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Merleau-Ponty (PP) – acontecimento

(MPPP)

J’ai commencé de réfléchir, ma réflexion est réflexion sur un irréfléchi, elle ne peut pas s’ignorer elle-même comme événement, dès lors elle s’apparaît comme une véritable création, comme un changement de structure de la conscience, et il lui appartient de reconnaître en deçà de ses propres opérations le monde qui est donné au sujet parce que le sujet est donné à lui-même. Avant-propos

Qu’il s’agisse d’une chose perçue, d’un événement historique ou d’une doctrine, « comprendre », c’est ressaisir l’intention totale, — non seulement ce qu’ils sont pour la représentation, les « propriétés » de la chose perçue, la poussière des « faits historiques », les « idées » introduites par la doctrine, — mais l’unique manière d’exister qui s’exprime dans les propriétés du caillou, du verre ou du morceau de cire, dans tous les faits d’une révolution, dans toutes les pensées d’un philosophe. Avant-propos

Dans un événement considéré de près, au moment où il est vécu, tout paraît aller au hasard : l’ambition de celui-ci, telle rencontre favorable, telle circonstance locale semblent avoir été décisives. Avant-propos

Mais les hasards se compensent et voilà que cette poussière de faits s’agglomèrent, dessinent une certaine manière de prendre position à l’égard de la situation humaine, un événement dont les contours sont définis et dont on peut parler. Avant-propos

Il n’y a pas de définition physiologique de la sensation et plus généralement il n’y a pas de psychologie physiologique autonome parce que l’événement physiologique lui-même obéit à des lois biologiques et psychologiques. Intro I

L’événement élémentaire est déjà revêtu d’un sens, et la fonction supérieure ne réalisera qu’un mode d’existence plus intégré ou une adaptation plus valable, en utilisant et en sublimant les opérations subordonnées. Intro I

Il ne suscite l’« événement connaissant » qui le transformera, que par le sens encore ambigu qu’il lui offre à déterminer, si bien qu’il en est le « motif » et non pas la cause. Intro III

La notion d’un espace géométrique, indifférent à ses contenus, celle d’un déplacement pur, qui n’altère pas par lui-même les propriétés de l’objet, fournissaient aux phénomènes un milieu d’existence inerte où chaque événement pouvait être rattaché à des conditions physiques responsables des changements intervenus, et contribuaient donc à cette fixation de l’être qui paraissait être la tâche de la physique. Intro IV

Ainsi le rapport du stimulus et de la perception pouvait rester clair et objectif, l’événement psychophysique était du même type que les relations de la causalité « mondaine ». I I

L’« événement psychophysique » n’est donc plus du type de la causalité « mondaine », le cerveau devient le lieu d’une « mise en forme » qui intervient même avant l’étape corticale, et qui brouille, dès l’entrée du système neveux, les relations du stimulus et de l’organisme. I I

Le trouble dit somatique ébauche sur le thème de l’accident organique des commentaires psychiques et le trouble « psychique » se borne à développer la signification humaine de l’événement corporel. I I

Comment distinguer dans le symptôme les causes physiologiques et les motifs psychologiques ? Comment associer simplement les deux explications et comment concevoir un point de jonction entre les deux déterminants ? « Dans des symptômes de cette sorte, psychique et physique sont liés si intérieurement qu’on ne peut plus penser à compléter l’un des domaines fonctionnels par l’autre et que tous deux doivent être assumés par un troisième (…) (Il faut)… passer d’une connaissance des faits psychologiques et physiologiques à une reconnaissance de l’événement animique comme processus vital inhérent à notre existence. » I I

Ainsi, à la question que nous nous posions, la physiologie moderne donne une réponse très claire : l’événement psychophysique ne peut plus être conçu à la manière de la physiologie cartésienne et comme la contiguïté d’un processus en soi et d’une cogitatio. I I

L’union de l’âme et du corps ne s’était pas accomplie une fois pour toutes et dans un monde lointain, elle renaissait à chaque instant au-dessous de la pensée du psychologue et non comme un événement qui se répète et qui surprend chaque fois le psychisme, mais comme une nécessité que le psychologue savait dans son être en même temps qu’il la constatait par la connaissance. I II

Le psychisme de fait, avec ses « particularités », n’était plus un événement dans le temps objectif et dans le monde extérieur, mais un événement que nous touchions de l’intérieur, dont nous étions l’accomplissement ou le surgissement perpétuels et qui rassemblait continuellement en lui son passé, son corps et son monde. I II

Au lieu que chez le normal chaque événement moteur ou tactile fait lever à la conscience un foisonnement d’intentions qui vont, du corps comme centre d’action virtuelle, soit vers le corps lui-même, soit vers l’objet, chez le malade, au contraire, l’impression tactile reste opaque et fermée sur elle-même. I III

