Henry (1963) – consciência filosófica
(MHEM)
Ainsi l’être de l’ego semble-t-il perdre son privilège exclusif au fur et à mesure que s’accomplit l’effort de la conscience philosophique pour s’égaler à sa propre tâche : réaliser dans toute son ampleur une vision rationnelle de l’être. I
Il est vrai que la conscience naturelle n’a « pas le temps de contempler le « est » qui lui échappe totalement » ; viser au contraire celui-ci d’une façon thématique dans la conscience philosophique, c’est être amené à poser que « le « est » par rapport à l’être est immédiatement l’existence ». 10
Parce que la présupposition du savoir vrai de la conscience philosophique et du savoir non vrai de la conscience naturelle est la Parousie, cette présupposition n’est pas un fondement caché derrière la vie de la conscience, elle est la vie consciente elle-même comme telle, la vie de la conscience philosophique comme celle de la conscience naturelle. 18
L’objet que se représente la conscience comme telle, dans son essence universelle, n’est ni l’objet que se représente la conscience naturelle, ni celui que se représente la conscience philosophique. 18
C’est en un sens radicalement différent que la conscience philosophique se représente l’être dans le savoir vrai. 18
La conscience philosophique se représente l’être comme la conscience naturelle se représente l’étant, en faisant de lui le thème de sa visée, à l’intérieur d’une modification déterminée de la vie de la conscience en général. 18
Bien qu’il soit l’être et non plus l’étant, l’objet de la conscience philosophique est un objet au même sens que l’objet de la conscience naturelle, c’est quelque chose qui se donne à la conscience par la médiation d’un acte déterminé de celle-ci, à l’intérieur d’une visée spécifique et comme son corrélat strict et lui-même déterminé. 18
L’objet de la conscience philosophique est un objet au sens ordinaire du mot. 18
La Phénoménologie de l’Esprit qui s’en tient à la description de l’existence telle qu’elle est pour la conscience qui se la représente, que cette conscience soit la conscience naturelle ou la conscience philosophique, n’a donc à aucun moment affaire avec la réalité. 19
Mais, on l’a vu, ce qui est pour la conscience philosophique (für sich, für uns) n’est pas moins irréel, l’unité de l’existence et de l’essence que se représente cette conscience en se comprenant elle-même dans sa vérité, n’est encore qu’une unité abstraite. 19
Elle est transcendante par rapport à la conscience philosophique (für uns) comme la signification que cette conscience atteint en se dépassant vers elle. 19
Au moment de la négation de l’immanence par la conscience philosophique préexiste celui de son affirmation immédiate dans la vie. 45
C’est pourquoi de telles représentations ont pour elles la force de leur origine transcendantale, elles se frayent un chemin jusqu’à la conscience philosophique, se maintiennent en celle-ci et, finalement, s’y juxtaposent à la négation théorique de l’essence qui les nourrit. 45
