prophéties pouvant être suspectes, il veut les rendre non suspectes, etc.. VIII 576

Dieu a fait servir l’aveuglement de ce peuple au bien des élus. VIII 577

Si Dieu n’eût permis qu’une seule religion, elle eût été trop reconnaissable ; mais qu’on y regarde de près, on discerne bien la vérité dans cette confusion. VIII 578

Qu’y a-t-il de plus clair, que cela n’a pas été fait de concert ? Dieu (et les apôtres), prévoyant que les semences d’orgueil feraient naître les hérésies, et ne voulant pas leur donner occasion de naître par des termes propres, a mis dans l’Écriture et les prières de l’Église des mots et des sentences contraires pour produire leurs fruits dans le temps. VIII 579

La nature a des perfections pour montrer qu’elle est l’image de Dieu, et des défauts pour montrer qu’elle n’en est que l’image. VIII 580

Dieu veut plus disposer la volonté que l’esprit. VIII 581

On se fait une idole de la vérité même ; car la vérité hors de la charité n’est pas Dieu, et est son image et une idole, qu’il ne faut point aimer, ni adorer ; et encore moins faut-il aimer ou adorer son contraire, qui est le mensonge. VIII 582

Je puis bien aimer l’obscurité totale ; mais, si Dieu m’engage dans un état à demi obscur, ce peu d’obscurité qui y est me déplaît, et, parce que je n’y vois pas le mérite d’une entière obscurité, il ne me plaît pas. VIII 582

C’est un défaut, et une marque que je me fais une idole de l’obscurité, séparée de l’ordre de Dieu. VIII 582

Le monde subsiste pour exercer miséricorde et jugement, non pas comme si les hommes y étaient sortant des mains de Dieu, mais comme des ennemis de Dieu auxquels il donne, par grâce, assez de lumière pour revenir, s’ils le veulent chercher et le suivre, mais pour les punir, s’ils refusent de le chercher ou de le suivre. VIII 584

Que Dieu s’est voulu cacher. – VIII 585

S’il n’y avait qu’une religion, Dieu y serait bien manifeste. VIII 585

Dieu étant ainsi caché, toute religion qui ne dit pas que Dieu est caché n’est pas véritable ; et toute religion qui n’en rend pas la raison n’est pas instruisante. VIII 585

Ainsi, il est non seulement juste, mais utile pour nous que Dieu soit caché en partie, et découvert en partie, puisqu’il est également dangereux à l’homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître Dieu. VIII 586

Car ceux qui par ces signes et cette sagesse ont mérité votre créance, et qui vous ont prouvé leur caractère, vous déclarent que rien de tout cela ne peut nous changer, et nous rendre capables de connaître et aimer Dieu, que la vertu de la folie de la croix, sans sagesse ni signes ; et non point les signes sans cette vertu. VIII 587

?Païens???Mahomet ? Ignorance de Dieu Fausseté des autres religions. – IX 591

Dieu défie les autres religions de produire de telles marques ; Isaïe, XLIII, 9 ; XLIV, 8. IX 592

Jésus-Christ, selon les chrétiens charnels, est venu nous dispenser d’aimer Dieu, et nous donner des sacrements qui opèrent tout sans nous. IX 607

Les vrais Juifs et les vrais chrétiens ont toujours attendu un Messie qui les ferait aimer Dieu, et, par cet amour, triompher de leurs ennemis. IX 607

Les païens ne connaissent point Dieu, et n’aiment que la terre. IX 608

Les Juifs connaissent le vrai Dieu, et n’aiment que la terre. IX 608

Les Chrétiens connaissent le vrai Dieu, et n’aiment point la terre. IX 608

Les Juifs et les Chrétiens connaissent le même Dieu. IX 608

Deux sortes d’hommes en chaque religion : parmi les païens, des adorateurs des bêtes, et les autres, adorateurs d’un seul Dieu dans la religion naturelle ; parmi les Juifs, les charnels, et les spirituels, qui étaient les Chrétiens de la loi ancienne ; parmi les Chrétiens, les grossiers qui sont les Juifs de la loi nouvelle. IX 609

Des Juifs charnels attendaient un Messie charnel ; les Chrétiens grossiers croient que le Messie les a dispensés d’aimer Dieu ; les vrais Juifs et les vrais Chrétiens adorent un Messie qui les fait aimer Dieu. IX 609

Je dis : Qu’elle ne consistait en aucune de ces choses ; mais seulement en l’amour de Dieu, et que Dieu réprouvait toutes les autres choses ; Que Dieu n’acceptait point la postérité d’Abraham ; Que les Juifs seront punis de Dieu, comme les étrangers s’ils l’offensent. IX 610

VIII, 19 : « Si vous oubliez Dieu, et que vous suiviez des dieux étrangers, je vous prédis que vous périrez de la même manière que les nations que Dieu a exterminées devant vous » ; Que les étrangers seront reçus de Dieu comme ces Juifs, s’ils l’aiment, Isaïe, LVI, 3 : « Que l’étranger ne dise pas : “Le Seigneur ne me recevra pas.” IX 610

Les étrangers qui s’attachent à Dieu seront pour le servir et l’aimer : je les mènerai en ma sainte montagne, et recevrai d’eux des sacrifices, car ma maison est la maison d’oraison » ; Que les vrais Juifs ne considéraient leur mérite que de Dieu, et non d’Abraham, Isaïe, LXIII, 16 : « Vous êtes véritablement notre père, et Abraham ne nous a pas connus et Israël n’a pas eu de connaissance de nous ; mais c’est vous qui êtes notre père et notre rédempteur. » – IX 610

Moïse même leur a dit que Dieu n’accepterait pas les personnes. IX 610

X, 17 : « Dieu, dit-il, n’accepte pas les personnes ni les sacrifices. » – IX 610

IV, 4 : « Soyez circoncis de cœur ; retranchez les superfluités de votre cœur, et ne vous endurcissez plus ; car votre Dieu est un Dieu grand, puissant et terrible, qui n’accepte pas les personnes » ; Que Dieu dit qu’il le ferait un jour. IX 610

XXX, 6 : « Dieu te circoncira le cœur et à tes enfants afin que tu l’aimes de tout ton cœur » ; Que les incirconcis de cœur seront jugés. IX 610

IX, 26 : car Dieu jugera les peuples incirconcis et tout le peuple d’Israël, parce qu’il est « incirconcis de cœur » ; Que l’extérieur ne sert rien sans l’intérieur. IX 610

