destaque
1) Uma questão de gramática filosófica: quais diferenças notáveis existem, do ponto de vista do emprego, entre estas palavras que nós preguiçosamente colocamos em uma única categoria de pronomes pessoais (e particularmente aqui eu, mim, ele/ela, si).
2) Uma questão de filosofia da ação: qual é o status das intenções de agir? Eles são principalmente propriedades da ação ou propriedades do agente?
3) Uma questão de metafísica: Devemos distinguir, como propõe Ricœur, dois conceitos de identidade, identidade como semelhança (idem) e identidade como ipseidade (ipse)?
4) Uma questão de filosofia da mente: o que é esse eu que aparece na expressão autoconsciência?
A “disputa do Cogito” desenrola-se sobre pronomes pessoais. Por um lado, a filosofia do eu invoca um sujeito rebelde a qualquer “objetificação”. Sobre este assunto, não há dúvida no discurso, a menos que ele decida se perguntar, na primeira pessoa. Do lado oposto, simetricamente, é chamado um “julgamento sem sujeito”, que deve ser falado na terceira pessoa: “Ele pensa em mim”, “fala”, etc. Assim, esta doutrina do anticogito é tão bem oposta à primeira que dela compartilha a premissa decisiva: não há verdadeiro sujeito senão à primeira pessoa.
Agora, a filosofia prática, cujo objetivo é detalhar as formas e os fins da ação humana, exige que este caso seja esclarecido a partir de pronomes pessoais. De fato, as duas doutrinas opostas na disputa têm outro ponto em comum. Ambas tendem a dificultar a concepção da ação humana como tal. A egologia não é favorável a uma verdadeira filosofia prática, porque se inclina ao solipsismo. Para o ego dos filósofos, a vida na sociedade sempre parece ser uma opção facultativa. Quanto à doutrina oposta, a que desafia as reivindicações desse ego filosófico, sustenta precisamente que as coisas acontecem literalmente sem nós. A nela crer, o que se toma por um agente, um sujeito prático, é mais uma espécie de bolha de “subjetivação” no fluxo de conjunto, bolha suscitada por insidiosos “dispositivos” ou “aparelhos”.
original
Dans ce livre, Paul Ricœur renouvelle les termes d’un débat entamé il y a une trentaine d’années. C’est la « querelle du Cogito » (p. 14). En même temps, il récapitule une enquête philosophique dont les premiers résultats avaient été publiés en 1950. Entre-temps, cette recherche s’est émancipée de son cadre initial, celui d’une phénoménologie de la volonté. Elle se définit aujourd’hui comme une philosophie pratique entendue au sens d’une « philosophie seconde » (p. 31). Autant dire : une philosophie destinée à remplacer la méditation de type cartésien et husserlien sur une donnée absolument radicale qui voulait servir de fondement à ce que Ricœur appelait dans sa thèse « les structures ou les possibilités fondamentales de l’homme ».
Il m’est évidemment impossible de recenser ici toutes les positions prises dans un livre qui mobilise toutes les disciplines philosophiques, de la sémantique à l’éthique et de la philosophie de l’action à la métaphysique. Je m’en tiendrai donc à un seul point qui touche à l’idée principale annoncée ainsi :
Le recours à l’analyse, au sens donné à ce terme par la philosophie analytique, est le prix à payer pour une herméneutique caractérisée par le statut indirect de la position du soi. (p. 28, italiques de l’auteur).
De quelle analyse s’agit-il ? Qu’a-t-elle à faire avec une position indirecte de soi par le sujet ? En quoi une telle herméneutique se distingue-t-elle d’une philosophie réflexive classique ou d’une phénoménologie descriptive de la conscience ? Je rassemblerai mes remarques autour de quatre questions :
1) Une question de grammaire philosophique : Quelles différences remarquables y a-t-il, du point de vue de l’emploi, entre ces mots que nous rangeons trop paresseusement dans une unique catégorie des pronoms personnels (et particulièrement ici je, il moi, lui, elle, soi).
2) Une question de philosophie de l’action : Quel est le statut des intentions d’agir ? Sont-elles d’abord des propriétés de l’action ou des propriétés de l’agent ?
3) Une question de métaphysique : Faut-il distinguer, comme le propose Ricœur, deux concepts d’identité, l’identité comme mêmeté (idem) et l’identité comme ipséité (ipse) ?
4) Une question de philosophie de l’esprit : Quel est donc ce soi qui figure dans l’expression la conscience de soi ?
La « querelle du Cogito » roule sur les pronoms personnels. D’un côté, la philosophie du moi invoque un sujet rebelle à toute « objectivation ». De ce sujet il ne peut être question dans le discours que s’il décide de s’y poser de soi-même, à la première personne. Du côté opposé, symétriquement, il est fait appel à un « procès sans sujet » dont on doit parler à la troisième personne : « Il pense en moi », « ça parle », etc. D’ailleurs, cette doctrine de l’anti-cogito est si bien opposée à la première qu’elle en partage la prémisse décisive : il n’est de vrai sujet qu’à la première personne.
Or la philosophie pratique, dont le propos est de détailler les formes et les fins de l’agir humain, réclame qu’on tire au clair cette affaire des pronoms personnels. En effet les deux doctrines opposées dans la querelle ont un autre point commun. L’une et l’autre tendent à rendre difficilement concevable l’action humaine comme telle. L’égologie n’est pas favorable à une véritable philosophie pratique, car elle incline au solipsisme. Pour le Moi des philosophes, la vie en société a toujours l’air d’être une option facultative. Quant à la doctrine opposée, celle qui récuse les prétentions de ce Moi philosophique, elle soutient précisément que les choses se font littéralement sans nous. À l’en croire, ce qu’on prenait pour un agent, un sujet pratique, est plutôt une sorte de poche de « subjectivation » dans le flux d’ensemble, poche suscitée par d’insidieux « dispositifs » ou « appareils ».