(MHEM)
Le savoir vrai, par opposition au savoir non vrai, n’est vrai qu’en un sens second, car, comme le soleil luit sur les justes et sur les injustes, la vérité comprise en un sens absolu ne fait pas de distinction et, dans son pouvoir ontologique, elle promeut à l’existence et protège également l’illusion et la « réalité ». 8
L’existence au sens ontologique, « l’existence d’une chose en tant que distincte de cette chose », c’est le milieu ontologique qui permet à cette chose d’être, c’est sa vérité. « 11
La vérité ou l’existence », dit Lachelier. 11
Cette présence qui est la leur se confond, au contraire, avec la vérité ou l’existence interprétée par Lachelier à la lumière de l’idée de nécessité. 11
Penser l’existence dans sa vérité, c’est comprendre au contraire l’existence comme la vérité. « 12
La vérité de l’existence » s’obtient dans l’effort par lequel la pensée cesse de comprendre l’existence à partir d’autre chose qu’elle-même. « 12
La préservation de la vérité de l’existence est la visée dernière des grandes critiques de l’heideggerianisme et notamment des critiques dirigées contre l’ontologie cartésienne et contre la conception traditionnelle de la vérité. 12
L’accord qui définit la « vérité » dans la philosophie classique n’est que la déchéance de la vérité ontologique originaire de l’existence en tant que cette vérité réside dans l’ouverture et la découverte de l’étant. 12
La conscience malheureuse du judaïsme ne se représente pas l’unité de l’essence et de l’existence, cette unité n’est pas pour elle (für es), elle est au contraire pour nous (für uns) qui comprenons l’existence dans sa vérité, c’est-à-dire comme l’essence. 19
Sa vérité, à savoir l’unité en elle de l’essence et de l’existence, sera une vérité pour elle (für sich). 19
Mais, on l’a vu, ce qui est pour la conscience philosophique (für sich, für uns) n’est pas moins irréel, l’unité de l’existence et de l’essence que se représente cette conscience en se comprenant elle-même dans sa vérité, n’est encore qu’une unité abstraite. 19
La vérité ainsi entendue se réfère à la manière dont l’existence se comprend elle-même, elle désigne ce que cette existence se représente comme étant la vérité, « sa vérité » : c’est une vérité existentielle. 19
A vrai dire, l’existence se comprend toujours elle-même de quelque façon, elle se représente toujours une « vérité ». 19
Avec la dissociation entre la vérité ontologique qui constitue l’essence de la conscience et de l’existence et la vérité existentielle qui concerne la manière dont l’existence se comprend elle-même est levée l’ambiguïté qui pèse sur une expression comme « la vérité de l’existence ». 19
A « la vérité de l’existence » qui varie selon la manière dont l’existence comprend toute chose et soi-même, s’oppose radicalement « la vérité de l’existence » qui désigne l’essence même de celle-ci en tant que cette essence est la manifestation originaire de l’être et, comme telle, la vérité. 19
Ce qui est historique, c’est la vérité que l’existence se représente à son propre sujet, c’est la représentation de la vérité. 21
C’est cette structure qui constitue en réalité le fondement de toute la philosophie religieuse de Fichte, de sa conception du Christ qui a su reconnaître en lui l’identité de son être et de celui de Dieu – se donnant en cela non comme l’exception ou le paradoxe mais comme la loi universelle de toute existence qu’il appelle seulement à reconnaître en elle cette loi comme son destin le plus propre et le fondement assuré de son salut –, de son interprétation de la vérité qui, comme identique à l’existence en l’homme de l’absolu, « existe », est « accessible aux hommes », est un bien, de son horreur enfin, qui l’apparente aux plus grands penseurs religieux et, par exemple, à Kierkegaard, pour tout ce qui méconnaît une telle vérité dans ce qu’elle est, comme la révélation de l’absolu lui-même dans son être intime, pour tout scepticisme comme pour tout relativisme en général. 38
Que signifie l’intervention de celui-ci, en effet, dans la problématique de la vérité et de l’existence, sinon qu’un tel apport se donne comme responsable de la limitation qui vient affecter l’être d’une manière décisive encore que totalement mystérieuse. 41
C’est parce que, se tenant en face de la mort et venant se briser sur elle, le Dasein se trouve rejeté dans l’angoisse sur son existence factice, qu’il aperçoit en elle, à la faveur de la tonalité affective qu’elle réalise, le caractère inéluctable de sa condition et se laisse saisir, à la lumière de celle-ci, dans sa vérité, comme être-pour-la-mort. 43
En celle-ci donc se découvre, en même temps que ce qui fait la situation effective et concrète du Dasein et comme cette situation même, la vérité de l’existence. « 43
Avec le phénomène de l’Entschlossenheit nous sommes conduits devant la vérité… de l’existence. » 43
Parce que la situation ne se laisse pas évaluer comme une réalité donnée, la certitude qui appartient à la vérité de sa découverte n’a rien à voir avec celle qui porte sur un état de choses, elle implique précisément un acte de l’existence et ne se maintient qu’en lui et par lui, pour autant précisément que se maintient un tel acte, pour autant que la décision résolue s’accomplit comme « décision authentique pour la répétition d’elle-même ». 43
De même en est-il par exemple chez Fichte où, après que le sentiment, ou du moins une de ses modalités, à savoir l’amour, a été compris dans la nouvelle philosophie de l’existence comme l’essence même de celle-ci, de la vie et de la réalité, et bien plus, comme leur expérience, comme l’expérience même de l’absolu et sa manifestation, comme la source de toute certitude par suite et de toute vérité, comme celle de la béatitude, ce caractère phénoménologique interne du sentiment et le pouvoir de révélation qui lui appartient en propre se trouvent une fois de plus, et comme la conséquence encore d’un préjugé capable de recouvrir l’intuition vivante d’une pensée aussi bien que l’influence sur elle d’un contenu dogmatique dont elle se veut l’explicitation, oubliés ou pour mieux dire explicitement niés. « 59
La signification du concept de l’objectivité, de la vérité, finalement est double : elle vise la détermination d’un contenu selon des rapports nécessaires, la définition de son existence à partir de cette nécessité, comme constituée par elle, et, d’autre part, plus ancienne que cette détermination et présupposée par elle, la manifestation de ce contenu, celle des rapports qui le déterminent dans le milieu ouvert du monde. 60