L’amour de Dieu est recommandé en tout le Deutéronome. IX 610

XXX, 19 : « Je prends à témoin le ciel et la terre que j’ai mis devant vous la mort et la vie, afin que vous choisissiez la vie, et que vous aimiez Dieu et que vous lui obéissiez, car c’est Dieu qui est votre vie » ; Que les Juifs, manque de cet amour, seraient réprouvés pour leurs crimes, et les païens élus en leur place, Os., IX 610

Isaïe, LXV, 1 ; Que les biens temporels sont faux, et que le vrai bien est d’être uni à Dieu. IX 610

CXLIII, 15 ; Que leurs fêtes déplaisent à Dieu. IX 610

Amos, V, 21 ; Que les sacrifices des Juifs déplaisent à Dieu. IX 610

Michée, admirablement, VI, 6-8 ; I Rois, XV, 225 ; Osée, VI, 6 ; Que les sacrifices des païens seront reçus de Dieu, et que Dieu retirera sa volonté des sacrifices des Juifs. IX 610

I, 11 ; Que Dieu fera une nouvelle alliance par le Messie, et que l’ancienne sera rejetée. IX 610

La république chrétienne, et même judaïque, n’a eu que Dieu pour maître, comme remarque Philon juif, De la monarchie. IX 611

Quand ils combattaient, ce n’était que pour Dieu ; [ils] n’espéraient principalement que de Dieu ; ils ne considéraient leurs villes que comme étant à Dieu, et les conservaient pour Dieu. IX 611

Cette religion, qui consiste à croire que l’homme est déchu d’un état de gloire et de communication avec Dieu en un état de tristesse, de pénitence et d’éloignement de Dieu, mais qu’après cette vie nous serons rétablis par un Messie qui devait venir, a toujours été sur la terre. IX 613

Abraham était environné d’idolâtres, quand Dieu lui a fait connaître le mystère du Messie, qu’il a salué de loin. IX 613

Au temps d’Isaac et de Jacob, l’abomination était répandue sur toute la terre ; mais ces saints vivaient en la foi ; et Jacob mourant et bénissant ses enfants, s’écrie, par un transport qui lui fait interrompre son discours : « J’attends, ô mon Dieu ! le Sauveur que vous avez promis : Salutare tuum exspectabo, Domine. » IX 613

Les Égyptiens étaient infectés et d’idôlatrie et de magie ; le peuple de Dieu même était entraîné par leurs exemples ; mais cependant Moïse et d’autres croyaient celui qu’ils ne voyaient pas et l’adoraient en regardant aux dons éternels qu’il leur préparait. IX 613

Mille fois elle a été à la veille d’une destruction universelle ; et toutes les fois qu’elle a été dans cet état, Dieu l’a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance. IX 613

Pendant que tous les philosophes se séparent en différentes sectes, il se trouve en un coin du monde des gens qui sont les plus anciens du monde, déclarant que tout le monde est dans l’erreur, que Dieu leur a révélé la vérité, qu’elle sera toujours sur la terre. IX 618

Ils déclarent qu’ils tiennent de leurs ancêtres que l’homme est déchu de la communication avec Dieu, dans un entier éloignement de Dieu, mais qu’il a promis de les racheter ; que cette doctrine serait toujours sur la terre ; que leur loi a double sens ; que, durant mille six cents ans, ils ont eu des gens qu’ils ont crus prophètes, qui ont prédit le temps et la manière ; que quatre cents ans après ils ont été épars partout, puisque Jésus-Christ devait être annoncé partout, que Jésus-Christ est venu en la manière et au temps prédits ; que, depuis, les Juifs sont épars, partout en malédiction et subsistant néanmoins. IX 618

Je trouve donc ce peuple grand et nombreux, sorti d’un seul homme, qui adore un seul Dieu, et qui se conduit par une loi qu’ils disent tenir de sa main. IX 619

Ils soutiennent qu’ils sont les seuls du monde auxquels Dieu a révélé ses mystères ; que tous les hommes sont corrompus et dans la disgrâce de Dieu ; qu’ils sont tous abandonnés à leurs sens et à leur propre esprit ; et que de là viennent les étranges égarements et les changements continuels qui arrivent entre eux, et de religions, et de coutumes, – au lieu qu’ils demeurent inébranlables dans leur conduite ; – mais que Dieu ne laissera pas éternellement les autres peuples dans ces ténèbres ; qu’il viendra un libérateur pour tous ; qu’ils sont au monde pour l’annoncer aux hommes ; qu’ils sont formés exprès pour être les avant-coureurs et les hérauts de ce grand avènement, et pour appeler tous les peuples à s’unir à IX 619

Ils soutiennent qu’ils sont les seuls du monde auxquels Dieu a révélé ses mystères ; que tous les hommes sont corrompus et dans la disgrâce de Dieu ; qu’ils sont tous abandonnés à leurs sens et à leur propre esprit ; et que de là viennent les étranges égarements et les changements continuels qui arrivent entre eux, et de religions, et de coutumes, – au lieu qu’ils demeurent inébranlables dans leur conduite ; – mais que Dieu ne laissera pas éternellement les autres peuples dans ces ténèbres ; qu’il viendra un libérateur pour tous ; qu’ils sont au monde pour l’annoncer aux hommes ; qu’ils sont formés exprès pour être les avant-coureurs et les hérauts de ce grand avènement, et pour appeler tous les peuples à s’unir à eux dans l’attente de ce libérateur. IX 619

Je considère cette loi qu’ils se vantent de tenir de Dieu, et je la trouve admirable. IX 619

Cette famille, ou ce peuple, est le plus ancien qui soit en la connaissance des hommes : ce qui me semble lui attirer une vénération particulière, et principalement dans la recherche que nous faisons, puisque, si Dieu s’est de tout temps communiqué aux hommes, c’est à ceux-ci qu’il faut recourir pour en savoir la tradition. IX 620

La création et le déluge étant passés, et Dieu ne devant plus détruire le monde, non plus que le recréer, ni donner de ces grandes marques de lui, il commença d’établir un peuple sur la terre, formé exprès, qui devait durer jusqu’au peuple que le Messie formerait par son esprit. IX 621

La création du monde commençant à s’éloigner, Dieu a pourvu d’un historien unique contemporain, et a commis tout un peuple pour la garde de ce livre, afin que cette histoire fût la plus authentique du monde et que tous les hommes pussent apprendre par là une chose si nécessaire à savoir, et qu’on ne pût la savoir que par là. IX 622

