Comme dans son indétermination primitive, le milieu phénoménologique pur n’a pas conscience de soi, il n’y a en lui aucune conscience effective, aussi longtemps du moins qu’il n’y a en lui rien d’autre que lui. 14
L’objet est le devenir-conscient de l’essence de la conscience, il est ce qui permet à cette essence de prendre conscience de soi. 14
La conscience de soi est identique à la conscience. 14
C’est parce que la conscience est identique à la conscience de soi, que l’être-là a, d’une manière générale, « la signification de la pure pensée ». 14
La conscience de soi est identique à la conscience extérieure de l’objet. 14
Parce que la pensée, écrit Marx, s’imagine être immédiatement autre qu’elle-même, la réalité sensible, et que son action prend donc aussi pour die la valeur d’une action réelle sensible, la suppression idéale, qui laisse son objet exister dans la réalité, croit l’avoir vaincu réellement ; et d’autre part, parce qu’il est devenu maintenant pour elle un élément idéal, elle le considère également dans sa réalité comme l’affirmation d’elle-même, de la conscience de soi, de l’abstraction. » 15
Ce n’est pas l’étant qui, comme « limite », « obstacle » et « arrêt » permet à la liberté de prendre conscience de soi en se heurtant à lui. 15
C’est en ce sens que Marx dit qu’on ne peut juger une époque sur sa « conscience de soi ». 18
Expliquant comment l’expérience réside à ses yeux dans la comparaison qu’institue la conscience entre son objet et son savoir, il justifie ainsi son point de vue : « car, dit-il, la conscience est d’un côté conscience de l’objet, d’un autre côté, conscience de soi-même ; elle est conscience de ce qui lui est le vrai et conscience de son savoir de cette vérité. 20
C’est d’une façon ambiguë, à vrai dire, qu’on déclare que la « conscience est d’un côté conscience de l’objet d’un autre côté, conscience de soi-même. » 20
Ce n’est pas de la même façon, en réalité, que la conscience est conscience de l’objet et conscience de soi, l’objet et la conscience elle-même ne sont pas « pour elle » de la même manière. 20
La conscience de soi ne s’oppose donc pas à la conscience de l’objet et ne peut lui être comparée, elle constitue bien plutôt son essence même. 20
Pour instituer une dialectique qui repose sur la comparaison de la conscience de soi et de la conscience de l’objet, il faut traiter subrepticement cette conscience de soi comme une représentation de soi, confondre la signification ontologique de l’être-pour-soi avec sa signification existentielle. 20
Le mouvement de l’expérience trouve son origine, selon Hegel, dans l’inégalité qui existe entre la conscience de l’objet et la conscience de soi, dans la différence, dit Heidegger, entre le savoir naturel et le savoir réel. 20
En quoi consiste, cependant, l’inégalité entre la conscience de l’objet et la conscience de soi, la différence entre le savoir naturel et le savoir réel, différence qui se trouve à l’origine du mouvement de l’expérience ? Le savoir naturel est le savoir de la conscience qui vise l’étant. 20
C’est avec ces restrictions, à vrai dire essentielles, qu’il convient d’entendre ce texte de Hegel : « mais en ce qui concerne l’être-là de ce concept dans le temps et dans l’effectivité… comme l’esprit qui sait ce qu’il est, il n’existe pas autrement et il n’existe qu’après l’accomplissement du travail par lequel… il se crée pour sa conscience la figure de son essence et de cette façon égalise sa conscience de soi avec sa conscience ». 21
La conscience de soi, dont Hegel dit contre Fichte qu’elle ne surgit qu’après un processus préliminaire, n’a donc à la rigueur aucune signification ontologique, elle ne saurait désigner la structure de l’essence ni lui appartenir. 21
Il ne s’agit pas seulement de dire que la conscience du monde est toujours aussi et d’abord conscience de soi, comme si la conscience, au même titre que le monde, était retenue sous son propre concept, comme si le concept de la conscience avait pour contenu, non pas seulement le monde, mais également cette conscience elle-même. 34
