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Flambée et Agonie. Mystiques du XVIIe siècle allemand

Gorceix (FA:266-270) : Le pan séraphique (2)

Johannes Scheffler

quinta-feira 22 de setembro de 2022, por Cardoso de Castro

      

A permanência do tema único: a relação de Psiquê e Jesus  , a riqueza   da linguagem e a tensão interna que aparecem no tema do chamado, o uso dos motivos dominantes do tema do lugar fechado e da ignição-imersão não nos deve permitir concluir demasiado depressa...

      

La permanence du thème unique : les relations de Psyché et de Jésus, la richesse de la langue et la tension interne qui apparaissent dans la thématique de l’appel, l’utilisation des motifs dominants de la thématique du lieu clos et de l’ignition-immersion ne doivent pas nous permettre de trop vite conclure. Ce qui nous surprend tout autant, c’est la rareté de la description de ce que les prolégomènes énoncés précèdent dans la plupart des témoignages de la mystique nuptiale, entendons l’union réalisée, la fusion vécue. Nous avons vu avec quel souci du détail le poète se représente les délices de la contemplation. Mais ces délices, elles ne sont jamais décrites pour ainsi dire de facto : il s’agit toujours, non pas du compte rendu d’une expérience, mais de la représentation de la volupté que l’homme connaîtra, de la perfection que l’homme atteindra, lorsque Jésus aura enfin répondu. Or, il ne répond pas, ou à peine. Les textes qui consignent une rencontre effective de Psyché et de son aimé se comptent sur les doigts, et sont fort ambigus, beaucoup plus que dans le Trutz-Nachtigal. Dans le premier livre, il n’y a guère qu’un poème qui atteste l’union réalisée, il a pour titre : « Elle [Psyché] a trouvé celui que son âme aime » (I, 34, p. 49). L’âme possède enfin son fiancé, il est « ici », il apporte un repos délicieux, il est miel, il est baume ; le cour de Psyché devient sur terre le ciel de Jésus, et pourtant : l’économie du recueil ne paraît nullement bouleversé par ces révélations. Dans les poèmes suivants, l’appel reprend, tout aussi intense, comme si la grâce fugitive n’avait en rien bouleversé l’attitude spirituelle, comme si elle avait été seulement imaginée. Dans le livre II, aucun témoignage, dans le livre III, deux témoignages équivoques. Un texte tout d’abord, poème-drame de 19 strophes (III, 106) : Psyché se sait aimée ; les pâtres l’encouragent à célébrer le culte des plaies ; il convient de boire jusqu’à l’ivresse, jusqu’au silence ; à la strophe 14 enfin, Psyché entend la voix de Jésus, elle lui demande de l’entourer et de la prendre. Que fait Jésus ? Il la prie de prendre patience, jusqu’à ce qu’il puisse lui donner la « jouissance » totale, jusqu’à ce qu’il en fasse une reine. Aucune union donc, seulement une promesse d’union, et d’une union béatifique. Quant aux poèmes qui célèbrent l’eucharistie, ils ne sont guère plus nets. Certes, il semble évident qu’il soit possible, nous explique le poète, d’être uni au fiancé ici-bas (III, 96, p. 129). Pour ce faire, Psyché invoque toutes les puissances qui entourent le trône de Jésus : Marie, les séraphins, les chérubins, les prophètes, les apôtres, les patriarches, les martyrs ; elle le supplie de venir en la caverne de l’âme, et dans la bouche, et de prolonger l’instant : « Fais », supplie-t-elle « que mon cour et mon corps te restent unis totalement » (III, 96, p. 132). Elle est étonnée de ce que lui soit réservé un bonheur   que ne connaissent ni les séraphins, ni les chérubins, et elle rend grâces. C’est tout. Nous n’obtenons pas la moindre précision : union effective, ravissement transitoire ? Le livre IV de même ne dépasse pas la promesse d’union. Psyché quitte les bergeries et les bergères. Elle décrit où chercher Jésus, elle nous dit comment est son ami (poèmes 7 et 8). Jésus de son côté, déguisé en pâtre, cherche Psyché qu’il trouve endormie, et la touche de son amour. Ladite Psyché lui souhaite la bienvenue, dit qu’elle le connaît, et lui demande qu’il la prenne (poème 9). Or, que fait Jésus dans le poème 10 ? Il lui explique qu’il est bon qu’elle souffre, qu’il se cache intentionnellement aux regards de l’âme. Puis, il conclut : « Tu jouiras de moi quand je te conduirai dans la salle » (p. 199). Psyché est consolée, elle n’est pas satisfaite. Elle le supplie encore une fois de ne pas partir, puis elle se résigne. Seul le livre V, que nous savons bien postérieur aux quatre premiers, consigne une rencontre effective. L’églogue 166 annonce la venue de Jésus. L’âme voit déjà « le char et le trône d’ivoire qui porte Jésus, le Fils   de Dieu   ». L’églogue 180 décrit Psyché qui « s’élance tout entière vers les salles célestes   », « trouvant le très chéri de son âme dans la propre caverne de son cour ». Ce cour est un peu plus loin (V, 182, p. 272) blessé de la flèche d’amour, et il entoure celui de Jésus. Un fait cependant nous frappe : la vie de Psyché après l’union n’est nullement transformée. Tout se passe comme si rien ne s’était passé. La vie qu’elle mène, le poète l’appelle « mourante ». Elle se languit toujours d’amour, et son sort est un mélange de bonheur fort diffus et d’une amertume fort violente.


Ver online : ANGELUS SILESIUS