Je crois que Josué a le premier du peuple de Dieu ce nom, comme Jésus-Christ le dernier du peuple de Dieu. IX 627

Ils portent avec amour et fidélité ce livre où Moïse déclare qu’ils ont été ingrats envers Dieu toute leur vie, qu’il sait qu’ils le seront encore plus après sa mort ; mais qu’il appelle le ciel et la terre à témoin contre eux, et qu’il leur a [enseigné] assez. IX 631

Il déclare qu’enfin Dieu, s’irritant contre eux, les dispersera parmi tous les peuples de la terre ; que, comme ils l’ont irrité en adorant les dieux qui n’étaient point leur Dieu, de même il les provoquera en appelant un peuple qui n’est point son peuple ; et veut que toutes ses paroles soient conservées éternellement et que son livre soit mis dans l’arche de l’alliance pour servir à jamais de témoin contre eux. IX 631

Dieu leur a promis qu’encore qu’il les disperserait aux bouts du monde, néanmoins, s’ils étaient fidèles à sa loi, il les rassemblerait. IX 638

Et tout cela est prédit : que les jugements de Dieu leur sont confiés, mais comme un livre scellé. IX 641

Dieu, voulant faire paraître qu’il pouvait former un peuple saint d’une sainteté invisible et le remplir d’une gloire éternelle, a fait des choses visibles. X 643

L’objet de Dieu n’était pas de sauver du déluge, et de faire naître tout un peuple d’Abraham, pour ne l’introduire que dans une terre grasse. X 643

Dieu a donc montré le pouvoir qu’il a de donner les biens invisibles, par celui qu’il a montré qu’il avait sur les visibles. X 643

Dieu voulant se former un peuple saint, qu’il séparerait de toutes les autres nations, qu’il délivrerait de ses ennemis, qu’il mettrait dans un lieu de repos, a promis de le faire, et a prédit par ses prophètes le temps et la manière de sa venue. X 644

Lorsque ceux qui avaient vu Adam n’ont plus été au monde, Dieu a envoyé Noé, et l’a sauvé, et noyé toute la terre, par un miracle qui marquait assez le pouvoir qu’il avait de sauver le monde, et la volonté qu’il avait de le faire, et de faire naître de la semence de la femme Celui qu’il avait promis. X 644

La mémoire du déluge étant si fraîche parmi les hommes, lorsque Noé vivait encore, Dieu fit ses promesses à Abraham et lorsque Sem vivait encore, Dieu envoya Moïse, etc. X 644

Dieu voulant priver les siens des biens périssables, pour montrer que ce n’était pas par impuissance, il a fait le peuple juif. X 645

En Dieu la parole ne diffère pas de l’intention, car il est véritable ; ni la parole de l’effet, car il est puissant ; ni les moyens de l’effet, car il est sage. X 654

Cette règle est générale : Dieu peut tout, hormis les choses lesquelles s’il les pouvait il ne serait pas tout-puissant, comme mourir, être trompé et mentir, etc. X 654

Pour montrer que l’Ancien Testament n’est que figuratif, et que les prophètes entendaient par les biens temporels d’autres biens, c’est : Premièrement que cela serait indigne de Dieu ; Secondement que leurs discours expriment très clairement la promesse des biens temporels, et qu’ils disent néanmoins que leurs discours sont obscurs, et que leur sens ne sera point entendu. X 659

Où est Dieu ? où vous n’êtes pas, et le royaume de Dieu est dans vous. X 660

Dieu s’est servi de la concupiscence des Juifs pour les faire servir à Jésus-Christ [qui portait le remède à la concupiscence]. X 664

Nos prières et nos vertus sont abominables devant Dieu, si elles ne sont les prières et vertus de Jésus-Christ. X 668

Et nos péchés ne seront jamais l’objet de la [miséricorde], mais de la justice de Dieu, s’ils ne sont [ceux de] Jésus-Christ. X 668

Nous en avions pour règle notre volonté, prenons maintenant la volonté de [Dieu] : tout ce qu’il veut nous est bon et juste, tout ce qu’il ne veut [pas, mauvais ]. X 668

Tout ce que Dieu ne veut pas est défendu. X 668

Les péchés sont défendus par la déclaration générale que Dieu a faite, qu’il ne les voulait pas. X 668

Car quand Dieu en éloigne quelqu’une de nous, et que par l’événement qui est une manifestation de la volonté de Dieu, il paraît que Dieu ne veut pas que nous ayons une chose, cela nous est défendu alors comme le péché, puisque la volonté de Dieu est que nous n’ayons non plus l’un que l’autre. X 668

Il y a cette différence seule entre ces deux choses, qu’il est sûr que Dieu ne voudra jamais le péché, au lieu qu’il ne l’est pas qu’il ne voudra jamais l’autre. X 668

Mais tandis que Dieu ne la veut pas, nous la devons regarder comme péché ; tandis que l’absence de la volonté de Dieu, qui est seule toute la bonté et toute la justice, la rend injuste et mauvaise. X 668

Après sa mort, saint Paul est venu apprendre aux hommes que toutes ces choses étaient arrivées en figures ; que le royaume de Dieu ne consistait pas en la chair, mais en l’esprit ; que les ennemis des hommes n’étaient pas les Babyloniens, mais les passions ; que Dieu ne se plaisait pas aux temples faits de main, mais en un cœur pur et humilié ; que la circoncision du corps était inutile, mais qu’il fallait celle du cœur ; que Moïse ne leur avait pas donné le pain du ciel, etc. X 670

Mais Dieu n’ayant pas voulu découvrir ces choses à ce peuple, qui en était indigne, et ayant voulu néanmoins les prédire afin qu’elles fussent crues, il en a prédit le temps clairement, et les a quelquefois exprimées clairement, mais abondamment, en figures, afin que ceux qui aimaient les choses figurantes s’y arrêtassent, et que ceux qui aimaient les figurées les y vissent. X 670

Dieu diversifie ainsi cet unique précepte de charité, pour satisfaire notre curiosité qui recherche la diversité, par cette diversité qui nous mène toujours à notre unique nécessaire. X 670

Car une seule chose est nécessaire, et nous aimons la diversité ; et Dieu satisfait à l’un et à l’autre par ces diversités, qui mènent au seul nécessaire. X 670

Quand saint Pierre et les apôtres délibèrent d’abolir la circoncision, où il s’agissait d’agir contre la loi de Dieu, ils ne consultent point les prophètes, mais simplement la réception du Saint-Esprit en la personne des incirconcis. X 672