L’histoire est pour lui un certain événement humain, reconnaissable à son style, et le sujet « comprend » ici parce qu’il a le pouvoir de vivre, au-delà de son expérience immédiate, les événements indiqués par le récit. I III

Ici les « données visuelles » n’apparaissent qu’à travers leur sens tactile, les données tactiles qu’à travers leur sens visuel, chaque mouvement local que sur le fond d’une position globale, chaque événement corporel, quel que soit l’« analyseur » qui le révèle, sur un fond significatif où ses retentissements les plus lointains sont au moins indiqués et la possibilité d’une équivalence intersensorielle immédiatement fournie. I IV

Le romancier n’a pas pour rôle d’exposer des idées ou même d’analyser des caractères, mais de présenter un événement interhumain, de le faire mûrir et éclater sans commentaire idéologique, à tel point que tout changement dans l’ordre du récit ou dans le choix des perspectives modifierait le sens romanesque de l’événement. I IV

Même chez Freud on aurait tort de croire que la psychanalyse exclut la description des motifs psychologiques et s’oppose à la méthode phénoménologique : elle a au contraire (sans le savoir) contribué à la développer en affirmant, selon le mot de Freud, que tout acte humain « a un sens » et en cherchant partout à comprendre l’événement au lieu de le rattacher à des conditions mécaniques. I V

Quand nous disons que la vie corporelle ou charnelle et le psychisme sont dans un rapport d’expression réciproque ou que l’événement corporel a toujours une signification psychique, ces formules ont donc besoin d’explication. I V

En tant qu’elle porte des « organes des sens », l’existence corporelle ne repose jamais en elle-même, elle est toujours travaillée par un néant actif, elle me fait continuellement la proposition de vivre, et le temps naturel, dans chaque instant qui advient, dessine sans cesse la forme vide du véritable événement. I V

C’est qu’elle se donne le monde tout fait, comme milieu de tout événement possible, et traite la perception comme l’un de ces événements. II I

Elle ne se donne pas d’abord comme un événement dans le monde auquel on puisse appliquer, par exemple, la catégorie de causalité, mais comme une re-création ou une re-constitution du monde à chaque moment. II I

L’intellectualisme représente bien un progrès dans la prise de conscience : ce lieu hors du monde que le philosophe empiriste sous-entendait et où il se plaçait tacitement pour décrire l’événement de la perception, il reçoit maintenant un nom, il figure dans la description. II I

Nous avons l’expérience d’un monde, non pas au sens d’un système de relations qui déterminent entièrement chaque événement, mais au sens d’une totalité ouverte dont la synthèse ne peut pas être achevée. II I

Selon que je fixe un objet ou que je laisse mes yeux diverger, ou enfin que je m’abandonne tout entier à l’événement, la même couleur m’apparaît comme couleur superficielle (Oberflächenfarbe), — elle est en un lieu défini de l’espace, elle s’étend sur un objet, — ou bien elle devient couleur atmosphérique (Raumfarbe) et diffuse tout autour de l’objet ; ou bien je la sens dans mon œil comme une vibration de mon regard ; ou enfin elle communique à tout mon corps une même manière d’être, elle me remplit et ne mérite plus le nom de couleur. II I

Avant d’être l’indice d’un concept il est d’abord un événement qui saisit mon corps et ses prises sur mon corps circonscrivent la zone de signification à laquelle il se rapporte. II I

Mais qu’est-ce que le lié sans la liaison, qu’est-ce que cet objet qui n’est pas encore objet pour quelqu’un ? La réflexion psychologique, qui pose mon acte de perception comme un événement de mon histoire, peut bien être seconde. II I

Nous savons un mouvement et un mouvant sans aucune conscience des positions objectives, comme nous savons un objet à distance et sa vraie grandeur sans aucune interprétation, et comme à chaque moment nous savons la place d’un événement dans l’épaisseur de notre passé sans aucune évocation expresse. II II

Si l’on voulait avec le réalisme faire de la perception une coïncidence avec la chose, on ne comprendrait même plus ce que c’est que l’événement perceptif, comment le sujet peut s’assimiler la chose, comment après avoir coïncidé avec elle il peut la porter dans son histoire, puisque par hypothèse il ne posséderait rien d’elle. II III

Pour l’empirisme, l’hallucination est un événement dans la chaîne d’événements qui va du stimulus à l’état de conscience. II III

L’événement physiologique n’est que le dessin abstrait de l’événement perceptif. II IV

Mais ce n’est qu’une représentation qu’il nous en donne, il n’atteint pas la bataille même, puisque, au moment où elle a eu lieu, l’issue en était contingente, et qu’elle ne l’est plus quand l’historien la raconte, puisque les causes profondes de la défaite et les incidents fortuits qui leur ont permis de jouer étaient, dans l’événement singulier de Waterloo, déterminants au même titre, et que l’historien replace l’événement singulier dans la ligne générale du déclin de l’Empire. II IV

