Henry (1963) – fenomenal
(MHEM)
La réalité du fondement repose sur le caractère phénoménal de celui-ci. 7
L’insuffisance du positivisme tient à ce qu’il ne rend pas compte de la positivité qu’il présuppose constamment en décrivant des phénomènes sans s’être au préalable interrogé sur l’être- phénoménal comme tel. 8
L’être n’existe que comme être-autre, mais le retour de l’autre dans le même, ou plutôt l’unité qui les relie et que Fichte appelle la vie, ne supprime pas leur dualité mais la présuppose comme son fondement ontologique et phénoménal. « 10
A moins de confondre les deux, comme le fait Schelling, il faut reconnaître qu’ici encore le devenir phénoménal de l’essence de la phénoménalité est l’autosuppression de cette essence pure. 14
L’étant est-il oui ou non une condition de la manifestation ? La thèse selon laquelle l’étant doit être compris, en tant qu’élément appartenant au devenir phénoménal de l’essence de la phénoménalité, comme une condition de l’être-effectif de celle-ci, est absurde. 15
L’essence s’est donc réalisée comme essence concrète qui fonde le devenir phénoménal de l’étant lorsque celui-ci enfin paraît. 15
Ce n’est pas le caractère déterminé de l’objet, c’est son caractère objectif qui fonde son caractère phénoménal. 15
Loin que l’étant soit une condition du devenir phénoménal de ce champ phénoménologique originaire et pur, c’est dans le devenir visible de ce champ et seulement en lui que l’étant peut être vu. 15
Le contrarium qui, sur le fond de la compréhension de l’essence de la manifestation comme opposition, est pensé, depuis Bœhme, comme la condition du devenir phénoménal de la phénoménalité, doit être saisi non comme un élément ontique mais dans la nudité de sa signification ontologique pure. 15
C’est le néant, non l’étant, qui se trouve objecté dans l’objectivation et qui, sous la forme d’un horizon, réalise le devenir phénoménal de l’essence de la phénoménalité. 15
Cette équivoque devient visible dans la description du processus qu’elle conçoit comme celui où se réalise le devenir phénoménal, processus désigné sous le titre général d’« objectivation » et par lequel advient justement le « phénomène », l’ « objet ». 15
Le caractère objectif de l’objet est son caractère phénoménal. 15
L’indépendance de la réalité effective de l’essence à l’égard de la détermination résulte de ce que le devenir phénoménal se réalise dans l’essence et par elle. 16
Pour cette raison, parce que l’essence de la phénoménalité comprend en soi le devenir phénoménal, elle est autonome. 16
La manifestation de l’horizon dans l’œuvre pure de l’essence signifie l’immanence du devenir phénoménal à l’essence de la phénoménalité. 16
La signification positive de cette autonomie s’exprime dans l’impossibilité de séparer l’essence comprise dans sa pureté et, d’autre part, le devenir phénoménal où elle se réalise. 16
En tant qu’il constitue la phénoménalité effective, le devenir phénoménal est la réalité de l’essence de la phénoménalité. 16
En tant que le devenir phénoménal est inclus dans l’essence de la phénoménalité, celle-ci trouve en elle-même sa réalité. 16
La Selbständigkeit signifie que le devenir phénoménal est immanent à l’essence originaire et pure de la phénoménalité. 16
L’immanence du devenir phénoménal à l’essence de la phénoménalité comprise selon les présuppositions ontologiques fondamentales du monisme s’exprime dans l’affirmation que l’horizon ouvert par cette essence se manifeste comme tel et dans sa pureté. 16
L’immanence du devenir phénoménal à l’essence originaire et pure de la phénoménalité a un fondement. 16
Le problème du devenir phénoménal de l’essence de la phénoménalité est justement le problème de la structure interne de celle-ci. 16
L’élucidation du fondement de l’immanence du devenir phénoménal à l’essence de la phénoménalité permet seule de dire si ce devenir se recouvre totalement avec l’essence qui le fonde, si l’essence originaire et pure est la vérité ou si elle est aussi la non-vérité. 16
C’est cette homogénéité qui permet à Hegel de partir de l’un pour arriver à l’autre, de partir du savoir phénoménal pour s’élever à « l’absolu ». 21
En s’élevant à l’« absolu » à partir du savoir phénoménal, Hegel croit pouvoir s’opposer à Schelling qui ne peut expliquer comment la conscience parvient au savoir absolu, ou, inversement, comment elle s’en sépare. 21