Ils jugent plus sûr que Dieu approuve ceux qu’il remplit de son Esprit, que non pas qu’il faille observer la loi. X 672

Car les biens visibles qu’ils recevaient de Dieu étaient si grands et si divins, qu’il paraissait bien qu’il était puissant de leur donner les invisibles et un Messie. X 675

Dieu a donc montré en la sortie d’Égypte, de la mer, en la défaite des rois, en la manne, en toute la généalogie d’Abraham, qu’il était capable de sauver, de faire descendre le pain du ciel, etc. ; X 675

Dans ces promesses-là, chacun trouve ce qu’il a dans le fond de son cœur, les biens temporels et les biens spirituels, Dieu ou les créatures ; mais avec cette différence que ceux qui y cherchent les créatures les y trouvent, mais avec plusieurs contradictions, avec la défense de les aimer, avec l’ordre de n’adorer que Dieu et de n’aimer que lui, ce qui n’est qu’une même chose, et qu’enfin il n’est point venu Messie pour eux ; au lieu que ceux qui y cherchent Dieu le trouvent, et sans aucune contradiction, avec commandement de n’aimer que lui, et qu’il est venu un Messie dans le temps prédit pour leur donner les biens qu’ils demandent. X 675

Ainsi les Juifs avaient des miracles, des prophéties qu’ils voyaient accomplir ; et la doctrine de leur loi était de n’adorer et de n’aimer qu’un Dieu ; elle était aussi perpétuelle. X 675

Or, la doctrine des Juifs n’était pas vraie, quoiqu’elle eût les miracles, les prophéties, et la perpétuité, parce qu’elle n’avait pas cet autre point de n’adorer et de n’aimer que Dieu. X 675

Quand on surprend une lettre importante où l’on trouve un sens clair, et où il est dit néanmoins que le sens en est voilé et obscurci, qu’il est caché en sorte qu’on verra cette lettre sans la voir et qu’on l’entendra sans l’entendre ; que doit-on penser, sinon que c’est un chiffre à double sens, et d’autant plus qu’on y trouve des contrariétés manifestes dans le sens littéral ? Les prophètes ont dit clairement qu’Israël serait toujours aimé de Dieu, et que la loi serait éternelle, et ils ont dit que l’on n’entendrait point leur sens, et qu’il était voilé. X 678

Ils nous ont appris pour cela que les ennemis de l’homme sont ses passions ; que le Rédempteur serait spirituel et son règne spirituel ; qu’il y aurait deux avènements : l’un de misère pour abaisser l’homme superbe, l’autre de gloire, pour élever l’homme humilié ; que Jésus-Christ serait Dieu et homme. X 678

Deux grandes ouvertures sont celles-là : 1° toutes choses leur arrivaient en figures : vere Israelita, vere liberi, vrai pain du ciel ; 2° un Dieu humilié jusqu’à la Croix : il a fallu que le Christ ait souffert pour entrer dans sa gloire : « qu’il vaincrait la mort par sa mort ». X 679

Qu’on lise le vieil Testament en cette vue, et qu’on voie si les sacrifices étaient vrais, si la parenté d’Abraham était la vraie cause de l’amitié de Dieu, si la Terre promise était le véritable lieu de repos ? Non ; donc c’étaient des figures. X 680

Changement de bien en mal, et vengeance de Dieu, X, 1 ; XXVI, 20 ; XXVIII, 1. – X 682

Un Dieu humilié. X 683

XX, dit qu’on vivra dans les commandements de Dieu et qu’on n’y vivra pas. X 684

Si la loi et les sacrifices sont la vérité, il faut qu’elle plaise à Dieu, et qu’elle ne lui déplaise point. X 685

Il est dit que la loi sera changée, que le sacrifice sera changé ; qu’ils seront sans loi, sans prince et sans sacrifice ; qu’il sera fait une nouvelle alliance ; que la loi sera renouvelée ; que les préceptes qu’ils ont reçus ne sont pas bons ; que leurs sacrifices sont abominables ; que Dieu n’en a point demandé. X 685

Quand la parole de Dieu, qui est véritable, est fausse littéralement, elle est vraie spirituellement. X 687

En ces expressions, il est parlé de Dieu à la manière des hommes ; et cela ne signifie autre chose, sinon que l’intention que les hommes ont en faisant s’asseoir à leur droite, Dieu l’aura aussi ; c’est donc une marque de l’intention de Dieu, non de sa manière de l’exécuter. X 687

Ainsi quand il dit : « Dieu a reçu l’odeur de vos parfums et vous donnera en récompense une terre grasse » ; c’est-à-dire la même intention qu’aurait un homme qui, agréant vos parfums, vous donnerait en récompense une terre grasse, Dieu aura la même intention pour vous, parce que vous avez eu pour [lui] la même intention qu’un homme a pour celui à qui il donne des parfums. X 687

Ainsi, iratus est, « Dieu jaloux », etc. X 687

Car les choses de Dieu étant inexprimables, elles ne peuvent être dites autrement, et l’Église aujourd’hui en use encore : Quia confortavit seras, etc. X 687

XXX) promet que Dieu circoncira leur cœur pour les rendre capables de l’aimer. X 689

Un mot de David ou de Moïse, comme « que Dieu circoncira les cœurs », fait juger de leur esprit. X 690

Il y en a qui voient bien qu’il n’y a pas d’autre ennemi de l’homme que la concupiscence, qui le détourne de Dieu, et non pas Dieu ; ni d’autre bien que Dieu, et non pas une terre grasse. X 692

Mais ceux qui cherchent Dieu de tout leur cœur, qui n’ont de déplaisir que d’être privés de sa vue, qui n’ont de désir que pour le posséder, et d’ennemis que ceux qui les en détournent, qui s’affligent de se voir environnés et dominés de tels ennemis, – qu’ils se consolent, je leur annonce une heureuse nouvelle : il y a un libérateur pour eux ; je le leur ferai voir ; je leur montrerai qu’il y a un Dieu pour eux ; je ne le ferai pas voir aux autres. X 692

Pour moi, je n’ai pu y prendre d’attache et, considérant combien il y a plus d’apparence qu’il y a autre chose que ce que je vois, j’ai recherché si ce Dieu n’aurait point laissé quelque marque de soi. XI 693

C’est aussi à quoi Dieu a le plus pourvu ; car l’événement qui les a remplies est un miracle subsistant depuis la naissance de l’Église jusques à la fin. XI 706