Ce qui se trouve passé sous silence à l’intérieur d’une telle compréhension, ce n’est pas seulement la question de la structure interne de la phénoménalité de la « conscience de soi » – structure qui se trouve en fait interprétée à partir de celle de la conscience du monde –, la nature de celle-ci se trouve elle-même être manquée en même temps que sa possibilité. 34
Il n’y a pas deux consciences sans lien entre elles et dont nous ne saurions pas comment elles peuvent se joindre, comment la conscience du monde est aussi, en même temps, dans l’unité d’un même évènement phénoménologique, conscience de soi. 34
Si la conscience de soi et la conscience du monde ne surgissent point séparément comme deux essences juxtaposées, enfermées chacune dans sa vérité propre comme dans un monde de lumière clos sur lui-même et sans communication avec l’autre, s’il n’y a pas deux dimensions fondamentales de phénoménalité se suffisant chacune à elle-même et, dans cette suffisance, ignorant l’autre, c’est que la conscience du monde précisément ne se suffit pas à elle-même, c’est qu’elle n’est pas une essence. 34
L’unité de la conscience du monde avec la conscience de soi est sa possibilité même. 34
C’est pourquoi, parlant de cette existence de Jésus et de ce qu’elle fut pour lui, Fichte peut encore dire qu’« il ne la connaissait pas sous forme de concept général, à la manière dont le philosophe spéculatif la connaît et cherche à la définir ; car il ne puisait pas dans le concept mais purement et simplement dans sa conscience de soi. 46
Ainsi doit être rejetée la thèse de Fichte selon laquelle « le sentiment… dépend du hasard » et ne saurait comme tel, en raison de ce caractère contingent et variable de son être, nous permettre de saisir la vie, au sens où il l’entend, et d’en jouir, c’est-à-dire asseoir notre rapport à l’absolu, la possibilité de fonder un tel rapport devant être laissée à ce qui est seul capable de subsister par soi-même et ainsi de durer, à la conscience de soi identifiée à la connaissance et à la pensée. 55
C’est la conscience de soi seule qui est capable de saisir la vie et d’en jouir », de telle manière que cette conscience de soi qui concentre en elle l’essence de la révélation et son effectivité doit être comprise dans son identité à la pensée ou encore à la connaissance pure et, du même coup, dans son opposition explicite au sentiment, incapable en tant que tel d’appréhender l’absolu et la permanence de l’être en lui. « 59
Le dépassement de la métaphysique de la volonté, le dépassement du psychologisme, ne peut s’accomplir cependant, en ce qui concerne le sentiment, celui-ci être autre chose qu’un état, l’élément ontologique de la manifestation et comme tel, ainsi que le déclare explicitement Heidegger, « un mode de la conscience de soi », un « sentiment pur », que pour autant que cet élément ontologique qui constitue l’être du sentiment se trouve saisi précisément comme le sien, comme son essence propre. 65
La condition de la conscience, l’essence du phénomène et de toute manifestation, c’est la scission qui s’introduit dans l’être un et opaque, c’est le dédoublement de cet être qui, ainsi divisé d’avec soi, peut prendre position en face de lui-même et, dès lors, exister pour soi, c’est la réflexion en soi-même par laquelle l’être prend conscience de soi en s’élevant au-dessus de soi-même, en se rejetant par suite hors de soi et en s’apercevant ainsi soi-même comme autre, dans l’élément de la différence. 71
La vie, en effet, n’est vraiment la vie que si elle est capable de sortir de la nuit de l’inconscience pour parvenir au sentiment d’elle-même et à la conscience de soi. 71
Moyennant ce contenu, la dégradation de l’objet à la pure objectivité, à la forme de négativité de la conscience de soi, disparaît. » 77
Ainsi s’explique la vanité de la dialectique qui conduit de la conscience à la conscience de soi. 77
Le moment de la conscience demeure, en fait, le moment essentiel de la conscience de soi, celle-ci reste en effet une conscience extérieure, puisque l’extériorité est le milieu dans lequel la conscience est présente à elle-même dans la conscience de soi. 77
En tant qu’elle se manifeste en et pour soi comme conscience de soi, la conscience accepte elle aussi le mode de l’existence objective. 77