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Diálogos de Platão

Platão - Fédon (62c-63e) – Como se justifica a atitude do filósofo

Fédon

domingo 19 de setembro de 2021, por Cardoso de Castro

      

Nunes

Essa parte, observou Cebete, também me parece razoável. Porém o que afirmaste antes, sobre a disposição   do filósofo para morrer  , é um verdadeiro contra-senso  , Sócrates  , se estiver certo o que dissemos há pouco, que Deus   cuida de nós e que somos propriedades dele. Que os indivíduos mais sábios se insurjam contra semelhante tutela e procurem evitá-la, quando a exercem, precisamente, os deuses, os melhores dirigentes, é o que não chego a compreender. Pois ninguém ousará dizer que saberá cuidar melhor de si mesmo  , uma vez em liberdade. Um indivíduo   insensato poderia raciocinar dessa maneira, por achar bom fugir   do amo, sem considerar que não se deve fugir do bem, mas ficar junto dele o maior tempo possível. Foge por carecer de senso. O indivíduo inteligente, pelo contrário, só deseja continuar junto de quem lhe seja superior. Por isso, Sócrates, o certo é, precisamente, o oposto do que foi dito há pouco: aos sábios é que fica bem insurgir-se contra a ideia da morte, e aos insensatos, exultar ante essa perspectiva.

Ao ouvi-lo assim falar, quis parecer-me que Sócrates se alegrava com a agudeza de Cebete; depois, voltando-se para nosso lado, falou: Cebete anda sempre à cata de argumentos, sem aceitar   de pronto a opinião   dos outros.

Ao que Símias observou: Porém quer parecer-me, Sócrates, que há bastante senso nas palavras de Cebete. Não se compreende, de fato, que indivíduos verdadeiramente sábios fujam de amos melhores do que eles e se alegrem com essa liberdade. A meu ver, o argumento   de Cebete vai dirigido contra ti, por aceitares à ligeira a ideia de deixar-nos, e também aos amos cuja superioridade   és o primeiro a proclamar.

Tens razão, observou. Pelo que vejo, sois de parecer que preciso defender-me dessa acusação  , como o fiz no tribunal.

Perfeitamente, respondeu Símias.

Pois que seja, disse. Vejamos se diante de vós outros minha defesa saíra mais convincente do que a feita na frente dos juízes. O fato, Símias e Cebete, prosseguiu, é que se eu não acreditasse, primeiro, que vou para junto de outros deuses, sábios e bons, e, depois, para o lugar de homens falecidos muito melhores do que os daqui, cometeria uma grande erro   por não me insurgir contra a morte. Porém podes fiar que espero juntar  -me a homens de bem. Sobre esse ponto não me manifesto   com muita segurança; mas no que entende com minha transferência para junto de deuses que são excelentes amos: se há o que eu defenda com convicção é precisamente isso. Esse motivo de não me revoltar a ideia da morte. Pelo contrário, tenho esperança de que alguma coisa há para os mortos, e, de acordo com antiga tradição, muito melhor para os bons do que para os maus.

Como assim, Sócrates, perguntou Símias; com semelhante convicção queres deixar-nos sem no-la dar a conhecer? Eu, pelo menos, acho que se trata de algo de grande relevância para nós todos. Ao mesmo tempo, com isso farás a tu a defesa, se com o que disseres conseguires convencer-nos.

É o que vou tentar, continuou; porém primeiro vejamos o que o nosso Critão há tanto tempo quer dizer-me.

Trata-se apenas do seguinte, Sócrates, falou Critão: é que há muito vem insistido comigo a pessoa encarregada de dar-te o veneno, para avisar-te de que deves conversar o menos possível. Conversa muito animada esquenta, é o que ele afirma, e isso prejudica a ação da droga. Do contrário, já tem acontecido precisar tomar duas ou três doses quem se comporta desse jeito.

É Sócrates: Manda-o passear! disse. E que prepare dose dupla, e até tripla, se for preciso.

Eu já sabia mais ou menos o que irias responder, observou Critão; mas o homem   não me dava sossego.

Deixa-o, disse.

Chambry

— Ceci du moins, dit Cébès, me paraît plausible. Mais ce que tu disais tout à l’heure, que les philosophes se résigneraient facilement à mourir, cela, Socrate, semble bien étrange, s’il est vrai, comme nous venons de le reconnaître, que c’est Dieu qui prend soin de nous et que nous sommes ses biens. Car que les hommes les plus sages quittent de gaieté de coeur ce service où ils sont sous la surveillance des meilleurs maîtres qui soient au monde, les dieux, c’est un acte dépourvu de raison, vu qu’ils n’espèrent pas, n’est-ce pas, se gouverner eux-mêmes mieux que les dieux, une fois qu’ils seront devenus libres. Sans doute un fou peut s’imaginer qu’il faut s’enfuir de chez son maître, sans réfléchir qu’il ne faut pas s’évader de chez un bon maître, mais, au contraire, autant que possible, rester près de lui : il s’enfuirait ainsi sans raison. Mais un homme sensé désirera toujours, j’imagine, rester auprès de celui qui est meilleur que lui. A ce compte, Socrate, c’est le contraire de ce que nous disions tout à l’heure qui est vraisemblable : c’est aux sages qu’il sied de se chagriner, quand vient la mort, aux insensés de s’en réjouir. »

Socrate, à ce qu’il me sembla, avait pris plaisir à entendre Cébès et à le voir si alerte d’esprit  . Il tourna les yeux vers nous et dit : « Cébès est toujours en quête d’arguments, et il n’a garde d’admettre tout de suite ce qu’on lui dit.