Aussi Dieu a suscité les prophètes durant seize cents ans ; et, pendant quatre cents ans après, il a dispersé toutes ces prophéties, avec tous les Juifs qui les portaient, dans tous les lieux du monde. XI 706

Il est bien plus glorieux au Messie qu’ils soient les spectateurs, et même les instruments de sa gloire, outre que Dieu les avait réservés. XI 707

Moïse, qui a écrit toutes ces choses si longtemps avant qu’elles fussent arrivées, a fait lui-même à chaque famille les partages de cette terre avant que d’y entrer, comme s’il en eût été maître, [et déclare enfin que Dieu doit susciter de leur nation et de leur race un prophète, dont il a été la figure, et leur prédit exactement tout ce qui leur devait arriver dans la terre où ils allaient entrer après sa mort, les victoires que Dieu leur donnera, leur ingratitude envers Dieu, les punitions qu’ils en recevront, et le reste de leurs aventures]. XI 711

Isaïe, XXIX : « Soyez confus et surpris, peuple d’Israël ; chancelez, trébuchez et soyez ivre, mais non pas d’une ivresse de vin ; trébuchez, mais non pas d’ivresse, car Dieu vous a préparé l’esprit d’assoupissement : il vous voilera les yeux, il obscurcira vos princes et vos prophètes qui ont les visions. » ( XI 713

Et le Seigneur m’a dit : Parce que ce peuple m’honore des lèvres, mais que son cœur est bien loin de moi (en voilà la raison et la cause ; car s’ils adoraient Dieu de cœur, ils entendraient les prophéties), et qu’ils ne m’ont servi que par des voies humaines : c’est pour cette raison que j’ajouterai à tout le reste d’amener sur ce peuple une merveille étonnante, et un prodige grand et terrible ; c’est que la sagesse des sages périra, et leur intelligence en sera obs[curcie]. XI 713

Chantez-les en un cantique nouveau à Dieu par toute la terre. XI 713

Ainsi j’en prendrai de Jacob et de Juda pour posséder mes montagnes, que mes élus et mes serviteurs avaient en héritage, et mes campagnes fertiles et admirablement abondantes ; mais j’exterminerai tous les autres, parce que vous avez oublié votre Dieu, pour servir des dieux étrangers. XI 713

Le Seigneur vous exterminera, et nommera ses serviteurs d’un autre nom dans lequel celui qui sera béni sur la terre sera béni en Dieu, etc., XI 713

« Et que les étrangers qui s’attachent à moi ne disent point : Dieu me séparera d’avec son peuple. XI 713

Jérémie, VII, 22 : « À quoi vous sert-il d’ajouter sacrifice sur sacrifice ? Quand je retirai vos pères hors d’Égypte, je ne leur parlai pas des sacrifices et des holocaustes ; je ne leur en donnai aucun ordre et le précepte que je leur ai donné a été en cette sorte : Soyez obéissants et fidèles à mes commandements, et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. ( XI 713

Juifs témoins de Dieu. XI 714

Et il y a un Dieu au Ciel, qui le peut, et qui vous a révélé dans votre songe les choses qui doivent arriver dans les derniers temps. ( XI 722

« Et ce n’est point par ma propre science que j’ai eu connaissance de ce secret, mais par la révélation de ce même Dieu, qui me l’a découverte pour la rendre manifeste en votre présence. XI 722

« Vous qui êtes le plus grand des rois et à qui Dieu a donné une puissance si étendue que vous êtes redoutable à tous les peuples, vous êtes représenté par la tête d’or que vous avez vue. XI 722

« Or ce sera dans le temps de ces monarques, que Dieu suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, ni jamais transporté à un autre peuple. XI 722

Voilà ce que Dieu vous a découvert des choses qui doivent arriver dans la suite des temps. XI 722

Daniel, IX, 20 : « Comme je priais Dieu de tout cœur, et qu’en confessant mon péché et celui de tout mon peuple, j’étais prosterné devant mon Dieu, voici que Gabriel, lequel j’avais vu en vision dès le commencement, vint à moi et me toucha, au temps du sacrifice du vêpre, et, me donnant l’intelligence, me dit : Daniel, je suis venu à vous pour vous ouvrir la connaissance des choses. XI 722

Qu’en la quatrième monarchie, avant la destruction du second temple, avant que la domination des Juifs fût ôtée, en la septante semaine de Daniel, pendant la durée du second temple, les païens seraient instruits, et amenés à la connaissance du Dieu adoré par les Juifs ; que ceux qui l’aiment seraient délivrés de leurs ennemis, et remplis de sa crainte et de son amour. XI 724

Depuis deux mille années aucun païen n’avait adoré le Dieu des Juifs ; et dans le temps prédit, la foule des païens adore cet unique Dieu. XI 724

Qu’est-ce tout cela ? C’est l’esprit de Dieu qui est répandu sur la terre. XI 724

La conversion des Égyptiens (Isaïe, XIX, 19) ; un autel en Égypte au vrai Dieu. XI 725

659, Talmud : « C’est une tradition entre nous que, quand le Messie arrivera, la maison de Dieu, destinée à la dispensation de sa parole, sera pleine d’ordure et d’impureté, et que la sagesse des scribes sera corrompue et pourrie. XI 726

Que le ciel en rende gloire à Dieu ; que la terre s’en réjouisse, parce qu’il a plu au Seigneur de consoler son peuple, et qu’il aura enfin pitié des pauvres qui espèrent en lui. XI 726

« Celui qui me justifie est avec moi : qui osera m’accuser de péché, Dieu étant lui-même mon protecteur ? « Tous les hommes passeront et seront consommés par le temps ; que ceux qui craignent Dieu écoutent donc les paroles de son serviteur ; que celui qui languit dans les ténèbres mette sa confiance au Seigneur. XI 726

Mais pour vous, vous ne faites qu’embraser la colère de Dieu sur vous, vous marchez sur les brasiers et entre les flammes que vous-mêmes vous avez allumées. XI 726

Amos, VIII : « Le prophète ayant fait un dénombrement des péchés d’Israël, dit que Dieu a juré d’en faire la vengeance. XI 726

« Et leurs vierges et leurs jeunes hommes périront en cette soif, eux qui ont suivi les idoles de Samarie, qui ont juré par le Dieu adoré en Dan, et qui ont suivi le culte de Bersabée ; ils tomberont et ne se relèveront jamais de leur chute. » XI 726

Dieu doit faire de cette pierre le chef du coin. XI 727

Osée, I, 9 : « Vous ne serez plus mon peuple, et je ne serai plus votre Dieu, après que vous serez multipliés de la dispersion. XI 727

