Henry (1963) – monismo ontológico
Les présuppositions ontologiques qui ont été exposées et pensées comme la condition de la phénoménalité et comme constituant à ce titre l’essence du phénomène, seront désignées dans la suite de cet ouvrage sous le titre de « monisme ontologique ». 11
L’unicité de cette direction ne peut être mise en cause que par un dépassement du monisme et le problème se pose de savoir si un tel dépassement a un sens, si, en tout cas, il a jamais été tenté ou esquissé au cours de l’histoire de la pensée humaine. 11
A y regarder de près, cependant, il apparaît que ces progrès se sont toujours déroulés à l’intérieur de l’horizon ontologique dessiné par le monisme et que leur résultat le plus remarquable n’a été, dans l’ontologie contemporaine, que la libération de cet horizon, porté enfin dans la clarté du concept et pensé dès lors comme « l’horizon de l’être ». 11
La conscience désigne l’essence de la manifestation interprétée selon les présuppositions ontologiques fondamentales du monisme. 11
Division, séparation, opposition étaient justement, toutefois, les conditions de la phénoménalité dans le monisme ontologique. 11
L’histoire sera justement le mouvement par lequel l’absolu se manifeste conformément aux conditions que lui prescrit l’essence de la manifestation interprétée selon les présuppositions du monisme. 11
Lorsqu’elle rejette les formulations impropres, dans lesquelles elle s’est presque toujours incarnée, pour se comprendre enfin à la lumière du sens de la problématique fondamentale qu’elle visait dès le début à instituer, la philosophie de la conscience s’apparaît comme une expression du monisme ontologique. 11
Ce qui se cache dans le départ entre le sujet et l’objet, c’est une seule et même essence, et le dualisme traditionnel est un monisme ontologique. 11
Mais l’unité essentielle dont le monisme ontologique est le titre, n’est pas, si elle la fonde, l’unité du sujet et de la détermination ontique, ce qu’elle signifie, c’est l’unicité du mode de manifestation conformément auquel l’étant se réalise dans le sujet qui n’est autre que ce mode de manifestation comme tel. 11
Les présuppositions ultimes qui sont visées sous le titre de monisme ontologique ne s’épuisent pas dans l’affirmation de l’unicité du mode de manifestation compris dans sa pureté phénoménologique essentielle, elles confèrent en fait à ce mode une structure éidétique parfaitement définie. 11
Parvenue à son stade ultime et à la pleine compréhension de soi-même dans sa vérité, la philosophie de la conscience ne peut être qu’une répétition des présuppositions fondamentales du monisme. 11
Le dualisme cartésien est une altération du monisme ontologique. 12
L’identification du néant avec la conscience ou avec l’homme est sans doute absurde puisque le néant qui est l’origine et le pouvoir de la transcendance ne saurait comme tel être enfermé dans aucune réalité, elle atteste cependant la permanence des présuppositions ontologiques ultimes qui sont celles du monisme. 12
Le sujet se rapporte nécessairement à l’objet parce que l’essence de la conscience, identique à l’essence de la manifestation comprise selon les présuppositions fondamentales du monisme, se réfère inévitablement à la détermination comme à sa vérité. 14
Plus exactement, la conscience est identique dans son être avec l’être-posé-devant considéré en lui-même, puisque, selon les présuppositions fondamentales du monisme ontologique qui sont celles de la philosophie de la conscience, l’essence de celle-ci réside dans l’objectivité. 15
L’immanence du devenir phénoménal à l’essence de la phénoménalité comprise selon les présuppositions ontologiques fondamentales du monisme s’exprime dans l’affirmation que l’horizon ouvert par cette essence se manifeste comme tel et dans sa pureté. 16
La première élucidation de l’essence du phénomène poursuivie selon les présuppositions ontologiques fondamentales du monisme a du moins montré que, pour accomplir son œuvre, l’essence de la manifestation devait pouvoir se manifester. « 16
La mise en lumière de la possibilité de la manifestation de l’essence met en cause les présuppositions ontologiques fondamentales du monisme et nous introduit à l’essence originaire de la révélation. 16
