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Medievo e Renascença
Ruysbroeck : LA DÉRÉLICTION
Misticismo e Ascetismo Cristão
segunda-feira 18 de outubro de 2021, por
CHAPITRE XXVIII - DU QUATRIÈME MODE DE LA VENUE DU CHRIST .
Il nous faut parler maintenant du quatrième mode de la venue du Christ, qui élève l’homme et le perfectionne dans la pratique de la vie intérieure, selon la partie inférieure de lui-même. Et comme nous avons déjà comparé les divers modes de venue intérieure à l’éclat du soleil et à son efficacité, selon le cours de l’année, nous poursuivrons le même exemple et montrerons comment le soleil progresse et produit ses effets, à mesure que s’écoulent les saisons.
Lorsqu’il commence à descendre notablement du sommet de sa course vers son déclin, il entre dans un signe qu’on appelle la Vierge, parce qu’alors la saison, comme une vierge, ne donne pas de fruit. C’est en ce temps de l’année qu’est montée au ciel la glorieuse Vierge Marie, Mère du Christ, pleine de joie et riche de toutes vertus. C’est aussi la saison où la chaleur commence à diminuer ; et l’on a coutume alors de récolter, en vue d’une longue année, les fruits mûrs et qui peuvent se conserver, tels que les grains, le raisin et d’autres fruits durables, qui ont atteint leur maturité, et dont on pourra se servir et se nourrir longtemps. Puis avec les grains l’on fait des semences, qui doivent se multiplier pour l’utilité des hommes. C’est alors que s’achève et se consomme tout le travail du soleil au cours de l’année.
De même, lorsque le soleil de gloire, qui est le Christ, après être monté dans le cœur jusqu’au sommet, ainsi que je l’ai enseigné à propos du troisième mode, commence à descendre, en retirant ses rayons divins et en laissant l’homme à lui-même, l’ardeur et l’impatience d’amour commencent aussi à diminuer. Or cette disposition du Christ à se cacher et à retirer l’éclat de sa lumière et de sa chaleur constitue la première œuvre du mode qui nous occupe et une nouvelle venue. Le Christ s’y fait entendre de nouveau et dit : « Sortez selon la manière que je vous montre maintenant. » À cet appel, l’homme sort et se trouve pauvre, misérable et délaissé. Toute tempête, en effet, ardeur et impatience d’amour se sont refroidies ; à l’été brûlant a succédé l’automne, et toutes les richesses sont changées en grande pauvreté. Aussi cet homme se met-il à se plaindre et à s’apitoyer sur lui-même : où sont désormais la chaleur d’amour, l’esprit intérieur, l’action de grâces, la louange pleine d’allégresse ? Comment la consolation intérieure, la vie intime et la suavité sensible lui ont-elles été enlevées ? Et la violente ardeur d’amour, et tous les dons qu’il goûtait, tout cela est-il donc mort pour lui ? En cet état il ressemble à quelqu’un qui aurait tout désappris et qui aurait perdu son savoir et le fruit de ses peines. La nature s’émeut souvent et s’attriste d’une telle perte.
Parfois ces pauvres gens perdent en outre leurs biens terrestres, leurs amis et leurs proches, et ils sont comme délaissés de toutes les créatures. L’on ne trouve et l’on n’estime plus rien de saint en eux ; toutes leurs actions et toute leur vie sont prises en mauvaise part, et ils deviennent objets de mépris et de répulsion pour tous ceux qui les approchent. Puis ce sont des misères et des maladies sans nombre, ou encore des tentations dans le corps, ou, ce qui dépasse tout, dans l’esprit.
De ce dénuement naît la crainte de chute, en même temps qu’une demi-défiance. C’est le point extrême où l’on puisse se tenir hors du désespoir. Et dans cette affliction, l’homme recherche volontiers la société des bons, se plaignant à eux et leur exposant sa misère, et il souhaite grandement l’aide et la prière de la sainte Église et de tous les hommes vertueux.
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