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Lévinas (1949:93-94) – a filosofia de Heidegger

sexta-feira 26 de abril de 2024, por Cardoso de Castro

  

Une distinction capitale s’impose quand on aborde la méthode de Heidegger  . Il faut y insister pour éviter la confusion courante entre la philosophie de Heidegger et l’anthropologisme philosophique ou philosophie de l’existence qui n’en représente qu’un aspect. Confusion d’autant plus répandue que seul ce dernier aspect de l’œuvre heideggerienne a jusqu’à présent exercé une influence dominante sur la spéculation contemporaine et en particulier, sur l’existentialisme français.

La philosophie de Heidegger ne s’occupe pas de l’homme pour lui-même. Elle s’intéresse initialement à l’être. Il s’agit, d’ailleurs, comme tout le monde le sait maintenant, non pas d’un étant, même absolu, avec lequel la tradition philosophique confondait l’être, mais de l’être verbe, de l’être-Sein et non pas de l’être-Seiendes. Or, la question « qu’est-ce qu’être ?» a une condition : la possibilité même pour l’être de se révéler, de se dévoiler. Ce dévoilement originel de l’être condition de tout rapport avec lui est la vérité de l’être. La vérité n’est donc pas, pour Heidegger, quelque chose qui s’ajoute à l’être du dehors, du fait de l’homme, mais un événement de l’être. L’existence humaine ou le Dasein en tant que transcendance ou extase accomplit la vérité. C’est donc parce qu’il y a vérité qu’il y a pensée et que l’homme se place au cœur du problème philosophique. La situation, sur ce point du moins, fait penser à Platon   : « n’est-ce pas une même nécessité qui veut que si les choses (les idées) existent, nos âmes existent aussi... et que si elles n’existent pas, nos âmes non plus » (Phédon   76e). La vérité, contemporaine de l’être, ne résulte pas d’un rapport entre un esprit et un monde.

Sein und Zeit qui développe cette corrélation nécessaire entre l’être et l’intelligence de l’être, se désintéresse donc initialement d’anthropologie. Elle recherche les conditions de la pensée, la vérité comme conditions de la pensée. L’existence humaine n’apparaît que dans cette perspective. Il ne s’agit pas de décrire la nature humaine la conscience ou le sujet, mais l’événement ontologique de la vérité qu’est l’homme. Les particularités de l’analyse dépendent de cette perspective.

Mais Sein und Zeit est également une anthropologie. Parce que la compréhension de l’être qui s’accomplit dans le Dasein n’a pas la structure d’une pensée théorétique. Non pas que la pensée ne suffise point à la tâche et qu’il faille la compléter par cette vie pathétique, émotionnelle et angoissée que tant d’auteurs dénomment existence. Si la pensée n’atteint pas à l’intelligence de l’être, c’est qu’elle tend à un objet, aboutit à un quelque chose, à un étant ; alors que l’intelligence de l’être devrait entretenir une relation avec Vêtre de l’étant dont on ne saurait dire qu’à son tour, il est et qui, dans ce sens, est néant. Existence opposée à pensée — signifie précisément cette intelligence de l’être de l’étant. Dans la mesure, cependant, où penser un étant suppose l’intelligence de l’être de l’étant, toute pensée suppose existence. Comment s’accomplit l’existence ou l’intelligence de l’être que la pensée suppose ? La méthode phénoménologique que Heidegger emprunte à Husserl   permet de l’articuler. C’est que déjà chez Husserl se trouvent réunies les données essentielles qui orientent la philosophie vers la notion de l’existence.


Ver online : Emmanuel Lévinas


LÉVINAS, Emmanuel. En découvrant l’existence avec Husserl et Heidegger. Paris: Vrin, 1949