Il est vrai que par « représentation » on peut entendre aussi, conformément aux présuppositions fondamentales du monisme ontologique, l’essence de la manifestation elle-même, la manifestation de soi de l’être. 18
L’essence de la manifestation, cependant, a été interprétée à l’intérieur des présuppositions ontologiques fondamentales du monisme. 22
Celle-ci est interprétée toutefois, conformément aux présuppositions fondamentales du monisme, comme une représentation. 23
Conformément aux présuppositions ontologiques ultimes du monisme, l’essence ne se manifeste qu’en s’objectivant sous la forme de l’horizon pur qu’elle s’oppose. 25
La mise en évidence de l’incapacité de la transcendance à assurer elle-même la possibilité de sa propre manifestation est identiquement la mise en question des présuppositions ontologiques fondamentales du monisme. 27
Dans l’impossibilité pour la transcendance de constituer l’essence d’un fondement réside le caractère abstrait de l’essence de la manifestation à l’intérieur des présuppositions ontologiques du monisme. 27
C’est par rapport à cette conception, qui n’est autre que celle du monisme ontologique en général, qu’il convient de comprendre en quoi la conscience peut être dite n’avoir « aucune suffisance d’être », comment elle peut être « abstraite ». 28
Conforme aux présuppositions ontologiques ultimes du monisme est la détermination de l’être du fondement comme « être en dehors de son être ». 28
La problématique qui poursuit l’élucidation de l’essence du phénomène à l’intérieur des présuppositions ontologiques ultimes du monisme, tombe alors dans cette situation dialectique où elle se trouve renvoyée sans cesse de cette essence à l’être-à-l’extérieur-de-soi de cette essence, de l’être-à-l’extérieur-de-soi de l’essence à l’essence même. 28
L’indigence des moyens est ce qui amène la problématique qui se meut à l’intérieur des présuppositions ontologiques du monisme à identifier les éléments structuraux distingués par elle dans l’essence. 29
La compréhension de l’impuissance de la pensée qui se meut à l’intérieur des présuppositions ontologiques du monisme à donner un contenu effectif à l’idée de la structure formelle de l’autonomie en déterminant dans sa réalité l’être du fondement est une répétition, elle répète dans sa signification, dans son progrès et dans ses résultats la problématique qui vise l’essence de la réceptivité lorsque cette problématique se comprend elle-même dans le rôle central qui est le sien. 29
Ce qu’une telle répétition amène à la lumière, ce n’est rien de moins que l’insuffisance radicale des présuppositions qui définissent ensemble ce qui a été désigné sous le titre du monisme ontologique. 29
La manifestation telle que la comprend la pensée qui se meut à l’intérieur des présuppositions ontologiques du monisme n’est pas seulement unilatérale, elle est abstraite en ce sens que, sur le fond de ces seules présuppositions, elle ne se produit pas. 29
La réalité de la transcendance est ce qui se trouve constamment présupposé par le monisme ontologique sans que cette présupposition ultime fasse cependant partie des présuppositions par lesquelles il se définit. 29
La mise en lumière de l’insuffisance et de l’indétermination des présuppositions ontologiques du monisme cesse toutefois d’avoir une signification purement négative lorsque précisément cette insuffisance est comprise. 30
La compréhension de l’impossibilité où se trouve la pensée qui se meut à l’intérieur des présuppositions ontologiques du monisme, de donner un contenu à l’idée de la structure formelle de l’autonomie et de déterminer dans sa réalité l’être du fondement, est apparue comme une répétition de la problématique de la réceptivité. 30
Comme la compréhension de l’impuissance de la pensée qui se meut à l’intérieur du monisme a une signification positive qui s’exprime dans la mise en lumière d’une structure où cette impuissance trouve son motif ontologique ultime, le résultat auquel parvient, lorsqu’elle se comprend elle-même, la problématique qui vise l’essence de la réceptivité n’est pas seulement négatif. 30
L’interprétation ontologique de l’essence de la réceptivité comme consistant dans la possibilité de la réception d’un contenu extérieur trouve ainsi son origine dans l’horizon constitué par les présuppositions ontologiques du monisme, c’est-à-dire essentiellement dans la compréhension de l’essence de la manifestation comme représentation. 31