Si, comme il a été montré, le devenir phénoménal de l’essence pure de la phénoménalité réside dans la manifestation de l’horizon, la question de la possibilité interne de ce devenir qui confère à l’essence sa réalité se concentre dans le problème de la réceptivité. 22
C’est dans le temps compris comme intuition que réside finalement la possibilité de la formation effective de l’horizon transcendantal de l’être, c’est-à-dire la réalisation de l’essence de la phénoménalité dans le devenir phénoménal de cette essence. 24
Le milieu phénoménologique de l’extériorité qui anime comme son telos l’acte par lequel l’essence s’objective en lui, contient aussi, en fait, la réalité de cet acte, en tant qu’il assure son devenir phénoménal. 25
La prétention d’assigner à l’être accompli de la phénoménalité effective un fondement non phénoménal a été mise en question quand a été dénoncé le caractère paradoxal de la philosophie de la conscience astreinte précisément à chercher le principe de la conscience dans le non-conscient. 25
Loin de permettre le devenir phénoménal du milieu ontologique de l’être, la manifestation de l’élément ontique est simplement constituée par lui. 25
L’immanence du devenir phénoménal à l’essence de la phénoménalité désigne cette essence elle-même comme ce qui se phénoménalise à l’intérieur de ce devenir. 29
Déterminé en tant qu’il a pour contenu la nécessité ontologique en vertu de laquelle l’essence entre en rapport avec soi dans le devenir phénoménal effectif où elle se réalise, le concept de l’auto-affection apparaît en fait indéterminé et demeure comme tel dans une obscurité ontologique foncière aussi longtemps que la problématique n’a pas statué sur la nature du pouvoir qui permet à l’essence d’entrer ainsi en rapport avec soi, c’est-à-dire de se manifester. 31
Encore le Christ ne partage-t-il point avec celui-ci, fût-ce dans l’instant très court d’une histoire, la détermination de l’être objectif et son apparence, et n’est-il pas exact de dire que, si dans la religion grecque, où le dieu demeure dans le phénoménal et s’y maintient, « le phénomène » pour cette raison « constitue l’aspect suprême et, d’une manière générale, le tout du divin, dans la religion chrétienne », au contraire, « l’apparition n’est considérée que comme un moment du divin ». 51
Dans l’acte par lequel elle scinde l’identité de l’être absolu, la négativité institue la distance qui permet à cet être d’apparaître, elle est son laisser-être phénoménal. 72
Tandis que le dieu grec demeure dans le phénoménal, l’apparition n’est dans le christianisme qu’ « un moment du divin », et qu’un tel moment doive précisément être supprimé, que la forme finie de l’apparition du Christ doive disparaître, cela signifie que la manifestation objective est dans son essence inadéquate, impropre à accueillir en elle l’être de l’Absolu tel qu’il est en soi. 76
C’est pourquoi cette suppression ne coïncide pas, à vrai dire, avec l’acte de rentrer en soi-même du Concept, elle n’en est que l’équivalent phénoménal, la manifestation déchue. 76
Bien plus, le fait de ne pas apparaître n’a peut-être qu’une signification limitée, purement négative, s’il demeure en relation avec un concept non élaboré de l’essence phénoménale, car il se pourrait que ce qui est donné comme n’apparaissant pas ne soit tel qu’au regard d’une conception unilatérale et, comme telle, abstraite de l’essence. 8
L’être du mur est le mur lui-même dans l’infinité de la distance qui lui confère, avec la condition phénoménale, l’existence même. 10
L’argument ontologique n’est pas une preuve au sens ordinaire du mot, il consiste dans la lecture de la condition phénoménale de l’être. 10
Cette condition phénoménale est justement l’existence de l’être, elle est, en tant qu’être en dehors de son être, l’être même de l’être. 10
Le dualisme de l’être et de sa propre image, qui vient d’être pensé comme la condition phénoménale de l’être, ne saurait être limité dans sa portée ; il appartient au contraire à la définition même de la structure interne de la phénoménalité et apparaît à ce titre comme une prescription d’ordre éidétique, comme une condition absolument universelle, identique à l’essence de la manifestation comme telle. 10
L’être de Dieu ne serait rien que l’Ungrund non pas seulement le plus obscur mais le plus abstrait et, comme tel, quelque chose de tout à fait irréel, s’il ne se soumettait à son tour aux conditions qui ouvrent et définissent le champ de l’existence phénoménale et de la spiritualité vraie. 10
