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michel_henry:henry-1963-verdade-e-luz

Henry (1963) – verdade e luz

(MHEM)

La représentation de l’étant est au contraire son surgissement dans la lumière, elle opère et traduit son accession au rang de « phénomène », elle est la vérité comprise en un sens ontologique. 11

Comment est comprise la vérité ontologique, identique à la représentation, lorsqu’elle se trouve identifiée, de plus, à la certitude ? Si la certitude désigne l’être-certain de ce qui est certain, le fait d’apparaître de ce qui nous apparaît, le surgissement dans la lumière en vertu duquel l’étant s’offre à nous tel qu’il est, ce surgissement par lequel l’étant devient pour nous un étant vrai ou certain (ens verum, ens certum), c’est la représentation qui l’opère. 11

Mais la vérité qui constitue notre intériorité même n’est que la lumière absolue de l’extériorité. 11

Cette présence qui est la leur se confond, au contraire, avec la vérité ou l’existence interprétée par Lachelier à la lumière de l’idée de nécessité. 11

En tant que l’essence de l’homme est reliée à la vérité de l’être d’une manière privilégiée, elle n’est rien d’autre que ce qui est capable de recevoir la lumière de cette vérité, d’entrer en elle, de parvenir jusqu’à elle et de devenir ainsi elle-même cette vérité. 26

Ce qui est séparé de la vérité qui signifie la lumière de la phénoménalité est en lui-même obscur. 26

La réalisation de la vérité dans le milieu ouvert de l’extériorité a pour effet de rejeter dans l’ombre ce qui se trouve en deçà de cet avant-plan de lumière et, quand cet en deçà est l’homme lui-même, d’abandonner celui-ci à la misère de sa nuit. 26

Si la conscience de soi et la conscience du monde ne surgissent point séparément comme deux essences juxtaposées, enfermées chacune dans sa vérité propre comme dans un monde de lumière clos sur lui-même et sans communication avec l’autre, s’il n’y a pas deux dimensions fondamentales de phénoménalité se suffisant chacune à elle-même et, dans cette suffisance, ignorant l’autre, c’est que la conscience du monde précisément ne se suffit pas à elle-même, c’est qu’elle n’est pas une essence. 34

C’est parce que, se tenant en face de la mort et venant se briser sur elle, le Dasein se trouve rejeté dans l’angoisse sur son existence factice, qu’il aperçoit en elle, à la faveur de la tonalité affective qu’elle réalise, le caractère inéluctable de sa condition et se laisse saisir, à la lumière de celle-ci, dans sa vérité, comme être-pour-la-mort. 43

Pour elle, pour la pensée qui, conformément au telos de l’intentionnalité, s’enfonce dans la connaissance de l’objet, l’intériorité de celle-ci n’est pas d’abord, en dépit de cette direction constante qu’elle se donne et qui lui appartient par principe, l’idée inadéquate à la lumière de laquelle elle se comprend mal, ce « préjugé », plutôt, est le sien, il est ce qu’elle dit spontanément d’elle-même dans la vérité du langage naturel. 45

Voilà pourquoi, parce que l’être-caché de l’essence, non son aperception dans la lumière, constitue comme tel, dans sa nuit, dans cette nuit essentielle de l’essence, sa révélation et l’effectivité de sa phénoménalité, sa « vérité », « la vraie lumière brille dans les ténèbres bien qu’on ne s’en aperçoive pas ». 50

Soleil si éclatant, vérité si fulgurante que « la lumière semble pauvre… à présent » et que son essence désertée cherche en vain d’autres soleils pour nous séduire. « 50

Et s’il ne lui appartient pas finalement de se produire ainsi dans le jour de la présence, si elle se refuse plutôt à sa lumière, c’est dans le rapport à celle-ci et comme son refus précisément que la non-phénoménalité qui la détermine ultimement se trouve être pensée, tant il est vrai que la problématique se montre décidément incapable de saisir l’essence la plus originelle de la vérité autrement qu’à l’intérieur de son opposition dialectique à l’objectivité, c’est-à-dire dans son unité avec elle. 51

Qu’une illusion de ce genre existe ne met pas en cause, on le voit, la vérité absolue du sentiment considéré dans sa réalité, elle trouve son origine dans le caractère inadéquat de la signification affective à la lumière de laquelle cette réalité du sentiment est comprise dans la compréhension existentielle immédiate de soi-même, et dans ce qui fonde un tel caractère et, ultimement, l’inadéquation principielle de toute compréhension existentielle affective de soi-même ou d’autrui, dans la différence ontologique fondamentale de l’affectivité réelle et de l’affectivité irréelle. 67

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