L’incapacité de s’élever à l’idée d’une réception qui ne serait pas par principe celle d’un contenu extérieur au pouvoir qui la rend possible, est-elle véritablement le fait, toutefois, de la pensée qui se meut à l’intérieur de l’horizon du monisme et peut-elle lui être légitimement imputée si le contenu ontologique pur que se représente l’essence de la manifestation est constitué par cette essence même ? C’est seulement à la pensée qui pense la réceptivité comme consistant en général dans la réception d’un contenu ontique que le reproche peut être fait de ne pas s’élever à la conception d’une essence dont le propre est de se recevoir elle-même. 31
Ce qui est donc visé par la problématique qui se meut à l’intérieur des présuppositions du monisme quand elle se prétend en possession d’un mode de réceptivité dont le contenu ne lui est pas « extérieur », c’est donc simplement le caractère ontologiquement pur d’un tel contenu, le fait que celui-ci n’est constitué par rien d’autre que par l’essence et, comme tel, lui est identique. 31
C’est de la manifestation de l’essence sous la forme d’un horizon qu’il convient, à vrai dire, d’affirmer le caractère inadéquat, c’est de la forme de l’horizon seulement, c’est-à-dire de la forme de toute manifestation effective telle qu’elle est comprise à l’intérieur de l’horizon du monisme, qu’on peut dire avec Fichte que « toujours la forme nous voile l’essence ». 31
La compréhension de la structure interne de l’essence de la manifestation telle qu’elle se fait jour à l’intérieur de la problématique de la réceptivité, c’est-à-dire la compréhension de cette structure comme constituée ultimement par la possibilité pour l’essence de se recevoir elle-même, met à nu l’insuffisance radicale des présuppositions ontologiques du monisme, l’impossibilité décisive pour la pensée philosophique de continuer à interpréter l’essence de la manifestation à partir de celle de la représentation. 31
Pour déterminer celles-ci, la transcendance est la seule essence dont dispose la problématique aussi longtemps qu’elle se meut à l’intérieur de l’horizon du monisme. 31
Celle-ci cependant est toujours entendue à l’intérieur de l’horizon du monisme. 34
Cette compréhension, cependant, s’accomplissait à l’intérieur de l’horizon du monisme et se trouvait d’ores et déjà déterminée par lui. 35
Pareille unité ne se propose comme un problème qu’à l’intérieur de l’horizon du monisme, lorsque la structure de l’essence est interprétée de telle manière que c’est une question précisément de savoir comment elle peut demeurer une, et cela en dépit de cette structure qui est la sienne, ou, du moins, à l’intérieur de celle-ci. 37
Celle-ci, on l’a vu cependant, se trouve comprise à l’intérieur de l’horizon du monisme, bien plus, elle désigne, et cela d’une manière explicite, la compréhension de l’essence de la présence à l’intérieur de cet horizon : « proximité » veut dire « présence » sur le fond d’une certaine distance et par la médiation de celle-ci, ou plutôt s’identifie avec elle. 37
Pour lui comme pour tant d’autres penseurs, il n’existe, en ce qui concerne la manifestation, qu’un seul pouvoir, celui du monisme, auquel l’existence en tant qu’immanente se dérobe dès lors nécessairement, et cela non pas en raison d’une déficience de ce pouvoir, parce que la connaissance qu’il suscite serait une connaissance déformante, – précisément, elle ne déforme rien –, mais parce qu’elle est une connaissance de l’idéalité, non de la réalité. 38
Se libérer de toutes les images, entrer dans cet état qui vient d’être compris comme celui d’une union avec l’absolu, réaliser en fait les conditions qui définissent la structure interne de celui-ci, c’est donc rejeter le processus ontologique par lequel en général l’étant se phénoménalise, et cela comme une « image », c’est rejeter ce qui dans le monisme se donne comme la pré supposition de toute manifestation possible et se trouve désigné par lui sous le titre général de « médiation ». 39
De telles présuppositions constituent ce qui a été appelé le monisme. 45
Aussi bien a-t-on pu voir la problématique s’efforcer de circonscrire non seulement ce qui fait l’insuffisance du monisme mais, plus avant, ce dont résulte cette insuffisance ou son motif. 45