La présence à soi de l’être est une avec sa séparation d’avec soi dans le devenir autre ; elle se constitue dans le dédoublement de l’être, dédoublement dans lequel celui-ci s’apparaît à lui-même et entre ainsi dans la condition phénoménale de la présence. « 10
A l’existence phénoménale qui se réalise dans un tel processus, Fichte donne explicitement le nom de conscience. 11
Le devenir-autre de l’être est identique avec son surgissement dans la condition phénoménale de la présence. 11
Cette dimension phénoménale de la présence est la conscience elle-même. 11
Le « terme suprême… qui se divise pour apparaître » ne parvient ainsi à la condition de l’existence phénoménale et consciente que lorsqu’il accepte de s’abandonner à l’œuvre de l’altérité et de la division. 11
L’intelligence n’est, à vrai dire, rien d’autre que la conscience de l’action, c’est-à-dire en fait l’action elle-même dans son opposition phénoménale à soi. 11
Cette division est présentée comme la condition de la vision avec laquelle est identifiée la connaissance, c’est-à-dire en fait la conscience et l’existence phénoménale. 11
La certitude est un titre pour désigner ce qui se produit à la faveur d’un tel processus, c’est-à-dire l’existence phénoménale et la manifestation comme telle. 11
Être un ob-jet, c’est être situé dans la dimension phénoménale de l’existence et appartenir, comme tel, à la conscience. 11
Faire accéder l’étant au rang de phénomène, le faire surgir dans la lumière de l’existence phénoménale et consciente, c’est là l’œuvre qui est pensée comme celle du sujet, et l’être de celui-ci n’est rien en dehors d’une telle œuvre mais s’épuise au contraire en elle. 11
L’être du sujet est ainsi identiquement le surgissement même de l’existence phénoménale, il consiste dans l’ouverture de la dimension ontologique de la présence. 11
La négation de l’étant, qui est l’œuvre du néant, est identiquement sa promotion dans la dimension de la présence phénoménale, son avènement ontologique comme tel. 13
Et, plus loin : « L’être du phénomène, quoique coextensif au phénomène, doit échapper à la condition phénoménale… et, par conséquent, il déborde et fonde la connaissance qu’on en prend. » 13
En tant que l’être du phénomène se dérobe à la condition phénoménale dans laquelle parvient seul le phénomène, l’essence de la manifestation se dissimule dans le temps même où elle accomplit son œuvre. 13
C’est dans l’être effectif de celle-ci que l’essence de la phénoménalité pure trouve la condition de sa réalité, c’est dans le phénomène lui-même qu’elle parvient à la condition phénoménale. 13
Cette réalisation, c’est-à-dire sa propre promotion dans la condition phénoménale, l’essence de la manifestation ne l’obtient par conséquent que dans et par l’objet. 14
Ainsi la détermination apparaît-elle finalement comme appartenant à la structure interne de l’essence en tant que l’essence de la manifestation ne peut trouver son effectivité que dans la condition phénoménale qu’elle doit fonder. 14
Le feu est la condition phénoménale de la lumière, une condition que celle-ci n’obtient que sur le fond en elle de la détermination opaque et brute. 14
Toute la philosophie bœhmienne du corps atteste la nécessité de la présence de l’élément ontique au sein de l’essence phénoménale et comme une condition de la réalisation de celle-ci. 14
Ce qui, dans le devenir effectif de la phénoménalité, entre dans la condition phénoménale, est la détermination finie. « 14
Ainsi l’entité concrète et par elle-même non-conscience est-elle, en tant que consciente, la seule réalisation possible de l’essence phénoménale de la conscience pure. 14
La conscience pure ne parvient pas dans la condition phénoménale. 14
Le processus ontologique fondamental de l’objectivation qui définit l’essence de la manifestation laisse échapper celle-ci dans son accomplissement même, en tant que, dans cet accomplissement, il ne parvient pas lui-même à la condition phénoménale de l’apparence. 14
De même que chez Fichte l’existence pure qui définit l’essence n’entre dans la condition phénoménale que sous la condition de la détermination objective sans pouvoir cependant maintenir dans cette forme la pureté de son essence originaire, en sorte que « toujours la forme nous voile l’essence », de même chez Schelling la conscience pure qui se réalise phénoménalement dans l’objet n’est plus, en fait, dans cette réalisation que l’objet lui- même. 14