Qui ne voit la loi chrétienne en tout cela ? … Qu’alors l’idolâtrie serait renversée ; que ce Messie abattrait toutes les idoles, et ferait entrer les hommes dans le culte du vrai Dieu. XI 730

Que Jésus-Christ sera à la droite, pendant que Dieu lui assujettira ses ennemis. XI 731

« … Qu’alors on n’enseignera plus son prochain, disant : Voici le Seigneur, car Dieu se fera sentir à tous. » – « XI 732

Prophétiser, c’est parler de Dieu, non par preuves du dehors, mais par sentiment intérieur et immédiat. XI 732

Que les Juifs réprouveraient Jésus-Christ et qu’ils seraient réprouvés de Dieu, par cette raison. XI 735

Que Dieu les frappera d’aveuglement, et qu’ils tâtonneraient en plein midi comme les aveugles. XI 735

Il est juste qu’un Dieu si pur ne se découvre qu’à ceux dont le cœur est purifié. XII 737

Les deux plus anciens livres du monde sont Moïse et Job, l’un juif, l’autre païen, qui tous deux regardent Jésus-Christ comme leur centre commun et leur objet : Moïse, en rapportant les promesses de Dieu à Abraham, Jacob, etc., XII 741

Que disent les prophètes de Jésus-Christ ? Qu’il sera évidemment Dieu ? Non ; mais qu’il est un Dieu véritablement caché ; qu’il sera méconnu ; qu’on ne pensera point que ce soit lui ; qu’il sera une pierre d’achoppement, à laquelle plusieurs heurteront, etc. XII 751

Dieu, pour rendre le Messie connaissable aux bons et méconnaissable aux méchants, l’a fait prédire en cette sorte. XII 758

Les Juifs, en éprouvant s’il était Dieu, ont montré qu’il était homme. XII 763

L’Église a eu autant de peine à montrer que Jésus-Christ était homme, contre ceux qui le niaient, qu’à montrer qu’il était Dieu ; et les apparences étaient aussi grandes. XII 764

Un Dieu humilié, et jusqu’à la mort de la croix, un Messie triomphant de la mort par sa mort. XII 765

Il devait lui seul produire un grand peuple, élu, saint et choisi ; le conduire, le nourrir, l’introduire dans le lieu de repos et de sainteté ; le rendre saint à Dieu ; en faire le temple de Dieu, le réconcilier à Dieu, le sauver de la colère de Dieu, le délivrer de la servitude du péché, qui règne visiblement dans l’homme ; donner des lois à ce peuple, graver ces lois dans leur cœur, s’offrir à Dieu pour eux, se sacrifier pour eux, être une hostie sans tache, et lui-même sacrificateur : devant s’offrir lui-même, son corps et son sang, et néanmoins offrir pain et vin à Dieu… Ingrediens mundum. XII 766

Il aime ses proches, mais sa charité ne se renferme pas dans ces bornes, et se répand sur ses ennemis, et puis sur ceux de Dieu. XII 767

Les Juifs vont être rebutés, Jérusalem sera bientôt détruite ; et les païens vont entrer dans la connaissance de Dieu. XII 770

Et puis les apôtres ont dit aux Juifs : « Vous allez être maudits » (Celsus s’en moquait ) ; et aux païens : « Vous allez entrer dans la connaissance de Dieu. » XII 770

Si on se connaissait, Dieu guérirait et pardonnerait. XII 779

… Alors Jésus-Christ vient dire aux hommes qu’ils n’ont point d’autres ennemis qu’eux-mêmes, que ce sont leurs passions qui les séparent de Dieu, qu’il vient pour les détruire, et pour leur donner sa grâce, afin de faire d’eux tous une Église sainte, qu’il vient ramener dans cette Église les païens et les Juifs, qu’il vient détruire les idoles des uns et la superstition des autres. XII 783

Jésus-Christ n’a point voulu du témoignage des démons, ni de ceux qui n’avaient pas vocation ; mais de Dieu et Jean-Baptiste. XII 784

Car il est par sa gloire tout ce qu’il y a de grand, étant Dieu, et par sa vie mortelle tout ce qu’il y a de chétif et d’abject. XII 785

La grandeur de la sagesse, qui n’est nulle sinon de Dieu, est invisible aux charnels et aux gens d’esprit. XII 793

Ils sont vus de Dieu et des anges, et non des corps ni des esprits curieux : Dieu leur suffit. XII 793

Il n’a point donné d’invention, il n’a point régné ; mais il a été humble, patient, saint, saint à Dieu, terrible aux démons, sans aucun péché. XII 793

Toujours ou les hommes ont parlé du vrai Dieu, ou le vrai Dieu a parlé aux hommes. XIII 807

Nicodème reconnaît, par ses miracles, que sa doctrine est de Dieu : Scimus quia venisti a Deo magister ; nemo enim potest haec signa facere quae tu facis nisi Deus fuerit cum eo. XIII 808

Les Juifs avaient une doctrine de Dieu comme nous en avons une de Jésus-Christ, et confirmée par miracles ; et défense de croire à tous faiseurs de miracles, et, de plus, ordre de recourir aux grands-prêtres, et de s’en tenir à eux. XIII 808

Si Dieu favorisait la doctrine qui détruit l’Église, il serait divisé : Omne regnum divisum. XIII 820

Car Jésus-Christ agissait contre le diable et détruisait son empire sur les cœurs, dont l’exorcisme est la figuration, pour établir le royaume de Dieu. XIII 820

Dieu tente, mais il n’induit pas en erreur. XIII 821

Tenter est procurer les occasions, qui n’imposant point de nécessité, si on n’aime pas Dieu, on fera une certaine chose. XIII 821

Dieu n’a jamais laissé ses vrais adorateurs. XIII 822

Plus on particularise, Dieu, Jésus-Christ, l’Église… S’il n’y avait point de faux miracles, il y aurait certitude. XIII 822

Ou Dieu a confondu les faux miracles, ou il les a prédits ; et, par l’un et par l’autre, il s’est élevé au-dessus de ce qui est surnaturel à notre égard, et nous y a élevés nous-mêmes. XIII 824

Quoi donc ? Dieu parle-t-il contre les miracles, contre les fondements de la foi qu’on a en lui ? S’il y a un Dieu, il fallait que la foi de Dieu fût sur la terre. XIII 826

Jamais en la contention du vrai Dieu, de la vérité de la religion, il n’est arrivé de miracle du côté de l’erreur, et non de la vérité. XIII 827