La mise en évidence de celui-ci n’était-elle pas contenue dans la remarque selon laquelle l’impuissance de la problématique qui se meut à l’intérieur de l’horizon du monisme à édifier une phénoménologie du fondement et à donner un contenu à l’idée de la structure formelle de la « Selbständigkeit » repose sur l’impuissance de ce fondement à se produire lui-même dans la lumière de la phénoménalité ? Ainsi la dissimulation de l’essence était-elle rapportée, non à une incompréhensible défaillance de la pensée, mais à cette essence même, à la structure ontologique de la réalité. 45
Cette reconnaissance dans l’essence d’un fondement de sa propre dissimulation, c’est-à-dire encore de l’essence comme ce fondement, la problématique qui institue une critique générale du monisme l’accomplissait cependant en se plaçant à l’intérieur de celui-ci et de la perspective qui est la sienne. 45
La compréhension de celle-ci et du mouvement dialectique où elle se perd, de ce qui constitue à proprement parler le destin du monisme, demeurait cependant négative : la transcendance se dérobe parce qu’elle n’assure pas elle-même la possibilité de sa propre manifestation, tel était son contenu. 45
Dans le caractère insurmontable de celui-ci réside l’origine puissante du monisme. 45
Le monisme ontologique est la théorie de la pensée. 45
L’éclatement du rationalisme vers son accomplissement universel va de pair avec le maintien de son concept traditionnel tel qu’il se trouve élaboré à l’intérieur de l’horizon du monisme. 48
Ainsi par un progrès décisif, échappant à l’horizon contraignant du monisme, le problème de la réceptivité ne concerne-t-il plus l’être opposé mais la possibilité même de l’opposition et le maintien près de soi de l’acte qui l’accomplit. 52
Assurément l’interprétation de la forme de l’expérience, telle qu’elle s’accomplit dans le monisme, est susceptible, lorsqu’elle se situe sur un plan ontologique, comme elle le fait chez Heidegger, de lui reconnaître un contenu propre, comme contenu « pur » et lui-même ontologique. 57
Avec l’amour, au contraire, le principe de l’action ne se trouve plus dans la représentation d’une loi ni dans quoi que ce soit de semblable, rien de transcendant ne le contient, il est étranger à toute affection et la pensée de celle-ci, l’horizon ontologique du monisme, le laisse échapper. 58
C’est de cette façon, en effet, que la philosophie qui se meut à l’intérieur de l’horizon du monisme tente de s’incorporer l’être-invisible du sentiment, en l’intégrant dans la série des modes phénoménologiques qui, du zéro de l’inconscient ou de la subconscience à la clarté absolue de l’évidence, coappartiennent à l’objectivité du monde et la définissent ensemble. 61
Une telle incapacité est à vrai dire celle de toute pensée qui ne pense pas l’affectivité comme l’essence de l’absolu, comme sa révélation, de toute pensée et de toute forme de pensée qui se meut à l’intérieur de l’horizon du monisme, c’est-à-dire précisément dans le milieu de l’idéalité et de l’irréalité comme telles. 70
Afin de réduire les prétentions de ce « monisme » hégélien, il conviendrait de lui opposer un « dualisme » qui réserverait l’essence dialectique à l’interprétation de l’être humain et à la compréhension de ses rapports avec le monde. 72
Le monisme ontologique de Hegel s’exprime dans ces deux affirmations fondamentales et intimement liées, selon lesquelles : 1° Il n’existe qu’une seule essence. 73
Elle ne trouve sa réalité que dans le Tout, c’est-à-dire dans l’essence de la manifestation interprétée selon les présuppositions ontologiques fondamentales du monisme. 73
Mais, dans le monisme hégélien, seul l’être transcendant est véritablement là. 74
Cela signifie plus précisément, dans le monisme ontologique, se donner comme un phénomène transcendant, dans ce que Hegel appelle le « milieu de l’être ». 75
Tout ceci résulte finalement du monisme qui identifie la réalité avec l’objectivité en tant que telle. 75
Le monisme de la manifestation a pour conséquence que cette manifestation ne peut être qu’historique. 75
C’est à l’intérieur de l’horizon constitué par les présuppositions ontologiques ultimes du monisme que se produit le savoir de soi de l’essence. 77