Si la structure intelligible et identifiable de mon expérience, quand je la reconnais dans le cogito, me fait sortir de l’événement et m’établit dans l’éternité, elle me libère en même temps de toutes les limitations et de cet événement fondamental qu’est mon existence privée, et les mêmes raisons qui obligent à passer de l’événement à l’acte, des pensées au Je, obligent à passer de la multiplicité des Je à une conscience constituante solitaire et m’interdisent, pour sauver in extremis la finitude du sujet, de le définir comme « monade ». III I

Nous verrons qu’elle n’est pas indifférente à l’événement et au temps, qu’elle est plutôt le mode fondamental de l’événement et de la Geschichte, dont les événements objectifs et impersonnels sont des formes dérivées, et enfin que le recours à l’éternité n’est rendu nécessaire que par une conception objective du temps. III I

La conscience que j’ai de voir ou de sentir, ce n’est pas la notation passive d’un événement psychique fermé sur lui-même et qui me laisserait incertain en ce qui concerne la réalité de la chose vue ou sentie ; ce n’est pas davantage le déploiement d’une puissance constituante qui contiendrait éminemment et éternellement en elle-même toute vision ou sensation possible et rejoindrait l’objet sans avoir à se quitter, c’est l’effectuation même de la vision. III I

Dire qu’un événement a lieu, c’est dire qu’il sera vrai pour toujours qu’il a eu lieu. III I

Pour qu’une évidence absolue et sans aucun présupposé fût possible, pour que ma pensée pût se pénétrer, se rejoindre et parvenir à un pur « consentement de soi à soi », il faudrait, pour parler comme les kantiens, qu’elle cessât d’être un événement et qu’elle fût acte de part en part, — pour parler comme l’École, que sa réalité formelle fût incluse dans sa réalité objective, — pour parler comme Malebranche, qu’elle cessât d’être « perception », « sentiment », ou « contact » avec la vérité pour devenir pure « idée » et « vision » de la vérité. III I

L’événement de ma naissance n’a pas passé, il n’est pas tombé au néant à la façon d’un événement du monde objectif, il engageait un avenir, non pas comme la cause détermine son effet, mais comme une situation, une fois nouée, aboutit inévitablement à quelque dénouement. III I

Ma première perception, avec les horizons qui l’entouraient, est un événement toujours présent, une tradition inoubliable ; même comme sujet pensant, je suis encore cette première perception, la suite de la même vie qu’elle a inaugurée. III I

C’est cet avènement ou encore cet événement transcendantal que le cogito retrouve. III I

Car, à considérer les choses elles-mêmes, la fonte des neiges et ce qui en résulte ne sont pas des événements successifs, ou plutôt la notion même d’événement n’a pas de place dans le monde objectif. III II

Mais ces traces par elles-mêmes ne renvoient pas au passé : elles sont présentes ; et, si j’y trouve des signes de quelque événement « antérieur », c’est parce que j’ai, par ailleurs, le sens du passé, c’est parce que je porte en moi cette signification. III II

Si mon cerveau garde les traces du processus corporel qui a accompagné l’une de mes perceptions, et si l’influx nerveux passe de nouveau par ces chemins déjà frayés, ma perception reparaîtra, j’aurai une nouvelle perception, affaiblie et irréelle si l’on veut, mais en aucun cas cette perception, qui est présente, ne pourra m’indiquer un événement passé, à moins que je n’aie sur mon passé une autre vue qui me permette de la reconnaître comme souvenir, ce qui est contre l’hypothèse. III II

En un mot, puisque dans le temps être et passer sont synonymes, en devenant passé, l’événement ne cesse pas d’être. III II

Quand nous décrivions tout à l’heure le recouvrement du temps par lui-même, nous ne réussissions à traiter le futur comme un passé qu’en ajoutant : un passé à venir, et le passé comme un avenir qu’en ajoutant : un avenir déjà advenu, — c’est-à-dire que, au moment de niveler le temps, il fallait affirmer à nouveau l’originalité de chaque perspective et fonder cette quasi-éternité sur l’événement. III II

Cette notion appartient à la pensée statistique, qui n’est pas une pensée, puisqu’elle ne concerne aucune chose particulière existant en acte, aucun moment du temps, aucun événement concret. « III III

L’alternative rationaliste : ou l’acte libre est possible, ou il ne l’est pas, — ou l’événement vient de moi, ou il est imposé par le dehors, ne s’applique pas à nos relations avec le monde et avec notre passé. III III

Si en effet je me faisais ouvrier ou bourgeois par une initiative absolue, et si en général rien ne sollicitait la liberté, l’histoire ne comporterait aucune structure, on ne verrait aucun événement s’y profiler, tout pourrait sortir de tout. III III

Pour nous, la conscience ne s’attribue ce pouvoir de constitution universelle que si elle passe sous silence l’événement qui en fait l’infrastructure et qui est sa naissance. III III

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