Alii : Quomodo potest homo peccator haec signa facere ? Lequel est le plus clair ? Cette maison n’est pas de Dieu ; car on n’y croit pas que les cinq propositions soient dans Jansénius. – XIII 834

Les autres : cette maison est de Dieu, car il y fait d’étranges miracles. XIII 834

Dans le vieux Testament, quand on vous détournera de Dieu. XIII 835

Ils eussent péché en n’excluant pas ceux qui niaient Dieu, et eussent péché d’exclure ceux qui ne niaient pas Dieu. XIII 835

Il faut voir s’il nie un Dieu, ou Jésus-Christ, ou l’Église. XIII 835

C’est une chose si visible, qu’il faut aimer un seul Dieu, qu’il ne faut pas de miracles pour le prouver. XIII 837

Il avait été dit aux Juifs, aussi bien qu’aux Chrétiens, qu’ils ne crussent pas toujours les prophètes ; mais néanmoins, les pharisiens et les scribes font grand état de ses miracles, et essayent de montrer qu’ils sont faux, ou faits par le diable : étant nécessité d’être convaincus, s’ils reconnaissent qu’ils sont de Dieu. XIII 839

Il est pourtant bien facile à faire : ceux qui ne nient ni Dieu, ni Jésus-Christ, ne font point de miracles qui ne soient sûrs. XIII 839

Voici que Dieu choisit lui-même cette maison pour y faire éclater sa puissance. XIII 839

C’est Dieu même ; c’est l’instrument de la Passion de son Fils unique, qui, étant en plusieurs lieux, choisit celui-ci, et fait venir de tous côtés les hommes pour y recevoir ces soulagements miraculeux dans leurs langueurs. XIII 839

Ces filles, étonnées de ce qu’on dit, qu’elles sont dans la voie de perdition ; que leurs confesseurs les mènent à Genève ; qu’ils leur inspirent que Jésus-Christ n’est point en l’Eucharistie, ni en la droite du Père ; elles savent que tout cela est faux, elles s’offrent donc à Dieu en cet état : Vide si via iniquitatis in me est. XIII 841

Qu’arrive-t-il là-dessus ? Ce lieu, qu’on dit être le temple du diable, Dieu en fait son temple. XIII 841

On dit qu’il faut en ôter les enfants : Dieu les y guérit. XIII 841

On dit que c’est l’arsenal de l’enfer : Dieu en fait le sanctuaire de ses grâces. XIII 841

Enfin on les menace de toutes les fureurs et de toutes les vengeances du ciel ; et Dieu les comble de ses faveurs. XIII 841

Dieu l’a couverte d’un voile, qui la laisse méconnaître à ceux qui n’entendent pas sa voix. XIII 843

Jésus-Christ ne parlait ni contre Dieu ni contre Moïse. XIII 843

L’Antechrist et les faux prophètes, prédits par l’un et l’autre Testament, parleront ouvertement contre Dieu et contre Jésus-Christ. XIII 843

Qui n’est point caché… Qui serait ennemi couvert, Dieu ne permettrait pas qu’il fît des miracles ouvertement. XIII 843

Jamais en une dispute publique où les deux parties se disent à Dieu, à Jésus-Christ, à l’Église, les miracles ne sont du côté des faux chrétiens, et l’autre côté sans miracles. XIII 843

Il y a un devoir réciproque entre Dieu et les hommes, pour faire et pour donner. XIII 843

Quid debui ? « Accusez-moi », dit Dieu dans Isaïe. XIII 843

Dieu doit accomplir ses promesses, etc. XIII 843

Les hommes doivent à Dieu de recevoir la religion qu’il leur envoie. XIII 843

Dieu doit aux hommes de ne les point induire en erreur. XIII 843

Car, comme un homme qui nous annonce les secrets de Dieu n’est pas digne d’être cru sur son autorité privée, et que c’est pour cela que les impies en doutent, aussi un homme qui, pour marque de la communication qu’il a avec Dieu, ressuscite les morts, prédit l’avenir, transporte les mers, guérit les malades, il n’y a point d’impie qui ne s’y rende, et l’incrédulité de Pharaon et des Pharisiens est l’effet d’un endurcissement surnaturel. XIII 843

La force de Dieu surmonte celle de ses ennemis. XIII 843

Il est impossible, par le devoir de Dieu, qu’un homme cachant sa mauvaise doctrine, et n’en faisant apparaître qu’une bonne, et se disant conforme à Dieu et à l’Église, fasse des miracles pour couler insensiblement une doctrine fausse et subtile : cela ne se peut. XIII 843

Et encore moins que Dieu, qui connaît les cœurs, fasse des miracles en faveur d’un tel. XIII 843

Lingendes que « Dieu ne permettra pas qu’un miracle puisse induire à erreur »… Lorsqu’il y aura contestation dans la même Église, le miracle décidera. XIII 846

Ou Dieu ne permettra point de faux miracles, ou il en procurera de plus grands. XIII 846

Que si la miséricorde de Dieu est si grande qu’il nous instruit salutairement, même lorsqu’il se cache, quelle lumière n’en devons-nous pas attendre, lorsqu’il se découvre ? Est et non est sera-t-il reçu dans la foi même, aussi bien que les miracles ? Et s’il en est inséparable dans les autres… Quand saint Xavier fait des miracles. – [ XIII 848

S’ils disent que notre salut dépend de Dieu, ce sont des « hérétiques ». XIII 849

Il est impossible que ceux qui aiment Dieu de tout leur cœur méconnaissent l’Église, tant elle est évidente. – XIII 850

Il est impossible que ceux qui n’aiment pas Dieu soient convaincus de l’Église. XIII 850

Les miracles ont une telle force qu’il a fallu que Dieu ait averti qu’on n’y pense point contre lui, tout clair qu’il soit qu’il y a un Dieu ; sans quoi ils eussent été capables de troubler. XIII 850

La synagogue qui a été traitée avec amour comme figure de l’Église, et avec haine, parce qu’elle n’en était que la figure, a été relevée, étant prête à succomber quand elle était bien avec Dieu ; et ainsi figure. XIII 851

Les miracles prouvent le pouvoir que Dieu a sur les cœurs, par celui qu’il exerce sur les corps. XIII 851

Enfin Dieu parle dans les dernières oppressions. XIII 851

Mais quand il couronne l’attente, et que ceux qui ont espéré que Dieu bénirait les remèdes se voient guéris sans remèdes… Impies. – XIII 851

