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theos

quinta-feira 25 de janeiro de 2024

  

THEÓS (THEÎOS, THEOGONÍA, THEOLOGÍA) (dieu, divin, théogonie, théologie) [grec]

subs. masc.

Il est impossible de proposer une définition dogmatique de la notion grecque de dieu (theos), en raison de la diversité des sujets auxquels ce terme s’applique comme prédicat — diversité qui est aussi celle des substantifs que qualifie l’adjectif divin (theios), ainsi que l’imprécision et la variabilité de la représentation qu’ont pu s’en faire les Grecs au cours de l’Histoire. On pourrait cependant reconnaître aux sujets qualifiés de theoi deux caractères communs : leur immortalité et leur puissance surnaturelle. Par ailleurs, leur représentation est systématiquement anthropomorphique : en effet, les dieux sont dotés de corps comme les hommes, dont par ailleurs ils partagent et les facultés cognitives (sensation, raison, etc) et les sentiments. En dehors de ces traits communs, rien ne les rapproche, même dans le culte : car leurs fonctions et leurs modes d’actions, leur domaine (dieux célestes = ouraniens dieux souterrains = chthoniens), et l’aire géographique où on les vénère présentent la plus grande diversité. Bien plus, chaque divinité est multiple : un même nom recouvre des figures et des fonctions différentes qu’expriment les diverses épiclèses « appellations accessoires, ou invocations » du dieu. Apollon en a plus d’une centaine, Dionysos aux alentours de deux cents. A l’inverse, il arrive qu’un même nom recouvre des fonctions identiques, et désigne donc des divinités interchangeables, ce qui entraîne pour la même divinité des rituels divers analogues aux rites consacrés à d’autres divinités. Enfin, ce monde divin est rebelle à toute hiérarchisation rigide ; certes, dans ce panthéon, Zeus est le roi, mais il est bien difficile d’attribuer aux autres dieux une place inamovible dans la répartition des pouvoirs et des savoirs qui s’y manifestent. Par ailleurs, à côté des dieux, on trouve des êtres qui, tout en leur étant inférieurs, présentent avec eux un certain nombre de traits communs ; il s’agit des héros, des démons et d’un certain nombre d’entités qui hantent les croyances populaires et qui font parfois l’objet d’un culte. Les héros, qui n’ont généralement qu’une existence locale, présentent deux traits communs : ils sont tous mâles et leur culte est de type funéraire. Tout porte d’ailleurs à croire que l’origine des cultes héroïques doit être cherchée du côté des cultes funéraires des rois et des princes mycéniens. Pour leur part, les démons (v. Daimôn) sont des puissances surnaturelles qui occupent une position intermédiaire entre les dieux et les hommes. Enfin, les croyances populaires avaient fait surgir un grand nombre d’entités aux contours mal définis : nymphes, satyres, harpies, sirènes, etc., auxquelles un culte était parfois rendu.

Le discours relatif à ces êtres surnaturels est qualifié de theogonia par Hésiode, le terme « théogonie » devant être pris dans un sens très large qui englobe non seulement la théogonie (discours sur l’origine des dieux), mais aussi la cosmogonie (discours sur l’origine de l’univers) et l’anthropogonie (discours sur l’origine des hommes). Aussi l’éditeur le plus récent d’Hésiode peut-il définir ainsi l’objet sur lequel porte la Théogonie : « L’origine du monde et des dieux, ainsi que les événements qui ont mené à l’établissement de l’ordre présent. » (Hésiode, Theogony, M.L. West, ed., Oxford, Clarendon Press, 1966, p. 2, ma traduction). En fait, cette théogonie vise moins à décrire pour elle-même l’origine des êtres qu’à expliquer par un recours à un passé paradigmatique l’état des choses actuel.

C’est chez Platon   (Rép.   II 379 a 5) qu’on rencontre pour la première fois le terme theologia, à condition toutefois de ne pas suivre le correcteur du manuscrit T qui a remplacé theologia (la seule occurrence de ce terme dans toute l’œuvre de Platon) par muthologia. L’incident est révélateur, car il indique bien que, chez Platon, theologia devait avoir un sens très voisin de muthologia, terme associé à poiesis et qui manifeste ces deux idées : celle de fabrication et de récit de mythes particuliers, et celle de recherche sur ce que racontent les mythes dans leur ensemble. Pour sa part, en Mét. A 1, Aristote   sépare les sciences théorétiques en trois classes : mathématiques, physiques et théologiques : la troisième, celle qui traite des substances séparées et immobiles, c’est la « théologie première ». Par la suite, la théologie embrasse tout discours sur les dieux : d’où la division de la théologie en mythique, physique et politique, une division qui trouve son origine chez les stoïciens, comme en témoigne saint Augustin   (Cité de Dieu VI 5, qui cite Varron ; cf. ibid., IV 27). Enfin, les derniers néoplatoniciens, considérant la seconde partie du Parménide   comme un traité de théologie qui décrit la hiérarchie des êtres divins, entreprendront de faire correspondre la théologie de Platon avec celle d’Orphée, celle d’Homère, celle d’Hésiode et celle des Oracles Chaldaïques notamment, la philosophie « récupérant » ainsi la mythologie qu’elle avait d’abord dû combattre pour se tailler un territoire. (L. Brisson  ) [NP  ]