— Eh mais, dit Simmias, je suis d’avis, moi aussi, Socrate, que, pour cette fois, le raisonnement de Cébès ne manque pas de justesse ; car dans quel but des hommes vraiment sages fuiraient-ils des maîtres qui valent mieux qu’eux et s’en sépareraient-ils le coeur léger ? Et je suis d’avis aussi que le discours de Cébès te visait, toi qui te résignes si aisément à nous quitter, nous et les dieux, qui sont, tu en conviens toi-même, d’excellents maîtres.

— Vous avez raison, dit Socrate, car je pense que vous voulez dire que je dois   répondre à ces objections et plaider ma cause comme devant un tribunal.

— C’est cela même, dit Simmias.

— Eh bien, allons, dit-il, essayons de nous défendre et de vous persuader mieux que je n’ai fait mes juges. Assurément, Simmias et Cébès, poursuivit-il, si je ne croyais pas trouver dans l’autre monde, d’abord d’autres dieux sages et bons, puis des hommes meilleurs que ceux d’ici, j’aurais tort de n’être pas fâché de mourir. Mais soyez sûrs que j’espère aller chez des hommes de bien ; ceci, je ne l’affirme pas positivement ; mais pour ce qui est d’y trouver des dieux qui sont d’excellents maîtres, sachez que, si l’on peut affirmer des choses de cette nature, je puis affirmer celle-ci positivement. Et voilà pourquoi je ne suis pas si fâché de mourir, pourquoi, au contraire, j’ai le ferme espoir qu’il y a quelque chose après la mort, quelque chose qui, d’après les vieilles croyances, est beaucoup meilleur pour les bons que pour les méchants.

— Quoi donc, Socrate, dit Simmias, as-tu en tête de partir en gardant cette pensée pour toi seul ? Ne veux-tu pas nous en faire part ? Il me semble que c’est un bien qui nous est commun à nous aussi, et du même coup, si tu nous convaincs de ce que tu dis, ta défense sera faite.

— Eh bien, je vais essayer, dit-il. Mais auparavant voyons ce que Criton   semble vouloir me dire depuis un moment.

— Ce que je veux dire, Socrate, dit Criton, c’est tout simplement ce que me répète depuis un bon moment celui qui doit te donner le poison, de t’avertir qu’il faut causer le moins possible. Il prétend qu’on s’échauffe trop à causer et qu’il faut se garder de cela quand on prend le poison ; qu’autrement on est parfois forcé d’en prendre deux ou trois potions, si l’on s’échauffe ainsi.

— Laisse-le dire, répondit Socrate ; il n’a qu’à préparer sa drogue de manière à pouvoir m’en donner deux fois et même trois fois, s’il le faut.

— Je me doutais bien de ta réponse, dit Criton ; mais il n’a pas cessé de me tracasser.

— Laisse-le dire, répéta Socrate.

Cousin

— Cela paraît assez probable, dit Cébès ; mais ce que tu disais en même temps que le philosophe doit mourir [62d] volontiers, ne s’y rapporte pas bien, s’il est vrai, comme nous l’avons reconnu, que les dieux prennent soin de nous et que nous leur appartenons. Il ne me paraît nullement raisonnable que des philosophes ne s’affligent pas de sortir de la tutelle des plus excellents maîtres qui puissent exister ; car ils ne peuvent croire qu’ils se gouverneront mieux lorsqu’ils seront libres. Sans doute un fou pourrait s’imaginer qu’il faut s’empresser de fuir [62e] un maître ; il ne réfléchirait pas qu’il ne faut jamais fuir ce qui est bon, mais au contraire s’y tenir attaché de toutes ses forces : aussi pourrait-il bien prendre la fuite sans raison. Mais un homme sensé désirera toujours rester sous la garde de ce qui est meilleur que lui. D’où je conclus, Socrate, tout le contraire de ce que tu avançais, et je pense que c’est le sage qui s’afflige de mourir, et le fou qui s’en réjouit.

Socrate parut prendre quelque plaisir à l’insistance de [63a] Cébès :

— Toujours, dit-il en nous regardant, Cébès a l’art de trouver des objections, et il n’a garde de se rendre d’abord à ce qu’on lui dit.

— Mais, repartit Simmias, il me semble que les objections de Cébès ne sont pas mal fondées ; car pourquoi des hommes vraiment sages voudraient-ils fuir des maîtres meilleurs qu’eux, et s’en sépareraient-ils avec plaisir ? et c’est contre toi, je pense, qu’est dirigé le raisonnement de Cébès, toi qui supportes si aisément de nous quitter nous et les dieux, ces maîtres excellents, comme tu en conviens toi-même.

