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Dauge (E) – dentro de ti
domingo 20 de março de 2022
Tout est en nous, jusqu’à la puissance même de Dieu . Pour Angelus Silesius , l’essence de l’ésotérisme tient dans l’expression in dir (« en toi »), leitmotiv du Pèlerin chérubinique : les deux, le Paradis, la Source des eaux vives, la Pierre philosophale, le salut, tout cela est en toi (cf. I, 55, 295, 298, etc.). Paracelse avait déclaré (Philosophia sagax, livre II, préface) : « Celui qui cherche en soi-même, dans son ciel intérieur, celui-là trouve. » Et les Dialogues avec l’Ange, l’un des meilleurs ouvrages gnostiques contemporains, proposent ce même point de vue (p. 203) : « Mais où est le Ciel ? Là-haut ? Ici-bas ? En vérité, il se trouve en vous-même. » Quant à Novalis , incomparable philosophe et visionnaire, il donne les explications suivantes (Pollens, 16) : « Le chemin secret va vers l’intérieur : en nous, sinon nulle part, est l’Éternité avec tous ses mondes, le passé et l’avenir. Le monde extérieur est un monde d’ombres : il jette son ombre sur le royaume de lumière. A présent, certes, tout paraît n’être, à l’intérieur de nous, qu’obscurité, chaos informe, solitude ; mais quel changement du tout au tout, et comme nous verrons les choses autrement, une fois laissées ces ténèbres et rejeté ce corps d’ombre ! » La voie de l’ésotérisme nous conduit donc à l’intérieur, là où resplendit Malkhuth , où brille le royaume de [48] lumière ; mais il faut, pour y accéder, avoir rejeté toute opacité extérieure et étrangère, celle du monde comme celle de la psyché, étroitement liées, et qui nous cachent le « dedans du dedans ». Que signifie exactement « vers l’intérieur » ? En s’avançant vers la conscience de soi, non limitée, non conditionnée, libérée des variations et des illusions du monde des phénomènes. Lorsque le disciple à Sais dit : « Tout me ramène en moi-même » (Mich fübrt ailes in mich selbst zurück), non seulement il exprime cette idée, mais il fait allusion au pouvoir attractif de ce centre de l’être qui agit sur la volonté comme un aimant. Telle est la gnose novalisienne [1].
Ver online : Yves Albert Dauge
[1] Novalis, Œuvres complètes, I (P., Gallimard, 1975), pp. 39 et 357.