Jamais signe n’est arrivé de la part du diable sans un signe plus fort de la part de Dieu, au moins sans qu’il eût été prédit que cela arriverait. XIII 851

Injustes persécuteurs de ceux que Dieu protège visiblement : s’ils vous reprochent vos excès, « ils parlent comme les hérétiques » ; s’ils disent que la grâce de Jésus-Christ nous discerne, « ils sont hérétiques » ; s’il se fait des miracles, « c’est la marque de leur hérésie ». XIII 852

On dit : Voilà le peuple de Dieu qui parle ainsi. – XIII 852

La dureté des Jésuites surpasse donc celle des Juifs, puisqu’ils ne refusaient de croire Jésus-Christ innocent que parce qu’ils doutaient si ses miracles étaient de Dieu. XIII 854

Au lieu que les Jésuites ne pouvant douter que les miracles de Port-Royal ne soient de Dieu, ils ne laissent pas de douter encore de l’innocence de cette maison. XIII 854

Comme Dieu n’a pas rendu de famille plus heureuse, qu’il fasse aussi qu’il n’en trouve point de plus reconnaissante. XIII 856

Bel état de l’Église quand elle n’est plus soutenue que de Dieu. XIV 861

1er exemple : Jésus-Christ est Dieu et homme. XIV 862

Mais ils nient qu’il soit Dieu : en cela ils sont hérétiques. XIV 862

Dieu conduit bien son Église de l’avoir envoyé devant avec autorité. XIV 869

Dieu n’a pas voulu absoudre sans Église. XIV 870

Il l’associe à ce pouvoir comme les rois les parlements ; mais si elle absout ou si elle lie sans Dieu, ce n’est plus l’Église : comme au parlement ; car encore que le roi ait donné grâce à un homme, si faut-il qu’elle soit entérinée ; mais si le parlement entérine sans le roi ou s’il refuse d’entériner sur l’ordre du roi, ce n’est plus le parlement du roi, mais un corps révolté. XIV 870

Le pape serait-il déshonoré, pour tenir de Dieu et de la tradition ses lumières ? et n’est-ce pas le déshonorer de le séparer de cette sainte union. XIV 875

Dieu ne fait point de miracles dans la conduite ordinaire de son Église. XIV 876

C’en serait un étrange, si l’infaillibilité était dans un ; mais d’être dans la multitude, cela paraît si naturel, que la conduite de Dieu est cachée sous la nature, comme en tous ses autres ouvrages. XIV 876

L’Église enseigne et Dieu inspire, l’un et l’autre infailliblement. XIV 881

Des pécheurs purifiés sans pénitence, des justes justifiés sans charité, tous les chrétiens sans la grâce de Jésus-Christ, Dieu sans pouvoir sur la volonté des hommes, une prédestination sans mystère, une rédemption sans certitude ! Est fait prêtre qui veut l’être, comme sous Jéroboam. XIV 884

Par la grâce de Dieu nous n’en sommes pas là. XIV 888

Malheur à ces prêtres ! mais nous espérons que Dieu nous fera la miséricorde que nous n’en serons point. XIV 888

Et les impies et les hérétiques n’ont aucun sujet de donner ces abus pour des marques du défaut de la providence de Dieu sur son Église, puisque l’Église étant proprement dans le corps de la hiérarchie, tant s’en faut qu’on puisse conclure de l’état présent des choses que Dieu l’ait abandonnée à la corruption, qu’il n’a jamais mieux paru qu’aujourd’hui que Dieu la défend visiblement de la corruption. XIV 889

Car, si quelques-uns de ces hommes qui, par une vocation extraordinaire, ont fait profession de sortir du monde et de prendre l’habit de religieux pour vivre dans un état plus parfait que le commun des chrétiens, sont tombés dans des égarements qui font horreur au commun des chrétiens et sont devenus entre nous ce que les faux prophètes étaient entre les Juifs, c’est un malheur particulier et personnel qu’il faut, à la vérité, déplorer, mais dont on ne peut rien conclure contre le soin que Dieu prend de son Église ; puisque toutes ces choses sont si clairement prédites, et qu’il a été annoncé depuis si longtemps que ces tentations s’élèveraient de la part de ces sortes de personnes ; et que quand on est bien instruit on voit plutôt en cela des marques de la conduite de Dieu que de son oubli à notre égard. XIV 889

Dieu ne regarde que l’intérieur : l’Église ne juge que par l’extérieur. XIV 905

Dieu absout aussitôt qu’il voit la pénitence dans le cœur ; l’Église, quand elle la voit dans les œuvres. XIV 905

Dieu fera une Église pure au-dedans, qui confonde par sa sainteté intérieure et toute spirituelle l’impiété intérieure des sages superbes et des pharisiens : et l’Église fera une assemblée d’hommes, dont les mœurs extérieures soient si pures, qu’elles confondent les mœurs des païens. XIV 905

S’il y en a d’hypocrites, mais si bien déguisés qu’elle n’en reconnaisse pas le venin, elle les souffre ; car, encore qu’ils ne sont pas reçus de Dieu, qu’ils ne peuvent tromper, ils le sont des hommes, qu’ils trompent. XIV 905

Mais vous voulez que l’Église ne juge, ni de l’intérieur, parce que cela n’appartient qu’à Dieu, ni de l’extérieur, parce que Dieu ne s’arrête qu’à l’intérieur ; et ainsi, lui ôtant tout choix des hommes, vous retenez dans l’Église les plus débordés, et ceux qui la déshonorent si fort, que les synagogues des Juifs et [les] sectes des philosophes les auraient exilés comme indignes, et les auraient abhorrés comme impies. XIV 905

Les conditions les plus aisées à vivre selon le monde sont les plus difficiles à vivre selon Dieu ; et au contraire : rien n’est si difficile selon le monde que la vie religieuse ; rien n’est plus facile que de la passer selon Dieu. XIV 906

Rien n’est plus aisé que d’être dans une grande charge et dans de grands biens selon le monde ; rien n’est plus difficile que d’y vivre selon Dieu, et sans y prendre de part et de goût. XIV 906

Que ne les accusez-vous d’Arianisme ? Car ils ont dit que Jésus-Christ est Dieu : peut-être ils l’entendent, non par nature, mais comme il est dit, Dii estis. XIV 920

Il n’est plus permis de bien écrire, tant l’Inquisition est corrompue ou ignorante ! « Il est meilleur d’obéir à Dieu qu’aux hommes. » XIV 920