Qu’en est-il cependant de la manifestation de la conscience dans sa pureté ? Une telle manifestation ne doit-elle pas pouvoir être exhibée si la philosophie de la conscience prétend parler avec quelque droit du concept pur sur lequel elle se fonde ? Schelling ne peut lever le paradoxe d’une conscience qui ne se connaît que lorsqu’elle devient objet ni maintenir la validité du concept pur de la conscience autrement qu’en faisant de celle-ci la condition de l’apparence phénoménale effective de l’objet. 14
L’analyse réflexive est l’expression méthodologique du paradoxe constitué par la condition non phénoménale de l’essence de la phénoménalité. 14
Celle-ci, cependant, se trouve-t-elle atteinte en elle-même, parvient-elle en elle-même à la condition phénoménale ? Il semble que oui : « le propre du point de vue transcendantal est de ramener à la conscience et de rendre objectif ce qui, dans tout autre ordre de pensée, de connaissance ou d’action, est absolument non objectif, c’est-à-dire échappe à la conscience ». 14
L’essence de la phénoménalité qui n’entre pas dans la condition phénoménale n’y entre-t-elle pas dans le point de vue transcendantal ? Mais comment ? Pour « ramener à la conscience » ce qui est « absolument non objectif », le point de vue transcendantal ne peut que « le rendre objectif ». 14
Que la pure essence s’évanouisse dans la nuit de l’origine transcendantale, cela signifie seulement qu’elle ne saurait être comprise en dehors de l’élément ontique où elle trouve le moment de la présence phénoménale. 14
Le pour-soi désigne la dimension phénoménale de l’existence à laquelle l’en-soi est, en tant que tel, foncièrement étranger. 15
Elle signifie qu’en entrant dans le lieu fini de son existence phénoménale, l’étant se dérobe aussi à la lumière de ce lieu qu’il déborde de toute part. 15
Le premier résultat de l’élucidation du concept de phénomène a pourtant été de rendre évidente la nécessité d’opérer une dissociation entre ce travail d’élucidation qui définit la tâche de la phénoménologie et, d’autre part, la réalité du concept qui forme son objet, à savoir le surgissement de l’essence dans l’effectivité de sa condition phénoménale. 17
C’est parce qu’un tel contenu pur doit demander au temps qui l’intuitionne la condition de sa réalité phénoménale que ce qui se forme dans le schématisme « se donne nécessairement sous une forme intuitive dans l’image pure du temps ». 24
L’essence s’affecte elle-même parce qu’elle n’est agissante que si elle se manifeste et qu’elle ne se manifeste que si sa propre manifestation n’est point perdue pour elle mais recueillie au contraire en elle et par elle, de telle manière que, recueillie par l’essence et retenue en elle, elle se manifeste à elle et parvienne ainsi à l’effectivité de sa condition phénoménale : l’essence s’affecte parce qu’elle se manifeste à elle-même. 31
Avec les présuppositions qui sont traditionnellement les siennes une confusion se produit cependant aux yeux de la problématique entre la nécessaire référence de l’étant à l’élément ontologique formel pur où il entre dans la condition phénoménale et par lequel il se trouve médiatisé, et, d’autre part, le développement interne de l’élément ontologique pur par lequel cet élément parvient lui-même dans la lumière de la condition phénoménale, c’est-à-dire dans sa propre réalité : l’une comme l’autre sont appelés par elle « médiation ». 36
Ainsi voit-on un psychologue comme Pradines s’efforcer d’expliquer la promotion phénoménale de l’affectivité qui caractérise l’affection par l’insertion dans celle-ci d’une conscience explicitement comprise comme le développement d’un espace et la projection en lui de l’objet. 59
Après avoir défini la condition phénoménale de l’état affectif comme son être-donné dans une fonction de saisie dont la structure, qu’il s’agisse d’une perception affective ou d’une simple perception interne, d’un acte de l’attention ou de la réflexion, est en tout cas l’intentionnalité, il faut reconnaître que celle-ci laisse échapper ce qu’on prétend atteindre en elle. 64
La négativité est si peu l’essence phénoménale que, livrée à elle-même, elle signifie bien plutôt la disparition et la nuit. 73