— [63b] Vous avez raison, reprit Socrate, et je vois bien que vous voulez m’obliger à faire ici mon apologie   comme devant le tribunal.

— C’est cela même, dit Simmias.

— Allons, je tâcherai de mieux réussir dans cette apologie que dans l’autre. Assurément, mes chers amis, si je ne croyais trouver dans l’autre monde d’autres dieux sages et bons, ainsi que des hommes meilleurs que ceux d’ici-bas j’aurais tort de n’être pas fâché de mourir. Mais il faut que vous sachiez que j’ai l’espoir de m’y réunir bientôt à [63c] des hommes vertueux, sans toutefois pouvoir l’affirmer entièrement ; mais pour y trouver des dieux amis de l’homme, c’est ce que je puis affirmer, s’il y a quelque chose en ce genre dont on puisse être sûr. Voilà pourquoi je ne m’afflige pas tant ; au contraire j’espère dans une destinée réservée aux hommes après leur mort, et qui, selon la foi antique du genre humain, doit être meilleure pour les bons que pour les méchants.

— Quoi donc ! Socrate, dit Simmias, veux-tu nous quitter, en gardant pour toi les motifs de tes espérances sans nous en faire part ? [63d] Il me semble que c’est un bien qui nous est commun, et, si tu nous transmets ta conviction, voilà ton apologie faite.

— C’est ce que je vais entreprendre, reprit Socrate : mais d’abord sachons de Criton ce qu’il paraît vouloir nous dire depuis assez longtemps.

— Que pourrait-ce être autre chose, lui dit Criton, sinon que celui qui doit te donner le poison ne cesse de me répéter depuis longtemps que tu dois parler le moins possible, car il prétend que ceux qui parlent trop, s’échauffent, et que rien n’est plus contraire à l’effet [63e] du poison, qu’autrement on est quelquefois forcé de donner du poison deux et trois fois à ceux qui se laissent ainsi échauffer par la conversation.

— Laisse-le dire, répondit Socrate, et qu’il prépare son affaire, comme s’il devait me donner la ciguë deux fois et même trois, s’il le faut.

— Je me doutais bien de ta réponse ; mais il me tourmente toujours.

— Laisse-le dire, reprit Socrate [...]

Jowett

es, Socrates, said Cebes, there is surely reason in that. And yet how can you reconcile this seemingly true belief that God is our guardian and we his possessions, with that willingness to die which we were attributing to the philosopher ? That the wisest of men should be willing to leave this service in which they are ruled by the gods who are the best of rulers is not reasonable, for surely no wise man thinks that when set at liberty he can take better care of himself than the gods take of him. A fool may perhaps think this — he may argue that he had better run away from his master, not considering that his duty is to remain to the end, and not to run away from the good, and that there is no sense in his running away. But the wise man will want to be ever with him who is better than himself. Now this, Socrates, is the reverse of what was just now said ; for upon this view the wise man should sorrow and the fool rejoice at passing out of life.

The earnestness of Cebes seemed to please Socrates. Here, said he, turning to us, is a man who is always inquiring, and is not to be convinced all in a moment, nor by every argument.

And in this case, added Simmias, his objection does appear to me to have some force. For what can be the meaning of a truly wise man wanting to fly away and lightly leave a master who is better than himself ? And I rather imagine that Cebes is referring to you ; he thinks that you are too ready to leave us, and too ready to leave the gods who, as you acknowledge, are our good rulers.

Yes, replied Socrates ; there is reason in that. And this indictment you think that I ought to answer as if I were in court ?

That is what we should like, said Simmias.

Then I must try to make a better impression upon you than I did when defending myself before the judges. For I am quite ready to acknowledge, Simmias and Cebes, that I ought to be grieved at death, if I were not persuaded that I am going to other gods who are wise and good (of this I am as certain as I can be of anything of the sort) and to men departed (though I am not so certain of this), who are better than those whom I leave behind ; and therefore I do not grieve as I might have done, for I have good hope that there is yet something remaining for the dead, and, as has been said of old, some far better thing for the good than for the evil.

But do you mean to take away your thoughts with you, Socrates ? said Simmias. Will you not communicate them to us ? — the benefit is one in which we too may hope to share. Moreover, if you succeed in convincing us, that will be an answer to the charge against yourself.

I will do my best, replied Socrates. But you must first let me hear what Crito wants ; he was going to say something to me.

Only this, Socrates, replied Crito : the attendant who is to give you the poison has been telling me that you are not to talk much, and he wants me to let you know this ; for that by talking heat is increased, and this interferes with the action of the poison ; those who excite themselves are sometimes obliged to drink the poison two or three times.

Then, said Socrates, let him mind   his business and be prepared to give the poison two or three times, if necessary ; that is all.

I was almost certain that you would say that, replied Crito ; but I was obliged to satisfy him.

Never mind him, he said.


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