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Kabir (CA) – Sátiras
segunda-feira 5 de setembro de 2022
tradução
Diga-me, quem assim te fez se perder?Alá, Ram, Karim, Kçava,Hari , Hazrat: tais são os nomes que Lhe dão!Essas são joias feitas da mesma barra de ouro,idêntica é sua natureza,É em vão que em palavras sejam distinguidos:nimaz ou puja, é tudo uma mesma coisa!Um se diz hindu, o outro turcomas são filhos do mesmo solo...Um lê o Veda , o outro faz a khutba,este é Maulana, aquele é PanditEles levam nomes diferentes,mas são potes da mesma argila!Disse Kabir , todos os dois estão perdidos,e nenhum encontrou Ram...Um mata uma cabra, o outro abate uma vaca:nas argucias gastaram sua vida!
Se Alá habita em uma mesquita ,a quem pertence o resto do mundo?Os hindus dizem que Ele habita no ídolo :uns e outros se enganam!Ó Alá-Ram, é para Ti que vivo,Diz-se que Hari habita ao Sul ,e que Alá reside a Oeste:Busque-O no teu coração , busque-O em todos os corações:aí está sua morada e sua residência!O brâmane guarda vite quatro vezes o jejum do décimo primeiro diae o Cadi observa o Ramadan:Põe de lado onze meses do anoe busca sua salvação no décimo-segundo!Porque se banhar em Jagannath,porque se prosternar na mesquita?Aquele que recita suas orações o coração cheio de iniquidade,de que lhe serve ir em peregrinação à Kaaba?Todos os seres, homens e mulheres, são tuas criaturas,são todos formas de Ti-mesmo,Kabir é o discípulo de Ram e de Alá,todos os seres são meus gurus e meus pir!Disse Kabir: escutais, homens e mulheres,tomais refúgio no Único,Evocais somente o Nome do Único, ó criaturas,e estareis seguras da salvação!
Charlotte Vaudeville
O Frère, d’où viennent donc ces deux Maîtres suprêmes [1] ?Dis-moi, qui t’a ainsi égaré?Allah , Râm, Karim, Keçava,Hari, Hazrat : tels sont les noms qu’on Lui donne !Ce sont joyaux faits de la même barre d’or,identique est leur nature,C’est en vain qu’en paroles on distingue :nimâz ou pûjâ [2], c’est tout un !C’est Lui Mahâdeva, c’est Lui Mohammed,qu’importe si on l’appelle Brahmâ ou Adam?L’un se dit Hindou, l’autre Turc [3]mais sont fils du même sol...L’un lit le Véda, l’autre fait la khutbâ [4],Ils portent des noms différents,mais sont pots de la même argile !Dit Kabîr, tous deux se sont égarés,et nul n’a trouvé Râm...L’un tue une chèvre, l’autre abat une vache :dans les arguties ils ont gaspillé leur vie ![Bîjâk, çabda 30.]
Si Allah demeure dans une mosquée, à qui appartient le reste du monde?Les Hindous disent qu’il demeure dans l’idole : les uns et les autres se trompent !O Allah-Râm, c’est pour Toi que je vis,O Maître, aie pitié de moi !On dit que Hari demeure au Sud, et qu’Allah réside à l’Ouest :Cherche-Le dans ton cœur, cherche-Le dans tous les cœurs : là est sa demeure et sa résidence !Le brahmane garde vingt-quatre fois le jeûne du onzième jour [7]et le Cadi [8] observe le Ramadân :Il met de côté onze mois de l’annéeet cherche son salut dans le douzième !Pourquoi se baigner à Jagannâth [9],pourquoi se prosterner à la mosquée?Celui qui récite ses prières le cœur plein de fourberie, que lui sert d’aller en pèlerinage à la Ka’ba [10]?Tous les êtres, hommes et femmes, sont tes créatures, ils sont tous des formes de Toi-même,Kabîr est le disciple de Râm et d’Allah,tous les êtres sont mes guru et mes pîr [11] !Dit Kabîr : écoutez, hommes et femmes, prenez refuge dans l’Unique,Invoquez seulement le Nom de l’Unique, ô créatures et vous êtes assurés du salut ![S. K. prabhâti 2.]
Ver online : Kabir
[1] Ce poème est une plaidoirie en faveur de l’ « unité » : Dieu, l’Être suprême, adoré des Hindous et des musulmans, est, identique, sous des noms différents. Toutes les « écritures » et tous les cultes se valent, et toute discussion à ce sujet est vaine. La confusion des termes et des idées que ce poème révèle peut paraître étrange : Mahâdeva (le dieu Çiva) accouplé avec Mohammed, le dieu Brahma avec Adam, le Véda avec le khutbâ musulman... Mais en réalité, ce pêle-mêle exprime moins l’ignorance de Kabîr que son mépris pour toute croyance et pratique religieuse.
[2] Nimâz, prière rituelle musulmane, s’oppose à pûjâ, offrande rituelle à l’idole pratiquée par les Hindous.
[3] « Turc » chez Kabîr, signifie « musulman » ; cf. Introduction p. II.
[4] Sorte d’homélie qui occupe une place fixe dans les cérémonies du Vendredi à la mosquée.
[5] Maulanâ ou Mullâ (cf. Index) est un titre donné à un personnage versé dans la science coranique. C’est l’équivalent musulman du Pandit hindou.
[6] Pânde désigne une sous-caste brahmanique. Les Pânde sont surtout gardiens de temple et préposés au culte. Ils sont particulièrement nombreux et puissants à Bénarès, où ils vivent principalement de l’exploitation des pèlerins. Pânde est parfois un équivalent de pandit, « savant, lettré ».
[7] Le onzième jour de la lunaison, ekâdaçî, est jour de jeûne pour l’Hindou orthodoxe : il s’abstient de toute nourriture solide, mais peut cependant, sans rompre le jeûne, manger des « noisettes d’eau », sin-ghâtâ.
[8] Juge de paix coranique. Il est, avec le mullâ, la cible préférée de Kabîr.
[9] Il s’agit de Jagannâthpurî (moderne Pûrî, en Orissa), célèbre lieu de pèlerinage où s’élève un très ancien temple vishnouite. Le dieu Visnu est adoré sous le vocable de Jagannâth : le « Maître du monde ».
[10] Le pèlerinage de la Mecque
[11] Terme persan qui désigne un saint musulman, cf. II, note 1. Le pir est aussi un guide spirituel, comme le guru hindou.